Gérald Darmanin, une grande ambition enlisée au Palais-Bourbon

«Ce qui m'intéresse maintenant, c'est ce qui va se passer en 2027», expliquait cet été Gérald Darmanin (Photo, AFP).
«Ce qui m'intéresse maintenant, c'est ce qui va se passer en 2027», expliquait cet été Gérald Darmanin (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 12 décembre 2023

Gérald Darmanin, une grande ambition enlisée au Palais-Bourbon

  • Lundi, l'Assemblée nationale a adopté une motion de rejet contre le texte, ouvrant une crise pour la majorité, quelques mois après la douloureuse séquence des retraites
  • «C’est un échec personnel pour Gérald Darmanin, qui avait fait de ce projet de loi l’une des étapes de son ascension politique»

PARIS: "Ce qui m'intéresse maintenant, c'est ce qui va se passer en 2027", expliquait cet été Gérald Darmanin. Mais les ambitions du ministre de l'Intérieur, déterminé à peser sur la fin du quinquennat comme sur l'après-Macron, ont subi un sérieux revers lundi à l'Assemblée sur son projet de loi immigration.

Gérald Darmanin "est à peu près sûr de son coup", assurait début novembre un président de groupe parlementaire qui se dit son "ami". Un autre, pas non plus hostile au ministre, se montrait beaucoup plus circonspect, et ce dès le début de l'année: selon lui, le projet de loi immigration, cette épreuve redoutable pour la majorité relative d'Emmanuel Macron, "ne sera(it) jamais examiné".

Verdict: lundi, l'Assemblée nationale a adopté une motion de rejet contre le texte, ouvrant une crise pour la majorité, quelques mois après la douloureuse séquence des retraites. Gérald Darmanin a présenté sa démission au président, qui l'a refusée. "C'est un échec", a-t-il reconnu sur TF1.

L'ex-espoir de la droite, rallié à Emmanuel Macron dès 2017, n'avait pourtant pas ménagé sa peine.

Aller-retour express en Guadeloupe pour les journées parlementaires du petit groupe Liot, qui avait porté la censure sur la réforme des retraites. Innombrables déplacements, interviewes, tweets, réceptions de parlementaires. Texte nettement durci par Les Républicains - son ancien parti - au Sénat, avec l'aval plus ou moins tacite d'un ministre omniprésent au banc du gouvernement...

La communication de la Place Beauvau laissait cependant poindre une certaine fébrilité ces derniers jours avec les erreurs relevées dans un courrier envoyé par le ministre aux parlementaires, qui promettait l'expulsion possible d'un étranger arrivé en France à dix ans, et coupable d'un délit routier à l'âge de six ans...

"J'ai commencé à croire que l'adoption d'un rejet était possible quand j'ai vu jeudi dernier comment il a tabassé Ciotti" lors d'un débat à l'Assemblée, alors que les suffrages des LR étaient déterminants, s'étonne lundi un proche du président.

Le vote de lundi sonne comme un désaveu cinglant pour un ministre qui peaufinait sa stratégie depuis un an. "C’est un échec personnel pour Gérald Darmanin, qui avait fait de ce projet de loi l’une des étapes de son ascension politique. Il voulait démontrer  sa capacité à rassembler et à diriger une majorité de projet. Il a échoué au test", explique à l'AFP le communicant Philippe Moreau-Chevrolet.

«Il s'est cornérisé»

"Une réussite législative aurait validé à la fois l’orientation politique prise par Gérald Darmanin, très à droite, et aurait conforté sa position de premier ministrable. Au détriment d’Élisabeth Borne qui se serait retrouvée sur la sellette", poursuit-il.

Premier ministre ? "Ils n'ont pas bien compris la fiche de poste, mais pourquoi pas", plaisantait en privé cet été Élisabeth Borne à propos de ses rivaux réels ou supposés, quelques jours avant d'être confirmée à Matignon au terme des "cent jours" post-réforme des retraites décrétés par Emmanuel Macron.

Mais son ministre de l'Intérieur, qui briguait sa succession, entendait garder la main en annonçant une rentrée politique fin août à Tourcoing. Ses déclarations fracassantes sur 2027 et ses critiques sur la politique du gouvernement amenèrent la Première ministre à s'inviter dans le fief du ministre pour lui administrer une leçon "d'unité". Partie remise.

La loi immigration devait montrer la capacité de l'ancien soutien de Nicolas Sarkozy de construire une majorité de projet sans recours au 49.3. Échec. "Darmanin a fait une erreur, dans le cadre de la compétition pour devenir Premier ministre, il a voulu montrer que lui saurait créer des majorités. Là, il s'est cornérisé", anticipait la semaine dernière un député Renaissance.

Le président peut-il rendre sa liberté à celui qui estime qu’Édouard Philippe est le "mieux placé" pour 2027 ? "Sa relation avec le PR est bonne, elle est de confiance, Darmanin a trouvé sa place avec le président", expliquait récemment un ministre. "Darmanin, on lui pardonne tout, le Stade de France, Sainte-Soline, il allume des contre-feux et ça marche", s'exaspérait au contraire une source au sein de la majorité, peu à l'aise avec les multiples coups d'éclats du ministre.

L'ex-LR "est trop intelligent pour ne pas avoir compris que le président l’a enferré à Beauvau jusqu’aux JO", pronostiquait récemment un parlementaire.


Marine Le Pen trouve «  très utile » de débattre avec Macron, mais après les européennes

Elle a été soufflée à Emmanuel Macron, le 30 avril, à l'occasion d'un dîner à l'Élysée après la remise de la Légion d'honneur à l'ancien sénateur LR Pierre Charon, selon La Tribune Dimanche (Photo, AFP) .
Elle a été soufflée à Emmanuel Macron, le 30 avril, à l'occasion d'un dîner à l'Élysée après la remise de la Légion d'honneur à l'ancien sénateur LR Pierre Charon, selon La Tribune Dimanche (Photo, AFP) .
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  • L'hypothèse de proposer un débat à la leader d'extrême droite avant les européennes circule dans le camp présidentiel
  • Un participant au dîner a confirmé à l'AFP que le sujet avait été abordé au cours de la soirée

PARIS: Marine Le Pen trouve "très utile" de débattre avec Emmanuel Macron, mais "en septembre" après les élections européennes, a-t-elle indiqué dimanche soir dans une déclaration transmise par son entourage à l'AFP.

"Il serait très utile que je puisse débattre avec le président en septembre sur ce qu'il compte faire des trois longues années qui lui restent" à la tête de l'Etat, a-t-elle déclaré.

Un peu plus tôt, la cheffe de file des députés du Rassemblement national avait pu laisser penser dans des médias qu'elle était prête à se plier à cet exercice avant le 9 juin.

Elle a "toujours dit qu'elle était partante pour un débat", avait relevé son entourage à l'AFP, la députée du Pas-de-Calais répondant aussi par l'affirmative dans Le Parisien: "J'ai déjà répondu à cette question et j'ai dit oui".

L'hypothèse de proposer un débat à la leader d'extrême droite avant les européennes circule dans le camp présidentiel, en net retard face au RN dans les sondages.

Elle a notamment été soufflée à Emmanuel Macron, le 30 avril, à l'occasion d'un dîner à l'Élysée après la remise de la Légion d'honneur à l'ancien sénateur LR Pierre Charon, selon La Tribune Dimanche. "J'y pense", a répondu le chef de l'Etat, d'après le journal.

Un participant au dîner a confirmé à l'AFP que le sujet avait été abordé au cours de la soirée, ajoutant que le président ne s'était pas prononcé clairement.

"J'ai confiance dans ma tête de liste" Jordan Bardella, a rétorqué dimanche soir Marine Le Pen. "Je trouve très humiliant pour Gabriel Attal de laisser fuiter cette proposition (d'un débat entre le président et moi, NDLR) avant celui qui doit se tenir entre le Premier ministre et Jordan Bardella", le 23 mai. "Cela prouve le peu de confiance qu'Emmanuel Macron a dans son Premier ministre", a-t-elle ajouté.

Un des intérêts pour les macronistes d'un tel exercice aurait été de tenter de mettre la pression sur Marine Le Pen, qui n'avait pas réussi à convaincre lors des débats de 2017 et de 2022 face au candidat Macron.

"Je trouve contradictoire de proposer un débat de présidentielle alors que (le camp macroniste) nous reproche en permanence de nationaliser le débat", a encore déclaré Marine Le Pen.

De son côté, Gabriel Attal a déclaré dimanche soir dans un entretien au Progrès avoir souhaité débattre avec la leader d'extrême droite.

"La logique institutionnelle aurait voulu que je débatte avec Marine Le Pen. En tant que Premier ministre, je suis responsable devant le Parlement national et la présidente du premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale, c’est elle", a-t-il expliqué.

Mais, "elle a peur des débats" et "a choisi la fuite", a-t-il ajouté, relevant qu'il avait alors accepté l'exercice avec Jordan Bardella.


Choose France: huit projets d'investissements qui seront officialisés lundi

Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire (Photo, AFP).
Le ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire (Photo, AFP).
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  • Les terres rares sont indispensables aux moteurs des voitures électriques
  • L'investissement pourrait à terme atteindre 100 millions d'euros, selon lui

PARIS: Le gouvernement a levé le voile dimanche sur plusieurs annonces attendues autour d'Emmanuel Macron lors du 7e sommet Choose France, lundi au château de Versailles, destiné à promouvoir les investissements étrangers, sans confirmer les informations ayant déjà filtré sur d'autres projets.

Plusieurs entreprises devraient annoncer vouloir investir dans l'intelligence artificielle et l'informatique en France, mais le ministère de l'Economie a pour l'instant mis en avant cinq projets dans diverses industries (engrais, nickel, aviation, robots ménagers, chimie) et trois autres de banques qui vont embaucher à Paris.

Engrais 

Le plus gros projet à ce stade, en euros, concerne une potentielle usine d'engrais qui réduirait fortement les rejets de dioxyde de carbone, le premier gaz à réchauffer l'atmosphère. Le consortium européen FertigHy va annoncer envisager d'investir 1,3 milliard d'euros d'investissement pour une usine dans la Somme, à Languevoisin, selon Roland Lescure dans la Tribune Dimanche.

L'usine produirait des engrais azotés sans utiliser de gaz naturel, qui est l'ingrédient historique. De l'hydrogène extrait de l'eau dans un électrolyseur permettra de remplacer un gaz que les Européens importaient autrefois largement de Russie.

Le projet, dont la décision finale d'investissement est attendue fin 2026, est une "feuille de route pour la souveraineté européenne", a dit à l'AFP Jose Antonio de las Heras Alonso, directeur général de FertigHy.

Nickel et terres rares 

Le ministre de l'Economie, Bruno Le Maire, a annoncé de son côté la création d'une usine de raffinage de nickel sur les communes de Blanquefort/Parempuyre (Nouvelle Aquitaine) par l'entreprise KL1 basée en Suisse.

Le site de Blanquefort, "avait été très marqué par la fermeture de Ford", a rappelé le ministre lors d'une communication téléphonique avec la presse. Montant de l'investissement: 300 millions d'euros, pour 200 emplois, selon lui. Le début de l'activité est prévu en 2027.

"Avec cet investissement la France sera en mesure d'avoir l'intégralité de la chaîne de valeur du véhicule électrique: mine, raffinage, cathodes, batterie, véhicule électrique", a-t-il assuré.

A fortiori car le groupe chimique belge Solvay va reconvertir son usine de La Rochelle pour "lancer prochainement la première phase d’une unité de production à grande échelle de terres rares", a annoncé Roland Lescure.

Les terres rares sont indispensables aux moteurs des voitures électriques. L'investissement pourrait à terme atteindre 100 millions d'euros, selon lui.

Aviation et Thermomix 

Bruno Le Maire a également annoncé une future usine aéronautique avec la société allemande Lilium "dans un site qui reste à déterminer mais qui sera en Nouvelle Aquitaine, pour produire un avion régional électrique et le reconditionnement des batteries de cet avion régional électrique".

"L'investissement se monte à 400 millions d'euros, représente 850 emplois et l'entrée en service de l'usine est prévue en 2026", a-t-il poursuivi. Lilium développe en Allemagne des appareils à décollage et atterrissage verticaux.

Plus modeste, le fabricant allemand du luxueux robot ménager Thermomix, Vorwerk, va selon Roland Lescure créer 50 emplois dans la région de Châteaudun, où elle a déjà une usine (72 millions seront investis).

"Demain, ce seront 1,8 million de Thermomix produits par an en France, dont 85 % destinés à l’export", dit Roland Lescure.

Le spécialiste allemand des équipements électriques Hager, déjà implanté à Obernai et Bischwiller (Bas-Rhin), va investir "plusieurs dizaines de millions d'euros" en France, a par ailleurs indiqué vendredi une source proche du dossier à l'AFP, confirmant une information du Monde.

Banques 

Enfin, Bruno Le Maire a annoncé que la banque américaine Morgan Stanley, passée en trois ans de 150 à 400 salariés en France, accueillerait son nouveau campus européen à Paris (100 emplois supplémentaires).

La First Abu Dhabi Bank, principale banque émiratie, et la Zenith Bank, banque nigériane devenue l’une des principales banques panafricaines, vont s'installer à Paris, selon la même source.

"Ce qui est intéressant c'est de voir la confirmation des investissements anglo-saxons mais aussi le déploiement des investisseurs financiers en dehors de pays anglo-saxons", a estimé Bruno Le Maire qui déjeunera lundi avec les représentants de grandes banques internationales.

Le cabinet du ministre a refusé de confirmer les informations ayant circulé dans la presse concernant d'autres investissements, notamment du géant Amazon.


La France appelle Israël à cesser «sans délai» son opération à Rafah

Cette image prise à partir de séquences diffusées par l'armée israélienne le 7 mai 2024 montre les chars de l'équipe de combat de la 401e brigade entrant du côté palestinien du passage frontalier de Rafah entre Gaza et l'Égypte dans le sud de la bande de Gaza le 7 mai 2024. (Photo de Fayez Nureldine / Armée israélienne / AFP)
Cette image prise à partir de séquences diffusées par l'armée israélienne le 7 mai 2024 montre les chars de l'équipe de combat de la 401e brigade entrant du côté palestinien du passage frontalier de Rafah entre Gaza et l'Égypte dans le sud de la bande de Gaza le 7 mai 2024. (Photo de Fayez Nureldine / Armée israélienne / AFP)
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  • Défiant les mises en garde internationales, l'armée israélienne mène depuis mardi des incursions dans l'est de Rafah, et a pris le contrôle du passage frontalier avec l'Egypte, verrouillant une porte d'entrée névralgique pour les convois d'aide humanitair
  • «Nous appelons les autorités israéliennes à cesser cette opération militaire sans délai et à reprendre la voie des négociations », a indiqué le Quai d'Orsay

PARIS : La France appelle Israël à cesser «sans délai» son opération militaire à Rafah qui menace de créer une «situation catastrophique» pour la population de la bande de Gaza, a indiqué son ministère des Affaires étrangères dans un communiqué publié sur X dans la nuit de vendredi à samedi.

«Nous appelons les autorités israéliennes à cesser cette opération militaire sans délai et à reprendre la voie des négociations, seule voie possible pour conduire à la libération immédiate des otages et obtenir un cessez-le-feu durable», a indiqué le Quai d'Orsay à propos de la situation à Rafah.

«Une telle opération menace de provoquer une situation catastrophique pour les populations civiles de Gaza, déjà déplacées à de multiples reprises», poursuit le communiqué de la diplomatie française.

Afin de «vaincre» le Hamas, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu juge nécessaire une opération à Rafah, ville du sud de la bande de Gaza où se retranchent selon lui les derniers bataillons du mouvement islamiste mais où s'entassent également 1,4 million de Palestiniens, la majorité déplacés par les violences.

Défiant les mises en garde internationales, l'armée israélienne mène depuis mardi des incursions dans l'est de Rafah, et a pris le contrôle du passage frontalier avec l'Egypte, verrouillant une porte d'entrée névralgique pour les convois d'aide humanitaire.

L'armée a indiqué vendredi poursuivre son «opération antiterroriste de précision» dans certains secteurs de l'est de Rafah, et avoir «éliminé des cellules terroristes».

Les Etats-Unis «observent avec préoccupation» l'opération militaire à Rafah, mais ne jugent pas qu'elle soit «majeure», a dit vendredi un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby.

«La France appelle Israël à rouvrir immédiatement le point de passage de Rafah vers l’Egypte, qui est indispensable tant pour l'accès de l’aide humanitaire à la population civile que pour permettre aux personnes les plus vulnérables de quitter la bande de Gaza», a indiqué dans la nuit la diplomatie française.