États-Unis: le régulateur autorise un nouveau placement en bitcoin, tournant pour les cryptomonnaies

La nouvelle a fait monter le bitcoin mais dans des proportions mesurées, la cryptomonnaie star ayant déjà beaucoup grimpé ces dernières semaines (Photo, AFP).
La nouvelle a fait monter le bitcoin mais dans des proportions mesurées, la cryptomonnaie star ayant déjà beaucoup grimpé ces dernières semaines (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 11 janvier 2024

États-Unis: le régulateur autorise un nouveau placement en bitcoin, tournant pour les cryptomonnaies

  • Le produit autorisé mercredi est un ETF, un fonds indiciel qui permet aux investisseurs de profiter des évolutions du bitcoin sans placer directement leur argent dans la devise numérique
  • Concrètement, ils achètent des parts du fonds, qu'ils peuvent revendre à tout moment, et pas du bitcoin, la valeur de leurs actifs restant exprimée en dollars

NEW YORK: Le gendarme américain des marchés financiers, la SEC, a donné mercredi son feu vert à la cotation d'un nouveau produit d'investissement en bitcoins, une décision considérée comme une étape majeure pour l'adoption des cryptomonnaies, qui pourrait bouleverser le secteur.

Le produit autorisé mercredi est un ETF (Exchange traded fund), un fonds indiciel qui permet aux investisseurs de profiter des évolutions du bitcoin sans placer directement leur argent dans la devise numérique.

Concrètement, ils achètent des parts du fonds, qu'ils peuvent revendre à tout moment, et pas du bitcoin, la valeur de leurs actifs restant exprimée en dollars. Les avoirs du fonds sont, eux, placés en cryptomonnaies.

Lancé au début des années 1990, les ETF ont décollé au début des années 2000, séduisant par leur simplicité, qui offre la possibilité de suivre les performances de l'or, du pétrole, d'un indice boursier ou d'un secteur industriel.

Selon un rapport du cabinet Oliver Wyman, quelque 6.700 milliards de dollars étaient logés dans des ETF fin 2022.

Mercredi, la SEC a donné son autorisation à 11 sociétés différentes de lancer leur propre produit, parmi lesquelles des grandes maisons de Wall Street comme Fidelity et BlackRock, selon le document publié sur le site du régulateur.

La nouvelle a fait monter le bitcoin mais dans des proportions mesurées, la cryptomonnaie star ayant déjà beaucoup grimpé ces dernières semaines.

Vers 22H50 GMT, elle prenait 1,37%, à 46.576 dollars.

Le marché avait déjà franchi un palier, en octobre 2021, avec la cotation du premier ETF investi non pas directement en bitcoins mais dans des contrats à terme liés à la cryptomonnaie.

Jusqu'ici, l'accès aux devises numériques nécessitait d'ouvrir un compte sur une plateforme d'échanges de cryptomonnaies et de convertir une devise classique (émise par une banque centrale), comme le dollar.

«Un tournant»

Le marché spéculait depuis plusieurs semaines sur l'homologation de ce nouvel ETF, accentuant nettement la volatilité du bitcoin, déjà connu pour ses variations brutales.

Mardi, la devise numérique reine s'est envolé brièvement jusqu'à son plus haut niveau depuis 22 mois, à 47,914 dollars l'unité, après la publication de ce qui s'est révélée être une fausse publication sur X (ex-Twitter) de la SEC, annonçant l'homologation de l'ETF en bitcoins.

La SEC a ensuite indiqué que son compte avait été piraté, le temps de poster le message.

Le gendarme boursier avait déjà retoqué, à de nombreuses reprises, des demandes de commercialisation pour des produits similaires par le passé, mais un récent développement a changé la donne.

Fin octobre, une cour d'appel fédérale de Washington a ainsi confirmé que la SEC n'était pas fondée à refuser au gestionnaire d'actifs Grayscale l'homologation de son ETF en bitcoins.

Compte tenu de cette jurisprudence, "je pense que la décision la plus tenable est d'approuver la cotation" de ces ETF, a déclaré le président de la SEC, Gary Gensler, dans un communiqué.

L'arrivée d'un ETF est "un tournant pour les actifs numériques et signale un mouvement vers l'adoption par le grand public et (leur) légitimité", a commenté Thomas Tang, vice-président de la société de capital-investissement Ryze Labs.

"Par leur seule existence dans un cadre réglementé, les ETF en bitcoins vont donner de la crédibilité institutionnelle aux actifs numériques", a-t-il ajouté.

Nombre de financiers de premier plan et grands patrons ont fait part publiquement, ces dernières années, de leur scepticisme, voire de leur opposition à ces devises numériques.

"La seule vraie utilité", des cryptomonnaies, c'est qu'elles profitent "aux criminels, aux trafiquants de drogue", pour "le blanchiment, la fraude fiscale", a déclaré, début décembre, le PDG de la plus grande banque du monde, JPMorgan Chase, Jamie Dimon. "Si j'étais le gouvernement, j'y mettrais un terme."

Mercredi, Gary Gensler a opposé les ETF adossés à des métaux, "qui ont des consommateurs et sont utilisés dans l'industrie", à ces nouveaux produits en bitcoin, qui "est surtout un actif spéculatif et volatil, qui sert aussi à des activités illicites".


La plateforme Booking épinglée en France pour «pratiques restrictives de concurrence»

La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué. (Photo capture d'écran Booking)
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  • Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière "
  • Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français

PARIS: La plateforme de réservation en ligne Booking a été épinglée en France pour "pratiques restrictives de concurrence" envers les hôteliers français par la Répression des fraudes, qui lui ordonne sa mise en conformité d'ici fin 2025, a annoncé cette dernière jeudi dans un communiqué.

Booking a jusqu'au 31 décembre au plus tard pour mettre en conformité les "clauses et pratiques non conformes" dans ses contrats avec les hôteliers, sous peine d'une "astreinte financière journalière dont le montant total pourra atteindre 69,35 millions d'euros", précise dans son communiqué la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF).

Cette décision s'appuie sur une législation européenne, le règlement P2B, qui oblige les plateformes à davantage de transparence envers les entreprises, ainsi que sur le code du commerce français.

Selon la DGCCRF, les conditions générales de prestations (CGP) de Booking "comportent des clauses manifestement déséquilibrées au détriment des hôteliers français".

La Répression des fraudes souligne que, selon le code du commerce, "il est interdit de tenter de soumettre ou de soumettre l'autre partie à des obligations créant un déséquilibre significatif dans les droits et obligations des parties". Or, "le fait d'entraver la liberté commerciale et tarifaire des hôteliers contrevient notamment à cet article", note-t-elle.

Le règlement P2B, lui, oblige les plateformes à "garantir l'accessibilité des conditions générales, lesquelles doivent être rédigées de manière claire et compréhensible", et à "notifier aux entreprises utilisatrices, sur un support durable, tout changement envisagé de leurs conditions générales".

"La plateforme se doit d'indiquer et de décrire, dans ses conditions générales, les principaux paramètres déterminant le classement des biens et services proposés en justifiant l'importance relative de ces paramètres par rapport aux autres", indique encore la DGCCRF.

Et "en cas de suspension ou de résiliation du compte d'une entreprise utilisatrice, la plateforme doit systématiquement lui transmettre un exposé des motifs", ajoute l'administration.

L'Umih, principale organisation professionnelle dans l'hôtellerie et la restauration, a salué jeudi dans un communiqué l'"avancée significative" que constitue cette injonction, qui doit permettre "un rééquilibrage des relations entre les plateformes numériques et les professionnels du tourisme".

Booking, dont la maison mère est aux Pays-Bas, a indiqué à l'AFP que "bien que Booking.com soit en désaccord avec les conclusions de l'enquête", l'entreprise s'emploie "activement à dissiper toutes les préoccupations".

Elle assure avoir "collaboré étroitement avec la DGCCRF afin de répondre à ses préoccupations et d'élaborer des solutions qui continuent de stimuler la demande pour (ses) partenaires d'hébergement en France, tout en satisfaisant les besoins des consommateurs".


Tutelle du FMI: «nous n'en sommes pas là», dit le gouverneur de la Banque de France

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE). (AFP)
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  • Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir"
  • "Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national"

PARIS: "Nous n'en sommes pas là", a répondu jeudi le gouverneur de la Banque de France, interrogé sur le risque agité par le gouvernement d'une mise sous tutelle de la France par le FMI en cas de dérive des comptes, à quelques jours de l'annonce d'un grand plan d'économies par Matignon.

Le Fonds monétaire international "intervient dans une situation extrême, quand un pays ne peut plus s'en sortir tout seul. Nous n'en sommes pas là, nous avons dans les mains notre destin, mais c'est maintenant qu'il faut agir", a dit François Villeroy de Galhau en présentant devant la presse le rapport annuel de la balance des paiements à la Banque de France à Paris.

"Je redis avec un peu de gravité, avec toute l'indépendance de la Banque de France, qu'il y a là un sujet d'intérêt national", a affirmé le gouverneur, selon qui "il y a un lien très direct entre le niveau de notre dette et la liberté de la France".

"J'espère que nous n'avons pas besoin du FMI pour réaliser que le sujet est extrêmement sérieux", a-t-il poursuivi, précisant qu'il n'avait lui-même "jamais employé cette expression", à propos du mot tutelle.

La ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin a de nouveau pointé mercredi le risque "qu'un jour, les institutions internationales décident pour nous", après avoir à plusieurs reprises ces dernières semaines évoqué le risque d'une "tutelle" des institutions internationales, dont le FMI, en cas de dérive des comptes publics.

Ces mises en garde surviennent avant que le gouvernement annonce, le 15 juillet, un grand plan d'économies qui doit représenter un effort budgétaire de 40 milliards d'euros.

"Il faut évidemment tout faire pour éviter ça, notre destin budgétaire, il est entre nos mains", a dit M. Villeroy de Galhau.

Une intervention du FMI, comme en Grèce au tournant des années 2010, parait improbable, d'autant que l'Union européenne a depuis mis en place ses propres dispositifs d'intervention d'urgence, à travers le Mécanisme européen de stabilité (MES) et la Banque centrale européenne (BCE).

L'économiste en chef de l'institution de Washington, interrogé mi-juin, avait affirmé que "la question pourrait se poser mais, j'ai envie de dire, ni demain ni après-demain. Si vraiment rien n'était fait (...), s'il n'y avait aucune volonté d'infléchir la trajectoire de la dette, évidemment qu'à un moment donné, la question se poserait", avait estimé Pierre-Olivier Gourinchas.


Jusqu'ici épargnée, la restauration rapide inquiète pour sa rentabilité

 Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi. (AFP)
Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi. (AFP)
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  • Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants
  • Si le secteur pèse, selon Xerfi, plus de 50 milliards d'euros de chiffre d'affaires, son résultat net a été divisé par deux entre 2018 et 2023 sous l'effet de la hausse des charges d'exploitation

PARIS: Le secteur de la restauration rapide en France, dont la croissance est l'une des plus dynamiques de la restauration, s'inquiète de l'effet cumulé de plusieurs réformes sur sa rentabilité, dont celle des titres-restaurants, et a demandé au cabinet Xerfi d'en évaluer l'impact dans une étude publiée jeudi.

Commandée par le Syndicat national de l'alimentation et de la restauration rapide (Snarr), cette étude envisage plusieurs scénarios: une hausse de la TVA, un doublement de la "taxe soda" en 2026 (après un doublement déjà acté en 2025), une réduction des allègements de charges sur les petits salaires (déjà acté en 2025) et la réforme des titres-restaurants (dont l'utilisation pour faire toutes ses courses en supermarché devrait être pérennisée).

Si le secteur pèse, selon Xerfi, plus de 50 milliards d'euros de chiffre d'affaires, son résultat net a été divisé par deux entre 2018 et 2023 sous l'effet de la hausse des charges d'exploitation.

"Les taux de défaillance du secteur de la restauration rapide se situent aujourd'hui entre 2% et 2,5%, un taux qui n'est pas alarmiste mais toutefois beaucoup plus important que la moyenne des années précédentes", a indiqué à l'AFP Jérémy Robiolle, directeur du développement chez Xerfi.

"Il y a une accumulation de mesures dans le secteur, comme la loi Agec (qui oblige notamment à utiliser de la vaisselle réutilisable, NDLR), la +taxe soda+ ou la réforme des titres-restaurants et on a voulu objectiver les remontées de terrain qui sont assez négatives", a expliqué à l'AFP Esther Kalonji, présidente du Snarr.

L'utilisation des titres-restaurants pour faire toutes les courses alimentaires en supermarché représente selon Xerfi un manque à gagner de 100 millions d'euros pour la restauration rapide en 2025 et de 195 millions en 2026.

"C'est moins d'emplois soutenus, car un titre-restaurant dépensé en restauration rapide génère plus d'emplois qu'en grande surface", selon Clément Morin, auteur de l'étude.

Le Snarr, comme l'Umih et le GHR, autres organisations patronales de la restauration, s'est retiré des groupes de travail liés aux Assises de la restauration menées à Bercy pour protester contre cette réforme qualifiée par l'Umih de "décision funeste pour le secteur".

Xerfi a également évalué l'impact du doublement de la "taxe soda" en 2025, qui représentera 49,5 millions d'euros pour la restauration rapide et jusqu'à 55,5 millions d'euros en 2026 selon les scénarios.

En cumulant les scénarios, Xerfi estime qu'entre 16.500 et 26.200 entreprises du secteur pourraient basculer dans le rouge en 2026.