La présidente de Harvard démissionne sur fond de polémiques

Un camion qualifiant la présidente de Harvard de honte circule autour de l’université Harvard à Cambridge, Massachusetts, le 12 décembre 2023. (AFP)
Un camion qualifiant la présidente de Harvard de honte circule autour de l’université Harvard à Cambridge, Massachusetts, le 12 décembre 2023. (AFP)
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Publié le Jeudi 04 janvier 2024

La présidente de Harvard démissionne sur fond de polémiques

  • Cette professeure de sciences politiques, devenue en juillet la première présidente noire de l'université Harvard, située près de Boston, était ces dernières semaines sous le feu des critiques
  • Claudine Gay devient la deuxième présidente de l'Ivy League à démissionner. En décembre, Elizabeth Magill, de l'université de Pennsylvanie, avait remis sa démission face aux pressions

NEW YORK: La présidente de la prestigieuse université américaine Harvard, Claudine Gay, a annoncé mardi démissionner, après des accusations de plagiat et une audition tendue au Congrès sur la lutte contre l'antisémitisme dans les campus.

"C'est le coeur lourd mais avec un profond amour pour Harvard que je vous écris pour vous annoncer que je vais quitter mon poste de présidente", a déclaré Claudine Gay, 53 ans, dans une lettre de démission publiée mardi.

Cette professeure de sciences politiques -- devenue en juillet la première présidente noire de l'université Harvard, située près de Boston -- était ces dernières semaines sous le feu des critiques.

Elle était visée par des accusations de plagiat liées à ses travaux universitaires, alimentées par un site conservateur, et par des critiques liées à ses réponses, lors d'une audition parlementaire sur la lutte contre l'antisémitisme sur les campus, à l'élue républicaine Elise Stefanik, qui a assimilé les appels de certains étudiants à l'"Intifada" à une incitation à "un génocide contre les juifs en Israël et dans le monde".

Depuis l'attaque sanglante du Hamas en Israël le 7 octobre, suivie de représailles meurtrières de l'armée israélienne dans la bande de Gaza, le conflit déchaîne les passions dans les universités américaines les plus renommées.

Mardi 5 décembre, dans une ambiance tendue, Claudine Gay et ses homologues de l'université de Pennsylvanie  et du Massachusetts Institute of Technology, Elizabeth Magill et Sally Kornbluth, avaient répondu cinq heures durant aux questions d'élus de la Chambre des représentants.

Lorsque Mme Stefanik avait demandé si "appeler au génocide des juifs violait le règlement sur le harcèlement à Harvard, oui ou non?", Mme Gay avait répondu: "Cela peut, en fonction du contexte", avant d'ajouter: "Si c'est dirigé contre une personne."

"Si le discours devient acte, cela peut devenir du harcèlement", a répondu Mme Magill à la même question. "C'est une décision qui dépend du contexte".

Leurs réponses, devenues virales, ont provoqué un tollé jusqu'à la Maison Blanche, dont un porte-parole, Andrew Bates, a jugé "incroyable que cela doive être dit: les appels au génocide sont monstrueux".

Claudine Gay dénonce des «mensonges et insultes»

"Ceux qui ont fait campagne sans relâche pour m'évincer depuis l'automne ont souvent fait usage de mensonges et d'insultes ad hominem, pas d'arguments raisonnés", écrit-elle dans un éditorial publié par le New York Times.

"La campagne contre moi allait au-delà d'une seule université et d'une seule dirigeante. Ce fut à peine une escarmouche dans une guerre plus large visant à saper la confiance publique dans les piliers de la société américaine", lance l'universitaire comme "avertissement".

«Attaques immondes»

"ll a été compliqué de voir le doute planer quant à mes engagements à faire face à la haine et à respecter la rigueur académique... et effrayant de faire l'objet d'attaques personnelles et de menaces alimentées par du racisme", a expliqué Claudine Gay dans sa lettre de démission.

Elle devient la deuxième présidente de l'Ivy League -- qui rassemble huit universités d'élite -- à démissionner. En décembre, Elizabeth Magill, de l'université de Pennsylvanie, avait remis sa démission face aux pressions.

Plus de 70 parlementaires, dont deux démocrates, ainsi que des anciens étudiants et des donateurs de renom avaient réclamé le départ de Mme Gay. La présidente avait toutefois reçu le soutien de la communauté éducative et avait été maintenue mi-décembre dans ses fonctions.

L'instance dirigeante de l'université Harvard, qui a accepté mardi la démission de Mme Gay, a salué sa "résilience remarquable face à des attaques continues et profondément personnelles".

"Si une partie de cette affaire a eu lieu de façon publique, une grande partie a pris la forme d'attaques immondes et dans certains cas racistes contre elle via des emails et des appels téléphoniques honteux", précise l'institution dans un communiqué.

La républicaine Elise Stefanik a de son côté qualifié sur le réseau X (ex-Twitter) cette démission de "très tardive", assurant qu'il s'agissait du "début de ce qui constituera le plus grand scandale de toute université dans l'histoire".

Née à New York dans une famille d'immigrés haïtiens, Claudine Gay aura effectué la présidence la plus courte de l'histoire de l'université depuis sa fondation à Cambridge, près de Boston, en 1636.


Washington doit exclure de nouvelles frappes pour une reprise des discussions, selon Téhéran

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien. (AFP)
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  • Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique
  • Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie

LONDRES: Les discussions diplomatiques avec Washington ne pourront reprendre que si les États-Unis excluent de nouvelles frappes sur l'Iran, a déclaré le vice-ministre iranien des Affaires étrangères, Majid Takht-Ravanchi, à la BBC.

"Nous entendons dire que Washington veut nous parler", a dit le responsable iranien, dans une interview diffusée dimanche soir par la BBC.

"Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur une date. Nous ne nous sommes pas mis d'accord sur les modalités", a-t-il indiqué. "Nous cherchons une réponse à cette question: allons-nous assister à une répétition d'un acte d'agression alors que nous sommes engagés dans le dialogue?", a poursuivi le responsable iranien.

Les Etats-Unis "n'ont pas encore clarifié leur position", a souligné Majid Takht-Ravanchi.

Téhéran a été informé que les Etats-Unis ne voulaient "pas s'engager dans un changement de régime en Iran" en ciblant le Guide suprême du pays, l'ayatollah Ali Khamenei, a aussi rapporté le ministre iranien.

Israël a ouvert le 13 juin les hostilités en bombardant l'Iran et en tuant ses principaux responsables militaires et des scientifiques liés à son programme nucléaire.

Les Etats-Unis se sont joints à l'offensive de leur allié israélien en bombardant trois sites nucléaires dans la nuit du 21 au 22 juin.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a martelé vouloir empêcher Téhéran de se doter de la bombe atomique.

Une ambition farouchement rejetée par le pouvoir iranien qui revendique toutefois un droit au nucléaire civil notamment pour produire de l'énergie.

Après 12 jours de bombardements réciproques, un cessez-le-feu est entré en vigueur le 24 juin, imposé par le président américain Donald Trump.

Ce dernier a prévenu que le Pentagone mènerait "sans aucun doute" de nouvelles frappes si l'Iran enrichissait de l'uranium à des niveaux lui permettant de fabriquer des armes nucléaires.

Majid Takht-Ravanchi a de nouveau revendiqué le droit de l'Iran à enrichir de l'uranium à hauteur de 60% pour produire de l'énergie.

"Le niveau peut être discuté, la capacité peut être discutée, mais dire que vous (...) devriez avoir zéro enrichissement, et que si vous n'êtes pas d'accord, nous allons vous bombarder, c'est la loi de la jungle", a critiqué le ministre.


L'ONU appelle à « relancer le moteur du développement » face au « chaos climatique » et aux conflits

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, prononce son discours d'ouverture lors de la 4e Conférence internationale des Nations unies sur le financement et le développement à Séville, le 30 juin 2025. (Photo de Pierre-Philippe MARCOU / AFP)
Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, prononce son discours d'ouverture lors de la 4e Conférence internationale des Nations unies sur le financement et le développement à Séville, le 30 juin 2025. (Photo de Pierre-Philippe MARCOU / AFP)
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  • Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté lundi la communauté internationale à « relancer le moteur du développement »
  • « Aujourd’hui, le développement, et son principal levier, la coopération internationale, sont confrontés à des vents contraires massifs », a déploré Antonio Guterres.

SEVILLE, ESPAGNE : Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, a exhorté lundi la communauté internationale à « relancer le moteur du développement », alors que le monde est confronté à un « chaos climatique », à une multiplication des conflits et à un ralentissement économique global. Il s’exprimait lors de l’ouverture de la quatrième Conférence internationale sur le financement du développement (FfD4), qui se tient à Séville, dans le sud de l’Espagne, sous une chaleur accablante.

« Aujourd’hui, le développement, et son principal levier, la coopération internationale, sont confrontés à des vents contraires massifs », a déploré Antonio Guterres. Il a dressé un tableau sombre de la situation mondiale : « Un monde où la confiance s’effrite, où le multilatéralisme est mis à rude épreuve. Un monde ralenti par les tensions commerciales, des budgets d’aide amputés, secoué par les inégalités, la crise climatique et des conflits déchaînés. »

Face à ces défis, le chef de l’ONU a insisté sur la nécessité d’« accélérer les investissements à la hauteur des enjeux » afin de « réparer et relancer » la dynamique du développement. Il a rappelé que « les deux tiers des objectifs de développement durable » adoptés dans le cadre de l’Agenda 2030 accusaient déjà un sérieux retard.

« Il ne s’agit pas seulement d’une crise de chiffres, mais d’une crise humaine », a-t-il martelé, appelant les États à renforcer la mobilisation des ressources domestiques et à investir dans les domaines à fort impact, tels que l’éducation, la santé et les énergies renouvelables.

Jusqu’à jeudi, la conférence réunit quelque 50 chefs d’État et de gouvernement, dont le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, aux côtés des dirigeants des principales institutions financières internationales et de plus de 4 000 représentants de la société civile. Il s’agit de la quatrième conférence de ce type depuis 2002.

L’un des objectifs centraux de cette rencontre est de trouver des solutions concrètes au déficit de financement auquel font face les pays du Sud. Selon l’ONU, ce manque est estimé à 4 000 milliards de dollars par an pour atteindre les Objectifs de développement durable (ODD) d’ici 2030.

Ce sommet intervient dans un contexte particulièrement tendu pour l’aide internationale, fragilisée notamment par la réduction drastique des fonds alloués à l’aide humanitaire par l’administration de Donald Trump. L’ancien président américain avait en effet supprimé 83 % du budget de l’USAID consacré aux programmes de développement à l’étranger, mettant en péril de nombreux projets dans les pays les plus vulnérables.


Ottawa annule une taxe visant les géants de la tech, reprise des négociations avec Washington

Tiff Macklem (G), gouverneur de la Banque du Canada, et Fracois-Philippe Champagne, ministre canadien des Finances et du Revenu national, font un geste après leur conférence de presse de clôture lors de la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7 à Banff, Alberta, Canada, le 22 mai 2025. (AFP)
Tiff Macklem (G), gouverneur de la Banque du Canada, et Fracois-Philippe Champagne, ministre canadien des Finances et du Revenu national, font un geste après leur conférence de presse de clôture lors de la réunion des ministres des Finances et des gouverneurs des banques centrales du G7 à Banff, Alberta, Canada, le 22 mai 2025. (AFP)
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  • Le Canada a annoncé dimanche annuler une taxe visant les géants de la tech dans l'espoir de parvenir à un accord commercial avec les Etats-Unis
  • Cette détente entre le Canada et les Etats-Unis survient deux jours après la rupture des discussions par le président américain

Ottawa, Canada: Le Canada a annoncé dimanche annuler une taxe visant les géants de la tech dans l'espoir de parvenir à un accord commercial avec les Etats-Unis, et la reprise des négociations en ce sens rompues deux jours plus tôt par Donald Trump.

Le ministre canadien des Finances, François-Philippe Champagne, "a annoncé aujourd'hui (dimanche, NDLR) que le Canada annulerait la taxe sur les services numériques (TSN)", selon un communiqué du gouvernement. Celui-ci précise que la reprise des négociations doit déboucher sur un accord commercial avec Washington d'ici au 21 juillet.

Cette détente entre le Canada et les Etats-Unis survient deux jours après la rupture des discussions par le président américain, qui avait qualifié de "coup direct et évident" porté au Etats-Unis la taxe d'Ottawa visant les géants du numérique.

Cette ponction de 3% sur les revenus tirés de la publicité en ligne, des plateformes de vente, des réseaux sociaux ou de la vente de données personnelles, devait entrer en vigueur lundi et toucher particulièrement les poids lourds américains de la tech.

Elle ciblait notamment les mastodontes Google, Apple, Meta (Facebook), Amazon ou Microsoft. Ceux-ci sont accusés de profiter du caractère immatériel de leur activité pour échapper à l'impôt.

"Retirer la taxe sur les services numériques fera avancer les discussions et appuiera nos efforts pour créer des emplois et bâtir de la prospérité", a estimé sur X le ministre canadien des Finances François-Philippe Champagne.

Donald Trump et la Maison Blanche n'ont pas réagi dans l'immédiat.

La TSN avait été adoptée l'an dernier à titre temporaire, dans l'attente de l'aboutissement de négociations internationales sur la taxation des multinationales.

Cette taxe ciblait les acteurs du numérique qui génèrent un chiffre d'affaires mondial annuel supérieur à 1,1 milliard de dollars canadiens, et des revenus annuels au Canada supérieurs à 20 millions de dollars canadiens.

- Droits de douane -

Vendredi, Donald Trump avait qualifié la TSN de "scandaleuse" sur son application Truth Social et indiqué que les Etats-Unis communiqueraient au Canada, dans les sept jours, le niveau des droits de douane qui lui serait imposé.

Le Premier ministre canadien Mark Carney avait promis en retour de "continuer à mener ces négociations complexes, dans l'intérêt supérieur des Canadiens".

Depuis le retour de Donald Trump au pouvoir en janvier, l'administration américaine a annoncé –- puis suspendu, dans l'attente de négociations -– plusieurs taxes sur les importations canadiennes aux Etats-Unis, tandis que le Canada a riposté en imposant des droits de douane.

Le président américain a visé en particulier les secteurs canadiens de l'automobile, de l'acier et de l'aluminium, alors que les Etats-Unis et le Canada sont, avec le Mexique, membre d'un accord de libre-échange (ACEUM ou USMCA en anglais).

Les relations entre Ottawa et Washington se sont détériorées sous le second mandat de Donald Trump, qui a demandé à plusieurs reprises que le Canada devienne le 51e Etat américain.