Nouveau point d'entrée pour l'aide à Gaza pendant qu'Israël poursuit les frappes

Les soldats israéliens opèrent dans la bande de Gaza au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas, sur cette photo publiée le 14 décembre 2023. (Photo, Reuters)
Les soldats israéliens opèrent dans la bande de Gaza au milieu du conflit en cours entre Israël et le groupe islamiste palestinien Hamas, sur cette photo publiée le 14 décembre 2023. (Photo, Reuters)
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Publié le Samedi 16 décembre 2023

Nouveau point d'entrée pour l'aide à Gaza pendant qu'Israël poursuit les frappes

  • Washington souhaite que l'offensive israélienne bascule vers des «opérations de plus faible intensité» dans un «futur proche», selon la Maison Blanche
  • A Khan Younès, au sud du territoire, le ministère de la Santé du Hamas a fait état vendredi matin de «dizaines de morts et de blessés" dans des bombardements»

GAZA: Israël a autorisé vendredi l'ouverture "temporaire" d'un nouveau point d'entrée pour accélérer l'arrivée d'aide humanitaire dans la bande de Gaza assiégée, tout en poursuivant d'intenses frappes aériennes malgré les pressions américaines pour mieux protéger les civils.

La décision d'autoriser l'aide humanitaire à entrer dans la bande de Gaza par le terminal de Kerem Shalom vise à décongestionner le terminal de Rafah, à la frontière avec l'Egypte.

C'est actuellement l'unique point d'entrée des camions de vivres et médicaments dans l'étroite bande de terre, et à un rythme très inférieur à avant le début de la guerre.

"Nous n'avons pas de nourriture, pas d'eau, pas d'abris. Tous les services font défaut à Gaza", se désespère un habitant du camp de Jabaliya (nord) interrogé par l'AFP, qui ne donne pas son nom.

La guerre a été déclenchée par une attaque le 7 octobre, sans précédent dans l'histoire d'Israël, menée par le Hamas, qui a fait environ 1.200 morts, en majorité des civils, selon les autorités. Environ 250 personnes ont été capturées et emmenées dans la bande de Gaza par le mouvement islamiste palestinien et d'autres groupes alliés.

En représailles, Israël a promis de "détruire" le Hamas et a lancé une offensive sur la bande de Gaza. Près de de 18.800 personnes, à 70% des femmes, des enfants et adolescents, ont été tuées par les bombardements israéliens, d'après le ministère de la Santé du Hamas, au pouvoir à Gaza.

L'ouverture au passage de l'aide par Kerem Shalom est "une très bonne nouvelle", s'est réjoui le représentant de l'OMS pour les territoires palestiniens occupés, estimant cependant qu'il fallait "travailler" à l'accès des camions de vivres et médicaments à toute la bande de Gaza, qui restent largement bloqués à Rafah à cause des combats.

Plusieurs roquettes interceptées au-dessus de Jérusalem

La branche armée du Hamas a indiqué dans un communiqué avoir tiré des roquettes vers Jérusalem "en réponse aux massacres sionistes de civils".

Des journalistes de l'AFP ont vu au moins deux roquettes interceptées par le système de défense aérien israélien et entendu trois déflagrations.

Six missiles ont été tirés vers Jérusalem dont trois ont été interceptés, d'après l'armée israélienne, qui a précisé que les sirènes avaient retenti pour la dernière fois à Jérusalem le 30 octobre.

Les services de secours n'ont pas rapporté de victimes.

Selon la police palestinienne en Cisjordanie occupée, un "missile" est tombé dans une zone inhabitée près de l'hôpital Istishari, au nord-ouest de Ramallah, sans faire de victimes, sans que son origine ait pu être immédiatement établie.

"On pense qu'il s'agit d'un missile +Fronde de David+ car sa portée est plus proche. Il est en cours d'examen pour le confirmer", a déclaré un porte-parole de la police à l'AFP en référence aux missiles intercepteurs israéliens.

«Tout est détruit»

Après plus de deux mois de guerre et un siège total imposé par Israël depuis le 9 octobre, les conditions de vie sur l'étroite bande de terre sont décrites comme cauchemardesques par l'ONU et les ONG pour des civils acculés dans des zones toujours plus petites pour tenter d'échapper aux bombes.

Quelque 1,9 million d'habitants, soit 85% de sa population, ont été déplacés, selon l'ONU, dont beaucoup ont dû fuir plusieurs fois face aux combats qui s'étendaient.

A Khan Younès, au sud du territoire, le ministère de la Santé du Hamas a fait état vendredi matin de "dizaines de morts et de blessés" dans des bombardements.

Rafah a elle aussi été frappée. "Nous dormions dans notre maison et soudain, il y a eu une frappe, a raconté à l'AFP un survivant, Bakr Abu Hajjaj.

"Il y a des blessés, tout est détruit, cela fit 70 jours que nous subissons cette guerre et cette destruction", a-t-il ajouté.

Dans le nord, les soldats israéliens appuyés par des chars ont lancé jeudi, pour la troisième journée consécutive, un assaut contre l'hôpital Kamal Adwane à Beit Lahiya, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l'ONU (Ocha), tandis qu'un autre hôpital de la même région, Al-Awda, à Jabalia, reste encerclé par l'armée.

Le porte-parole de l'armée israélienne, Daniel Hagari, a prévenu qu'il y aura "davantage de batailles difficiles dans les prochains jours".

Au total, selon l'armée, 119 soldats ont été tués à Gaza depuis le début de l'offensive terrestre le 27 octobre.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, avait déjà prévenu jeudi que la guerre à Gaza "durera plus que quelques mois".

Nouvelle phase

Le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, était toutefois en Israël jeudi et vendredi pour appuyer le souhait de la Maison Blanche de voir l'offensive israélienne à Gaza diminuer d'intensité et devenir plus "ciblée" pour mieux protéger les civils.

Washington souhaite que l'offensive israélienne bascule vers des "opérations de plus faible intensité" dans un "futur proche", selon la Maison Blanche.

Dans un signe de crispation inédit face à l'ampleur des pertes palestiniennes, le président américain Joe Biden a déclaré mardi qu'Israël risquait de perdre le soutien de la communauté internationale en raison de ses bombardements "aveugles".

M. Sullivan a aussi estimé vendredi qu'il ne serait "pas juste" qu'Israël occupe Gaza dans la durée.

Avec son offensive terrestre, l'armée israélienne a gagné le contrôle de plusieurs zones du nord de l'étroite bande côtière.

Israël s'est retiré de la bande de Gaza en 2005, d'où l'Autorité palestinienne a été chassée en 2007 par le Hamas, classé organisation terroriste par les Etats-Unis, l'Union européenne et Israël.

Le gouvernement israélien, a souligné M. Sullivan, a lui-même "fait savoir qu'il n'avait pas l'intention d'occuper Gaza sur le long terme, et que le contrôle de Gaza, l'administration de Gaza et la sécurité de Gaza devaient revenir aux Palestiniens".

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, avait indiqué plus tôt dans la semaine vouloir prendre "la responsabilité générale de la sécurité" du territoire "pour une durée indéterminée", après la guerre.

Journaliste blessé

Un journaliste de l'agence de presse turque Anadolu a par ailleurs été blessé à Jérusalem-est, annexée et occupée par Israël. Dans des images récupérées par l'AFP, on voit ce photographe, Mustafa Alkharuf, d'abord frappé au visage puis roué de coups de pieds.

Le PDG d'Anadolu Serdar Karagöz a déclaré sur le réseau social "X" que son agence allait "se battre résolument pour que les auteurs soient tenus responsables devant la loi internationale".

Un porte-parole de la police israélienne a précisé que les officiers observés dans la vidéo avaient fait l'objet d'une "suspension opérationnelle immédiate".

- "La prochaine vie" -
L'armée a annoncé vendredi avoir récupéré les corps de trois otages, dont celui d'un franco-israélien, Elya Toledano.

Il reste 132 personnes aux mains du Hamas et de groupes alliés après la libération de 105 otages pendant une trêve de sept jours qui a pris fin le 1er décembre.

Vendredi ont eu lieu les funérailles d'Eden Zakaria, une otage du Hamas enlevée le 7 octobre et retrouvée morte par l'armée lors d'une opération à Gaza.

"J'aimerais pouvoir être ta mère dans la prochaine vie. J'aimerais que nous puissions recommencer à zéro", dit sa mère entre deux sanglots.


Israël rejette une enquête de l'ONU l'accusant de «génocide» à Gaza

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien. (AFP)
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  • "Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué
  • Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens

JERUSALEM: Israël a "rejeté catégoriquement" mardi le rapport d'une commission d'enquête internationale indépendante des Nations unies qui l'accuse de commettre un "génocide" dans la bande de Gaza depuis octobre 2023.

"Israël rejette catégoriquement ce rapport biaisé et mensonger et appelle à la dissolution immédiate de cette commission d'enquête", a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.

Une commission d'enquête internationale indépendante de l'ONU a accusé mardi Israël de commettre un "génocide" à Gaza depuis octobre 2023 avec l'intention de "détruire" les Palestiniens, mettant en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d'autres responsables israéliens.

En riposte à une attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, Israël a lancé une offensive dans la bande de Gaza qui a fait des dizaines de milliers de morts et détruit une grande partie du territoire palestinien, où le mouvement islamiste palestinien a pris le pouvoir en 2007.

La commission, qui ne s'exprime pas au nom de l'ONU et est vivement critiquée par Israël, est arrivée "à la conclusion qu'un génocide se produit à Gaza et continue de (s'y) produire", a déclaré à l'AFP sa présidente, Navi Pillay.

Elle a conclu que les autorités et les forces de sécurité israéliennes avaient commis "quatre des cinq actes génocidaires" définis par la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime du génocide.

A savoir: "meurtre de membres du groupe; atteinte grave à l'intégrité physique ou mentale de membres du groupe; soumission intentionnelle du groupe à des conditions d'existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle; et mesures visant à entraver les naissances au sein du groupe".

Cette commission a conclu que le président israélien, Isaac Herzog, Benjamin Netanyahu et l'ancien ministre de la Défense, Yoav Gallant, avaient "incité à commettre un génocide et que les autorités israéliennes (n'avaient) pas pris de mesures" pour les en empêcher.

Le ministère des Affaires étrangères israélien a accusé les auteurs du rapport de "servir de relais au Hamas", affirmant qu'ils étaient "connus pour leurs positions ouvertement antisémites — et dont les déclarations horribles à l'égard des Juifs ont été condamnées dans le monde entier."

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 64.905 morts dans la bande de Gaza, selon le ministère de la Santé du territoire palestinien.

L'ONU y a déclaré la famine, ce qu'Israël dément.


«Gaza brûle», déclare le ministre israélien de la Défense après des frappes intenses

Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza. (AFP)
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  • "Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas"
  • "Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée"

JERUSALEM: Le ministre israélien de la Défense Israël Katz a affirmé la détermination d'Israël à poursuivre son offensive dans la bande de Gaza après des frappes nocturnes intenses de l'armée israélienne aux abords et dans la ville de Gaza.

"Gaza brûle. Tsahal frappe d'une main de fer les infrastructures terroristes, et les soldats de Tsahal se battent vaillamment pour créer les conditions nécessaires à la libération des otages et à la défaite du Hamas", a déclaré M. Katz sur X.

"Nous ne céderons pas et ne reculerons pas jusqu'à ce que la mission soit achevée", a-t-il ajouté.

 


Le Qatar est le seul pays capable d'être un médiateur concernant Gaza, souligne Rubio

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  • Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza
  • "Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar"

TEL-AVIV: Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a estimé mardi que le Qatar était le seul pays capable de jouer le rôle de médiateur pour Gaza, malgré une frappe israélienne ciblant des dirigeants du Hamas dans l'émirat.

"Evidemment, ils doivent décider s'ils veulent le faire après la semaine dernière ou non, mais nous voulons qu'ils sachent que, s'il existe un pays dans le monde qui pourrait aider à mettre fin à cela par une négociation, c'est le Qatar," a déclaré M. Rubio aux journalistes alors qu'il se rendait à Doha depuis Israël.