L’abécédaire 2020 de l’Algérie : l’année de tous les changements

La Covid-19 a eu raison de la ferveur populaire communément appelé le «Hirak» qui a été suspendu par les autorités algériennes. En effet la crise sanitaire est venue mettre fin aux manifestations du vendredi, devenues un rendez-vous presque traditionnel. Le souffle est retombé pour les centaines de milliers de protestataires qui, chaque semaine depuis le 22 février, envahissaient les grandes villes pour réclamer la fin du «système». (Photo Sarra Ben Ali Cherif).
La Covid-19 a eu raison de la ferveur populaire communément appelé le «Hirak» qui a été suspendu par les autorités algériennes. En effet la crise sanitaire est venue mettre fin aux manifestations du vendredi, devenues un rendez-vous presque traditionnel. Le souffle est retombé pour les centaines de milliers de protestataires qui, chaque semaine depuis le 22 février, envahissaient les grandes villes pour réclamer la fin du «système». (Photo Sarra Ben Ali Cherif).
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Publié le Jeudi 31 décembre 2020

L’abécédaire 2020 de l’Algérie : l’année de tous les changements

  • Pour l’Algérie, 2020 a été une année riche en événements, rebondissements et émotions
  • À l’instar du reste des pays du monde, l’Algérie a été fortement touchée par le nouveau coronavirus, devenue même l’un des pays d’Afrique les plus touchés par la pandémie

ALGER : Incontestablement, les Algériens auront passé une année 2020 particulièrement riche en événements, rebondissements et émotions. Arab News en français a sélectionné pour vous, de A à Z, les faits les plus marquants de cette année qui ne ressemble décidément à aucune autre.

A comme Algérie nouvelle: L’édification démocratique de l’Algérie nouvelle à laquelle aspirent les Algériens a été le mot d’ordre de l’année 2020. En effet, faire sortir l’Algérie d’une situation politique et économique délicate vers une phase nouvelle, une ère où le peuple retrouvera confiance en ses institutions, était le principal défi des pouvoirs publics. Le nouveau gouvernement mis en place a œuvré à l’édifice de l’État de droit tant revendiqué par le peuple qui, grâce à sa conscience et à son courage, a pu remporter une victoire avec le départ forcé d’Abdelaziz Bouteflika, qui a remis sa démission après vingt ans au pouvoir.

B comme Bouregaâ Lakhdar: Le décès en novembre dernier du héros de l’indépendance algérienne et figure du Hirak, Lakhdar Bouregaâ, a suscité une forte émotion. De centaines d’Algériens lui ont rendu hommage. Décédé à l’âge de 87 ans, après avoir été affecté par la Covid-19, ce vétéran de la révolution était très respecté par ses compatriotes. Son emprisonnement du 30 juin 2019 au 2 janvier 2020 pour son engagement aux côtés du Hirak avait suscité une vive indignation dans le pays.

C comme Covid-19: À l’instar des autres pays du monde, l’Algérie a été fortement touchée par le nouveau coronavirus, devenue même l’un des pays d’Afrique les plus touchés par la pandémie. Chaque jour, l’Algérie bat presque le record de contaminations quotidiennes. Près de 100 000 cas d’infection ont été recensés depuis l’enregistrement du premier cas le 25 février, dont plus de 3000 décès. Face à la dégradation de la situation, les autorités ont restreint certaines activités économiques et imposé un couvre-feu dans plusieurs provinces. Les frontières sont fermées depuis le 17 mars.

D comme Djamaâ el-Djazaïr: L'appel du muezzin a retenti pour la première fois en octobre de cette année à la grande mosquée d’Alger, troisième plus grande mosquée du monde et première d'Afrique, qui a reçu ses premiers prêches. À la veille de la fête du Mawlid, la naissance du prophète de l'islam Mahomet, la grande salle de prière qui peut accueillir jusqu'à 120 000 fidèles a été officiellement inaugurée par le Premier ministre, Abdelmadjid Djerad. Érigée sur plus de 27 hectares, la grande mosquée d’Alger possède le plus haut minaret au monde, long de 267 mètres. Le coût global de réalisation de ce joyau architectural s’élève à 898 millions d’euros.

E comme Économie: L’économie de l’Algérie est au plus mal. La crise sanitaire a aggravé la baisse d’activité d’une grande partie des secteurs de l’économie. Les domaines des transports aériens et terrestres, le tourisme, la restauration font partie des secteurs les plus touchés par cette pandémie. Un des effets les plus marquants du coronavirus est d’avoir mis en lumière les défaillances et les fragilités de l’économie nationale. Face à cette situation, l’action du gouvernement a oscillé entre promesses de sauvetages et esquisses de plans de relance. Une dynamique toujours en œuvre pour gérer la crise sanitaire qui perdure, nécessitant jour après jour le déploiement de plus de moyens pour tenter de sortir le pays de la crise avec le moins de dégâts possible. Lourde tâche qui sera éventuellement évaluée dans ses détails en 2021.

F comme Féminicides: Chaïma, Ikram, Amira, Asma, Razika et 42 autres femmes ont été victimes de féminicides durant l’année 2020. Des meurtres odieux qui ont suscité une large indignation en Algérie, relançant le débat sur l'urgence de la lutte contre les violences faites aux femmes. L’émoi provoqué par de récents féminicides a incité un groupe d’actrices à lancer une campagne de sensibilisation sur les réseaux sociaux contre les violences faites aux femmes.

G comme Gastronomie: «Le couscous a réussi là où la politique a échoué», ce plat ancestral a fait son entrée au patrimoine immatériel de l’humanité par l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco). En effet, l ’Algérie, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie, qui se sont longtemps disputé la paternité se sont mis d’accord pour déposer un dossier multinational des savoirs, savoir-faire et pratiques liés à sa production.

H comme Héliopolis: Le premier long-métrage du producteur algérien Djaâfar Gacem a été sélectionné pour représenter l'Algérie pour l'Oscar du meilleur long métrage international (film non anglophone). Inspiré de faits réels, ce film traite des massacres perpétrés par la colonisation française en Algérie. Il met en scène l'un des crimes les plus odieux commis par la France contre le peuple algérien. Le film relate les événements qui ont précédé les manifestations du 8 mai 1945 et qui leur ont succédé, et les massacres perpétrés contre les Algériens. Selon les estimations officielles, au moins 45 000 personnes ont été tuées.

I comme Idir: Le chanteur Idir, l’un des principaux ambassadeurs de la chanson kabyle, s’est éteint à l’âge de 70 ans, le 2 mai de cette année.  L’interprète de la chanson A Vava Inouva, diffusée dans 77 pays et traduite en quinze langues, a succombé à une maladie pulmonaire. Le choc a été immense. Autant en Algérie qu'à l'étranger, une avalanche de réactions a suivi l'annonce de sa disparition. L’Algérie a perdu «une pyramide de l’art algérien».

J comme Justice: Justice, voilà un domaine qui incarne les attentes et les aspirations de tout un peuple en rapport avec l'instauration d'un véritable État de droit. La justice pendant l'année 2020 ne fonctionne plus au gré des humeurs du clan Bouteflika et de son régime déchu. Elle semble s’émanciper progressivement. Le renouveau national en Algérie entend hisser la justice au rang de source de quiétude au sein de la société. Un vrai défi pour la justice algérienne sous le regard d’une population qui aspire tant à voir émerger l’État citoyen.

K comme Khaled Drareni: Incarcéré depuis le 29 mars, le journaliste algérien Khaled Drareni est devenu un symbole du combat pour la liberté de la presse. Il a été condamné en appel à deux ans de prison ferme pour «incitation à attroupement non armé» et «atteinte à l'unité nationale». La sentence, d'une sévérité inédite, avait surpris et indigné en Algérie comme à l’étranger. Il bénéficie d'une très forte mobilisation en faveur de sa libération. Nombreux sont ceux, confrères et consœurs, médias, syndicats ou organisations de défense de la liberté de la presse, qui, sans relâche, tentent d'obtenir sa libération.

L comme Lutte contre la corruption: La lutte contre la corruption sous toutes ses formes s'est poursuivie de manière résolue en 2020. M. Abdelmadjid Tebboune l'a érigée en nécessité absolue pour restaurer l'autorité de l'État et regagner la confiance des citoyens. De vastes enquêtes pour corruption et népotisme avaient été lancées après la démission, sous la pression d’un mouvement de contestation inédit. De ce fait, de lourdes peines d'emprisonnement ont été requises par le parquet algérien contre d'anciens hauts dirigeants politiques, dont deux ex-Premiers ministres, et des hommes d'affaires accusés de corruption, dans des procès sans précédent en Algérie.

M comme Mouvement populaire: La Covid-19 a eu raison de la ferveur populaire communément appelé le «Hirak» qui a été suspendu par les autorités algériennes. En effet la crise sanitaire est venue mettre fin aux manifestations du vendredi, devenues un rendez-vous presque traditionnel. Le souffle est retombé pour les centaines de milliers de protestataires qui, chaque semaine depuis le 22 février, envahissaient les grandes villes pour réclamer la fin du «système».

N comme Nouvelle loi électorale: La révision de la loi électorale fait partie de l'agenda tracé par M. Tebboune. Une révision qui devait succéder à la réforme constitutionnelle et préparer des législatives et des locales anticipées. Cette loi devrait, selon les spécialistes, prendre en considération les nouveautés qui concernent l’intervention et la réponse aux demandes publiques croissantes qui exigent plus de crédibilité et de transparence de l’opération politique qui s’est affaissée durant l’ère de Bouteflika.

O comme Obsèques de Mgr Henri Teissier: Le décès de l’ex-archevêque d'Alger Henri Teissier a également marqué les Algériens qui lui ont rendu un hommage solennel lors de ses obsèques organisées dans la capitale où il a été inhumé. Ces derniers ont salué «sa grande connaissance de la culture arabo-musulmane» et «son engagement pour le dialogue civilisationnel et pour le vivre-ensemble». Profondément attaché à l'Algérie, le défunt a obtenu la nationalité algérienne en 1965.

P comme Pétrole: Comme l’ensemble des producteurs de pétrole et de gaz du monde, l’Algérie a été durement affectée par la pandémie et la faible demande de pétrole et de gaz. Cette année, l’Algérie a produit 8% de moins de sa production d’hydrocarbures par rapport à l’année dernière. Les recettes de la vente des hydrocarbures et des produits pétrochimiques vont afficher, au 31 décembre, 22 milliards de dollars, contre 33 milliards de dollars en 2019, soit un tiers de moins.

Q comme Qualification à la CAN 2022: L’équipe nationale algérienne, championne d’Afrique en titre, a validé son billet pour la prochaine édition de la Coupe d'Afrique des nations, prévue au Cameroun du 9 janvier au 6 février 2022. Rappelons que l'édition 2021 a été reportée en raison de l'épidémie de coronavirus. Les Fennecs défendront donc le trophée qu'ils avaient décroché en 2019.

R comme référendum constitutionnel: Le rendez-vous référendaire a été sans aucun doute l’événement le plus marquant de 2020. Le référendum constitutionnel qui doit lancer «l’Algérie nouvelle» a été massivement boycotté par les Algériens. Le taux de participation final s’est établi à 23,7%, le plus bas historiquement pour un scrutin majeur. Le «oui» a, tout de même, recueilli 66,8 % des voix.

S comme Sahara occidental: Depuis son indépendance, l'Algérie a pris fait et cause pour le droit des peuples à l'autodétermination, en particulier celui des Sahraouis, dont elle est un des soutiens les plus actifs. La reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le territoire du Sahara occidental a provoqué la colère d'Alger qui fustige des manœuvres étrangères voulant déstabiliser le pays. L’Algérie estime que le conflit du Sahara occidental est une question de décolonisation qui ne peut être résolue qu'à travers l'application du droit international.

T comme Tebboune Abdelmadjid: Indubitablement le nouveau président de l’Algérie a été «la personnalité à laquelle les Algériens se sont le plus intéressés en 2020. Contesté par certains et idolâtré par d’autres, Tebboune s’est trouvé confronté dès son investiture à une situation compliquée sur les plans économique, politique et social. Il n’a cessé de renouveler son engagement de tendre la main pour mettre en œuvre les revendications du Hirak dans le cadre d'un consensus national. La tâche s’est avérée compliquée, surtout à la suite de son hospitalisation à la fin d’octobre après avoir contracté le coronavirus.

U comme Union maghrébine: Décidément, le projet d’une alliance concrète entre les pays du Maghreb est remis aux calendes grecques et tarde à se concrétiser. Même si la proximité entre les peuples existe bel et bien, l’union politico-économique reste problématique et sa mise en forme s’éloigne de plus en plus, notamment à la suite de la normalisation des relations diplomatiques entre le Maroc et Israël.

V comme vingt-quatre restes mortuaires: Les restes mortuaires de 24 résistants algériens à la colonisation française ont été rapatriés de France en juillet après avoir été transférés vers des structures muséales en France depuis plus d'un siècle et demi.

W comme Wilayas: Impulser une nouvelle dynamique et favoriser le développement économique local, deux thèmes au centre des préoccupations du gouvernement pour cette année. L’enjeu, c’est davantage la mise des walis devant leurs responsabilités et plus que jamais tenus à réussir leurs missions sur plus d’un front. Il est question également d’améliorer les conditions de vie des citoyens en renforçant leur participation dans la démocratie locale et le développement de leurs collectivités.

X comme Nés sous X: L’Algérie autorise désormais les parents adoptifs à donner leur nom aux enfants nés sous X. Cette décision importante permettra à ces enfants d’échapper à la stigmatisation dont ils sont l’objet et de mener une vie normale, et facilitera leur insertion dans la société.

Y comme Yazid Zerhouni: Le décès de l’ancien ministre de l’Intérieur Noureddine Yazid Zerhouni en ce mois de décembre a également touché les Algériens. L’histoire retiendra son courage et sa détermination, en tant que ministre de l’Intérieur en poste, de dénoncer la loi sur les hydrocarbures que l’ancien président de la République avait confectionnée pour les multinationales américaines.

Z comme Zones d’ombre: Le dossier du développement des zones d'ombre à travers le territoire national arrive en tête des priorités inscrites dans le programme du président de la République, Abdelmadjid Tebboune. Plus de 15 000 zones d’ombre ont été recensées par les pouvoirs publics avec une population de près de 8 millions d’habitants.


Soudan: craintes de la poursuite des exactions à El-Facher

Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
Des enfants et des familles déplacés d'El-Fasher dans un camp où ils se sont réfugiés pour échapper aux combats entre les forces gouvernementales et le RSF, à Tawila, dans la région du Darfour. (UNICEF via AP)
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  • Des massacres se poursuivent à El-Facher, dernière grande ville du Darfour tombée aux mains des Forces de soutien rapides (FSR) après 18 mois de siège
  • La situation est décrite comme « apocalyptique » par les diplomaties allemande et britannique, tandis que l’ONU réclame des enquêtes rapides sur les atrocités et que plus de 65 000 civils ont fui la ville, désormais en ruines

Port-Soudan: De nouvelles images satellites et l'ONG Médecins sans frontières (MSF) suggèrent samedi la poursuite des massacres dans la ville soudanaise d'El-Facher, près d'une semaine après sa prise par les paramilitaires.

Alors que les informations sur des violences contre les civils se multiplient, les chefs de la diplomatie allemande et britannique ont alerté sur une situation "absolument apocalyptique" et "véritablement terrifiante" sur le terrain.

Après 18 mois de siège, les Forces de soutien rapides (FSR, paramilitaires) de Mohamed Daglo ont pris dimanche El-Facher, dernière grande ville du Darfour (ouest) qui échappait encore à leur contrôle dans leur guerre contre l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane.

Selon le Laboratoire de recherche humanitaire de l'université de Yale, qui analyse des vidéos et des images satellites, les dernières images datant de vendredi ne "montrent aucun mouvement à grande échelle" à El-Facher, ce qui suggère que la majorité de sa population est "morte, capturée ou cachée".

Le laboratoire a identifié au moins 31 groupes d'objets correspondant à des corps humains entre lundi et vendredi, dans différents quartiers, sur des sites universitaires et des sites militaires. "Les indices montrant que les massacres se poursuivent sont clairement visibles", conclut-il.

- "Tuées, retenues, pourchassées" -

MSF a lui aussi dit craindre samedi qu'un "grand nombre de personnes" y soient toujours "en grave danger de mort" et que les civils soient empêchés par les FSR et leurs alliés "d'atteindre des zones plus sûres" comme Tawila.

Des milliers de personnes ont déjà fui El-Facher pour cette ville située à environ 70 km à l'ouest, et où les équipes de MSF se sont préparées à faire face à un afflux massif de déplacés et de blessés.

Des survivants ont raconté à l'ONG que les personnes ont été séparées selon leur sexe, âge ou identité ethnique présumée, et que beaucoup sont toujours détenues contre rançon. Un survivant a rapporté des "scènes horribles" où des combattants écrasaient des prisonniers avec leurs véhicules.

"Le nombre de personnes arrivées à Tawila est très faible (...) Où sont toutes les personnes manquantes, qui ont déjà survécu à des mois de famine et de violence à El-Facher?" s'interroge Michel-Olivier Lacharité, responsable des opérations d'urgence chez MSF. "D'après ce que nous disent les patients, la réponse la plus probable, bien qu'effrayante, est qu'elles sont tuées, retenues et pourchassées lorsqu'elles tentent de fuir", relate-t-il.

Au total, plus de 65.000 civils ont fui El-Facher, où des dizaines de milliers de personnes sont encore piégées, selon l'ONU. Avant l'assaut final des paramilitaires, la ville comptait environ 260.000 habitants.

- "Apocalyptique" -

Depuis dimanche, plusieurs vidéos sur les réseaux sociaux montrent des hommes en uniforme des FSR procédant à des exécutions sommaires à El-Facher, les paramilitaires affirmant que plusieurs de ces enregistrements ont été "fabriqués" par des sites liés à l'armée.

Les paramilitaires ont affirmé jeudi avoir arrêté plusieurs de leurs combattants soupçonnés d'exactions lors de la prise d'El-Facher, l'ONU réclamant vendredi des enquêtes "rapides et transparentes" après des "témoignages effroyables" d'atrocités dans cette localité.

S'exprimant en marge d'une conférence à Bahreïn, le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul, a décrit samedi la situation à El-Facher comme "absolument apocalyptique", évoquant comme l'ONU la "pire crise humanitaire du monde". "Les FSR se sont publiquement engagés à protéger les civils et devront rendre compte de leurs actions", a-t-il ajouté.

"Les informations qui nous parviennent du Darfour ces derniers jours sont véritablement terrifiantes", a déclaré son homologue britannique Yvette Cooper, évoquant les "atrocités commises, exécutions de masse, famine et le viol comme arme de guerre".

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle l'est et le nord du pays, et les FSR, désormais maîtres de l'ensemble du Darfour, une région vaste comme la France métropolitaine.

Les pourparlers en vue d'une trêve, menés depuis plusieurs mois par un groupe réunissant les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes unis et l'Arabie saoudite, sont dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Les FSR ont reçu armes et drones des Emirats arabes unis, selon des rapports de l'ONU, tandis que l'armée bénéficie de l'appui de l'Egypte, de l'Arabie saoudite, de l'Iran et de la Turquie, selon des observateurs. Tous nient toute implication.


Le président libanais accuse Israël de répondre à son offre de négociations en intensifiant ses attaques

Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
Le président libanais Joseph Aoun a accusé vendredi Israël de répondre à son offre de négociation en intensifiant ses frappes aériennes, dont la dernière a tué un homme à moto dans le sud du Liban. (Reuters/File)
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  • Le président libanais Joseph Aoun accuse Israël d’avoir répondu à son offre de négociations par une intensification des frappes, qui ont tué deux personnes dans le sud du Liban
  • En visite à Beyrouth, le ministre allemand Johann Wadephul appelle à un retrait israélien du sud du Liban et à un désarmement du Hezbollah, condition jugée essentielle pour la reprise du dialogue

BEYROUTH: Le président libanais, Joseph Aoun, a accusé Israël de répondre à l'offre de négociations du Liban par une intensification de ses frappes, les dernières ayant tué vendredi deux hommes dans le sud du pays selon Beyrouth.

"Le Liban est prêt à des négociations pour mettre fin à l'occupation israélienne, mais toute négociation (...) a besoin d'une volonté réciproque, ce qui n'est pas le cas", a affirmé M. Aoun à l'issue d'un entretien avec le ministre allemand des Affaires étrangères, Johann Wadephul.

Le chef de l'Etat s'était déjà prononcé le 13 octobre pour des négociations entre les deux pays voisins, toujours formellement en état de guerre, et qui ont émergé en novembre dernier d'un an de conflit meurtrier entre Israël et le Hezbollah libanais.

Israël "répond à cette option en menant davantage d'attaques contre le Liban (...) et en intensifiant la tension", a déploré M. Aoun

Selon le ministère de la Santé libanais, deux personnes ont été tuées vendredi lors de deux frappes israéliennes dans le sud du pays.

L'Agence nationale d'information libanaise (Ani, officielle) a indiqué qu'un drone avait notamment visé un homme à moto dans le village de Kounine.

L'armée israélienne a affirmé avoir tué un "responsable de la maintenance du Hezbollah", qui oeuvrait selon elle à rétablir des infrastructures du mouvement pro-iranien.

La veille, une unité israélienne s'était introduite dans le village frontalier de Blida, où les soldats ont tué un employé municipal.

M. Aoun a demandé à l'armée de "faire face" à toute nouvelle incursion israélienne en territoire libanais.

- "Condition sine qua non" -

Malgré le cessez-le-feu ayant mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce dernier continue de mener des frappes régulières au Liban disant viser des cibles du mouvement chiite, et a intensifié ses raids ces derniers jours.

L'armée israélienne se maintient aussi dans cinq positions dans le sud du Liban.

Selon un bilan de l'AFP basé sur des données du ministère de la Santé, au moins 25 personnes, dont un Syrien, ont été tuées en octobre.

L'ONU avait indiqué mardi que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le chef de la diplomatie allemande a apporté son soutien au président libanais, affirmant qu'il exhorterait son homologue israélien, Gideon Saar, à retirer l'armée israélienne du sud du Liban.

"Il doit y avoir un retrait des troupes israéliennes. Je comprends qu'Israël ait besoin de sécurité (...) Mais nous avons maintenant besoin d'un processus de confiance mutuelle. Et je m'engage à ce que les deux parties se parlent", a dit le ministre allemand.

Il a également "encouragé le gouvernement libanais à veiller à ce qu'un processus crédible, compréhensible et rapide de désarmement du Hezbollah soit mis en place", une "tâche colossale" mais, a-t-il estimé, "la condition sine qua non" pour régler les relations avec Israël.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour que le mouvement chiite livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.


Israël a rendu à Gaza 30 corps de Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages 

Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza. (AFP)
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  • "Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès
  • Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre

GAZA: Israël a rendu vendredi à l'hôpital Nasser les corps de 30 Palestiniens en échange de deux dépouilles d'otages israéliens restituées la veille par le mouvement islamiste palestinien Hamas, a indiqué à l'AFP cet établissement du sud de la bande de Gaza.

"Les corps de 30 prisonniers palestiniens ont été reçus de la partie israélienne dans le cadre de l'accord d'échange", a précisé l'hôpital, situé à Khan Younès.

Les otages avaient été enlevés lors de l'attaque sans précédent du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre dans la bande Gaza.

Au total, en échange de 15 dépouilles d'Israéliens, 225 dépouilles de Palestiniens ont été rendues conformément aux termes de l'accord de cessez-le feu en vigueur depuis le 10 octobre.

Depuis cette date, le Hamas a également rendu deux dépouilles d'otages non-israéliens, un Thaïlandais et un Népalais.

Le mouvement islamiste a jusqu'à présent restitué les restes de 17 des 28 corps qui se trouvaient encore à Gaza et auraient dû être rendus au début de la trêve, assurant que localiser les autres dépouilles est "complexe" dans le territoire dévasté par deux ans de guerre.

Des équipes égyptiennes autorisées à entrer dans le territoire palestinien par Israël participent aux recherches avec des engins de chantiers.

Lundi soir, le Hamas avait rendu à Israël les restes d'un otage, identifié comme étant ceux d'Ofir Tzarfati, dont une partie de la dépouille avait déjà été récupérée en deux fois.

Les retards successifs dans la remise des corps des otages ont provoqué la colère du gouvernement israélien, qui a accusé le Hamas de violer l'accord de trêve. Et les familles des otages ont exigé des mesures plus sévères pour contraindre le groupe palestinien à se conformer à l'accord.

Dix corps d'otages du 7-Octobre seraient encore à Gaza, ainsi que celui d'un soldat mort durant une guerre en 2014. Tous sont israéliens sauf un Tanzanien et un Thaïlandais.

Par ailleurs, à deux reprises depuis le 10 octobre, Israël a mené des bombardements massifs sur Gaza en représailles à des tirs qui ont tué trois de ses soldats. Le 19 octobre, les bombardements israéliens avaient fait au moins 45 morts et mardi 104.

Le Hamas, qui dément avoir tiré sur les soldats israéliens, a accusé Israël de violer le cessez-le-feu.