Les chômeurs seniors dans le viseur du gouvernement

Le ministre français du Travail Olivier Dussopt (Photo, AFP).
Le ministre français du Travail Olivier Dussopt (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 20 décembre 2023

Les chômeurs seniors dans le viseur du gouvernement

  • Fin novembre, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait considéré qu'une indemnisation plus longue pour les plus de 55 ans
  • Un relèvement de deux ans des bornes d'âge devra «s'accompagner d'un effort de formation»

PARIS:Quatre cent mille personnes de plus de 55 ans sont inscrites au chômage et indemnisées: après avoir repoussé l'âge de la retraite, le gouvernement veut pour ces seniors sans emploi des règles moins favorables, que vont négocier les partenaires sociaux à partir de vendredi.

C'est une des premières incidences de la réforme des retraites adoptée au forceps au printemps: il faut "tirer les conséquences de l'allongement de la durée d'activité (de 62 à 64 ans, ndlr) sur les règles d'indemnisation des seniors", selon le gouvernement.

Les partenaires sociaux se retrouvent vendredi matin pour fixer le calendrier de la négociation sur l'emploi des seniors. Ils ont en principe jusque mi-mars pour faire des propositions.

Le ministre du Travail Olivier Dussopt a dit la semaine dernière souhaiter "au moins" que l'âge d'accès à une indemnisation plus longue pour les chômeurs seniors soit relevé de deux ans, à 57 ans et non 55.

Comme ils ont plus de mal à retrouver du travail, les plus de 55 ans bénéficient actuellement de 27 mois d'indemnisation (et les 53-54 ans à 22,5 mois, contre 18 mois pour les moins de 53 ans).

"De même, l'âge de maintien des droits à indemnisation jusqu'à une retraite à taux plein doit passer de 62 à 64 ans", a dit le ministre dans une interview aux Echos.

«Une carrière derrière soi»

Fin novembre, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait été plus loin en demandant que tous les chômeurs, sans distinction d'âge, soient désormais indemnisés 18 mois, avec l'objectif d'atteindre le plein-emploi en 2027 (soit un taux de chômage de 5% contre 7,4% actuellement).

M. Dussopt a relevé qu'en cas d'accord des partenaires sociaux sur ce point, cela nécessiterait une mesure législative.

Mais "qui connait un senior de 55 ans qui se satisfait d'être au chômage?", questionne Marylise Léon, la leader de la CFDT.

"Lorsque vous êtes senior, que vous êtes au chômage, vous avez (...) plus de durée d'indemnisation parce que vous avez deux fois plus de difficulté à retrouver un emploi", a-t-elle souligné lundi sur Franceinfo. "La question c'est: qu'est-ce que les employeurs sont prêts à faire?", notamment en termes de formation ou de temps partiel en fin de carrière.

"Pour les 50 ans et plus, on a déjà une carrière derrière soi. On a du mal à être pris au sérieux pour des postes (moins qualifiés) sur lesquels on a plus de compétences et d'expérience que le directeur parfois", confie à l'AFP Pedro, 55 ans, ancien dirigeant d'écoles supérieures du privé, au chômage depuis deux mois.

«De la dentelle»

Renan Ker, 62 ans et 8 mois, tente de s'inscrire à Pôle emploi depuis septembre. Tout est fait pour qu'il renonce à devenir chômeur et prenne sa retraite, assure-t-il auprès de l'AFP. Or, "si je la prenais aujourd'hui, elle serait minorée d'environ 25% à 30%" parce que "je n'ai que 156 trimestres" sur 168 nécessaires pour le taux plein.

Natalia Jourdin, élue FO chez Pôle Emploi, s'interroge sur la sincérité du gouvernement à vouloir aider les seniors: "Chez Pôle emploi, il existe des portefeuilles jeunes, avec des parcours spécifiques, pour ramener les jeunes vers l'emploi. Mais on n'a pas de portefeuille spécial seniors !"

"Raccourcir les droits à l'assurance chômage, durcir la borne d'âge, reporter l'âge de la retraite de deux ans" sans aucune aide pour celles et ceux "qui n'ont ni retraite ni emploi", n'est pas acceptable pour le secrétaire confédéral de la CGT, Denis Gravouil.

Il s'inquiète d'avoir in fine "des chômeurs âgés qui vont se retrouver en fin de droit beaucoup plus tôt et en retraite beaucoup plus tard. Sans rien entre les deux ou au mieux le RSA (environ 608 euros pour une personne seule, ndlr)".

"On va de toutes façons prendre" des mesures pour les seniors, déclare Olivier Guivarch (CFDT), "mais on peut faire les choses de manière progressive, on peut corriger des pondérables, créer des filets de sécurité et faire de la dentelle".


Laurent Wauquiez dépose une proposition de loi pour interdire le voile aux mineures

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  • Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public
  • Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier

PARIS: Le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez a déposé lundi une proposition de loi pour interdire aux mineures de porter le voile dans l'espace public, mais son examen rapide semble peu probable et sa constitutionnalité mise en doute par des juristes.

M. Wauquiez veut interdire "à tout parent d'imposer à sa fille mineure ou de l'autoriser à porter, dans l'espace public, une tenue destinée à dissimuler sa chevelure", selon l'article unique de sa proposition de loi.

Il s'appuie notamment sur un rapport sur les Frères musulmans commandé par le gouvernement et publié en mai dernier, relatant l'augmentation "massive et visible du nombre de petites filles portant le voile".

Il estime que "le voilement de jeunes filles" heurte les principes républicains "les plus fondamentaux", tels que la "protection de l'enfant", "la liberté de conscience" et "l'égalité entre les hommes et les femmes".

Sa proposition vise à modifier la loi du 11 octobre 2010 interdisant la dissimulation du visage dans l'espace public.

Il apparaît toutefois peu probable que ce texte soit examiné avant deux mois : la journée annuelle réservée aux propositions du groupe LR n’est prévue que le 22 janvier.

En outre, des professeurs de droit public interrogés par l'AFP émettent de sérieuses réserves quant à la conformité avec la Constitution de cette proposition déjà formulée, tout en la circonscrivant aux moins de 15 ans, par le patron des députés macronistes Gabriel Attal en mai - même si celui-ci n'avait pas déposé de texte.

Pour la constitutionnaliste Anne-Charlène Bezzina, elle n'a "aucune chance d'être conforme", rappelant que la loi sur la dissimulation du visage que son texte vient modifier a un motif de "sécurité à l'ordre public" et ne "vise aucune religion en particulier".

Or, M. Wauquiez cible très clairement le voile islamique dans l'espace public, contrevenant "au principe de liberté de religion", ajoute l'enseignante.

Jean-Philippe Derosier, professeur de droit public à l’Université de Lille, se dit également "très réservé".

Bien que le texte se heurte au principe de liberté religieuse, Laurent Wauquiez justifie sa démarche par la "préservation des droits de l’enfant", ce qui est "assez habile", reconnaît-il, mais insuffisant pour garantir sa conformité constitutionnelle.

Assimiler le port du voile par une mineure à "une forme d’asservissement" reste juridiquement fragile. "Incontestablement, une fillette de 9 ans pourrait le faire par mimétisme ou sous l'effet d’une instrumentalisation", observe-t-il. "Mais une adolescente de 16 ans peut davantage le porter par conviction personnelle."

Il rappelle par ailleurs que l’interdiction de dissimulation du visage est justifiée par des raisons de sécurité, avec la nécessité de pouvoir "identifier les personnes", un raisonnement difficilement transposable au fait de se couvrir la chevelure.


Quatre associations musulmanes portent plainte contre un sondage Ifop

Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
Le recteur de la grande mosquée de Lyon, Kamel Kabtane, pose dans la grande mosquée de Lyon le 30 septembre 2025. (AFP)
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  • Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop
  • Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021

PARIS: Quatre associations du culte musulman ont porté plainte lundi pour dénoncer le manque d'objectivité supposé d'un sondage Ifop sur le rapport des fidèles à l'islam, ont annoncé leurs avocats à l'AFP.

Les Conseils départementaux du culte musulman (CDCM) du Loiret, de l'Aube, des Bouches-du-Rhône et de Seine-et-Marne ont déposé plainte contre X auprès du tribunal judiciaire de Paris après la publication le 18 novembre du sondage Ifop "Etat des lieux du rapport à l'islam et à l'islamisme des musulmans de France".

Les CDCM sont l'échelon départemental du Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam auprès des pouvoirs publics, tombée en disgrâce en 2021.

Ce sondage "viole le principe d'objectivité posé par la loi du 19 juillet 1977 relative à la publication et la diffusion des sondages d'opinion", se "fonde sur des questions orientées" et se "focalise sur des résultats minoritaires mis en avant à des fins polémiques", accusent les avocats Mes Raphaël Kempf et Romain Ruiz, dans un communiqué.

Selon eux, le sondage distille "le poison de la haine dans l'espace public", renforçant "les amalgames".

Contacté par téléphone, François Kraus, directeur du pôle politique/actualités de l'Ifop, a indiqué qu'il répondrait à l'AFP par écrit, ce qu'il n'avait pas fait dans l'après-midi.

Le CFCM avait déjà dans un communiqué vendredi déploré "une nouvelle mise à l’index des citoyens français de confession musulmane et de leurs pratiques religieuses", avec des analyses et données "contestables".

L'enquête Ifop, basée sur un échantillon de 1.005 personnes de religion musulmane, a été commandée par le média confidentiel "Ecran de veille", qui se présente comme "le mensuel pour résister aux fanatismes".

L'attention médiatique et politique s'est beaucoup focalisée sur le sous-échantillon des 15-24 ans, constitué de 291 personnes, et révélant une forte pratique (87% se considèrent religieux, 67% disent prier "au moins une fois par jour", 83% font le ramadan)

François Kraus écrit dans sa conclusion sur le site de l'Ifop que "cette enquête dessine très nettement le portrait d'une population musulmane traversée par un processus de réislamisation, structurée autour de normes religieuses rigoristes et tentée de plus en plus par un projet politique islamiste".

Le sondage a provoqué de vives réactions, l'extrême droite y voyant un signe d'"islamisation", tandis que des représentants de la communauté musulmane ont regretté "une stigmatisation".

"A mal poser les questions, on finit toujours par fabriquer les peurs qu’on prétend mesurer", affirmait dans son billet hebdomadaire le recteur de la Grande mosquée de Paris Chems-eddine Hafiz.

Le politiste Haouès Seniguer qualifie pour sa part de raccourci "grossier et réducteur" l'idée, sous-jacente selon lui au sondage, qu'une observance stricte de l'islam soit la porte d'entrée mécanique vers l'islamisme.


Macron invité de RTL mardi matin

 Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué. (AFP)
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  • Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat Français a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine
  • Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire

PARIS: Emmanuel Macron, en déplacement en Afrique en ce début de semaine, sera l'invité de RTL mardi matin à 07h35, a annoncé la radio lundi dans un communiqué.

Le président de la République sera notamment interrogé sur la situation internationale, alors qu'une nouvelle réunion de la "coalition des volontaires" au soutien de l'Ukraine est prévue mardi en visioconférence.

Après sa participation au G20 ce week-end à Johannesburg et une visite au Gabon, le chef de l'Etat a décollé lundi pour l'Angola, où il doit participer au sommet Union européenne-Union africaine.

M. Macron sera aussi interrogé sur "les menaces qui pèsent sur la France", selon le communiqué de RTL.

Emmanuel Macron se rendra notamment jeudi à Varces (Isère), sur un site de l'armée de terre, où il pourrait annoncer l'instauration d'un service militaire volontaire.