Israël poursuit son offensive à Gaza, échec de l'appel au cessez-le-feu à l'ONU

Une photo prise dans le sud d'Israël, près de la frontière avec la bande de Gaza, le 8 décembre 2023, montre un char de l'armée israélienne roulant dans un champ, au milieu des combats continus entre Israël et le groupe militant Hamas (Photo, AFP).
Une photo prise dans le sud d'Israël, près de la frontière avec la bande de Gaza, le 8 décembre 2023, montre un char de l'armée israélienne roulant dans un champ, au milieu des combats continus entre Israël et le groupe militant Hamas (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Samedi 09 décembre 2023

Israël poursuit son offensive à Gaza, échec de l'appel au cessez-le-feu à l'ONU

  • Le Hamas a «fermement condamné» samedi le véto américain, le qualifiant de «position immorale et inhumaine» et de «participation directe» aux «massacres»
  • Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens ont fait 17487 morts, pour plus des deux tiers des femmes et des moins de 18 ans, selon un dernier bilan

JÉRUSALEM: Israël maintient son offensive contre le Hamas dans la bande de Gaza samedi, après le véto américain à une résolution sans précédent du Conseil de sécurité de l'ONU appelant à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat".

Le Hamas a "fermement condamné" samedi le véto américain, le qualifiant de "position immorale et inhumaine" et de "participation directe" aux "massacres", selon Ezzat al-Rishq, haut-responsable politique du mouvement.

Dans la bande de Gaza, les bombardements israéliens ont fait 17.487 morts, pour plus des deux tiers des femmes et des moins de 18 ans, selon un dernier bilan publié vendredi par le ministère de la Santé du Hamas.

Sur la ville de Khan Younès, dans le sud du territoire, une frappe israélienne a tué six personnes, tandis que cinq autres sont mortes dans une attaque distincte à Rafah, a affirmé le ministère du Hamas samedi.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sanglante, menée le 7 octobre sur le sol israélien par des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza, au cours de laquelle 1.200 personnes, en majorité des civils, ont été tuées selon les autorités israéliennes, et environ 240 autres prises en otage dont 138 restent captives.

En riposte, Israël a juré d'"anéantir" le Hamas, au pouvoir depuis 2007 dans la bande de Gaza et classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

Selon l'ONU, plus de la moitié des habitations ont été détruites ou endommagées par la guerre dans le territoire, où 1,9 million de personnes, soit 85% de la population, ont fui leur foyer.

"Il fait si froid et la tente est si petite. Je n'ai que les vêtements que je porte. Je ne sais toujours pas quelle sera la prochaine étape", souffle Mahmud Abu Rayan, déplacé de Beit Lahia (nord).

«Echec moral»

Le véto américain vendredi devant le conseil de sécurité de l'ONU a été rapidement condamné par les organisations humanitaires, Médecins sans frontières (MSF) déclarant que l'inaction du Conseil de sécurité des Nations unies le rend "complice du massacre" dans la bande de Gaza.

Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a également fustigé "l'échec du Conseil de sécurité à adopter un projet de résolution visant à mettre fin à l'agression contre notre peuple dans la bande de Gaza en raison de l'utilisation par les Etats-Unis de leur droit de véto", qu'il a qualifié de "honte" et de "nouveau blanc-seing donné à l'Etat occupant pour massacrer, détruire et déplacer".

Selon lui, l'utilisation du véto montre le "mensonge" des Etats-Unis lorsqu'ils disent se préoccuper des pertes civiles.

A l'ONU, l'ambassadeur américain adjoint Robert Wood a justifié le véto américain.

"Nous ne soutenons pas une résolution qui appelle à un cessez-le-feu non durable qui va simplement planter les graines de la prochaine guerre", a-t-il déclaré vendredi, dénonçant l'"échec moral" de l'absence dans le texte de condamnation des attaques du Hamas du 7 octobre.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Eli Cohen, a estimé de son côté  que le cessez-le-feu "empêcherait l'effondrement de l'organisation terroriste Hamas, qui commet des crimes de guerre et des crimes contre l'humanité, et lui permettrait de continuer à diriger la bande de Gaza".

L'armée israélienne a déclaré vendredi avoir frappé "plus de 450 cibles" en 24 heures à Gaza, montrant des images de frappes effectuées depuis des navires de guerre en Méditerranée.

Le ministère de la Santé du Hamas a fait état de 40 morts près de la ville de Gaza, au nord, et de dizaines d'autres à Jabalia et à Khan Younès, au sud.

«Contexte humanitaire cauchemardesque»

Après deux mois de conflit et de bombardements, le chef de l'ONU Antonio Guterres a déclaré que "la population de Gaza regarde vers l'abîme".

"Les gens sont désespérés, effrayés et en colère", a-t-il déploré vendredi, soulignant que "tout cela se déroule dans un contexte humanitaire cauchemardesque".

Une grande partie des 1,9 million de Gazaouis déplacés par la guerre se sont dirigés vers le sud, transformant Rafah, le long de la frontière fermée avec l'Egypte, en un vaste camp de réfugiés.

Pendant que le nombre de décès de personnels médical et humanitaire dans le conflit s'alourdit, un projet de résolution soumis à l'OMS par 17 pays membres et la Palestine, au statut particulier, a exigé vendredi qu'Israël respecte pleinement ses obligations de protection envers ces travailleurs dans la bande de Gaza.

Ils ont demandé à Israël de "respecter et protéger" les travailleurs médicaux et humanitaires chargés exclusivement de tâches médicales, ainsi que les hôpitaux et autres installations médicales.

Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA), seuls 14 des 36 hôpitaux de la bande de Gaza fonctionnaient encore tant bien que mal jeudi.

Face au nombre croissant de victimes civiles, le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche, John Kirby, a déclaré vendredi à la presse que Washington estimait qu'Israël devait faire davantage pour protéger les civils dans le conflit.

"Nous reconnaissons tous qu'il est possible de faire davantage pour réduire le nombre de victimes civiles. Et nous allons continuer à travailler avec nos homologues israéliens à cette fin", a-t-il déclaré.

Le bilan s'est également alourdi en Cisjordanie occupée par Israël, où les forces israéliennes ont abattu six Palestiniens vendredi, selon le ministère de la Santé du territoire.

Israël a déclaré vendredi avoir perdu 91 soldats à Gaza, précisant que deux autres militaires avaient été blessés lors de l'échec d'une tentative de libération d'otages dans la nuit, ajoutant que "de nombreux terroristes" avaient été tués au cours de l'opération.

Le Hamas a affirmé qu'un otage avait été tué au cours de l'opération et a diffusé une vidéo montrant le corps, qui n'a pas pu être vérifiée de manière indépendante.

Des pièces de roquettes, des lanceurs et d'autres armes du Hamas, ainsi qu'un tunnel d'un kilomètre, ont été découverts à l'université Al-Azhar, dans la ville de Gaza, a indiqué l'armée, qui a conseillé aux habitants de se déplacer vers l'ouest.

Attaque de l'ambassade américaine

Une attaque contre l'ambassade américaine en Irak vendredi a renforcé les craintes d'un conflit régional plus large.

Des salves de roquettes ont été lancées contre la mission dans la zone verte lourdement sécurisée de Bagdad, s'ajoutant à des dizaines de récentes frappes de roquettes et de drones par des groupes pro-iraniens contre les forces américaines ou de la coalition en Irak et en Syrie.

Par ailleurs, trois combattants du Hezbollah et un Syrien ont été tués vendredi dans une frappe de drone israélienne sur leur voiture dans le sud de la Syrie, a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).


Israël: la Knesset vote pour l'examen de projets de loi visant à annexer la Cisjordanie

Short Url
  • "Je ne permettrai pas à Israël d'annexer la Cisjordanie", a déclaré Trump aux journalistes à la Maison Blanche le 26 septembre. "Non, je ne le permettrai pas. Cela n'arrivera pas."
  • Les députés israéliens se sont prononcés sur deux projets de loi en lecture préliminaire, un vote destiné à autoriser l'examen en première lecture des projets de loi

JERUSALEM: Le Parlement israélien (Knesset) s'est prononcé mercredi pour l'examen de deux projets de loi visant à étendre la souveraineté israélienne en Cisjordanie occupée, en pleine visite du vice-président américain JD Vance en Israël.

Le président américain Donald Trump, allié d'Israël dans sa guerre contre le mouvement islamiste Hamas, s'est prononcé contre toute annexion de la Cisjordanie par Israël, que soutient l'extrême droite israélienne.

"Je ne permettrai pas à Israël d'annexer la Cisjordanie", a déclaré Trump aux journalistes à la Maison Blanche le 26 septembre. "Non, je ne le permettrai pas. Cela n'arrivera pas."

Les députés israéliens se sont prononcés sur deux projets de loi en lecture préliminaire, un vote destiné à autoriser l'examen en première lecture des projets de loi.

Le premier texte, proposé par le chef du parti nationaliste Israël Beiteinou (opposition), Avigdor Lieberman, visant à étendre la souveraineté israélienne à Maalé Adumim, une colonie de plus de 40.000 habitants située juste à l'est de Jérusalem, a été adopté par 32 députés contre 9.

Le deuxième projet de loi, proposé par le député d'extrême-droite Avi Maoz, lui aussi dans l'opposition, visant à appliquer la souveraineté israélienne sur l'ensemble de la Cisjordanie, a été adopté en lecture préliminaire par 25 députés pour et 24 contre.

Selon les médias, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait ordonné aux députés de son parti, le Likoud, de s'abstenir pendant les votes.

Le Likoud a qualifié les votes de "provocation de l'opposition visant à nuire à nos relations avec les États-Unis et aux grandes réalisations d'Israël" dans la guerre déclenchée le 7 octobre 2023 par le Hamas, dans un communiqué.

"La véritable souveraineté ne s'obtient pas par une loi symbolique (...) mais par un travail efficace sur le terrain et par la création des conditions politiques propices à la reconnaissance de notre souveraineté, comme cela a été fait dans le Golan et à Jérusalem", ajoute le texte.

Israël a approuvé en août un projet clé de construction de 3.400 logements en Cisjordanie, dénoncé par l'ONU et plusieurs dirigeants étrangers.

Selon ses détracteurs, ce projet, baptisé E1, couperait la Cisjordanie en deux et empêcherait définitivement la création d'un éventuel Etat palestinien.

Lors d'un événement organisé à Maalé Adoumim le 11 septembre, M. Netanyahu avait affirmé qu"il "n'y aura pas d'Etat palestinien" et dit vouloir "doubler la population de la ville".

Hors Jérusalem-est, occupée et annexée par Israël, quelque trois millions de Palestiniens vivent en Cisjordanie, aux côtés d'environ 500.000 Israéliens installés dans des colonies que l'ONU juge illégales au regard du droit international.

La colonisation de la Cisjordanie, frontalière de la Jordanie, s'est poursuivie sous tous les gouvernements israéliens, de gauche comme de droite, depuis 1967.

Ces derniers mois, plusieurs ministres israéliens d’extrême droite ont appelé ouvertement à l'annexion de la Cisjordanie.

Mercredi dans un communiqué, le ministère jordanien des Affaires étrangères a dit "condamner fermement" ces votes qu'il qualifie de "violation flagrante du droit international et d'atteinte grave à la solution à deux Etats".

De son côté, le ministère palestinien des Affaires étrangères, basé à Ramallah, a condamné le vote de la Knesset, déclarant qu'il "rejette fermement les tentatives de la Knesset d'annexer des terres palestiniennes ".

"Le ministère a souligné que les territoires palestiniens occupés en Cisjordanie, y compris à Jérusalem, et la bande de Gaza, constituent une seule et même unité géographique sur laquelle Israël n'a aucune souveraineté", a-t-il déclaré, selon l'agence de presse officielle palestinienne Wafa.


L'ONU met en garde contre le grave danger que représentent les munitions non explosées à Gaza

Le service de lutte antimines des Nations unies a mis en garde contre le grave danger que représentent les munitions non explosées à Gaza, alors que les communautés déplacées et les travailleurs humanitaires commencent à revenir dans les zones ravagées par deux années de bombardements israéliens incessants. (AFP/File)
Le service de lutte antimines des Nations unies a mis en garde contre le grave danger que représentent les munitions non explosées à Gaza, alors que les communautés déplacées et les travailleurs humanitaires commencent à revenir dans les zones ravagées par deux années de bombardements israéliens incessants. (AFP/File)
Short Url
  • Le service d'action antimines de l'ONU documente de nombreux cas de civils blessés par des explosions alors qu'ils retournent dans des zones ravagées par la guerre au moment du cessez-le-feu, dont cinq enfants la semaine dernière
  • L'agence a enregistré 328 incidents à Gaza depuis octobre 2023 au cours desquels des personnes ont été blessées ou tuées par des engins explosifs, bien que le nombre réel soit probablement beaucoup plus élevé

NEW YORK : Le Service d'action contre les mines des Nations Unies a mis en garde contre la grave menace que représentent les engins non explosés à Gaza, alors que les communautés déplacées et les travailleurs humanitaires commencent à revenir dans les zones ravagées par deux années de bombardements israéliens incessants.

Luke David Irving, chef de l'UNMAS dans les territoires palestiniens occupés, a souligné les dangers permanents posés par ces restes explosifs de guerre.

"Alors que les communautés et le personnel humanitaire se déplacent dans les zones touchées, le risque d'explosion est incroyablement élevé", a déclaré M. Irving à Jérusalem.

"Des décennies d'expérience nous ont appris qu'après la fin de nombreux autres conflits, les engins explosifs continuent de mutiler et de tuer. Gaza ne fait pas exception à la règle.

Son équipe a recensé de nombreux cas de blessures lorsque des personnes ont été confrontées à des munitions non explosées, a-t-il ajouté, y compris cinq enfants qui ont été blessés la semaine dernière, dont deux grièvement.

"C'est l'une des centaines d'histoires de personnes, souvent des enfants, qui ont été tuées ou qui ont subi des blessures qui ont changé leur vie à cause de ces engins dangereux.

Depuis octobre 2023, l'UNMAS a enregistré 328 incidents à Gaza au cours desquels des personnes ont été blessées ou tuées par des munitions non explosées. Toutefois, le nombre réel est probablement beaucoup plus élevé.

"Nous pensons que ce chiffre est largement sous-estimé", a déclaré M. Irving. "Au cours des deux dernières années, davantage de personnes ont été blessées ou tuées par des munitions qui jonchaient la bande de Gaza.

Les équipes de l'UNMAS ont jusqu'à présent identifié 560 munitions explosives dans des zones accessibles de Gaza, mais ont prévenu que l'étendue de la contamination resterait inconnue jusqu'à ce que des enquêtes plus complètes puissent être menées.

"Nous nous attendons à trouver beaucoup plus d'objets dans les semaines à venir, car nous pouvons accéder à davantage de zones sous le cessez-le-feu", a ajouté M. Irving.

La menace que représentent les engins non explosés devrait persister pendant les mois et les années à venir, ce qui présente des risques pour les habitants qui retournent dans leur quartier pour récupérer les objets qu'ils peuvent, et pour les enfants qui jouent dans les zones touchées.

Les travailleurs humanitaires sont également confrontés à un danger important lorsqu'ils s'aventurent dans des endroits auparavant inaccessibles, et M. Irving a souligné l'importance de l'enlèvement des engins explosifs.

"L'action humanitaire contre les mines est indispensable pour ouvrir la voie à l'acheminement de l'aide ainsi qu'au redressement et à la reconstruction", a-t-il déclaré.

L'UNMAS a déjà touché environ 460 000 personnes à Gaza dans le cadre de ses efforts pour aider les communautés à rester en sécurité, grâce à des campagnes d'éducation au risque menées en personne dans les abris, les centres de santé et les zones touchées par le conflit. Ses travailleurs ont distribué plus de 400 000 dépliants, autocollants et autres matériels de sensibilisation depuis mars 2025. Mais il reste encore beaucoup à faire.

"Nous devons faire passer ces messages à l'ensemble de la population de Gaza pour réduire les risques", a déclaré M. Irving.

L'UNMAS effectue également des évaluations techniques des infrastructures essentielles, notamment les routes, les centres de santé, les installations d'eau, les boulangeries et les zones agricoles, afin de garantir la sécurité des opérations humanitaires. Ces évaluations ont également contribué aux efforts de relèvement rapide, y compris l'enlèvement d'environ 50 à 60 millions de tonnes de débris susceptibles d'abriter des engins explosifs.

Depuis le début du cessez-le-feu le 10 octobre, l'UNMAS a reçu près de 100 demandes de soutien pour le déminage, soit environ 10 par jour en moyenne, ce qui a entraîné des efforts pour faire venir plus de personnel technique à Gaza afin d'intensifier les opérations.

Cependant, le rétablissement à long terme dépendra de l'obtention de l'approbation pour le déploiement à grande échelle de l'équipement d'élimination critique, a déclaré Irving.

"Nous demandons que ces équipements soient acheminés pour l'ensemble du secteur, ce qui permettra le rétablissement à long terme de Gaza", a-t-il ajouté.

M. Irving a remercié les donateurs pour leur soutien continu à son agence et a insisté sur la nécessité urgente d'étendre l'action humanitaire de déminage des explosifs à mesure que la bande de Gaza progresse vers le rétablissement.


Soudan: une attaque de drone frappe la zone de l'aéroport de Khartoum avant sa réouverture 

Une attaque de drone a frappé les environs de l'aéroport international de Khartoum tôt mardi, selon des témoins, un jour avant avant sa réouverture prévue pour la première fois depuis que le pays a basculé il y a plus de deux ans dans une guerre fratricide. (AFP)
Une attaque de drone a frappé les environs de l'aéroport international de Khartoum tôt mardi, selon des témoins, un jour avant avant sa réouverture prévue pour la première fois depuis que le pays a basculé il y a plus de deux ans dans une guerre fratricide. (AFP)
Short Url
  • Lundi, l'Autorité de l'aviation civile du Soudan avait annoncé que l'aéroport rouvrirait mercredi, avec une reprise progressive des vols intérieurs après l'achèvement des préparatifs techniques et opérationnels
  • Bien que Khartoum soit restée relativement calme depuis sa reprise par l'armée, elle reste visée par des attaques de drones, les FSR étant à plusieurs reprises accusées de cibler des infrastructures militaires et civiles

KHARTOUM: Une attaque de drone a frappé les environs de l'aéroport international de Khartoum tôt mardi, selon des témoins, un jour avant avant sa réouverture prévue pour la première fois depuis que le pays a basculé il y a plus de deux ans dans une guerre fratricide.

Des témoins ont déclaré à l'AFP avoir entendu des drones au-dessus du centre et du sud de la capitale soudanaise et plusieurs explosions dans la zone de l'aéroport entre 4h00 et 6h00, heure locale (02H00 - 04H00 GMT).

L'aéroport est fermé depuis le début, en avril 2023, du conflit qui oppose l'armée soudanaise du général Abdel Fattah al-Burhane, qui a repris le contrôle de la capitale au printemps, et les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR) menées par son ancien bras droit Mohamed Daglo.

"Nous avons été réveillés à 4 heures du matin par le bruit de drones dans le ciel. Peu après, nous avons entendu de fortes explosions dans la direction de l'aéroport", a déclaré un habitant du centre de Khartoum. Un autre témoin du quartier Al-Azhari, dans le sud de la ville, a affirmé avoir "entendu le bruit d'une explosion" puis vu un drone passer.

Lundi, l'Autorité de l'aviation civile du Soudan avait annoncé que l'aéroport rouvrirait mercredi, avec une reprise progressive des vols intérieurs après l'achèvement des préparatifs techniques et opérationnels.

Bien que Khartoum soit restée relativement calme depuis sa reprise par l'armée, elle reste visée par des attaques de drones, les FSR étant à plusieurs reprises accusées de cibler des infrastructures militaires et civiles.

Un autre témoin a également déclaré à l'AFP que des drones avaient "bombardé le nord d'Omdurman", une partie du Grand Khartoum, tôt mardi, une zone connue pour abriter certaines des plus grandes installations militaires du Soudan.

"J'ai vu trois drones se diriger vers le nord en direction de la base militaire de Wadi Sayedna et j'ai entendu le bruit d'explosions", a-t-il affirmé.

Aucune revendication immédiate des frappes n'a été faite et aucune information sur les victimes potentielles ou les dommages n'est disponible dans l'immédiat.

La frappe de mardi marque la troisième attaque de drones sur la capitale en une semaine. La semaine dernière, des drones ont ciblé deux bases militaires dans le nord-ouest de Khartoum pendant deux jours consécutifs, mais un responsable militaire a affirmé que la plupart avaient été interceptés.

Suite à la contre-offensive de l'armée et à la reprise de Khartoum, plus de 800.000 personnes sont retournées dans la capitale. Le gouvernement aligné sur l'armée a depuis lancé une vaste campagne de reconstruction et rapatrie les fonctionnaires de Port-Soudan (est), où ils avaient été déplacés.

De vastes parties de Khartoum restent en ruines, avec des millions de personnes subissant encore des coupures de courant fréquentes liées notamment à l'activité des drones des FSR.

Le conflit se concentre désormais à l'ouest du Soudan, où les forces des FSR assiègent depuis 18 mois El-Facher, la dernière grande ville du Darfour qui échappe à leur contrôle.

S'ils s'en emparaient, les FSR contrôleraient tout le Darfour et une grande partie du sud du Soudan, l'armée tenant le centre, l'est et le nord du pays.

La guerre au Soudan a tué des dizaines de milliers de personnes, déplacé près de 12 millions d'habitants et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".