La famille de Mohammadi, Nobel de la Paix 2023, acharnée à «  porter sa voix »

Ali et Kiana, les deux jumeaux de 17 ans, arrivés en France en  2015, n'ont pas vu leur mère depuis bientôt neuf ans, et n'ont pas entendu le son de sa voix depuis sa réincarcération il y a plus d'un an. (AFP).
Ali et Kiana, les deux jumeaux de 17 ans, arrivés en France en  2015, n'ont pas vu leur mère depuis bientôt neuf ans, et n'ont pas entendu le son de sa voix depuis sa réincarcération il y a plus d'un an. (AFP).
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Publié le Jeudi 07 décembre 2023

La famille de Mohammadi, Nobel de la Paix 2023, acharnée à «  porter sa voix »

  • Le discours de la lauréate est prêt. Narges Mohammadi a réussi à le transmettre à sa famille depuis sa prison, mais les deux jumeaux, qui le liront lors de la prestigieuse cérémonie
  • "A partir de mes quatre ans, c'est soit mon père, soit ma mère qui était en prison. Je ne les ai plus jamais vus ensemble", explique Ali

PARIS: La lettre d'invitation est adressée à "Mme Nargès Mohammadi, Prison d'Evin, Téhéran". Mais dimanche à Oslo, c'est son mari, Taghi Rahmani, et ses enfants, Ali et Kiana, qui viendront chercher le Nobel de la Paix de la militante iranienne en détention.

Dans leur petit appartement parisien, ils accueillent avec gentillesse et un grand naturel. La renommée désormais internationale de Narges Mohammadi ne semble pas ébranler cette famille soudée, et déterminée à porter la parole de la militante de 51 ans, qui a consacré sa vie à la défense des droits humains en Iran. Au PARIS: prix d'années d'emprisonnement et d'une séparation déchirante avec sa famille.

Ali et Kiana, les deux jumeaux de 17 ans, arrivés en France en  2015, n'ont pas vu leur mère depuis bientôt neuf ans, et n'ont pas entendu le son de sa voix depuis sa réincarcération il y a plus d'un an. Taghi Rahmani, le père, réfugié en France depuis 2012 après des années d'activisme et une quinzaine d'années de prison au total en Iran, n'a eu que quatre ou cinq ans de vie commune avec sa femme.

Sur une étagère du modeste salon, sont disposés tous les prix de Narges (Unesco, ville de Paris, Pen club...). Taghi, qui ne parle pas très bien français et que les enfants traduisent, a aussi préparé des photos: Narges et lui le jour de leur mariage en 1999 à Qazvin (nord-ouest), les gâteaux engloutis ce jour-là, la famille de Narges... et cette photo de famille où l'on voit les parents avec leurs jumeaux alors âgés de 3 ou 4 ans. La seule où ils sont réunis.

"A partir de mes quatre ans, c'est soit mon père, soit ma mère qui était en prison. Je ne les ai plus jamais vus ensemble", explique Ali.

Le garçon en jean, Kiana en jogging, acceptent de poser pour une photo de famille avec leur père, qui enfile la veste qu'il portera dimanche à Oslo. "Mets-toi entre nous, papa", disent gentiment les deux ados.

Tout aussi naturellement, Kiana, qui ressemble beaucoup à sa mère, montre la superbe robe noire fourreau qu'elle portera pour la cérémonie - "j'ai passé une semaine à chercher ma tenue!" -.

Etre élégants, faire bonne figure, comme leur a toujours transmis leur mère. Rester forts et soudés. "C'est ce qu'elle m'a dit la dernière fois que je lui ai parlé, il y a un an et demi, avant qu'elle reparte en prison", raconte Ali.

Le discours de la lauréate est prêt. Narges Mohammadi a réussi à le transmettre à sa famille depuis sa prison, mais les deux jumeaux, qui le liront lors de la prestigieuse cérémonie, ne l'ont pas encore ouvert.

« Fiers »

La "fierté", un mot qui revient en boucle dans le discours de la famille Mohammadi. Sans doute pour ne pas avoir à parler de la souffrance de la séparation. "L'important pour nous est de faire entendre sa voix", dit Ali. "Ce prix, c'est celui de tout le peuple iranien", répète-t-il.

Une prestigieuse distinction qui fait pourtant "énormément de mal, physiquement" à leur mère, constate-t-il. Privée de communications, voire de soins médicaux. "Le Nobel est un affront pour le régime iranien", dit Ali. "Ils ont une haine sans fin pour elle", renchérit Kiana.

Mais "psychologiquement, ce prix, c'est merveilleux", dit Taghi.

Les jumeaux, complices, soudés, "piliers" l'un pour l'autre car ils sont les seuls dans cette famille à ne "jamais avoir été séparés", ne croient pas à une libération prochaine de leur mère, pensent même qu'avec le Nobel, ce sera encore plus difficile.

"Elle ne sera pas libérée de sitôt", constate simplement Kiana, qui se dit beaucoup plus pessimiste que son frère. Ali, lui, cite sa mère: "la victoire n'est pas facile mais elle est certaine".

Dans sa chambre d'ado pleine de peluches, de maquillage et de photos, Kiana a juste un cadre rose encadrant une photo de Narges avec ses deux enfants.

"J'ai oublié le son de sa voix, sa taille, à quoi elle ressemble au naturel", dit la jeune fille. "J'ai accepté cette vie là. C'est une souffrance horrible de vivre sans sa mère, mais on ne se plaint pas. Nous, au moins, toute notre famille est en vie, ce qui n'est pas le cas de beaucoup d'Iraniens", répète-t-elle.

La remise du Nobel dimanche, "c'est l'événement le plus important de ma vie en 17 ans d'existence", ajoute Kiana. Mais elle ne compte pas "prendre de liberté" avec le discours, pour réclamer par exemple la libération de sa mère. "Ce n'est pas mon moment à moi. C'est celui de ma mère et du peuple iranien. 


Israël : les secours annoncent 16 blessés après des tirs de missiles en provenance d'Iran

Israeli security forces and rescue teams rush to the scene of an Iranian strike that hit Ness Ziona in central Israel on June 22, 2025. At least 16 people were hurt and at least one impact was reported in central Israel after Iran launched two waves of missiles on June 22 at the country following the US bombing of its nuclear sites, rescue services and reports said. (Photo by GIL COHEN-MAGEN / AFP)
Israeli security forces and rescue teams rush to the scene of an Iranian strike that hit Ness Ziona in central Israel on June 22, 2025. At least 16 people were hurt and at least one impact was reported in central Israel after Iran launched two waves of missiles on June 22 at the country following the US bombing of its nuclear sites, rescue services and reports said. (Photo by GIL COHEN-MAGEN / AFP)
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  • « Plusieurs immeubles résidentiels de deux étages ont été gravement endommagés, certains se sont effondrés », a décrit Moti Nissan, secouriste du Magen David Adom.
  • La police israélienne a indiqué être déployée sur au moins deux sites d'impact, un à Haïfa (dans le nord du pays) et un à Ness Ziona (au sud de Tel-Aviv).

JERUSALEM : Une organisation de premiers secours israélienne a annoncé dimanche avoir pris en charge 16 blessés après des tirs de missiles depuis l'Iran, tandis que la télévision publique diffusait des images de « importants dégâts dans le centre » d'Israël.

Selon un communiqué du Magen David Adom, équivalent israélien de la Croix-Rouge, les secouristes « prodiguent des soins médicaux et évacuent vers l'hôpital 16 blessés, dont un homme de 30 ans dans un état modéré », sans préciser où ces personnes avaient été blessées.

La chaîne publique KAN 11 a diffusé des images d'importants dégâts « dans le centre du pays », sans plus de précisions, montrant un immeuble de plusieurs étages dont la façade est totalement détruite ainsi que plusieurs bâtiments gravement endommagés autour. 

« Plusieurs immeubles résidentiels de deux étages ont été gravement endommagés, certains se sont effondrés », a décrit Moti Nissan, secouriste du Magen David Adom, à propos de l'un des sites d'intervention de l'organisation, sans préciser lequel compte tenu des restrictions imposées par la censure militaire.

La police israélienne a indiqué être déployée sur au moins deux sites d'impact, un à Haïfa (dans le nord du pays) et un à Ness Ziona (au sud de Tel-Aviv).

Le 13 juin, Israël a lancé une attaque d'une ampleur sans précédent contre l'Iran, affichant l'ambition d'empêcher le pays de se doter de la bombe atomique, objectif que la République islamique a toujours nié poursuivre. 

Son armée a frappé des centaines de sites militaires ou liés au programme nucléaire iranien, décapité l'état-major général des forces armées et tué une dizaine de scientifiques du nucléaire.

Les tirs de missiles et de drones iraniens ont fait 25 morts en Israël. Selon le ministère iranien de la Santé, les frappes israéliennes ont fait plus de 400 morts et 3 056 blessés, en majorité des civils, samedi.

Les États-Unis ont annoncé avoir frappé des sites nucléaires iraniens dans la nuit de samedi à dimanche.

Ces attaques américaines « auront des conséquences éternelles », a averti le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi, affirmant que l'Iran se réservait « toutes les options pour défendre sa souveraineté, ses intérêts et son peuple ».


Tesla va construire en Chine une usine de stockage d'électricité

Une photo montre une voiture électrique connectée à une borne de recharge Tesla V4 (Tesla Supercharger) à Chasse-sur-Rhône, dans le centre de la France, le 6 juin 2025. (AFP)
Une photo montre une voiture électrique connectée à une borne de recharge Tesla V4 (Tesla Supercharger) à Chasse-sur-Rhône, dans le centre de la France, le 6 juin 2025. (AFP)
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  • Le groupe américain Tesla a annoncé vendredi la signature en Chine d'un contrat pour construire sa première usine à grande échelle de stockage destinée au réseau électrique chinois

NEW YORK: Le groupe américain Tesla, spécialiste des véhicules électriques et qui fabrique également des batteries et des panneaux solaires, a annoncé vendredi la signature en Chine d'un contrat pour construire sa première usine à grande échelle de stockage destinée au réseau électrique chinois.

"Tesla a officiellement signé son premier projet d'usine électrique de stockage d'énergie pour le réseau en Chine continentale", a indiqué le groupe sur son compte sur le réseau social chinois Weibo.

Il a précisé que cette installation, qui devrait être "la plus grande" de ce type en Chine, allait "permettre d'ajuster les ressources du réseau électrique et de résoudre efficacement les pressions liées à la fourniture d'électricité en milieu urbain".

Selon le média financier chinois Yicai, le montant du contrat signé par Tesla Shanghai, les autorités de cette grande ville de l'Est de la Chine et la société China Kangfu International Leasing, prévoit des investissements de quatre milliards de yuans, soit un peu moins de 560 millions de dollars.

Tesla a installé une chaîne d'assemblage de véhicules à Shanghai, qui a également produit plus de 100 Megapacks au premier trimestre 2025 destinés à l'exportation, en particulier vers l'Europe.

Un Megapack est une batterie géante qui peut stocker plus de 3,9 mégawattheures (MWh) d'électricité, soit l'équivalent de la consommation de 3.600 foyers en moyenne pendant une heure, selon le site internet de Tesla.

Le groupe précise que ces blocs, ressemblant à des conteneurs blancs, peuvent être connectés les uns aux autres à l'infini tout en disposant chacun de leur propre dispositif de connectivité.

A ce stade, le groupe américain indique en avoir installé pour l'équivalent de plus de 10 gigawattheures (GWh), notamment dans plusieurs Etats américains comme le Texas (81 unités) et l'Alaska (37 unités) ainsi qu'en Australie (212 unités).

La signature de ce contrat intervient au moment où les relations sont tendues entre Washington et Pékin, sur fond de guerre commerciale initiée par le président américain Donald Trump.

Or le patron de Tesla, le milliardaire Elon Musk, a été un proche conseiller de M. Trump pendant sa campagne pour la Maison Blanche et dirigeait jusqu'à peu la commission à l'efficacité gouvernementale (Doge) ayant pour mission de réduire drastiquement les dépenses fédérales.


Guerre Iran-Israël: les derniers développements

Des traînées de roquettes sont visibles dans le ciel au-dessus de la ville côtière israélienne de Netanya au milieu d'un nouveau barrage d'attaques de missiles iraniens le 21 juin 2025. (AFP)
Des traînées de roquettes sont visibles dans le ciel au-dessus de la ville côtière israélienne de Netanya au milieu d'un nouveau barrage d'attaques de missiles iraniens le 21 juin 2025. (AFP)
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  • Les derniers développements samedi, au neuvième jour de la guerre entre l'Iran et Israël, marqué par une affirmation israélienne selon laquelle le programme militaire nucléaire iranien aurait été retardé d'au moins deux ans

Jérusalem: Voici les derniers développements samedi, au neuvième jour de la guerre entre l'Iran et Israël, marqué par une affirmation israélienne selon laquelle le programme militaire nucléaire iranien aurait été retardé d'au moins deux ans.

- "Deux ou trois ans" de retard pour une éventuelle bombe iranienne -

Israël estime avoir "déjà retardé d'au moins deux ou trois ans la possibilité" pour l'Iran de disposer de la bombe atomique, a déclaré le ministre des Affaires étrangères israélien Gideon Saar dans un entretien au journal allemand Bild publié samedi, jugeant le résultat de l'offensive israélienne "très significatif".

- "Campagne prolongée" -

Israël doit se préparer à une "campagne prolongée" contre l'Iran, a déclaré le chef d'état-major de l'armée israélienne Eyal Zamir dans un message vidéo adressé aux "citoyens d'Israël", appelant la population à se préparer à "des jours difficiles".

- Négocier "sans attendre" -

L'Allemagne, la France et la Grande-Bretagne ont exhorté l'Iran à négocier "sans attendre l'arrêt des frappes" israéliennes, après une rencontre à Genève avec le ministre iranien des Affaires étrangères Abbas Araghchi.

Ils ont appelé Téhéran "poursuivre les discussions avec les Etats-Unis" sur son programme nucléaire.

- "Deux semaines" -

Le président américain Donald Trump, qui s'était donné jeudi "deux semaines" pour décider d'une éventuelle participation militaire des Etats-Unis aux frappes contre l'Iran, a affirmé vendredi que cette date butoir était un "maximum" et qu'il pourrait prendre sa décision avant. "L'Iran ne veut pas parler à l'Europe. Ils veulent nous parler à nous. L'Europe ne va pas pouvoir aider sur ce sujet", a-t-il déclaré.

- Pas de diplomatie avant l'arrêt de "l'agression" -

M. Araghchi a affirmé, lui, que son pays était prêt à "envisager" un retour à la diplomatie avec les Etats-Unis "une fois l'agression" israélienne "stoppée".

"Nous sommes favorables à la poursuite des discussions avec l'E3 (Allemagne, France, Royaume-Uni Ndlr) et l'Union européenne", a-t-il néanmoins dit.

- Iran: 657 morts selon une ONG -

Au moins 657 civils et militaires ont été tués et plus de 2.000 blessés en Iran par les frappes israéliennes depuis le 13 juin, selon l'organisation Human Rights Activists News Agency (HRANA) basée aux Etats-Unis.

- Explosions à Téhéran -

Plusieurs explosions ont été entendues vendredi soir à Téhéran. Les défenses anti-aériennes ont été activées selon un média iranien.

L'armée israélienne a annoncé plus tôt avoir visé des lanceurs de missiles dans le sud-ouest de l'Iran, et frappé des cibles à Téhéran, Ispahan (centre) et dans l'ouest du pays.

- Inspections "incontestables" -

Le chef de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Rafael Grossi, a assuré que son organisation pouvait "garantir", par un système d'inspections "incontestables", que l'Iran ne pourrait pas développer l'arme nucléaire.

"Une solution diplomatique est possible si la volonté politique est là. Des éléments d'un accord ont été discutés", a-t-il dit.

- 19 blessés à Haïfa -

L'hôpital Rambam de Haïfa a annoncé avoir pris en charge 19 blessés, dont un dans un état grave, après des tirs de missiles iraniens sur cette ville du nord d'Israël.

- Un 3e porte-avions américain vers le Moyen-Orient -

L'USS Gerald Ford, le dernier-né des porte-avions américains, va prendre la semaine prochaine la route de l'Europe, a annoncé un responsable de la Marine, qui place ainsi un troisième porte-avions à proximité du Moyen-Orient.