Les États-Unis inquiets d’une éventuelle propagation au Liban du conflit à Gaza

Qazim Jaber, maire du village de Mhaibib, constate les dégâts dans une maison frappée par les bombardements israéliens de ces dernières semaines, avant l’entrée en vigueur d’une trêve entre le Hamas et Israël. Cette dernière s’est étendue de manière informelle au sud du Liban, dans le village de Mhaibib, situé à proximité de la frontière avec Israël, le 28 novembre 2023. (Reuters)
Qazim Jaber, maire du village de Mhaibib, constate les dégâts dans une maison frappée par les bombardements israéliens de ces dernières semaines, avant l’entrée en vigueur d’une trêve entre le Hamas et Israël. Cette dernière s’est étendue de manière informelle au sud du Liban, dans le village de Mhaibib, situé à proximité de la frontière avec Israël, le 28 novembre 2023. (Reuters)
Short Url
Publié le Vendredi 01 décembre 2023

Les États-Unis inquiets d’une éventuelle propagation au Liban du conflit à Gaza

  • Le Hezbollah a ouvert un deuxième front au Liban-Sud le 8 octobre au nom du «soutien à la résistance dans la bande de Gaza»
  • Il a mené de nombreuses opérations contre l’armée israélienne, qui, en représailles, a lancé plusieurs attaques similaires contre la région frontalière sud

BEYROUTH: L’ambassade des États-Unis au Liban a déclaré jeudi que l’administration de Washington était préoccupée par «la possibilité d’un nouveau débordement» du conflit à Gaza.

Un message publié par le compte officiel de l’ambassade sur la plate-forme X indique que les États-Unis «ne veulent pas de conflit au Liban, où une escalade aurait des répercussions graves sur la paix et la sécurité régionales, en plus de compromettre le bien-être du peuple libanais».

L’ambassade souligne également que «le rétablissement du calme le long de la frontière israélo-libanaise est de la plus haute importance» et que «la pleine mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU est un élément clé de cet effort». Cette dernière a été adoptée il y a dix-sept ans dans le but de mettre fin à la guerre de 2006 entre Israël et le Hezbollah.

L’ambassade ajoute que la Force intérimaire des nations unies au Liban (Finul) joue un rôle essentiel dans le maintien de la paix le long de la Ligne bleue, la ligne de démarcation entre le Liban et Israël établie par l’ONU en juin 2000 . «Nous espérons que toutes les parties assureront la sécurité des soldats de maintien de la paix», confie-t-il.

Ce message intervient après que l’armée israélienne a approuvé les plans militaires pour les prochaines phases de ses opérations terrestres dans la bande de Gaza. Le ministre de la Défense, Yoav Gallant, soutient que les forces aériennes, terrestres et navales israéliennes sont prêtes à reprendre leurs opérations dès la fin de la trêve actuelle.

Lors du deuxième jour de sa visite au Liban, l’émissaire français, Jean-Yves Le Drian, s’est rendu dans la banlieue sud de Beyrouth, où il s’est entretenu avec plusieurs hommes politiques libanais afin de tenter de sortir le pays de l’impasse politique dans laquelle il se trouve plongé depuis longtemps.

Il a rencontré Mohammed Raad, député du Hezbollah, Gebran Bassil, chef du Courant patriotique libre, Samy Gemayel, chef du parti libanais Kataeb, ainsi que des députés réformistes et indépendants.

Cela fait un an que le poste de président est vacant – depuis la fin du mandat de Michel Aoun, en octobre 2022. M. Gemayel accuse le Hezbollah d’entraver l’élection d’un successeur. Il exhorte ce groupe et ses alliés à parvenir à un consensus sur des candidats dignes de confiance et soutenus par tous les partis plutôt que d’essayer d’imposer leurs propres choix.

En outre, il appelle au report de la date de départ à la retraite du chef de l’armée, le général Joseph Aoun, en cette période critique pour le pays. Ce dernier atteindra l’âge de la retraite, fixé à 60 ans, le 10 janvier prochain.

M. Gemayel soutient également qu’il rejette toute solution dans la région qui se ferait aux dépens du Liban. Il insiste sur la nécessité de «mettre en œuvre la résolution 1701 et les résolutions internationales, en plus de limiter les armes à l’armée libanaise», car, «aujourd’hui, il n’y a pas d’État au Liban; le Hezbollah est l’État».

Parmi les principaux sujets abordés par M. Le Drian avec les hommes politiques, on peut mentionner l’urgence d’élire un président et de former un gouvernement, la mise en œuvre complète de la résolution 1701 et le maintien de la stabilité dans le sud du pays.

Le député des Forces libanaises, George Okais, qui s’est entretenu avec M. Le Drian, affirme que l’envoyé français a souligné l’importance de mettre en œuvre la résolution 1701 et de prolonger le mandat du général Joseph Aoun en tant que commandant de l’armée, compte tenu de la nécessité actuelle de préserver la sécurité du Liban.

Le Hezbollah a ouvert un deuxième front au Liban-Sud le 8 octobre au nom du «soutien à la résistance dans la bande de Gaza». Il a mené de nombreuses opérations contre l’armée israélienne, qui, en représailles, a lancé plusieurs attaques similaires contre la région frontalière sud. Les bombardements israéliens ont parfois ciblé des villes situées au cœur du sud du Liban, tuant plus de cent personnes, dont plus de quatre-vingts membres du Hezbollah, du Hamas et du Djihad islamique au Liban.

Bien que la trêve dans le conflit plus large à Gaza, entrée en vigueur vendredi dernier, ait été rompue à plusieurs reprises, le Hezbollah a globalement adhéré à l’accord.

Toutefois, de nouvelles violations de la trêve ont été signalées jeudi sur le front du Liban-Sud. Des responsables militaires israéliens ont déclaré que deux missiles avaient été interceptés par leur système Dôme de fer à la périphérie de Rmeich, un village situé à proximité de la frontière avec Israël.

«Nous avons réussi à intercepter une cible aérienne suspecte qui traversait le territoire israélien depuis le Liban», précisent-ils.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Netanyahu annonce l'envoi d'un représentant israélien pour une rencontre avec des responsables au Liban

Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Cette photographie prise lors d'une visite de presse organisée par l'armée libanaise montre un soldat libanais debout près d'un mur à Alma Al-Shaab, près de la frontière avec Israël, dans le sud du Liban, le 28 novembre 2025. (AFP)
Short Url
  • M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban"
  • Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé mercredi l'envoi d'un représentant pour une rencontre avec des responsables politiques et économiques au Liban, "première tentative pour établir une base de relations et de coopération économique entre Israël et le Liban".

M. Netanyahu "a chargé le directeur par intérim du Conseil de sécurité nationale d'envoyer un représentant de sa part à une réunion avec des responsables gouvernementaux et économiques au Liban", indique un communiqué de son bureau.

Le texte ne précise pas quand cette rencontre doit avoir lieu.

Cette annonce survient après le passage d'une émissaire américaine, Morgan Ortagus, à Jérusalem, sur fond de tensions croissantes entre Israël et le Liban.

Accusant le mouvement islamiste Hezbollah de violer le cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an en se réarmant dans le sud du pays, l'armé israélienne a multiplié les frappes sur le sud du Liban la semaine dernière sur ce qu'elle a présenté comme des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.


Le pape appelle à «de nouvelles approches» au Moyen-Orient pour rejeter la violence

Short Url
  • Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage"
  • "Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix"

BEYROUTH: Le pape Léon XIV a appelé mardi, devant 150.000 personnes réunies pour une messe en plein air à Beyrouth, à "de nouvelles approches au Moyen-Orient" meurtri par les conflits, pour y faire prévaloir la paix.

Le chef de l'Eglise catholique, qui achève une visite de trois jours au Liban, a également appelé les chrétiens d'Orient, dont la présence diminue du fait des guerres et de l'émigration, à faire preuve de "courage".

"Le Moyen-Orient a besoin de nouvelles approches afin de rejeter la mentalité de vengeance et de violence, de surmonter les divisions politiques, sociales et religieuses, et d'ouvrir de nouveaux chapitres au nom de la réconciliation et de la paix", a déclaré le souverain pontife.

Affirmant "prier spécialement pour le Liban bien-aimé", il a demandé "à la communauté internationale de ne ménager aucun effort pour promouvoir des processus de dialogue et de réconciliation" dans cette région meurtrie par les conflits.

La visite du chef de l'église catholique a donné un souffle d'espoir au Liban, qui a connu une guerre meurtrière avec Israël il y a un an et craint une nouvelle escalade malgré le cessez-le-feu.

Léon XIV a également appelé les dirigeants "dans tous les pays marqués par la guerre et la violence" à "écouter le cri" des "peuples qui appellent à la paix".

S'adressant aux "chrétiens du Levant, citoyens à part entière de ces terres", le pape leur a dit: "ayez du courage. Toute l'Église vous regarde avec affection et admiration".


Une plainte en France pour «entrave» au travail des reporters à Gaza

Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza. (AFP)
Short Url
  • "Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination"
  • "Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse"

PARIS: Le Syndicat national des journalistes (SNJ) et la Fédération internationale des journalistes (FIJ) ont annoncé mardi porter plainte à Paris pour "entrave à la liberté d'exercer le journalisme", visant les autorités israéliennes pour avoir empêché les reporters français de couvrir la guerre à Gaza.

Ces faits pourraient selon ces organisations constituer des "crimes de guerre", pour lesquels le parquet national antiterroriste à Paris peut enquêter, dès lors qu'ils sont commis contre des Français.

"Cette plainte est la première déposée à ce jour sur le fondement du délit d'entrave à la liberté d'exercer le journalisme, et la première à inviter le ministère public à se prononcer sur l'application de cette incrimination dans un contexte international où les atteintes à la liberté de la presse sont devenues structurelles", soulignent les plaignants dans la centaine de pages de leur requête, rendue publique par franceinfo.

"Cette plainte (...) dénonce une entrave concertée, parfois violente, empêchant les journalistes français de travailler dans les Territoires palestiniens et portant atteinte à la liberté de la presse", a commenté Me Louise El Yafi, l'une des avocates à l'origine de la plainte.

Elle "souligne aussi l'insécurité croissante visant les journalistes français en Cisjordanie (...). Ces atteintes, en violation du droit international humanitaire, relèvent également de crimes de guerre", ajoute sa consoeur Me Inès Davau.

Un journaliste français travaillant pour plusieurs rédactions francophones, qui a tenu à garder l'anonymat, porte lui aussi plainte: il dénonce son "agression" par des colons lors d'un reportage dans les territoires occupés.

Reporters sans frontières (RSF) a décompté plus de 210 journalistes tués depuis le début des opérations militaires israéliennes à Gaza, en représailles à l'attaque du 7 octobre 2023 par le mouvement islamiste palestinien Hamas.

Depuis le début de la guerre, les autorités israéliennes ont empêché les journalistes de médias étrangers d'entrer de manière indépendante à Gaza, autorisant seulement au cas par cas une poignée de reporters à accompagner leurs troupes.

En France, plusieurs plaintes ont été déposées en lien avec le conflit. Elles visent notamment des soldats franco-israéliens d'une unité d'élite de l'armée israélienne, l'entreprise française d'armement Eurolinks ou encore des Franco-Israéliens qui se rendraient complices du crime de colonisation.

Suite à une plainte, le parquet national antiterroriste a aussi demandé à un juge d'instruction parisien d'enquêter pour "crimes de guerre" dans le dossier de la mort de deux enfants français dans un bombardement israélien à Gaza en octobre 2023.