Israël-Hamas et Instagram, cocktail explosif pour les célébrités hollywoodiennes

Sur Instagram, des célébrités hollywoodiennes prennent position depuis le début de la guerre, au péril de leur image de marque, scrutés par des millions d'utilisateurs remontés (Photo, AFP).
Sur Instagram, des célébrités hollywoodiennes prennent position depuis le début de la guerre, au péril de leur image de marque, scrutés par des millions d'utilisateurs remontés (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Jeudi 07 décembre 2023

Israël-Hamas et Instagram, cocktail explosif pour les célébrités hollywoodiennes

  • Les stars, très connues et qui suscitent de forts sentiments d'adhésion ou de répulsion, sont de formidables catalyseurs d'émotions
  • Surtout si elles s'expriment sur des sujets clivants

PARIS: "Free Palestine!" ou "Je suis aux côtés d'Israël": sur Instagram, des célébrités hollywoodiennes prennent position depuis le début de la guerre, au péril de leur image de marque, scrutés par des millions d'utilisateurs remontés.

L'actrice israélienne Gal Gadot – connue pour son rôle de Wonder Woman – a affiché sur Instagram son soutien indéfectible à son pays dès le 7 octobre, jour où des commandos du Hamas ont massacré 1.200 personnes, surtout des civils, en Israël, et pris quelque 240 autres en otage, les emmenant dans la bande de Gaza.

"Je suis aux côtés d'Israël, vous devriez l'être aussi", a-t-elle déclaré à ses 109 millions d’abonnés. L'actrice a depuis publié ou partagé régulièrement du contenu demandant le retour des civils israéliens détenus par le Hamas, s'attirant l'approbation des uns et les foudres des autres.

"Je suis extrêmement déçu de ta position en faveur du génocide du peuple palestinien", a notamment réagi un utilisateur, parmi des centaines de critiques similaires.

En représailles à l'attaque du Hamas, Israël a pilonné le territoire palestinien et lancé le 27 octobre une offensive terrestre, qui a repris vendredi après une semaine de trêve. D'après le gouvernement du Hamas, près de 16.000 personnes, dont 70% de femmes et d'enfants, ont péri dans les frappes israéliennes.

Le compte Instagram de la mannequin américaine d'origine palestinienne Gigi Hadid (79 millions d'abonnés) a pris une tonalité moins "fashion" ces dernières semaines, mentionnant notamment "les mauvais traitements systémiques du peuple palestinien par le gouvernement d'Israël".

"Accepte simplement que ta famille est du mauvais côté de l'humanité", lui a répondu une internaute pro-israélienne, parmi de nombreuses réactions.

Ces dernières sont vives sur Instagram, où la visibilité des publications est renforcée par la "réputation" de leur émetteur et par leur "intensité affective", observe Camille Alloing, professeur de communication à l'Université du Québec à Montréal.

Les stars, très connues et qui suscitent de forts sentiments d'adhésion ou de répulsion, sont de formidables catalyseurs d'émotions. Surtout si elles s'expriment sur des sujets clivants.

Bien avant l'avènement des réseaux sociaux, le boxeur Mohamed Ali, l'actrice Jane Fonda ou le chanteur Bob Dylan ont été aussi adulés qu'honnis pour leur opposition à la guerre du Vietnam.

Plus récemment, Ben Stiller, Angelina Jolie ou Sean Penn ont apporté leur soutien à l'Ukraine en se rendant sur place... soutenus par l'écrasante majorité de leurs fans occidentaux, où Kiev fait presque l'unanimité.

Invectives

Mais le conflit israélo-palestinien polarise plus que tout autre. Ce qui expose parfois les stars à des retours de flamme douloureux.

La demi-soeur de Kim Kardashian, Kylie Jenner, a ainsi partagé à ses 398 millions d'abonnés sur Instagram un message d'un groupe pro-israélien peu après le 7 octobre... qu'elle a retiré une heure d'invectives plus tard, selon des médias américains.

L'actrice oscarisée Susan Sarandon a, elle, perdu en novembre le soutien de l'agence d'artistes qui la représentait, selon la presse spécialisée, pour des propos controversés tenus lors d'une manifestation pro-palestinienne, pour lesquels elle s'est ensuite excusée sur Instagram.

L'actrice Melissa Barrera, tête d'affiche des cinquième et sixième volets du film "Scream", ne participera pas au septième opus, sur décision de la maison de production, qui invoque sa "tolérance zéro sur l'antisémitisme et l'incitation à la haine".

La starlette avait dénoncé sur le réseau social un "nettoyage ethnique" à Gaza.

Les célébrités qui prennent position dans ce conflit clivant ont "beaucoup à risquer et peu à gagner", estime Nicolas Vanderbiest, fondateur du cabinet de communication Saper Vedere, à Bruxelles.

Tom Cruise aurait volé au secours de son agente, lui permettant de garder son poste, après que celle-ci avait dénoncé un "génocide en cours" sur Instagram, selon la presse spécialisée.

Car producteurs ou sponsors goûtent peu l'immixtion de la géopolitique dans leurs affaires, affirme M. Vanderbiest. Et deux communautés "extrêmement structurées" sont à l'affût, avec "un effet de meute" à craindre, dit-il.

Les stars, pour gagner en tranquilité, peuvent donc choisir de se taire. Mais, dans le contexte israélo-palestinien où "il y a une injonction à s'exprimer", cela ne les exonère pas d'être critiquées, constate Jamil Jean-Marc Dakhlia, professeur à l'Université parisienne Sorbonne-Nouvelle.

"Même les silences sont considérés comme des aveux, ajoute ce spécialiste de l'information et de la communication. On est dans une logique très dichotomique où il faut prendre position et de façon pas forcément nuancée."

L'actrice et chanteuse américaine Selena Gomez, aux 430 millions d'abonnés sur Instagram, s'est ainsi fait reprocher son mutisme sur le sujet.

Comme des centaines de people, dont la chanteuse Jennifer Lopez, l'acteur Joaquin Phoenix ou Gigi Hadid, elle a donc choisi la voie médiane : signer fin octobre la pétition des "artistes pour un cessez-le-feu maintenant".

Des centaines de célébrités, dont Gal Gadot, avaient auparavant demandé dans une lettre ouverte "la libération de tous les otages du Hamas". Rares sont ceux ayant signé les deux textes.


Le navire humanitaire des Émirats arabes unis pour Gaza arrive en Égypte

Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
Short Url
  • La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées
  • En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte

DUBAI : Le navire humanitaire Hamdan des Émirats arabes unis, qui a quitté le port de Khalifa le 30 août, est arrivé au port d'Al-Arish, en Égypte, où des denrées alimentaires et des fournitures médicales seront déchargées puis livrées aux habitants de la bande de Gaza assiégée.

Le navire, qui fait partie de l'initiative humanitaire "Operation Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis pour Gaza, qui fournit une aide essentielle par le biais de convois terrestres, d'expéditions maritimes et de largages aériens, a été chargé de 7 000 tonnes de nourriture, de matériel médical et d'aide d'urgence, a rapporté l'agence de presse nationale WAM.

La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées.

Les Émirats ont jusqu'à présent envoyé 20 navires d'aide à Gaza et ont livré environ 90 000 tonnes d'aide humanitaire, pour un coût de 1,8 milliard de dollars, depuis le lancement de l'opération "Chivalrous Knight 3".

En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte. Le pipeline a une capacité d'environ 2 millions de gallons par jour et pourrait desservir plus d'un million de personnes.


L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis visite le bureau de l'attaché militaire à Washington

L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
Short Url
  • La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché militaire
  • Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire

RIYADH : La princesse Reema bint Bandar, ambassadrice saoudienne aux Etats-Unis, a visité lundi le bureau de l'attaché militaire saoudien à Washington.

La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché au cours de sa visite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire.

La princesse Reema a été reçue par le ministre adjoint saoudien de la Défense pour les affaires exécutives, Khaled Al-Biyari, qui est en visite officielle à Washington, ainsi que par l'attaché militaire saoudien à Washington et Ottawa, le général de division Abdullah bin Khalaf Al-Khathami, et les chefs des départements de l'attaché.


Turquie: le principal parti d'opposition dans l'attente d'une décision judiciaire cruciale

Short Url
  • "Ecoute cette place Erdogan", a lancé dimanche soir le président de ce parti, Özgür Özel, devant les manifestants qui scandaient "Erdogan, démission !"
  • "Aujourd'hui, nous sommes confrontés aux graves conséquences de l'abandon du train de la démocratie par le gouvernement démocratiquement élu en Turquie, qui a choisi de gouverner le pays par l'oppression plutôt que par les urnes"

ANKARA: Le principal parti d'opposition au président turc Recep Tayyip Erdogan, le CHP, attend lundi une décision judiciaire cruciale qui pourrait chambouler sa direction en raison d'une accusation de fraudes.

Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dimanche à Ankara à la veille de cette audience pour soutenir le CHP (Parti républicain du peuple, social démocrate) qui rejette les accusations et estime que les autorités tentent de l'affaiblir par un "procès politique".

"Ecoute cette place Erdogan", a lancé dimanche soir le président de ce parti, Özgür Özel, devant les manifestants qui scandaient "Erdogan, démission !".

"Aujourd'hui, nous sommes confrontés aux graves conséquences de l'abandon du train de la démocratie par le gouvernement démocratiquement élu en Turquie, qui a choisi de gouverner le pays par l'oppression plutôt que par les urnes. Quiconque représente une menace démocratique pour lui est désormais sa cible", a affirmé M. Özel.

"Ce procès est politique, les allégations sont calomnieuses. C'est un coup d'État et nous résisterons", a-t-il martelé.

"Il ne s'agit pas du CHP mais de l'existence ou de l'absence de démocratie en Turquie", a déclaré pour sa part Ekrem Imamoglu aux journalistes vendredi, après avoir comparu devant un tribunal pour des accusations sans lien avec cette affaire.

Lorsque Özgür Özel a pris sa direction en novembre 2023, le CHP était en crise mais, en mars 2024, il a conduit le parti à une éclatante victoire aux élections locales.

Depuis l'arrestation du maire d'Istanbul en mars dernier, M. Özel a su galvaniser les foules, s'attirant les foudres du pouvoir en organisant chaque semaine des rassemblements, jusque dans des villes longtemps considérées comme des bastions du président Erdogan.

Peines de prison 

L'audience doit débuter à 10H00 (07H00 GMT), devant le 42e tribunal civil de première instance de la capitale turque. Elle doit statuer sur la possible annulation des résultats du congrès du CHP en novembre 2023.

Pendant ce congrès, les délégués avaient évincé le président de longue date du parti, Kemal Kilicdaroglu, tombé en disgrâce, et élu Özgür Özel.

L'acte d'accusation désigne M. Kilicdaroglu comme étant la partie lésée et réclame des peines de prison pouvant aller jusqu'à trois ans pour M. Imamoglu et dix autres maires et responsables du CHP, accusés de "fraude électorale".

Si la justice le décidait, M. Özel pourrait donc se voir démettre de ses fonctions à la tête de cette formation.

Le 2 septembre, un tribunal a destitué la direction de la branche d'Istanbul du CHP en raison d'accusations d'achats de votes au cours de son congrès provincial et nommé un administrateur pour prendre le relais.

Cette décision, qui a été largement perçue comme pouvant faire jurisprudence, a déclenché de vives protestations et entraîné une chute de 5,5% de la Bourse, faisant craindre que le résultat de lundi ne nuise également à la fragile économie de la Turquie.

Si le tribunal d'Ankara déclarait les résultats du congrès du CHP nuls et non avenus, cela pourrait annoncer le retour de son ancien leader Kemal Kilicdaroglu, qui a accumulé une série de défaites électorales ayant plongé le parti dans une crise.

Selon certains observateurs, l'affaire s'apparente à une tentative des autorités de saper le plus ancien parti politique de Turquie, qui a remporté une énorme victoire contre l'AKP (Parti de la justice et du développement, conservateur) du président Erdogan aux élections locales de 2024 et gagne en popularité dans les sondages.

Sa popularité a augmenté depuis qu'il a organisé les plus grandes manifestations de rue de Turquie en une décennie, déclenchées par l'emprisonnement en mars de son candidat à la présidence de la République, le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu.

Dans une tentative de protéger sa direction, le CHP a convoqué un congrès extraordinaire le 21 septembre. Si le tribunal destituait M. Özel et rétablissait M. Kilicdaroglu, les membres du parti pourraient donc tout simplement réélire Özgür Özel six jours plus tard.