De retour de Gaza, un médecin raconte un «tsunami» de mort et de douleur, et des crimes de guerre

Ghassan Abu Sitta, un chirurgien plastique de 54 ans spécialisé dans les blessures de guerre (Photo, AFP).
Ghassan Abu Sitta, un chirurgien plastique de 54 ans spécialisé dans les blessures de guerre (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 08 janvier 2024

De retour de Gaza, un médecin raconte un «tsunami» de mort et de douleur, et des crimes de guerre

  • Selon le médecin, l'intensité du conflit dépasse celle des autres durant lesquels il a déjà travaillé, à Gaza, en Irak, Syrie, Yémen et sud-Liban
  • L'offensive israélienne a fait 22.835 morts dans la bande de Gaza assiégée, majoritairement des civils, selon un dernier bilan du Hamas

LONDRES: Un médecin britannico-palestinien habitué des guerres et de retour de Gaza a décrit dimanche à l'AFP un conflit meurtrier d'une intensité inédite, espérant que son témoignage auprès de la police britannique donnera lieu à des poursuites pour crimes de guerre.

Ghassan Abu Sitta, un chirurgien plastique de 54 ans spécialisé dans les blessures de guerre, a passé 43 jours en tant que bénévole dans le territoire palestinien, principalement dans les hôpitaux al-Ahli et al-Chifa, dans le nord de la bande de Gaza.

Selon le médecin, l'intensité du conflit dépasse celle des autres durant lesquels il a déjà travaillé, à Gaza, en Irak, Syrie, Yémen et sud-Liban: "c'est la différence entre une inondation et un tsunami, l'ampleur est complètement différente", explique-t-il dans un entretien à l'AFP.

Elle se distingue par "le nombre des blessés", "le nombre d'enfants tués, l'intensité des bombardements, le fait que dans les jours qui ont suivi le début de la guerre, le système de santé de Gaza s'est retrouvé complètement submergé", souligne-t-il.

La guerre a été déclenchée par l'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre, qui a fait plus de 1.140 morts, principalement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir du bilan israélien.

L'offensive israélienne a fait 22.835 morts dans la bande de Gaza assiégée, majoritairement des civils, selon un dernier bilan du Hamas. Les bombardements y ont détruit des quartiers entiers, poussé à la fuite 85% de la population et provoqué une crise humanitaire catastrophique d'après l'ONU.

Le Dr Abu Sitta, né au Koweït et installé au Royaume-Uni depuis la fin des années 1980, est arrivé à Gaza depuis l'Egypte le 9 octobre dans une équipe de Médecins sans Frontières.

"Dès le tout début, la capacité était inférieure au nombre de blessés qu'on avait à soigner. De plus en plus, on avait à prendre des décisions très difficiles pour choisir qui soigner", se souvient-il.

Il évoque le cas d'un homme de 40 ans arrivant à l'hôpital avec des éclats d'obus dans la tête. Il avait besoin d'un scanner et de voir un neurochirurgien, mais ils n'en avaient pas.

"On l'a dit à ses enfants et ils sont restés autour de son brancard cette nuit-là jusqu'à ce qu'il meure dans la matinée", raconte-t-il.

Les hôpitaux ont aussi rapidement manqué de produits anesthésiques et analgésiques, si bien que le Dr Abu Sitta a dû faire "des nettoyages de blessures très douloureuses" sans possibilité de soulagement.

"C'était un choix entre faire ça et les voir succomber à l'infection de leurs blessures", note-t-il.

Porter leur voix

Le médecin assure qu'il a soigné des brûlures causées par du phosphore blanc, dont l'utilisation comme arme chimique est proscrite par le droit international, mais qui reste autorisé pour éclairer les champs de bataille ou faire un écran de fumée.

Le Liban a accusé Israël d'avoir eu recours au phosphore blanc dans le conflit.

"C'est une blessure très caractéristique", explique le médecin. "Le phosphore continue de brûler jusqu'aux parties les plus profondes du corps, jusqu'à atteindre l'os."

Le Dr Abu Sitta explique avoir quitté Gaza car le manque de matériel médical l'empêchait de faire des opérations.

Depuis son retour au Royaume-Uni, il passe dit-il le plus clair de son temps à alerter responsables politiques et organisations humanitaires de l'urgence de l'aide.

"J'essaie d'aider mes patients que j'ai laissés derrière moi autant que je peux en portant leur voix à l'extérieur", relève-t-il.

Le médecin explique avoir raconté à la police de Londres les blessures qu'il a pu constater, le type d'armes utilisées, l'utilisation de phosphore blanc et "les attaques contre les civils".

Il a aussi raconté comment il a survécu à l'attaque du 17 octobre sur l'hôpital al-Ahli, dont le Hamas accuse Israël, tandis que les pays occidentaux l'attribuent à une roquette défectueuse tirée palestinienne.

Scotland Yard souligne qu'elle a l'obligation de recueillir des preuves de possibles de crimes de guerre des deux côtés pour la justice internationale.

"En fin de compte", estime le médecin, "la justice retrouvera ces individus, si ce n'est dans cinq ans, 10 ans, quand ils auront 80 ans, quand l'équilibre du pouvoir dans le monde rendra la justice possible pour les Palestiniens".


Frappes israéliennes au Qatar: réunion extraordinaire des dirigeants arabes et musulmans à Doha

Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA. (AFP)
Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA. (AFP)
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  • Le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) vise à hausser le ton face à Israël, après le bombardement mené en plein cœur de Doha
  • "Le temps est venu pour la communauté internationale de cesser le deux poids deux mesures et de punir Israël pour tous les crimes qu'il a commis", a déclaré la veille du sommet le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani

DOHA: Un sommet convoqué en urgence, face à une situation inédite: les principaux dirigeants arabes et musulmans se réunissent ce lundi à Doha dans un rare moment d'unité, après les frappes israéliennes sans précédent ayant visé la semaine dernière des membres du Hamas au Qatar.

Le sommet conjoint de la Ligue arabe et de l'Organisation de la coopération islamique (OCI) vise à hausser le ton face à Israël, après le bombardement mené en plein cœur de Doha, capitale du pays médiateur dans les négociations en vue d'un cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

"Le temps est venu pour la communauté internationale de cesser le deux poids deux mesures et de punir Israël pour tous les crimes qu'il a commis", a déclaré la veille du sommet le Premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani.

Parmi les leaders attendus à Doha figurent les président palestinien, turc, iranien et égyptien ainsi que les Premiers ministres irakien et pakistanais et le roi de Jordanie. Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, va également participer au sommet à Doha, a indiqué l'agence de presse saoudienne SPA.

Selon le projet de déclaration finale consulté par l'AFP, la cinquantaine de pays représentés devraient dénoncer l'attaque israélienne en soulignant qu'elle mettait en péril les efforts de normalisation des relations entre Israël et les pays arabes.

Israël et les États-Unis, son principal allié, cherchent à étendre les accords d'Abraham qui ont vu les Émirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc, reconnaître Israël en 2020.

"Pas que des discours" 

L'attaque israélienne et "la poursuite des pratiques agressives d'Israël, notamment les crimes de génocide, le nettoyage ethnique, la famine et le blocus, ainsi que les activités de colonisation et d'expansion minent les perspectives de paix et de coexistence pacifique dans la région", affirme le texte.

Elles "menacent tout ce qui a été accompli sur la voie de l'établissement de relations normales avec Israël, y compris les accords existants et futurs", ajoute-il.

Le projet souligne également "le concept de sécurité collective (...) et la nécessité de s'aligner pour faire face aux défis et menaces communs".

Avant l'ouverture du sommet, le président iranien Massoud Pezeshkian a exhorté les pays musulmans à rompre "leurs liens avec ce régime factice", en référence à Israël.

L'attaque israélienne, qui a tué cinq membres du Hamas et un membre des forces de sécurité qataries, a suscité une vague de condamnations dans la communauté internationale, notamment des riches monarchies du Golfe, alliées de Washington. Ainsi qu'une rare réprobation des Etats-Unis, allié numéro un d'Israël mais également un proche allié du Qatar.

Le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio est en ce moment en visite à Jérusalem - un voyage prévu avant les frappes sur le Qatar -, pour montrer son soutien à Israël avant la reconnaissance prochaine par plusieurs pays occidentaux d'un Etat palestinien, lors de l'Assemblée générale de l'ONU à la fin du mois.

"Beaucoup de gens attendent des actes, pas que des discours. Nous avons épuisé toutes les formes de rhétorique. Il faut désormais passer à l'action", a commenté le chercheur saoudien Aziz Alghashian au sujet du sommet.

Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU a également annoncé une réunion en urgence ce mardi pour débattre des frappes israéliennes au Qatar.

Un sommet exceptionnel du Conseil de coopération du Golfe est également prévu lundi à Doha, selon l'agence de presse saoudienne SPA.


Le navire humanitaire des Émirats arabes unis pour Gaza arrive en Égypte

Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
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  • La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées
  • En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte

DUBAI : Le navire humanitaire Hamdan des Émirats arabes unis, qui a quitté le port de Khalifa le 30 août, est arrivé au port d'Al-Arish, en Égypte, où des denrées alimentaires et des fournitures médicales seront déchargées puis livrées aux habitants de la bande de Gaza assiégée.

Le navire, qui fait partie de l'initiative humanitaire "Operation Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis pour Gaza, qui fournit une aide essentielle par le biais de convois terrestres, d'expéditions maritimes et de largages aériens, a été chargé de 7 000 tonnes de nourriture, de matériel médical et d'aide d'urgence, a rapporté l'agence de presse nationale WAM.

La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées.

Les Émirats ont jusqu'à présent envoyé 20 navires d'aide à Gaza et ont livré environ 90 000 tonnes d'aide humanitaire, pour un coût de 1,8 milliard de dollars, depuis le lancement de l'opération "Chivalrous Knight 3".

En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte. Le pipeline a une capacité d'environ 2 millions de gallons par jour et pourrait desservir plus d'un million de personnes.


L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis visite le bureau de l'attaché militaire à Washington

L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
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  • La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché militaire
  • Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire

RIYADH : La princesse Reema bint Bandar, ambassadrice saoudienne aux Etats-Unis, a visité lundi le bureau de l'attaché militaire saoudien à Washington.

La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché au cours de sa visite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire.

La princesse Reema a été reçue par le ministre adjoint saoudien de la Défense pour les affaires exécutives, Khaled Al-Biyari, qui est en visite officielle à Washington, ainsi que par l'attaché militaire saoudien à Washington et Ottawa, le général de division Abdullah bin Khalaf Al-Khathami, et les chefs des départements de l'attaché.