A Gaza, l'éternelle quête de point de chute des déplacés

L'armée israélienne a sommé les habitants du camp de réfugiés de Bureij (centre) à "partir immédiatement pour leur propre sécurité" vers Deir el-Balah (Photo, AFP).
L'armée israélienne a sommé les habitants du camp de réfugiés de Bureij (centre) à "partir immédiatement pour leur propre sécurité" vers Deir el-Balah (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 23 décembre 2023

A Gaza, l'éternelle quête de point de chute des déplacés

  • «Ce n'est pas une vie: pas d'eau, pas de nourriture, rien», souffle Walaa Al-Medini, une mère de famille qui fait partie de ceux qui ont pris la route
  • Blessée à la jambe par une frappe israélienne sur sa maison de Choujaiya dans la ville de Gaza, elle se déplace désormais en fauteuil roulant

BUREIJ: Un sac bourré d'affaires sur un fauteuil roulant, des piles de couvertures sur une charrette, un mince matelas sur le toit d'une voiture: des milliers de Palestiniens ont fui vendredi le centre de la bande de Gaza vers le sud après un ordre d'évacuation par l'armée israélienne.

Dans des publications sur ses réseaux en arabe au 77e jour de sa guerre contre le Hamas dans la bande de Gaza, l'armée israélienne a sommé les habitants du camp de réfugiés de Bureij (centre) à "partir immédiatement pour leur propre sécurité" vers Deir el-Balah, à sept kilomètres plus au sud.

"Ce n'est pas une vie: pas d'eau, pas de nourriture, rien", souffle Walaa Al-Medini, une mère de famille qui fait partie de ceux qui ont pris la route.

Blessée à la jambe par une frappe israélienne sur sa maison de Choujaiya dans la ville de Gaza, elle se déplace désormais en fauteuil roulant. Elle s'était réfugiée avec sa famille à Bureij après avoir fui Gaza-ville.

Selon les autorités du Hamas au pouvoir à Gaza, au moins 20.057 personnes, majoritairement des femmes, des enfants et des adolescents, ont été tuées à Gaza depuis le début de l'offensive de l'armée israélienne.

Celle-ci a été déclenchée par l'attaque le 7 octobre de commandos du Hamas sur le sol israélien, la plus meurtrière depuis la création de l'Etat en 1948, ayant fait environ 1.140 morts, en majorité des civils, d'après Israël.

"Ma fille est morte sur mes genoux et j'ai été secourue des décombres trois heures après la frappe", raconte Walaa Al-Medini à l'AFP.

"Tout ce qui nous entourait a été détruit", se lamente-t-elle.

Autour d'elle, dans une rue du camp de réfugiés de Bureij, ils sont nombreux à transporter balluchons et sacs à dos, à pousser des carrioles et des vélos ou à mener des ânes.

Sur une charrette, une cage à oiseaux jaune bringuebale entre un tas de couvertures et des sacs plastique.

«Pourquoi?»

Selon l'ONU, 1,9 millions des habitants de Gaza sont déplacés depuis le début de la guerre, soit 85% de la population.

La grande majorité s'est massée dans le sud du territoire, à la frontière avec l'Egypte, pour fuir les combats intenses entre Israël et le Hamas qui s'étaient d'abord concentrés dans le nord mais se sont étendus.

Partout, ils vivent dans des conditions très précaires. L'aide humanitaire arrive au compte-gouttes et Israël a coupé l'approvisionnement en électricité et en carburant.

"+Regardez-nous, regardez comment nous mourrons+, voilà mon message au monde. Pourquoi personne ne fait-il attention?", s'interroge Walaa Al-Medini.

Salem Youssef avait d'abord pris abri dans l'hôpital Al-Chifa de la ville de Gaza, pensant qu'il y serait en sécurité.

Mais l'armée israélienne y a lancé une grande opération, affirmant que le Hamas, qu'il souhaite "anéantir", y avait établi un centre de commandement.

"Maintenant ils nous tuent, ils tuent les petits enfants et prétendent viser des cibles" militaires, lance M. Youssef.

Après l'hôpital Al-Chifa, M. Youssef a pris la direction du sud et a posé ses maigres effets dans le camp de Nuseirat, proche de Bureij, pendant un mois et demi. Après quasi 80 jours de guerre, son prochain arrêt doit désormais être Rafah, ville à la pointe sud du micro-territoire, où de nombreux déplacés ont établi des camps de fortune.

Rafah n'est toutefois pas épargnée par les combats.

"Ils (les Israéliens) nous disent que c'est sûr mais il n'y a pas d'endroit sûr", dit M. Youssef. Résolu, il assure qu'il ne quittera "jamais (son) pays".


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.


Frappe israélienne sur le sud du Liban: un mort 

Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre. (AFP)
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  • Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé
  • Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal

BEYROUTH: Une frappe israélienne a tué vendredi un homme qui circulait à moto dans le sud du Liban, a annoncé le ministère de la Santé, ce qui porte à au moins 25 le nombre de morts dans des raids israéliens au cours du mois d'octobre.

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban, affirmer viser la formation pro-iranienne.

Vendredi, un drone a visé un homme à moto dans le village de Kounine, selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle). Le ministère de la Santé a fait état d'un mort et d'un blessé.

Israël n'a pas réagi dans l'immédiat.

Cette frappe intervient au lendemain de l'incursion d'une unité israélienne dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

Le président Joseph Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Selon un bilan compilé par l'AFP à partir des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées depuis le début du mois.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Lors d'un entretien vendredi avec son homologue allemand Johann Wadephul, en visite à Beyrouth, le ministre libanais des Affaires étrangères Youssef Rajji lui a demandé "d'aider à faire pression sur Israël pour qu'il cesse ses agressions".

"Seule une solution diplomatique, et non militaire, peut assurer la stabilité et garantir le calme dans le sud", a assuré le ministre libanais, selon ses propos rapportés par l'Ani.

Il a assuré que "le gouvernement libanais poursuit la mise en œuvre progressive de sa décision de placer toutes les armes sous son contrôle".

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

 


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".