Syrie: Huit civils tués dans des frappes turques

Les pompiers combattent les flammes après une frappe turque dans la ville syrienne de Qamishli (Photo, AFP).
Les pompiers combattent les flammes après une frappe turque dans la ville syrienne de Qamishli (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 26 décembre 2023

Syrie: Huit civils tués dans des frappes turques

  • Les frappes ont touché une douzaine de cibles, toutes des installations gérées par l'administration semi-autonome kurde
  • Les Kurdes syriens ont établi une administration autonome dans les zones qu'ils contrôlent dans le nord et l'est du pays

BEYROUTH: Huit civils ont été tués lundi dans des frappes turques dans le nord-est de la Syrie sous contrôle des Kurdes, ont rapporté une ONG et les forces kurdes syriennes.

La Turquie a annoncé samedi une opération aérienne "contre des cibles terroristes dans le nord de la Syrie et de l'Irak" en représailles à la mort de douze de ses soldats en deux jours dans le nord de l'Irak où elle dispose de bases militaires.

Les Kurdes syriens, après la guerre en Syrie déclenchée en 2011, ont établi une administration autonome dans les zones qu'ils contrôlent dans le nord et l'est du pays, qui sont régulièrement prises pour cibles par l'armée de la Turquie, pays voisin de la Syrie et de l'Irak.

Alliées des Etats-Unis, les Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition dominée par les Kurdes, tiennent ces zones.

Ankara considère la principale composante des FDS, les YPG (Unités de protection du peuple), comme une extension du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK, turc), qualifié d'"organisation terroriste" par la Turquie et ses alliés occidentaux.

Lundi, les bombardements turcs ont ciblé des installations gérées par l'administration autonome kurde tuant huit civils, selon un nouveau bilan de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), une ONG basée à Londres mais disposant d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Parmi les morts, cinq ont péri dans une frappe contre une imprimerie dans la ville de Qamichli, dans la province de Hassaké, près de la frontière turque, a précisé l'ONG.

L'aviation turque a mené plus de 20 frappes aériennes dans la région, principalement sur Qamichli et ses environs, selon l'OSDH et des correspondants de l'AFP sur place.

"Plus de 25 installations civiles" ont été visées, a affirmé sur X (ex-Twitter) Farhad Shami, porte-parole des FDS, confirmant le bilan de huit civils tués.

Samedi soir, l'OSDH a fait état de frappes contre des sites pétroliers près de la frontière turque.

Les douze militaires turcs ont péri dans deux attaques séparées contre des bases militaires turques vendredi et samedi dans le nord de l'Irak, selon le ministère turc de la Défense.

L'armée turque, qui déploie également des soldats dans le nord de la Syrie, déclenche régulièrement des opérations militaires terrestres et aériennes contre les positions du PKK qui dispose de bases arrière dans le Kurdistan d'Irak (nord). 

Le PKK est en lutte armée contre les autorités turques depuis 1984.


Syrie: les rebelles sont entrés dans la ville-clé de Hama 

Les rebelles étaient parvenus mercredi soir à encercler quasi totalement la quatrième ville de Syrie, après une offensive fulgurante depuis le nord qui leur avait permis de prendre Alep. (AFP)
Les rebelles étaient parvenus mercredi soir à encercler quasi totalement la quatrième ville de Syrie, après une offensive fulgurante depuis le nord qui leur avait permis de prendre Alep. (AFP)
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  • L'armée syrienne a reconnu avoir perdu le contrôle de la ville et indiqué que ses forces s'étaient "redéployées" à l'extérieur de Hama
  • Située à 210 km au nord de Damas, Hama est une ville stratégique pour le gouvernement de Bachar al-Assad car elle commande la route vers la capitale.

BEYROUTH: Les rebelles emmenés par des islamistes radicaux sont entrés jeudi dans la ville stratégique de Hama, dans le centre de la Syrie, au prix d'âpres batailles avec l'armée du président Bachar al-Assad qui a reconnu sa défaite.

C'est la deuxième ville dont les rebelles emmenés par les islamistes extrémistes de Hayat Tahrir al-Sham (HTS) s'emparent en l'espace d'une semaine: Alep, deuxième ville du pays, était tombée le 1er décembre.

Les rebelles "sont entrés dans plusieurs quartiers de la ville de Hama, et des combats de rue s'y déroulent avec les forces du régime", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).

L'armée syrienne a reconnu avoir perdu le contrôle de la ville et indiqué que ses forces s'étaient "redéployées" à l'extérieur de Hama.

Située à 210 km au nord de Damas, Hama est une ville stratégique pour le gouvernement de Bachar al-Assad car elle commande la route vers la capitale.

L'OSDH avait fait état jeudi matin de combats "acharnés" entre les rebelles emmenés par les islamistes extrémistes de HTS et l'armée syrienne, qui avait acheminé des renforts dans la ville.

Les rebelles étaient parvenus mercredi soir à encercler quasi totalement la quatrième ville de Syrie, après une offensive fulgurante depuis le nord qui leur avait permis de prendre Alep.

Jeudi, il ont annoncé avoir pris la prison de Hama et libéré des centaines de détenus.

 


Les rebelles encerclent quasi-totalement une ville-clé de Syrie

Une vue aérienne montre la circulation dans les rues de la deuxième ville de Syrie, Alep, le 4 décembre 2024. (AFP)
Une vue aérienne montre la circulation dans les rues de la deuxième ville de Syrie, Alep, le 4 décembre 2024. (AFP)
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  • Les rebelles menés par des islamistes radicaux encerclent quasi-totalement mercredi la grande ville de Hama, dans le centre de la Syrie, après une offensive fulgurante depuis le nord
  • En l'espace d'une semaine, et à la surprise générale, les rebelles se sont emparés d'une grande partie d'Alep, deuxième ville du pays

BEYROUTH: Les rebelles menés par des islamistes radicaux encerclent quasi-totalement mercredi la grande ville de Hama, dans le centre de la Syrie, après une offensive fulgurante depuis le nord, l'armée syrienne tentant de les repousser.

En l'espace d'une semaine, et à la surprise générale, les rebelles se sont emparés d'une grande partie d'Alep, deuxième ville du pays, continuant sur leur lancée vers Hama, une ville stratégique pour le régime de Bachar al-Assad car sa protection est essentielle pour celle de la capitale Damas, située à environ 200 kilomètres plus au sud.

Les combats et les bombardements, qui ont fait 704 morts, dont 110 civils, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), sont les premiers de cette ampleur depuis 2020 en Syrie, où une guerre dévastatrice avait éclaté en 2011. Ils ont fait "de nombreuses victimes civiles", selon l'ONU.

Les rebelles encerclaient mercredi soir de "trois côtés" Hama, selon l'ONG basée au Royaume-Uni mais qui dispose d'un vaste réseau de sources en Syrie.

Ils sont à "trois à quatre kilomètres de la ville, après de violents affrontements", et les forces gouvernementales "n'ont plus qu'une seule sortie vers Homs au sud", a ajouté l'OSDH.

"La nuit dernière, les bruits étaient terrifiants et on entendait clairement les  bombardements incessants", a témoigné Wassim, un chauffeur de 36 ans qui habite Hama, joint par l'AFP. "Nous sommes sur les nerfs depuis quatre jours", a-t-il ajouté.

- Fuite des civils -

"Je suis les nouvelles jour et nuit, je ne lâche pas mon téléphone", a confié une étudiante de 22 ans, qui a quitté son université à Damas pour rejoindre sa famille à Hama quand l'offensive a commencé.

Les forces gouvernementales avaient lancé mardi "après minuit" une contre-offensive, appuyée par l'aviation, et envoyant de "grands convois militaires" vers Hama et ses environs, selon l'OSDH.

Mercredi, des "combats féroces" opposaient l'armée, appuyée par des avions syriens et russes, aux rebelles dans le nord de la province de Hama, selon une source militaire citée par l'agence officielle Sana.

Ces affrontements représentent un risque de "graves abus" à l'encontre des civils, s'est alarmé l'ONG Human Rights Watch, alors que les deux belligérants ont été accusés de violations des droits humains.

L'agence allemande DPA a annoncé la mort d'un de ses photographes, Anas Alkharboutli, tué dans une frappe aérienne près de Hama.

A Sourane, à une vingtaine de kilomètres au nord de la ville, des images de l'AFP ont montré des civils fuyant, entassés dans des camions et des remorques, pendant que des combattants rebelles, brandissant leurs armes, patrouillaient à bord de pick-up.

Hama a été le théâtre d'un massacre perpétré en 1982 par l'armée sous le règne du père du président Bachar al-Assad qui réprimait une insurrection des Frères musulmans.

C'est aussi dans cette ville que se sont déroulées certaines des plus grandes manifestations au début du soulèvement prodémocratie de 2011, dont la répression a déclenché la guerre civile.

- Plus de 110.000 déplacés -

Le coordinateur humanitaire régional adjoint de l'ONU pour la Syrie, David Carden, a indiqué à l'AFP que plus de 115.000 personnes avaient été déplacées par une semaine de combats.

Les autorités kurdes qui contrôlent des régions du nord-est de la Syrie ont lancé mercredi un appel "urgent" à l'aide humanitaire face à l'arrivée d'un "grand nombre" de déplacés.

"Notre situation est très difficile. On est parti hier avec nos enfants, on est épuisés, les conditions sont très difficiles", a déclaré mercredi Abdo, un Kurde syrien qui a fui Alep pour la région de Tabqa, plus à l'est.

La Russie et l'Iran, les principaux alliés de Damas, ainsi que la Turquie, un soutien majeur des rebelles, sont en "contact étroit" pour stabiliser la situation, a annoncé mercredi la diplomatie russe.

Le pays, meurtri par la guerre civile qui a fait un demi-million de morts, est à présent morcelé en plusieurs zones d'influence, où les belligérants sont soutenus par différentes puissances étrangères.

- Solde des militaires augmentée -

L'offensive fulgurante lancée le 27 novembre par une coalition de rebelles dominée par le groupe islamiste radical Hayat Tahrir al-Sham (HTS), l'ex-branche syrienne d'Al-Qaïda, est survenue alors qu'un calme relatif se maintenait depuis 2020 dans le nord-ouest.

Les rebelles se sont emparés de vastes pans du nord de la Syrie et d'une grande partie d'Alep, qui échappe totalement au contrôle de Damas pour la première fois depuis le début de la guerre civile, infligeant un lourd revers au régime de Bachar al-Assad.

Le chef de HTS, Abou Mohammad al-Jolani, s'est rendu mercredi à la citadelle d'Alep, selon la chaîne Telegram de cette coalition. Des images le montrent saluer des partisans depuis une voiture.

Le président syrien a annoncé de son côté augmenter de 50% la solde des militaires de carrière.

Avec l'appui militaire de la Russie, de l'Iran et du mouvement libanais pro-iranien Hezbollah, le régime avait repris en 2015 une grande partie du pays et en 2016 la totalité d'Alep, dont la partie est était aux mains des rebelles depuis 2012.

Pour Rim Turkmani, chercheuse à la London School of Economics, l'avancée rapide des rebelles ne signifie pas toutefois qu'ils auront la capacité de conserver les territoires qu'ils ont pris. "Je pense qu'ils vont s'apercevoir très rapidement qu'il est au-delà de leurs capacités de garder ces régions et, plus important encore, de les gouverner", a-t-elle dit à l'AFP.

Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a lui mis en garde contre une résurgence du groupe Etat islamique (EI) en Syrie, où cette formation jihadiste avait autoproclamé un "califat" en 2014, à cheval sur l'Irak, avant d'être défait plusieurs années plus tard.


Tunisie: les avocats de l'opposante Sihem Bensedrine demandent sa libération

 Sihem Bensedrine, l'ancienne présidente de l'Instance Vérité et Dignité (IVD). (AFP)
Sihem Bensedrine, l'ancienne présidente de l'Instance Vérité et Dignité (IVD). (AFP)
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  • Mme Bensedrine est poursuivie dans sept affaires pour notamment "corruption financière" et "falsification" présumée du rapport final de l'IVD publié en 2020
  • Depuis septembre, les avocats ont déposé des demandes pour sa libération mais "jusqu'à ce jour nous n'avons reçu aucune réponse", a dit Me Ayadi

TUNIS: Le comité de défense de Sihem Bensedrine, l'ancienne présidente de l'Instance Vérité et Dignité (IVD), instaurée après la Révolution de 2011 en Tunisie, en détention depuis août, a appelé mercredi la justice à faire preuve d'impartialité et à la libérer.

Mme Bensedrine est poursuivie dans sept affaires pour notamment "corruption financière" et "falsification" présumée du rapport final de l'IVD publié en 2020, a indiqué à la presse son avocat Fathi Rabii, en précisant qu'elle est en détention uniquement pour ce dossier.

Il s'agit d'"une affaire montée de toutes pièces pour des raisons politiques", a estimé un autre avocat, Me Abderraouf Ayadi, affirmant que les poursuites à l'encontre de Mme Bensedrine sont toutes liées à sa position d'opposante. "La magistrature aujourd'hui en Tunisie est aux ordres", a-t-il assuré.

Depuis septembre, les avocats ont déposé des demandes pour sa libération mais "jusqu'à ce jour nous n'avons reçu aucune réponse", a dit Me Ayadi.

Le comité de défense a réclamé "l'annulation de (toutes les) représailles judiciaires qui la ciblent et ce, en violation des garanties légales assurant l'immunité des membres de l'IVD dans l'exercice de leur mission".

Créée en 2014, dans le sillage de la révolte ayant mis fin à la dictature en 2011, l'IVD était chargée de répertorier les violations commises par des représentants de l'Etat entre 1955 et 2013, une période qui couvre la présidence de l'autocrate Habib Bourguiba (1957-1987), de son successeur Zine El Abidine Ben Ali (1987-2011), mais aussi les troubles post-révolutionnaires.

Après la fin de son mandat en 2018, l'IVD a rédigé un volumineux rapport qui a été publié au Journal officiel en 2020.

Elle-même victime d'exactions sous l'ancien régime, Mme Bensedrine est soupçonnée d'avoir perçu un pot-de-vin pour ajouter au rapport un paragraphe accusant la Banque Franco-Tunisienne (BFT) de corruption, des soupçons qu'elle a toujours rejetés.

Des experts indépendants des droits de l'Homme mandatés par l'ONU avaient appelé en août la Tunisie à garantir "un procès équitable", estimant que son arrestation pourrait "s'apparenter à un harcèlement judiciaire".

"L'arrestation de Mme Bensedrine soulève de sérieuses inquiétudes quant au respect du droit à la liberté d'opinion et d'expression en Tunisie et a un effet dissuasif sur les journalistes, les défenseurs des droits humains et la société civile en général", avaient ajouté les experts dans un communiqué diffusé à Genève.