Nicolas Lerner, un spécialiste de la sécurité intérieure prend la tête de la DGSE

Le préfet Nicolas Lerner, en première ligne pendant cinq ans de la lutte antiterroriste en tant que directeur général de la sécurité intérieure, a été nommé mercredi à la tête de la DGSE (Photo, AFP).
Le préfet Nicolas Lerner, en première ligne pendant cinq ans de la lutte antiterroriste en tant que directeur général de la sécurité intérieure, a été nommé mercredi à la tête de la DGSE (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 21 décembre 2023

Nicolas Lerner, un spécialiste de la sécurité intérieure prend la tête de la DGSE

  • Nicolas Lerner a été nommé mercredi à la tête des services de renseignements extérieur
  • Une première aussi: la nomination à la tête de la DGSI de Céline Berthon actuelle numéro deux de la direction générale de la police nationale

PARIS: Le préfet Nicolas Lerner, en première ligne pendant cinq ans de la lutte antiterroriste en tant que directeur général de la sécurité intérieure, a été nommé mercredi à la tête des services de renseignements extérieurs, un mouvement inédit.

Une première aussi : la nomination à la tête de la DGSI de Céline Berthon, actuelle numéro deux de la direction générale de la police nationale (DGPN). Âgée de 47 ans, cette femme à l'ascension fulgurante est la première à prendre les rênes de la sécurité intérieure.

"Policière à la carrière remarquable", elle "aura à diriger une des administrations les plus sensibles de notre pays", a écrit sur X le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin. Il a aussi adressé un "grand merci" à Nicolas Lerner qui a dirigé "avec un engagement absolu" la DGSI.

"Tous mes voeux de succès à Nicolas Lerner pour continuer à protéger, dans l'ombre, la France", a également écrit sur X le ministre des Armées Sébastien Lecornu, exprimant la "reconnaissance de la Nation" à Bernard Emié.

Nicolas Lerner, énarque, issu de la même promotion qu'Emmanuel Macron dont il est proche, avait été nommé directeur général de la sécurité intérieure en octobre 2018.

Unanimement salué comme un travailleur acharné, un "pro", ce haut fonctionnaire discret de 45 ans a fait toute sa carrière au sein du ministère de l'Intérieur.

Affecté au secrétariat général de la place Beauvau en 2004 à sa sortie de l'ENA, il est directeur cabinet du préfet de l'Hérault (2006-2008). Il travaille ensuite au cabinet du préfet de police de Paris, avant d'être nommé en 2014 sous-préfet de Béziers.

Coordonnateur pour la sécurité en Corse-du-Sud (2015-2017), il devient en 2018 directeur adjoint du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb.

"C'est un gros bosseur, un taiseux", dit à l'AFP l'ex-ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, qui l'a nommé à la tête de la DGSI et vante son "réseau unique".

Série d'échecs

"Nicolas est très proche de ses collaborateurs(...). Il a un énorme potentiel", le décrit aussi Laurent Nuñez, le préfet de police de Paris, qui est un de ses très proches.

À la demande du président Macron, il a fait de la DGSI la cheffe de file incontestée de la lutte antiterroriste.

Nicolas Lerner a "réalisé un énorme travail d'investissement à l'international donnant à la DGSI une crédibilité renforcée" et une visibilité qui "n'existait pas auparavant", complète un spécialiste du secteur.

Côté syndicats de police, on salue un homme "accessible et, en plus, sympa", selon Grégory Joron, chef d'Unité SGP Police-FO. "Je n'ai jamais entendu personne s'en plaindre", ajoute Patrice Ribeiro, d'Alliance.

Comme depuis les attentats de 2015 et dans un contexte de menace terroriste toujours présent, les moyens de la DGSI ont été accrus lors de son mandat. Fin 2023, la direction comprendra un total de 5.000 agents, contre 4.200 fin 2018.

Depuis 2017, 43 projets d'attentats islamistes ont été déjoués et 10 projets d'attentats inspirés par la mouvance d'ultra-droite. Plusieurs attentats ont cependant touché le pays, dont deux ces dernières semaines, à Arras et Paris. Dans les deux cas, leurs auteurs étaient suivis par la DGSI.

Toujours soutenu par le pouvoir politique, M. Lerner avait balayé les accusations d'échec mais reconnu, dans une interview au Monde, que "chaque passage à l'acte constitue pour nous une amère frustration et une immense tristesse".

Sa nomination met fin au mandat de Bernard Emié, diplomate de formation, à la DGSE pendant plus de six ans. Rigoureux, parfois sec, il a notamment mis en œuvre une vaste réforme de la DGSE, bénéficiant d'une augmentation importante de son budget dans le cadre de deux lois de programmation militaire (LPM) successives.

Ces dernières années, la DGSE a en revanche été critiquée pour un certain nombre d'échecs, notamment ne pas avoir vu venir l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Elle n'a pas non plus anticipé les coups d'Etat successifs au Mali, au Burkina Faso et au Niger. Des critiques jugées "injustes" par une source au sein de la communauté du renseignement.

"La DGSE avait alerté le pouvoir politique que ces régimes pouvaient tomber comme des fruits mûrs", ajoute-t-elle, rappelant notamment qu'au Niger, le coup d'Etat "n'était pas prévu deux jours avant et relève de la décision d'un homme seul", le général Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle nigérienne.


Dermatose: Lecornu demande «une accélération de la stratégie vaccinale», va recevoir les syndicats

Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet. (AFP)
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  • Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence
  • Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français"

PARIS: Sébastien Lecornu a demandé mardi une "accélération de la stratégie vaccinale" contre la dermatose nodulaire contagieuse qui touche les élevages, et recevra "dans la semaine" les syndicats agricoles dont certains contestent la gestion par le gouvernement de cette épizootie, a annoncé son entourage à l'issue d'une réunion sur le sujet.

Le Premier ministre tiendra une deuxième réunion à ce sujet à 17H30 avec les mêmes ministres et des préfets en visioconférence. Il a demandé à son gouvernement "une clarification et une accélération de la stratégie vaccinale qui doit davantage tenir compte de la réalité de chaque département" pour "protéger nos éleveurs et l'élevage français", appelant à "garantir" une "disponibilité des doses" de vaccins "plus forte".

Il a également demandé un "état des lieux des contrôles sur les transports interdits d'animaux", "un plan d’accompagnement pour les petits élevages" ainsi qu'"un plan de repeuplement adapté à l’Occitanie".


Ultime vote sur le budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée devrait adopter définitivement le budget de la Sécurité sociale 2026, fruit de compromis, malgré une majorité introuvable et sans 49.3
  • Le budget de l’État reste très incertain : déficit visé à 5% du PIB, fortes divergences sur les recettes, CMP à haut risque

PARIS: Sauf surprise, l'Assemblée nationale devrait définitivement adopter mardi le budget de la Sécurité sociale pour 2026, un succès arraché à force de concessions par Sébastien Lecornu, qui risque toutefois de ne pas réussir le même pari pour le budget de l'Etat, à l'issue bien plus incertaine.

Alors qu'approche la date butoir du 31 décembre, l'heure est aux dernières tractations pour les parlementaires, au terme de longues semaines de débats. Tous les yeux sont désormais braqués sur le projet de loi de finances (PLF), avec des négociations décisives jusqu'au week-end.

Il y a une semaine pourtant, beaucoup doutaient d'une possible adoption du premier des deux textes budgétaires, la loi de financement de la Sécurité sociale, qui doit notamment acter la suspension de la réforme des retraites.

Pour le PS, qui a érigé cette mesure en condition de sa non-censure, l'étape doit marquer le succès de sa stratégie de négociation avec l'exécutif, à rebours du reste de la gauche. Et pour le Premier ministre, elle couronnerait au moins temporairement sa méthode du compromis.

Après un dernier passage express au Sénat vendredi, le texte revient mardi dans l'hémicycle, où les députés devront renouveler le scrutin serré de la semaine dernière (247 voix contre 234), à haut risque en l'absence de majorité et de 49.3.

Les socialistes, quoique dans l'opposition, avaient consenti à massivement voter pour. Hésitant jusqu'au dernier moment à voter contre, les Ecologistes s'étaient en majorité abstenus. Et malgré les consignes d'abstention de leur parti, 18 députés LR et 9 Horizons l'avaient soutenu.

Au gouvernement, une issue semblable est attendue mardi, même s'il "faut veiller à ce qu'il n'y ait pas de démobilisation" dans l'hémicycle, concède un ministre.

Les syndicats FO et CGT ont appelé à des rassemblements devant l'Assemblée, critiquant notamment la limitation de la durée des arrêts maladie, ou une taxe sur les mutuelles dont ils craignent la répercussion sur les cotisations.

Le texte prévoit par ailleurs la création d'un nouveau congé de naissance, ou d'un "réseau France santé" voulu par M. Lecornu pour l'accès aux soins.

Le gouvernement a vu sa copie profondément remaniée par les députés, qui ont supprimé le gel des pensions de retraite et minima sociaux, et contraint l'exécutif à renoncer à doubler les franchises médicales.

Le déficit anticipé pour la Sécurité sociale est de 19,4 milliards d'euros en 2026 (contre 23 milliards en 2025). Mais au prix de transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'Etat vers celles de la Sécu.

- Négociations députés-sénateurs -

Des transferts qui contribuent à compliquer l'équation pour le budget de l'Etat, où ils doivent être compensés.

La copie du budget de l'Etat adoptée lundi au Sénat, qui a peiné à trouver des économies significatives dans les dépenses, porterait le déficit à 5,3% du PIB. Or le gouvernement a placé l'objectif à 5%.

Une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sept députés et sept sénateurs doit tenter de trouver un accord vendredi et possiblement samedi, une opération périlleuse au vu des divergences entre les deux chambres.

L'Assemblée avait massivement rejeté le texte en première lecture.

Les négociations avant et pendant la CMP porteront notamment sur la question des recettes, alors que les socialistes réclament des mesures de justice fiscale, quand la droite se montre intransigeante dans son refus de nouveaux prélèvements.

"Il ne pourra pas y avoir d'accord sur un budget qui augmenterait considérablement les impôts et ne réduirait pas significativement la dette", insiste le chef des Républicains Bruno Retailleau.

Même si l'ancien socle commun, majoritaire au sein de la CMP, trouve un accord, il faudra encore qu'il puisse être adopté la semaine prochaine à l'Assemblée.

Et ce alors que les socialistes promettent cette fois de s'abstenir au mieux, et les Écologistes de voter contre.

Autres possibilités: utiliser le 49.3 en s'assurant d'une non-censure dans la foulée -- comme le plaident l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne ou l'ex-président François Hollande -- ou se résoudre à une loi spéciale, avec une reprise des négociations en janvier.

Une dernière option loin de remporter l'enthousiasme général.

"Il faut que ça s'arrête cette séquence budgétaire", estime un cadre socialiste. "On connaît toutes les données du problème. Si le compromis est possible, alors il faut qu'il ait lieu maintenant."


Le musée du Louvre resté fermé lundi en raison d'une grève

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.  Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron. Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
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  • Les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public
  • Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR"

PARIS: Le musée du Louvre à Paris est resté fermé lundi en raison d'une "grève reconductible" de ses agents, une nouvelle épreuve pour une institution dans la tourmente depuis le spectaculaire cambriolage du 19 octobre et la mise à nu de ses dysfonctionnements.

A 9H00 (8H00 GMT), les portes du musée sont restées closes devant une file de visiteurs, puis la direction a annoncé la fermeture pour "toute la journée".

"Je suis vraiment déçu, le Louvre était la raison principale de notre venue à Paris, parce que nous voulions voir Mona Lisa", le célèbre tableau de La Joconde de Léonard de Vinci, a déclaré à l'AFP Minsoo Kim, 37, Coréen, en lune de miel.

"C'est normal qu'ils fassent grève s'ils ont besoin de meilleures conditions de travail. Bien sûr, en tant que touriste, ce n'est pas génial d'être ici et que le musée soit fermé, mais nous avons réussi à reporter notre visite, donc ça n'est pas un problème", a estimé de son côté Patricia, une touriste brésilienne qui n'a pas souhaité donner son nom.

Un peu plus tôt, les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public.

Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR".

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.

Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture.

"Nous avons eu quelques avancées en matière de rémunération, mais cela reste insuffisant et nous attendons une proposition écrite du ministère - certainement mardi - pour nous prononcer", a déclaré à l'AFP Alexis Fritche, du syndicat CFDT-Culture, à l'issue de deux heures de réunion.

Selon lui, "pas d'avancée" non plus sur les emplois: "On nous annonce 28 postes pour la surveillance, mais ils proviennent de redéploiements".

A l'issue de l'AG, le délégué du syndicat CGT Christian Galani avait rappelé que la filière accueil et surveillance avait "perdu 200 équivalents temps plein en l'espace de 15 ans, alors que la fréquentation a augmenté de moitié".

Une prochaine AG est prévue mercredi à 9H00 locales, le mardi étant le jour de fermeture hebdomadaire du Louvre.

Conflit social et réorganisation 

"On est en colère", "nous ne sommes pas d'accord avec la manière dont Le Louvre a été géré", a dit devant la presse Elise Muller, agente de surveillance du syndicat Sud Culture.

Valérie Baud, représentante CFDT, s'était félicitée d'un mouvement "interprofessionnel", regroupant métiers de la "conservation, agents d'accueil et de surveillance, professions support, juristes, graphistes".

En parallèle de ce conflit social, le musée doit faire face à une réorganisation à marche forcée et continuer de répondre aux interrogations sur les failles qui ont permis à un commando de s'emparer de huit joyaux de la Couronne, toujours introuvables.

Fragilisée, la présidente du Louvre, Laurence des Cars, devra travailler en tandem avec Philippe Jost, le haut fonctionnaire chargé du chantier de reconstruction de Notre-Dame, à qui la ministre française de la Culture Rachida Dati a confié vendredi la mission de "réorganiser en profondeur le musée".

Audition de la présidente mercredi 

"Des mesures indispensables sont à prendre, bien au-delà de la sûreté et de la sécurité", a déclaré Mme Dati.

"Toute réflexion sur l'avenir du Louvre ne saurait se limiter à une approche technico-organisationnelle", avait réagi la CFDT.

Le ministère de la Culture a précisé que la mission de M. Jost serait menée en janvier et février et que ses recommandations étaient attendues "fin février".

Des sénateurs vont par ailleurs poursuivre leur quête de réponses sur les dysfonctionnements du musée.

Mardi, ils doivent entendre pour la première fois l'ancien président du Louvre Jean-Luc Martinez, destinataire pendant son double mandat (2013-2021) de deux audits alarmants peu suivis d'effets.

Mercredi, ce sera Mme des Cars, à la tête du musée depuis fin 2021, pour comprendre notamment comment ces deux audits n'ont été découverts par l'actuelle direction qu'après le casse du 19 octobre.