Gaza bombardée: Les archives numériques, dernières garantes de l’histoire palestinienne

De nombreux documents des archives de Gaza ont été réduits en cendres (Photos, Zachary Foster/AFP).
De nombreux documents des archives de Gaza ont été réduits en cendres (Photos, Zachary Foster/AFP).
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Publié le Mercredi 10 janvier 2024

Gaza bombardée: Les archives numériques, dernières garantes de l’histoire palestinienne

  • Alors que les bombardements israéliens détruisent les documents historiques, les plates-formes en ligne pourraient sauvegarder le patrimoine de Gaza
  • Palestine Nexus, basé aux États-Unis, présente des cartes, des documents et des publications rares provenant d'archives du Moyen-Orient

LONDRES: Les bombardements israéliens sur la bande de Gaza ont endommagé et détruit des documents et des archives de valeur, mettant en péril la préservation du patrimoine et de l'identité palestiniens, ont averti des spécialistes.

Soucieuse de préserver les objets et les documents relatifs à l'histoire de la Palestine, la plate-forme numérique, Palestine Nexus, lancée en 2020, a redoublé d'efforts pour rassembler et protéger les trésors tirés des archives de tout le Moyen-Orient.

«Compte tenu du nombre d'histoires de personnes littéralement rayées de la surface de la terre, cette contribution est minuscule, mais elle est ressentie comme une obligation», a déclaré Zachary Foster, fondateur et propriétaire de Palestine Nexus, à Arab News.

«Je pense qu'il faut préserver la mémoire palestinienne dans l'histoire... et je suis fier d'y contribuer.»

Des documents réduits en cendres sont éparpillés dans le département des archives du bâtiment de la municipalité de Gaza (Photo, AFP).

Israël a lancé sa campagne militaire à Gaza en représailles à l'attaque sans précédent lancée le 7 octobre sur le sud d'Israël par le groupe militant palestinien Hamas, qui a fait 1 200 morts, pour la plupart des civils, et 240 otages.

Au cours des mois qui ont suivi le début des combats, plus de 23 000 personnes ont été tuées à Gaza par les bombardements israéliens, selon le ministère de la Santé dirigé par le Hamas, tandis que près de 2 millions de personnes ont été déplacées.

Les infrastructures civiles ont été endommagées ou détruites et seule une aide humanitaire limitée a été autorisée à entrer dans l'enclave assiégée, laissant la population vulnérable à la faim et aux maladies.

Au vu de cette catastrophe humanitaire, il a été facile d'ignorer les dommages causés par le conflit aux sites culturels, éducatifs et patrimoniaux, ainsi qu'aux objets historiques qui s'y trouvent. Des éléments importants de l'histoire et de l'identité palestiniennes ont ainsi été effacés.

Fin novembre, les archives centrales de Gaza, qui contenaient des milliers de documents historiques datant de plus de cent-cinquante ans, ont été détruites.

Dans une interview à l'agence de presse turque Anadolu, Yahya al-Sarraj, maire de la municipalité de Gaza, a dénoncé une tentative délibérée d'«effacer une grande partie de notre mémoire palestinienne».

Parmi les autres sites d'importance culturelle endommagés ou détruits ces dernières semaines figurent le mémorial des martyrs du Mavi Marmara dans le port de Gaza, le mémorial de la journaliste Shireen Abu Akleh dans le camp de réfugiés de Jénine en Cisjordanie, et le mémorial du président Yasser Arafat à Toulkarem, également en Cisjordanie.

La plus grande bibliothèque publique de Gaza a également été détruite. En réponse, les autorités municipales ont demandé à l'Unesco «d'intervenir et de protéger les centres culturels et de condamner le fait que l'occupation prenne pour cible ces installations humanitaires protégées par le droit humanitaire international».

Israël insiste sur le fait que ses forces armées ne visent que les combattants et les commandants du Hamas, les caches d'armes et les réseaux de tunnels, et non les civils, les infrastructures civiles ou les sites d'importance culturelle, religieuse ou historique.

Avant même le début du conflit à Gaza, Omar Soleimane, un universitaire américano-musulman, avait mis en garde contre l'effacement systématique du concept de Palestine – sur les cartes, dans les travaux universitaires et dans le discours public lui-même.

«Ce n'est pas seulement le peuple palestinien ou le nom du pays qui disparaît, mais le mot Palestine lui-même», a écrit Soleimane dans une récente tribune pour Al-Jazeera. «La Palestine est délibérément effacée de notre conscience et de notre discours, en temps de guerre et même en temps de paix.»

Avec la persistance du conflit à Gaza, les chercheurs devront de plus en plus compter sur les archives numériques dans le but d’accéder aux sources primaires, car les copies papier sont endommagées ou détruites. Par conséquent, les plates-formes telles que Palestine Nexus deviendront plus vitales que jamais.

«Je me suis intéressé à l'histoire et à l'identité palestiniennes parce que j'ai été élevé avec tous ces mythes selon lesquels le peuple palestinien n'existait pas», a déclaré Foster, citoyen américain d'origine juive. «Je voulais savoir si toutes ces histoires que j'avais entendues étaient vraies ou non.»

Un employé se dirige vers le département des archives du bâtiment de la municipalité de Gaza, pendant la guerre entre Israël et le Hamas (Photo, AFP).

La quête académique de Foster pour découvrir les origines de l'identité palestinienne l'a conduit à rassembler un ensemble fascinant de cartes de la Palestine du XIXe siècle. Ces documents magnifiques et incroyablement rares sont devenus la pierre angulaire de Palestine Nexus.

«Mon argument était que les cartes de la Palestine jouaient un rôle clé pour expliquer pourquoi les gens ont commencé à s’identifier comme Palestiniens et j’ai donc essayé de trouver toutes les cartes de la Palestine du XIXe siècle que je pouvais trouver», a-t-il signalé.

«À un moment donné, j'ai réalisé que j'avais bien plus que des cartes», a-t-il indiqué.

Au fur et à mesure que Foster approfondissait ses recherches, son projet est passé d'un intérêt personnel pour l'histoire et l'identité palestiniennes à une mission visant à rendre des documents historiques rares accessibles à un public mondial. Il a élargi sa collection au-delà des cartes pour y inclure des copies numériques de journaux intimes, de manuscrits, de journaux et de documents d'archives.

Rapidement, Palestine Nexus s'est transformé en une base de données complète, qui ne se limite pas à la Palestine mais s'étend à l'ensemble du Moyen-Orient.

La collection, qui compte aujourd'hui plus de 40 000 objets, comprend des papiers d'identité, des documents officiels, des lettres, des journaux intimes, des manuscrits, des cartes, des photographies, des films et des enregistrements audios, et même le premier livre de géographie en deux langues, qui relate l'histoire de la Palestine en grec et en arabe, et qui a été publié en 1904.

Il abrite également la première «histoire de Gaza» rédigée et publiée en arabe au XXe siècle par Arif al-Arif, ainsi que des centaines de documents couvrant les périodes de domination ottomane et britannique.

Elle présente également le «Palestinian Arab Index, 1946», un ouvrage qui constitue l'un des index les plus complets et les plus contemporains des livres publiés en Palestine ou par des Arabes palestiniens au cours de la première moitié du XXe siècle.

Après des années de chasse au trésor dans la région, qui l'ont conduit en Égypte, en Turquie et en Palestine, la visite de Foster à Gaza lui a permis de découvrir une collection unique couvrant l'histoire sociale, politique et économique de la Palestine des années 1910 aux années 1980.

Salim Elrayes, un antiquaire de Gaza, avait rassemblé une collection qui retraçait l'histoire sociale de Gaza pendant la guerre de 1948, des documents relatifs à l'entreprise familiale qui importait du charbon du Soudan dans les années 1910, ainsi qu'un large éventail de cartes illustrant les événements du Golfe, notamment l'invasion du Koweït par Saddam Hussein en 1990.

La chronique, baptisée «Gaza Collection», a été partiellement acquise par Foster, qui l'a transportée aux États-Unis et a numérisé les documents afin que les chercheurs puissent y accéder gratuitement sur Palestine Nexus.

«J'ai visité Gaza à deux reprises», a indiqué Foster. «La première fois, j'ai acheté environ 400 à 500 documents, et la deuxième fois, j'ai acheté 300 à 400 documents supplémentaires. Cependant, sa rencontre avec Elrayes a débloqué une mine d'or de documents inédits.

«Elrayes possède cinq à dix fois plus de documents que ceux que j'ai achetés», a révélé Foster, qui est fasciné par la richesse inattendue des archives de Gaza, compte tenu des difficultés rencontrées au cours des seize dernières années, marquées par le règne du Hamas et l'embargo israélien.

Toutefois, les chances d'un retour à Gaza dans un avenir proche semblent minces. Elrayes, le gardien de cette collection unique, a été contraint d'abandonner sa maison dans la ville de Gaza à la suite d'intenses bombardements israéliens.

Des documents réduits en cendres sont éparpillés dans le département des archives du bâtiment de la municipalité de Gaza (Photo, AFP).

On ne sait pas encore si son magasin d'antiquités est toujours intact ou s'il a «volé en éclats». L'incertitude qui entoure le sort de ces archives physiques confère une importance encore plus grande aux efforts de préservation numérique.

Réfléchissant à l'importance de sa plate-forme, Foster a souligné que les documents contenus dans les archives de Palestine Nexus témoignent de la richesse de l'histoire, de la culture et de la mémoire du peuple palestinien, en s'opposant à un récit qui cherche souvent à effacer ou à minimiser leur identité.

«Les archives municipales de Gaza ont été détruites. Les archives de Salim pourraient bien avoir été détruites. L'ensemble des 60 à 75% du parc immobilier est détruit. Tout a été détruit. Et pourtant, l'histoire des gens existe et sera préservée», a insisté Foster.

Avec près de 200 demandes d'accès et plus de 500 manifestations d'intérêt, Foster se dit curieux de savoir qui accède à la collection, conscient de l'impact croissant du projet et de l'engagement du public à son égard.

Selon lui, l'intérêt suscité par cette «obscure collectio » est remarquable et témoigne d'une réelle préoccupation pour le sort de ces documents historiques et des récits qu'ils contiennent.

Pour l'avenir, Foster espère que Palestine Nexus inspirera d'autres initiatives en matière d'archives, en favorisant une culture de libre accès aux documents historiques, ce qui est crucial pour les Palestiniens confrontés à des obstacles à l'accès physique, et en assurant la préservation face à une destruction potentielle.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les dirigeants du CCG réaffirment le lien de «sécurité indivisible» lors du sommet de Bahreïn

Le prince héritier Mohammed bin Salman a dirigé la délégation saoudienne au sommet du CCG. (SPA)
Le prince héritier Mohammed bin Salman a dirigé la délégation saoudienne au sommet du CCG. (SPA)
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  • Toute atteinte à la souveraineté d'un État membre est considérée comme une menace pour la sécurité collective
  • Les pays soulignent l'objectif d'un Moyen-Orient exempt d'armes nucléaires

LONDRES: Les dirigeants du Conseil de coopération du Golfe ont réaffirmé leur lien de sécurité indivisible, enraciné dans une foi, une lignée et une langue communes, ainsi que dans une destinée partagée, à l'issue de la 46e session du Conseil suprême au palais d'Al-Sakhir, à Bahreïn.

Les délégués ont déclaré que la sécurité des États du CCG était indivisible et que toute atteinte à la souveraineté d'un État membre constituait une menace directe pour leur sécurité collective.

"Respecter la souveraineté des États du CCG et de tous les pays de la région, ne pas s'ingérer dans leurs affaires intérieures et rejeter le recours à la force ou à la menace d'y recourir", ont-ils déclaré dans un communiqué.

Le secrétaire du CCG, Jasem Mohamed Albudaiwi, a déclaré que les États du Golfe étaient unis dans leur soutien au Qatar à la suite des attaques distinctes lancées cette année contre ce pays par l'Iran et Israël dans le cadre du conflit à Gaza.

L'attaque de missiles iraniens visant la base aérienne américaine d'Al-Udeid en juin était "une agression rejetée, une violation claire de sa souveraineté, de son espace aérien et des principes de bon voisinage", a-t-il déclaré.

En septembre, Israël a lancé une attaque aérienne contre des figures du Hamas à Doha, qui a fait six morts, dont un citoyen qatari.

"L'agression israélienne brutale (...) représente une attaque flagrante contre les efforts internationaux visant à obtenir un cessez-le-feu et la libération des otages", a déclaré M. Albudaiwi.

Les dirigeants du Golfe ont salué les résultats du sommet de la paix de Charm el-Cheikh en octobre et les efforts internationaux visant à mettre fin à la guerre de Gaza, à faciliter l'aide humanitaire et à soutenir un État palestinien indépendant le long des frontières d'avant 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale, conformément à la solution à deux États et à l'initiative de paix arabe.

Ils ont déclaré que leur objectif était de consolider une paix juste, globale et durable au Moyen-Orient, tout en s'efforçant de résoudre les conflits régionaux et internationaux par des moyens pacifiques.

M. Albudaiwi a félicité l'Arabie saoudite et la France d'avoir coprésidé une conférence organisée en septembre à New York, qui a abouti à la reconnaissance du statut d'État palestinien par plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, le Canada et l'Australie. Il a également salué les efforts constants du Qatar, de l'Égypte et de la Turquie pour faciliter les discussions qui ont abouti à l'accord de Gaza.


Le prince héritier Mohammed bin Salman a dirigé la délégation saoudienne au sommet du CCG et a coprésidé la quatrième réunion du Conseil de coordination saoudo-bahreïnien.

Le roi de Bahreïn, Hamad bin Isa bin Salman Al-Khalifa, a déclaré que le sommet avait abordé des questions régionales et diverses méthodes pour renforcer la solidarité et l'intégration du CCG.

L'émir du Koweït, Cheikh Mishal Al-Ahmad Al-Jaber Al-Sabah, a déclaré que le CCG avait surmonté des circonstances régionales et internationales complexes et a réitéré la condamnation par le CCG de l'agression israélienne contre le Qatar.

Les dirigeants ont insisté sur l'objectif consistant à débarrasser le Moyen-Orient des armes nucléaires et des armes de destruction massive. Ils ont souligné les efforts déployés par les forces navales conjointes basées à Bahreïn pour renforcer la sécurité énergétique, protéger la navigation maritime et préserver le commerce international.

Ils ont également souligné la nécessité de satisfaire aux exigences du marché commun et de l'union douanière du CCG, de stimuler le commerce et le tourisme et d'investir dans des domaines clés tels que les infrastructures, les transports, l'énergie, les communications, l'eau et l'alimentation.

Les dirigeants ont accueilli le premier ministre italien, Giorgia Meloni, qui a participé au sommet en tant qu'invitée d'honneur.

Le CCG a été créé en 1981 et se compose de six membres : Arabie saoudite, Émirats arabes unis, Oman, Bahreïn, Qatar et Koweït. Son siège est situé à Riyad.


Yémen: les marins d'un navire coulé par les Houthis libérés 

Les autorités philippines avaient annoncé mardi la prochaine libération de ses neuf ressortissants se trouvant à bord de ce cargo, remerciant dans un communiqué le gouvernement omanais pour ses efforts. (AFP)
Les autorités philippines avaient annoncé mardi la prochaine libération de ses neuf ressortissants se trouvant à bord de ce cargo, remerciant dans un communiqué le gouvernement omanais pour ses efforts. (AFP)
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  • "L'équipage du navire Eternity C a été libéré grâce à la médiation omanaise et un avion le transporte actuellement de Sanaa à Mascate"
  • Dix membres ont quitté l'aéroport mercredi après-midi, a-t-elle précisé plus tard sur le réseau social X

SANAA: Les membres d'équipage d'un cargo coulé par les rebelles yéménites houthis en juillet ont été libérés, a annoncé mercredi un média de ces insurgés, ajoutant qu'ils avaient été transportés par avion de Sanaa à Mascate, la capitale omanaise.

"L'équipage du navire Eternity C a été libéré grâce à la médiation omanaise et un avion le transporte actuellement de Sanaa à Mascate", a déclaré la chaîne de télévision rebelle Al-Massirah.

Dix membres ont quitté l'aéroport mercredi après-midi, a-t-elle précisé plus tard sur le réseau social X.

Des images de la chaîne Oman TV ont ensuite montré les marins arriver à Mascate, où ils ont été reçus par des responsables omanais et philippins.

Les autorités philippines avaient annoncé mardi la prochaine libération de ses neuf ressortissants se trouvant à bord de ce cargo, remerciant dans un communiqué le gouvernement omanais pour ses efforts.

Un responsable houthi a indiqué à l'AFP que la remise en liberté de l'équipage faisait partie d'un accord conclu avec Oman, visant à rapatrier 35 Yéménites, "des malades et des blessés" qui se trouvent "bloqués à l'étranger".

"Ils seront remis à Sanaa" et en échange, les marins du navire doivent être "remis à la partie omanaise", a expliqué cette source sécuritaire, sous couvert d'anonymat.

L'Eternity C, battant pavillon libérien, avait été coulé en juillet dernier en mer Rouge.

Les Houthis avaient publié à l'époque une vidéo de l'attaque, en déclarant avoir "sauvé" un nombre non précisé de marins et les avoir transférés en lieu sûr.

Après le début de la guerre à Gaza, déclenchée par une attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023, les Houthis pro-iraniens, affirmant agir en solidarité avec les Palestiniens, ont mené des attaques contre des navires qu'ils estimaient liés à Israël.

Ils n'ont revendiqué aucune attaque de ce type depuis la trêve conclue à Gaza en octobre.


Premières discussions directes entre le Liban et Israël en plus de 40 ans

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban. (AFP)
Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban. (AFP)
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  • Jusqu'à présent, des militaires représentaient le Liban et Israël, qui n'ont pas de relations diplomatiques officielles, aux réunions de l'organisme dirigé par les Etats-Unis et qui comprend également la France et l'ONU
  • La délégation libanaise évitait tout contact direct avec la partie israélienne, selon une source diplomatique qui a requis l'anonymat

BEYROUTH: Des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de l'organisme de surveillance du cessez-le-feu dans le sud du Liban, les premières discussions directes depuis plus de 40 ans entre les deux pays.

Alors que les deux voisins sont toujours techniquement en état de guerre, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a pris soin de souligner qu'il ne s'agissait pas de négociations de paix.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a lui salué "l'atmosphère positive" dans laquelle s'est déroulée la réunion, selon son bureau.

Celle-ci intervient alors qu'Israël menace d'une escalade au Liban, où son armée continue de viser le Hezbollah malgré un cessez-le-feu entré en vigueur il y a un an, accusant le mouvement pro-iranien de se réarmer.

"Pas important" 

Dirigées par des civils, les deux délégations se sont rencontrées au quartier général de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul), à Naqoura, près de la frontière avec Israël, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus, selon l'ambassade américaine à Beyrouth.

Jusqu'à présent, des militaires représentaient le Liban et Israël, qui n'ont pas de relations diplomatiques officielles, aux réunions de l'organisme dirigé par les Etats-Unis et qui comprend également la France et l'ONU.

La délégation libanaise évitait tout contact direct avec la partie israélienne, selon une source diplomatique qui a requis l'anonymat.

L'ambassade des Etats-Unis au Liban a salué mercredi sur X la participation à la réunion de représentants civils: l'ancien diplomate libanais, Simon Karam, et le responsable du Conseil de sécurité nationale d'Israël, Uri Resnick. Elle a parlé d'un "pas important" en vue d'une "paix durable".

"Il a été convenu d'élaborer des idées pour promouvoir une éventuelle coopération économique entre Israël et le Liban", a souligné le bureau de Benjamin Netanyahu.

Le Premier ministre libanais a indiqué pour sa part que ce type de réunions avait pour but de parvenir "à la cessation des hostilités (et) au retrait israélien total" du territoire libanais, où l'armée israélienne conserve des positions dans le sud.

"Les relations économiques viendront à la toute fin du processus de normalisation, qui doit venir après la paix", a expliqué M. Salam. "Elles ne peuvent pas précéder la paix".

Il a souligné que le Liban n'avait pas l'intention de conclure une paix séparée avec Israël.

La rencontre intervient au lendemain de réunions de Mme Ortagus avec Benjamin Netanyahu et son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, qui a affirmé sur X que "le désarmement du Hezbollah était crucial pour l'avenir du Liban et la sécurité d'Israël".

Désarmement "incontournable" 

Le gouvernement israélien a répété mercredi que le désarmement du Hezbollah était "incontournable".

L'émissaire américaine est par la suite attendue au Liban, où le président Joseph Aoun s'était déclaré prêt à des négociations avec Israël, brisant un tabou entre les deux pays.

En 1983, après l'invasion israélienne du Liban, les deux pays avaient mené des contacts directs qui avaient abouti à la signature d'un accord prévoyant l'établissement de relations entre eux, mais il n'a jamais été ratifié.

Depuis plusieurs semaines, la presse israélienne multiplie les articles sur la possible imminence d'une nouvelle campagne militaire israélienne contre le Hezbollah au Liban.

"Israël se prépare à une escalade majeure au Liban à la lumière du renforcement militaire en cours du Hezbollah", a affirmé la radio-télévision publique israélienne mercredi.

Selon M. Salam, le Liban est ouvert à ce que l'ONU, les Etats-Unis et la France "vérifient" le désarmement du mouvement pro-iranien par l'armée libanaise dans le sud du pays.

Il a confirmé qu'elle devrait achever d'ici la fin de l'année le démantèlement des structures militaires du Hezbollah entre la frontière et le fleuve Litani, à une trentaine de km plus au nord.