Majorité écrasante à l'ONU pour un «cessez-le-feu humanitaire» à Gaza

Des enfants marchent dans une rue de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 12 décembre 2023, au milieu des combats continus entre Israël et le Hamas (Photo, AFP).
Des enfants marchent dans une rue de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, le 12 décembre 2023, au milieu des combats continus entre Israël et le Hamas (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 13 décembre 2023

Majorité écrasante à l'ONU pour un «cessez-le-feu humanitaire» à Gaza

  • La résolution adoptée par 153 voix pour, 10 contre (dont Israël et les Etats-Unis), et 23 abstentions sur 193 Etats membres, a engrangé plus de soutien que celle d'octobre
  • Cette large majorité a même dépassé le soutien à la condamnation de l'invasion russe de l'Ukraine

NATIONS UNIES: Prenant le relais du Conseil de sécurité paralysé, l'Assemblée générale de l'ONU a réclamé mardi "un cessez-le-feu humanitaire immédiat" à Gaza, un texte non contraignant qui vise toutefois par sa majorité écrasante à mettre la pression sur Israël et son allié américain.

"Le message puissant de l'Assemblée générale représente un jour historique", a salué l'ambassadeur palestinien à l'ONU Riyad Mansour. "C'est notre devoir collectif de poursuivre sur ce chemin jusqu'à ce que nous puissions voir la fin de cette agression contre notre peuple.

La résolution adoptée par 153 voix pour, 10 contre (dont Israël et les Etats-Unis), et 23 abstentions sur 193 Etats membres, a engrangé plus de soutien que celle d'octobre (120 pour, 14 contre, 45 abstentions) qui appelait à une "trêve humanitaire immédiate, durable et soutenue, menant à la cessation des hostilités".

Cette large majorité a même dépassé le soutien à la condamnation de l'invasion russe de l'Ukraine. Ces votes de l'Assemblée avaient rassemblé au mieux 143 voix, un résultat que les Etats-Unis avait alors vu comme une preuve de l'isolement de la Russie.

"L'ampleur de la majorité va vraiment faire mal pour les Etats-Unis", a commenté auprès de l'AFP mardi Richard Gowan, de l'International Crisis Group. "Cela montre que la grande majorité des Etats membres de l'ONU ont perdu patience face à la position de Washington".

La résolution, répondant à une demande sans précédent du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres qui craint un "effondrement total de l'ordre public" dans le territoire palestinien en guerre, "exige un cessez-le-feu humanitaire immédiat", réclame la protection des civils, l'accès humanitaire et la libération "immédiate et inconditionnelle" de tous les otages.

Comme le précédent texte adopté fin octobre, il ne condamne pas le Hamas, au grand dam des Etats-Unis et d'Israël notamment.

"Pourquoi est-ce si difficile de dire sans équivoque que tuer des bébés et abattre des parents devant leurs enfants est horrible?", a lancé l'ambassadrice américaine Linda Thomas-Greenfield.

Son homologue israélien Gilad Erdan a lui dénoncé avant le vote une résolution "hypocrite". "Le temps est venu de rejeter la faute sur ceux qui le méritent, les monstres du Hamas", a-t-il insisté, estimant qu'un cessez-le-feu ne ferait que renforcer le mouvement islamiste.

Le chef de l'Unrwa accuse Israël de vouloir expulser les Palestiniens de Gaza vers l'Egypte

Dans une tribune publiée samedi par le Los Angeles Times, le chef de l'Unrwa, Philippe Lazzarini, a déploré la concentration de civils déplacés dans une zone de plus en plus réduite, également cible de frappes, du sud de Gaza.

"Les Nations unies et plusieurs Etats membres, y compris les Etats-Unis, ont fermement rejeté [l'hypothèse d'un] déplacement forcé des Gazaouis hors de la bande de Gaza", écrit M. Lazzarini dans le quotidien américain.

"Mais les événements auxquels nous assistons témoignent de tentatives de déplacer les Palestiniens vers l'Egypte, qu'ils y restent ou qu'ils soient réinstallés ailleurs", ajoute-t-il.

Le pilonnage du nord de Gaza et la fuite de ses habitants vers le sud ont été "la première étape de ce scénario", selon lui, l'étape suivante ayant consisté à contraindre les civils à quitter la grande ville du sud de Gaza, Khan Younès, pour se masser à la frontière avec l'Egypte.

"Si cette voie se poursuit, conduisant à ce que beaucoup appellent déjà une seconde Nakba, Gaza ne sera plus une terre pour les Palestiniens", prévient M. Lazzarini.

«Deux poids, deux mesures»

L'amendement américain qui voulait condamner "les attaques terroristes abominables du Hamas" du 7 octobre a été rejeté (84 voix pour, 62 contre, 25 abstentions), comme un amendement similaire fin octobre.

Cette réunion spéciale de l'Assemblée générale a été réclamée par les pays arabes après le véto américain vendredi à un projet de résolution du Conseil de sécurité réclamant ce même "cessez-le-feu humanitaire immédiat".

De nombreux pays et organisations de défense des droits humains avaient déploré cet échec, y compris Antonio Guterres décrivant un Conseil de sécurité à l'autorité et la crédibilité "compromises".

Le Conseil avait déjà mis plus d'un mois après le début de la guerre entre Israël et le Hamas pour réussir à parler d'une seule voix, se contentant mi-novembre, après quatre textes rejetés, de demander des "pauses" humanitaires.

Plus de deux mois après l'attaque sanglante et sans précédent perpétrée par le Hamas sur le sol israélien le 7 octobre --qui a fait 1.200 morts selon les autorités--, Israël accentue son offensive dans la bande de Gaza, contrôlée par le mouvement palestinien.

L'ONU ne cesse d'alerter sur la situation catastrophique à Gaza, où le système humanitaire est "au point de rupture" et où plus de 18.000 personnes ont été tuées selon le ministère de la Santé du Hamas.

"Qu'attendons-nous pour arrêter ces morts et cette machine de guerre destructrice ?", a lancé mardi à la tribune l'ambassadeur égyptien Osama Mahmoud Abdelkhalek Mahmoud, au nom du groupe arabe, déplorant les "efforts d'une minorité de pays qui s'opposent à l'opinion publique internationale en faveur d'un cessez-le-feu".

Dans une allusion à peine voilée aux Etats-Unis, il a dénoncé les pays qui appliquent une politique de "deux poids, deux mesures".

"Le prix d'une défaite du Hamas ne peut pas être la souffrance continue de tous les civils palestiniens", ont déclaré de leur côté dans un communiqué commun les Premiers ministres d'Australie, du Canada et de la Nouvelle-Zélande, dont les pays ont voté pour la résolution.


Gaza: 27 morts dans des frappes israéliennes, Israël et le Hamas s'accusent de violer la trêve

Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu. (AFP)
Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu. (AFP)
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  • Il s'agit de l'une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l'entrée en vigueur de la trêve à laquelle ont poussé les Etats-Unis après plus de deux ans de guerre
  • Israël a également mené mercredi des frappes dans le sud du Liban, après avoir lancé des appels à évacuer

GAZA: Des frappes aériennes israéliennes sur la bande de Gaza ont tué 27 personnes mercredi selon les autorités locales, Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas s'accusant mutuellement d'avoir violé le fragile cessez-le-feu.

Il s'agit de l'une des journées les plus meurtrières à Gaza depuis le 10 octobre et l'entrée en vigueur de la trêve à laquelle ont poussé les Etats-Unis après plus de deux ans de guerre.

Israël a également mené mercredi des frappes dans le sud du Liban, après avoir lancé des appels à évacuer. L'armée israélienne a dit viser le mouvement islamiste Hezbollah qu'elle accuse de se réarmer en violation du cessez-le-feu en vigueur à sa frontière nord depuis bientôt un an.

"Les bombardements et les morts ont recommencé. Ils ne nous laissent même pas le temps de respirer", déplore auprès de l'AFP Ahraf Abu Sultan, 50 ans, tout juste rentré à Gaza-ville pour réparer sa maison détruite après avoir été déplacé un an dans le sud du territoire.

"Il n'y a aucun espoir pour la vie à Gaza", se lamente Nivine Ahmed, déplacée sous une tente à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, évoquant le bruit des explosions, la fumée, les gens qui courent et les sirènes des ambulances.

"Nous n'en pouvons plus, nous voulons que la guerre se termine complètement ou que les passages soient ouverts" pour permettre à la population de fuir, a confié Noha Fathi, déplacée dans le sud de la bande de Gaza.

Selon la Défense civile de la bande de Gaza, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du Hamas, quatorze personnes ont été tuées mercredi à Gaza-ville, et 13 dans la région de Khan Younès. Deux hôpitaux contactés par l'AFP ont confirmé ce bilan.

"Escalade dangereuse" 

L'armée israélienne a affirmé "frapper des cibles terroristes du Hamas dans toute la bande de Gaza" en riposte à des tirs "en direction de la zone où [ses] soldats opèrent à Khan Younès".

Ces tirs n'ont fait aucun blessé a précisé l'armée mais constituent "une violation de l'accord de cessez-le-feu".

Rejetant une "piètre tentative pour justifier [...] des violations qui ne cessent jamais", le Hamas a dénoncé une "escalade dangereuse" et appelé les Etats-Unis à "exercer une pression immédiate et sérieuse pour [forcer Israël] à respecter le cessez-le-feu".

Compte tenu des restrictions imposées aux médias à Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les informations des différentes parties.

La trêve a déjà été marquée par plusieurs accès de violences dans le territoire palestinien dévasté par plus de deux ans d'hostilités déclenchées par l'attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

Depuis le 10 octobre, plus de 300 Palestiniens ont été tués par des frappes ou des tirs israéliens selon le ministère de la Santé de Gaza, placé sous l'autorité du Hamas. L'armée israélienne affirme ne frapper qu'en riposte à des violations de la trêve.

Les raids israéliens les plus meurtriers ont tué, le 29 octobre, plus de cent Gazaouis, selon la Défense civile et des données recueillies par l'AFP auprès de cinq hôpitaux.

Selon la Défense civile, qui ne fait jamais état de combattants tués, les bombardements de mercredi ont notamment tué un couple et ses trois enfants à Gaza-ville, et deux mineurs à Khan Younès.

Deuxième phase ? 

Le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, est apparu dans une vidéo exhibant les corps de trois jeunes enfants.

L'accord de cessez-le-feu a permis dans sa première phase le retour des vingt derniers otages vivants du 7-Octobre, en échange de la libération de plusieurs centaines de prisonniers palestiniens, et le retour de 25 corps d'otages morts, sur 28 que le Hamas s'est engagé à rendre.

Israël réclame leur remise, en accusant de retard le mouvement islamiste, qui invoque la difficulté de les retrouver dans un territoire noyé sous des tonnes de décombres.

La mise en œuvre de la deuxième phase du plan du président américain Donald Trump n'a pas encore été approuvée. Elle prévoit notamment le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition pour gouverner le territoire et le déploiement d'une force internationale de stabilisation.

Le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté lundi une résolution pour endosser ce plan Trump, mais le Hamas, écarté de tout rôle dans la gouvernance du territoire et qui refuse de désarmer aux conditions posées par Israël, a dénoncé un texte qui "ne répond pas aux exigences et aux droits politiques et humains" du peuple palestinien.

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.221 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP établi à partir de données officielles.

Plus de 69.500 Palestiniens ont été tués par la campagne militaire israélienne de représailles, selon le ministère de la Santé de Gaza. Le ministère, dont les chiffres sont jugés fiables par l'ONU, ne précise pas le nombre de combattants tués mais ses données indiquent que plus de la moitié des morts sont des mineurs et des femmes.


Israël appelle à des évacuations dans deux villages du sud du Liban en prévision de frappes

L'armée israélienne a ordonné à deux villages du sud du Liban d'évacuer les bâtiments situés à proximité de ce qu'elle qualifie de sites du Hezbollah, alors que les tensions entre Israël et les groupes militants s'intensifient. (AFP)
L'armée israélienne a ordonné à deux villages du sud du Liban d'évacuer les bâtiments situés à proximité de ce qu'elle qualifie de sites du Hezbollah, alors que les tensions entre Israël et les groupes militants s'intensifient. (AFP)
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  • L’armée israélienne a appelé les habitants de Deir Kifa et Chahour à évacuer, affirmant que des infrastructures militaires du Hezbollah s’y trouvent et annonçant des frappes imminentes
  • Malgré le cessez-le-feu de novembre 2024, Israël poursuit des attaques ciblées au Liban avec le soutien tacite des États-Unis, accusant le Hezbollah de reconstruire ses capacités militaire

JERUSALEM: L'armée israélienne a appelé mercredi la population à évacuer les zones de bâtiments abritant selon elle des installations militaires du mouvement islamiste libanais Hezbollah dans deux villages du sud du Liban, annonçant son intention de les frapper sous peu.

"Les forces [israéliennes] attaqueront prochainement des infrastructures militaires appartenant au groupe terroriste Hezbollah dans différentes zones du sud du Liban, en réponse aux tentatives illégales de l'organisation de se rétablir dans la région", annonce le colonel Avichay Adraee, porte-parole de l'armée israélienne dans un message en arabe sur X.

L'officier appelle précisément la population à évacuer sans tarder les alentours de deux bâtiments dont il précise, cartes à l'appui, la localisation dans les villages de Deir Kifa et Chahour.

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur en novembre 2024, à l'issue de plus d'un an d'hostilités entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener, avec l'aval tacite des Etats-Unis, des attaques régulières au Liban contre ce qu'elle présente comme des membres ou des installations du mouvement chiite, qu'elle accuse de chercher à reconstituer ses capacités militaires.

Le Hezbollah, allié de la République islamique d'Iran - ennemi juré d'Israël, a été très affaibli par la dernière guerre avec Israël, et Washington a accru la pression ces dernières semaines sur les autorités libanaises pour qu'elles obtienne son désarment, ce que le mouvement islamiste refuse pour l'heure.


L'Arabie saoudite et les États-Unis signent des accords pour approfondir leur partenariat stratégique

La réunion a été coprésidée par le président Trump et le prince héritier Mohammed, en présence de hauts responsables saoudiens et américains. (AFP)
La réunion a été coprésidée par le président Trump et le prince héritier Mohammed, en présence de hauts responsables saoudiens et américains. (AFP)
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  • Lors de la réunion à la Maison Blanche, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et discuté des efforts conjoints pour faire progresser leurs partenariats stratégiques
  • Elles ont également abordé les développements régionaux et internationaux, ainsi que les moyens de renforcer la sécurité et la stabilité régionales et mondiales

RIYAD: L'Arabie saoudite et les États-Unis ont signé mardi un certain nombre d'accords visant à renforcer leurs liens stratégiques, à l'occasion de la visite du prince héritier Mohammed bin Salman à la Maison Blanche.

Lui et le président américain Donald Trump ont signé des accords sur la défense stratégique, l'intelligence artificielle, l'énergie nucléaire, les métaux critiques, les investissements saoudiens, le partenariat financier et économique, l'éducation et la formation, et les normes de sécurité des véhicules.

Lors de la réunion à la Maison Blanche, les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et discuté des efforts conjoints pour faire progresser leurs partenariats stratégiques.

Elles ont également abordé les développements régionaux et internationaux, ainsi que les moyens de renforcer la sécurité et la stabilité régionales et mondiales.

La réunion était coprésidée par M. Trump et le prince héritier, et de hauts responsables saoudiens et américains y ont assisté.

L'accord de défense affirme que les deux pays sont des partenaires de sécurité capables de travailler ensemble pour faire face aux défis et menaces régionaux et internationaux, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Il approfondit la coordination de la défense à long terme, améliore les capacités de dissuasion et la préparation, et soutient le développement et l'intégration des capacités de défense entre les deux pays, a ajouté l'agence de presse saoudienne.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid bin Salman, a déclaré que l'accord "souligne l'engagement ferme des deux nations à approfondir leur partenariat stratégique, à renforcer la sécurité régionale et à faire progresser la paix et la stabilité dans le monde".

L'ambassadrice saoudienne aux États-Unis, la princesse Reema bint Bandar, a déclaré que les "accords stimuleront les investissements dans les deux pays, généreront des opportunités d'emploi pour les Saoudiens et les Américains, et renforceront notre engagement commun en faveur de la sécurité régionale et mondiale".

Un peu plus tôt, dans le bureau ovale, M. Trump a accueilli chaleureusement le prince héritier, qui a annoncé que les investissements américains du Royaume seraient portés à près de 1 000 milliards de dollars, contre une promesse de 600 milliards de dollars annoncée par Riyad au début de l'année.

"Aujourd'hui est un moment très important de notre histoire", a déclaré le prince héritier. "Il y a beaucoup de choses sur lesquelles nous travaillons pour l'avenir.