Intenses combats dans le sud de Gaza, craintes pour les civils

Une photo prise à Rafah montre de la fumée s'élevant au-dessus de Khan Yunis dans le sud de la bande de Gaza lors d'une frappe israélienne tôt le 10 décembre 2023, au milieu de batailles continues entre Israël et le mouvement palestinien Hamas. (Photo de Said Khatib AFP)
Une photo prise à Rafah montre de la fumée s'élevant au-dessus de Khan Yunis dans le sud de la bande de Gaza lors d'une frappe israélienne tôt le 10 décembre 2023, au milieu de batailles continues entre Israël et le mouvement palestinien Hamas. (Photo de Said Khatib AFP)
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Publié le Dimanche 10 décembre 2023

Intenses combats dans le sud de Gaza, craintes pour les civils

  • Tôt dimanche, l'aviation israélienne a mené des «raids aériens très violents» près de Khan Younès, et sur la route entre cette ville et celle de Rafah, près de la frontière avec l'Egypte, a indiqué l'administration du Hamas
  • A la frontière nord d'Israël, les échanges de tirs se sont multipliés entre l'armée israélienne et le mouvement libanais Hezbollah, allié du Hamas soutenu par l'Iran, depuis le début de la guerre

JÉRUSALEM : L'armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas se livrent dimanche à de violents combats dans le sud de la bande de Gaza, où des centaines de milliers de personnes tentent désespérément de se protéger.

Tôt dimanche, l'aviation israélienne a mené des «raids aériens très violents» près de Khan Younès, et sur la route entre cette ville et celle de Rafah, près de la frontière avec l'Egypte, a indiqué l'administration du Hamas. Un journaliste de l'AFP a pu constater les frappes dans le sud de Gaza.

Quelques heures plus tard, une source proche des branches militaires du Hamas et du Jihad islamique a indiqué à l'AFP que les deux mouvements étaient impliqués dans «de violents affrontements» autour de Khan Younès.

L'armée israélienne a dit avoir «intensifié» ses opérations dans ces secteurs du sud de la bande de Gaza. «Nous devons accentuer la pression», a lancé son chef d'état-major de l'armée Herzi Halevi, faisant état d'un nombre croissant de combattants du Hamas «tués».

Au tout début de son offensive terrestre, l'armée israélienne avait demandé à la population du nord de la bande de Gaza de se rendre au sud.

Mais avec l'intensification des combats dans le sud, et après un véto américain à l'ONU sur une résolution proposant un cessez-le-feu, les craintes vont croissant pour la population civile dans la bande de Gaza et notamment dans le sud.

- «Peine de mort» -

Une grande partie des 1,9 million de Gazaouis qui ont fui les combats et les bombes se retrouvent acculés à Rafah, transformé en vaste camp de réfugiés.

Des maladies se propagent en raison de la surpopulation et des mauvaises conditions sanitaires au sein des abris de l'agence de l'ONU dédiée aux réfugiés palestiniens (UNRWA) dans le sud du territoire.

«Près d'un million d'enfants ont été déplacés de force et sont poussés de plus en plus vers le sud, dans des zones minuscules, surpeuplées, sans eau, sans nourriture et sans protection», a déclaré la directrice de l'Unicef pour le Moyen-Orient, Adele Khodr.

«Les restrictions liées à l'acheminent d'une aide vitale à travers la bande de Gaza sont une peine de mort supplémentaire pour les enfants», a-t-elle ajouté.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, le bilan des victimes dépasse 17.700 morts dans l'étroite bande de terre, pour la plupart des femmes et des enfants, depuis le début de l'offensive israélienne à Gaza qui vise à «anéantir» ce mouvement classé organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.

Israël a lancé cette opération après l'attaque inédite perpétrée le 7 octobre par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza sur le territoire israélien, au cours de laquelle 1.200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées, selon les autorités. Environ 240 personnes avaient été prises en otage et emmenées à Gaza où 137 sont toujours retenues selon l'armée.

- «Nous danserons à nouveau» -

Fin novembre, 105 otages, dont 80 Israéliens, ont été relâchés dans le cadre d'un accord de trêve de sept jours, en échange de 240 prisonniers palestiniens détenus en Israël.

Samedi soir, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées à Tel-Aviv pour appeler le gouvernement à négocier la libération des autres otages dont les familles sont toujours rongées par l'angoisse.

«Je préfère voir mes enfants libérés par des négociations, pas des actions militaires, car j'ai peur qu'ils soient tués par l'armée», a confié à l'AFP Yechi Yehud, père de Arbel et Dolev, une sœur et son frère.

Mia Schem, une Israélienne kidnappée lors du festival de musique Nova puis libérée dans le cadre de la trêve fin novembre, a posté sur Instagram un portrait photo, montrant un nouveau tatouage à l'avant-bras: «We will dance again 71023» («Nous danserons à nouveau, 7 octobre 2023»).

Sur les réseaux sociaux arabes, la vidéo d'un soldat israélien brisant des objets dans un petit commerce de Gaza tournait en boucle. Interrogée par l'AFP, l'armée israélienne a qualifié «d'inapproprié», ce comportement qui fait l'objet d'un «examen».

- «La mort nous suit» -

Après un peu plus de deux mois de guerre, des quartiers entiers de Gaza sont désormais des champs de ruines et plus de la moitié des habitations ont été détruites ou endommagées, selon l'ONU.

Des milliers de personnes ont trouvé abri à l'hôpital al-Chifa, hors service après avoir été évacué par l'armée israélienne il y a une quinzaine de jours, selon un journaliste de l'AFP. Des déplacés ont installé des centaines de tentes de fortune faites de tissu recouvert de plastique ou de nylon dans les jardins et les cours intérieures.

«Nous nous sommes réfugiés à l'hôpital al-Chifa. (...) Nous ne savons pas s'ils prendront d'assaut l'hôpital de nouveau. Qu'importe où nous allons, la mort nous suit», a raconté à l'AFP Suheil Abou Dalfa, 56 ans, dont la maison a été touchée par un obus et le fils de 20 ans blessé.

Le gouvernement américain a approuvé «d'urgence», sans passer par le Congrès, la vente à Israël de près de 14.000 obus de 120 mm équipant les chars de combat Merkava engagés dans l'offensive contre le Hamas à Gaza.

- Du Liban au Yémen -

Les tensions hors de Gaza font toujours planer le spectre d'un élargissement du conflit.

L'Iran, soutien clé du Hamas, a mis en garde contre «la possibilité» d'«une explosion incontrôlable» au Moyen-Orient, tandis que les rebelles Houthis du Yémen, soutenus par Téhéran, ont menacé d'attaquer tout navire dans la mer Rouge se dirigeant vers Israël si la population de la bande de Gaza ne recevait pas l'aide dont elle a besoin.

La frégate multi-missions française Languedoc a intercepté dans la nuit deux drones qui se dirigeaient vers elle depuis les côtes du Yémen, a annoncé l'état-major des armées.

A la frontière nord d'Israël, les échanges de tirs se sont multipliés entre l'armée israélienne et le mouvement libanais Hezbollah, allié du Hamas soutenu par l'Iran, depuis le début de la guerre.

Une position de maintien de la paix de l'ONU dans le sud du Liban a été touchée samedi sans faire de victimes, a déclaré la force des Nations unies, ajoutant qu'elle vérifiait l'origine des tirs.


Accord Arabie saoudite-Qatar pour une liaison ferroviaire à grande vitesse

le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
Le cheikh Tamim bin Hamad Al-Thani du Qatar est accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman à son arrivée à Riyad. (X : @Spagov)
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  • L’Arabie saoudite et le Qatar lancent une ligne TGV de 785 km reliant Riyad à Doha, achevée d’ici six ans et destinée à transporter plus de 10 millions de passagers par an
  • Le projet, estimé à 115 milliards de SR, vise à renforcer l’intégration régionale, stimuler commerce et tourisme, et soutenir la transition vers des transports durables

RIYAD: L’Arabie saoudite et le Qatar ont signé lundi un accord pour construire une ligne ferroviaire à grande vitesse reliant les deux pays.

L’annonce est intervenue à l’issue d’une rencontre à Riyad entre le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, tenue dans le cadre du Conseil de coordination saoudo-qatari.

La liaison ferroviaire, qui connectera l’aéroport international King Salman de Riyad à l’aéroport international Hamad de Doha, constituera une première pour les deux nations et réduira le temps de trajet entre les deux capitales à seulement deux heures.

Selon un communiqué conjoint, le projet devrait être achevé d’ici six ans et créer 30 000 emplois dans les deux pays. Une fois opérationnel, il transportera plus de 10 millions de passagers par an.

Les dirigeants ont assisté à la signature de l’accord au palais Al-Yamamah à Riyad, où ils ont également coprésidé la huitième session du Conseil de coordination qataro-saoudien.

L’accord a été signé par le ministre saoudien des Transports et des Services logistiques, Saleh Al-Jasser, et par le ministre qatari des Transports, cheikh Mohammed ben Abdulla ben Mohammed Al-Thani. Il est considéré comme une étape stratégique visant à renforcer la coopération, l’intégration développementale et le développement durable, et à démontrer un engagement commun en faveur de la prospérité régionale.

La ligne à grande vitesse s’étendra sur 785 km et accueillera des trains capables de dépasser les 300 km/h. Plusieurs arrêts sont prévus entre les deux aéroports, notamment à Hofuf et Dammam.

Le service devrait considérablement améliorer les déplacements ferroviaires dans la région et stimuler le commerce ainsi que le tourisme. Le bénéfice économique pour les deux pays est estimé à 115 milliards de riyals saoudiens (30,6 milliards de dollars).

Conçue avec des technologies de pointe et une ingénierie intelligente, la ligne contribuera également à la durabilité environnementale en réduisant les émissions de carbone et en soutenant la transition vers des modes de transport plus efficaces et innovants. Elle constitue l’un des projets clés soutenant le développement régional et renforçant la connectivité ainsi que l’intégration au sein des pays du Conseil de coopération du Golfe.

Au cours de la réunion du conseil, les deux parties ont souligné la solidité de leurs liens économiques, avec un commerce bilatéral en 2024 en hausse de 634 % depuis 2021, à 930,3 millions de dollars (hors réexportations).

Le cheikh Tamim était accompagné lors des discussions par le Premier ministre, cheikh Mohammed ben Abdulrahman ben Jassim Al-Thani, ainsi que par d’autres hauts responsables.


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
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  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.