La feuille de route du gouvernement Attal, en attendant le «rendez-vous» de Macron

Le nouveau Premier ministre français, Gabriel Attal (Photo, AFP).
Le nouveau Premier ministre français, Gabriel Attal (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 12 janvier 2024

La feuille de route du gouvernement Attal, en attendant le «rendez-vous» de Macron

  • Le calendrier va s'accélérer pour Gabriel Attal, avec le plein emploi en ligne de mire et la mise en musique du «réarmement civique» promis par Emmanuel Macron, sur fond de bataille des européennes
  • Après le premier Conseil des ministres ce vendredi, le nouveau Premier ministre devrait prononcer la semaine prochaine devant l'Assemblée nationale une déclaration de politique générale

PARIS: L'essentiel du gouvernement annoncé, le calendrier va s'accélérer pour Gabriel Attal, avec le plein emploi en ligne de mire et la mise en musique du "réarmement civique" promis par Emmanuel Macron, sur fond de bataille des européennes. Et de premières embûches qui devraient surgir très rapidement.

Le rendez-vous de l'Assemblée

Après le premier Conseil des ministres ce vendredi, le nouveau Premier ministre devrait prononcer la semaine prochaine devant l'Assemblée nationale une déclaration de politique générale, pour détailler sa feuille de route.

Cela permettra de réaliser qu'il est confronté au même écueil qu'Elisabeth Borne: l'absence de majorité absolue.

Va-t-il soumettre son gouvernement à un vote de confiance des députés? Les oppositions le réclament, mais sa prédécesseure, considérant que ce n'est pas une obligation constitutionnelle, avait préféré ne pas prendre le risque d'une censure des oppositions coalisées. Ce sera donc un bon test de "l'audace" prêtée au jeune impétrant.

Le «rendez-vous avec la Nation»

Parallèlement, le chef de l'Etat doit donner corps au mystérieux "rendez-vous avec la Nation" qui doit scander le mois de janvier. Une "expression" d'Emmanuel Macron, éventuellement lors d'une conférence de presse, est envisagée pour la semaine prochaine.

Le président a promis "réarmement" et "régénération" lors de ses voeux aux Français le 31 décembre. C'est surtout le concept encore flou de "réarmement civique" qu'il va devoir "déplier", explique un proche.

Un chapitre qui devrait être largement axé autour des chantiers engagés par Gabriel Attal sur l'école, proclamée "mère des batailles", qui doit "instruire mais aussi forger des républicains", d'après l'entourage présidentiel. La question de l'uniforme, une éventuelle généralisation du service national universel (SNU), ainsi qu'une réponse à l'exposition précoce aux écrans pourraient nourrir cette séquence.

L'inconnue sur l'immigration

Dès le 25 janvier, le gouvernement devra probablement régler un premier gros problème politique. Le Conseil constitutionnel pourrait censurer de larges pans de la loi sur l'immigration adoptée en décembre à l'issue d'un compromis avec la droite, mais votée aussi par l'extrême droite, ce qui avait divisé le camp présidentiel.

Pour apaiser les craintes, l'exécutif misait sur l'intervention des Sages pour retoquer plusieurs mesures dont il ne voulait pas à l'origine car jugées inconstitutionnelles. Mais un texte dénaturé provoquerait un tollé du côté du parti Les Républicains, compliquant encore la recherche de majorités pour les futures réformes.

Elisabeth Borne, avant de partir, a aussi laissé un cadeau empoisonné en promettant à LR de réformer l'Aide médicale d'Etat, un sujet qui risque encore de diviser la macronie.

Bercy récupère l'énergie, suscitant des inquiétudes

"Avoir la responsabilité de l’énergie, c’est se donner les meilleures chances d’accélérer la réindustrialisation du pays et la réalisation du programme nucléaire français", s'est félicité dans Le Figaro Bruno Le Maire, ministre de l’Economie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique, confirmé jeudi à Bercy.

Ce transfert de l'énergie sera confirmé dans des décrets d'attribution dont la date de publication n'a pas été précisée, a indiqué son entourage à l'AFP.

La question des énergies était jusqu'à présent portée par une ministre de plein exercice, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique dans le précédent gouvernement, également chargée du climat.

Parmi les gros dossiers figure le nucléaire, alors que le président Emmanuel Macron avait annoncé en 2022 un programme de six nouveaux réacteurs EPR, avec huit supplémentaires en option.

"C'est casser une organisation qui datait de 2007 où la transition écologique était le fil conducteur entre l'énergie, les transports, le logement" et "un très mauvais signal", a aussitôt regretté auprès de l'AFP Anne Bringault, directrice des programmes au Réseau Action Climat (RAC), après l'annonce du nouveau gouvernement.

Le WWF France a également qualifié d'"inquiétante" la "disparition du ministère de la transition énergétique dans l’organigramme gouvernemental et son rattachement au ministère de l’Economie".

"C'est un recul de 15 ans. Comment le Premier ministre pourra-t-il encore prétendre être en charge de la planification écologique et de la planification énergétique alors que ces deux portefeuilles seront à nouveau écartelés entre des ministères et des intérêts opposés?", regrette le WWF dans un communiqué.

Le retour aux sources du macronisme économique

"Réveillez-vous!", avait lancé Emmanuel Macron à l'automne à tous ceux qui prônent le statu quo économique et social. Le plein emploi, promis d'ici 2027, "nous n'y sommes pas".

Pour tenir l'objectif, il veut un retour à l'esprit de sa loi Macron de 2015 qui avait forgé sa doctrine, pour continuer à "libérer l'économie". Une "loi de simplification massive" pour tous les secteurs économiques, donc, et aussi "un deuxième train de simplification des règles dans le monde du travail".

Il faudra aussi concrétiser les négociations sociales lancées par Elisabeth Borne après la réforme contestée des retraites, sur le rôle des seniors ou la vie au travail.

Tout cela sur fond d'inflation encore forte, alors que le pouvoir d'achat reste la préoccupation numéro un des Français.

Un agenda sociétal dense

Le nouveau gouvernement va par ailleurs avoir deux projets sociétaux majeurs à mener à bon port.

D'une part, l'inscription dans la Constitution de la liberté de recourir à l'interruption volontaire de grossesse (IVG), qu'il espère voir aboutir début mars mais qui pourrait buter sur des résistances à droite.

D'autres part, un projet de loi sur la fin de vie, plusieurs fois reporté tant le sujet est sensible, désormais attendu pour février, couplé à un plan sur les soins palliatifs.

Les européennes en ligne de mire

En toile de fond, la bataille pour les élections européennes de juin, dernier scrutin national avant 2027.

Le Rassemblement national devance largement à ce stade le camp présidentiel dans les sondages, et la macronie compte sur la popularité de Gabriel Attal pour remonter la pente.

Emmanuel Macron devrait donner le "la", avec un possible grand discours sur l'Europe dans les prochaines semaines.


Journalisme: le prix Daphne Caruana Galizia décerné à une enquête sur les enfants migrants

Des enfants jouant dans le camp de réfugiés de Kara Tepe, sur l'île de Lesbos, en Grèce, le 19 septembre 2020 (Getty Images)
Des enfants jouant dans le camp de réfugiés de Kara Tepe, sur l'île de Lesbos, en Grèce, le 19 septembre 2020 (Getty Images)
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  • Mercredi, le prix Daphne Caruana Galizia pour le journalisme a été décerné au projet néerlandais « Lost in Europe » qui enquête sur les mineurs non accompagnés qui disparaissent une fois arrivés en Europe
  • Leur dernière enquête, publiée le 30 avril 2024, a révélé que plus de 50 000 enfants migrants non accompagnés ont disparu en Europe en 2021 et 2023, un chiffre qui pourrait être encore plus élevé.

STRASBOURG : Mercredi, le prix Daphne Caruana Galizia pour le journalisme a été décerné au projet néerlandais « Lost in Europe » qui enquête sur les mineurs non accompagnés qui disparaissent une fois arrivés en Europe.

Une vingtaine de journalistes d'investigation originaires de différents pays européens, dont les Pays-Bas, l'Allemagne, la Belgique, l'Italie et le Royaume-Uni, participent au projet journalistique « Lost in Europe » (Perdus en Europe).

Leur dernière enquête, publiée le 30 avril 2024, a révélé que plus de 50 000 enfants migrants non accompagnés ont disparu en Europe en 2021 et 2023, un chiffre qui pourrait être encore plus élevé.

« Sur les 27 pays européens auxquels nous avons demandé des données, en y ajoutant la Moldavie, la Norvège, le Royaume-Uni et la Suisse, seuls 20 ont répondu à nos demandes, et seuls 13 pays ont fourni des données. Des pays importants comme l'Espagne et la France n'ont même pas répondu correctement. »

Elle a rappelé que « les États membres de l'Union européenne sont responsables de ces enfants ».

Parmi ces jeunes migrants, certains ont pu tomber entre les mains de trafiquants d'êtres humains, être forcés à mendier ou à se prostituer.

« Avec ce prix, nous sommes encore plus motivés pour continuer à enquêter sur le sort et l'exploitation de milliers d'enfants migrants disparus en Europe », a déclaré Geesje van Haren.

Le nom des gagnants du prix Daphne Caruana Galizia a été annoncé lors d'une cérémonie au Parlement européen par Stavros Malichudis, représentant des lauréats 2023, le média d'investigation grec Solomon, l'organisation Forensis et la chaîne publique allemande StrgF/ARD. Ils avaient été récompensés pour une enquête sur le naufrage d'un navire de migrants en Méditerranée ayant fait plusieurs centaines de victimes.

Soutenu par le Parlement et décerné pour la première fois en 2021, le prix Daphne Caruana Galizia pour le journalisme a été créé en hommage à cette journaliste et militante maltaise anti-corruption, tuée à 53 ans le 16 octobre 2017 dans l'explosion d'une voiture piégée.

Attribué par un jury de représentants de la presse et de la société civile issus des 27 États membres de l'UE, et doté de 20 000 euros, il est décerné chaque année autour de la date anniversaire de son assassinat.

Il est ouvert aux journalistes ayant diffusé un sujet dans l'un des 27 États membres de l'UE et entend récompenser « un journalisme d'excellence qui promeut et défend les valeurs et principes de l'UE : dignité humaine, liberté, démocratie, égalité, État de droit et droits de l'homme ».


Muriel Jourda, auteure de la dernière loi sur l'immigration, a été élue présidente de la commission des Lois

Les rapporteurs de la commission des lois du Sénat, Jean-Pierre Sueur (L), Muriel Jourda (R) et le président de la commission des lois du Sénat français, Philippe Bas (C), publient le 20 février 2019 au Sénat à Paris, les résultats d'une enquête sur l'affaire de l'ancien haut responsable de la sécurité présidentielle, Alexandre Benalla. (Photo AFP)
Les rapporteurs de la commission des lois du Sénat, Jean-Pierre Sueur (L), Muriel Jourda (R) et le président de la commission des lois du Sénat français, Philippe Bas (C), publient le 20 février 2019 au Sénat à Paris, les résultats d'une enquête sur l'affaire de l'ancien haut responsable de la sécurité présidentielle, Alexandre Benalla. (Photo AFP)
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  • Muriel Jourda succède ainsi à François-Noël Buffet, devenu ministre des Outre-mer en septembre, et devient la première femme à occuper ce poste clé de la chambre haute.
  • Cette avocate de métier sera donc un grand appui pour M. Retailleau et son nouveau projet de loi sur l'immigration prévu pour début 2025.

PARIS : Muriel Jourda, sénatrice Les Républicains du Morbihan et rapporteure de la dernière loi immigration, a été élue mercredi présidente de la commission des Lois du Sénat, a-t-on appris de sources parlementaires.

La sénatrice, désignée en interne par le groupe LR pour candidater, a récolté 27 voix, contre 14 pour le socialiste Jérôme Durain (et huit votes blancs ou nuls). Elle succède ainsi à François-Noël Buffet, devenu ministre des Outre-mer en septembre, et devient la première femme à occuper ce poste clé de la chambre haute.

Un accord conclu de longue date au sein de la majorité sénatoriale (une alliance LR-centristes) assure à LR la présidence de cette commission saisie de tous les sujets régaliens (sécurité, immigration, justice, etc.).

Fait rare au Sénat, la gauche lui avait néanmoins opposé un candidat, pour manifester sa désapprobation face au choix de ce profil incarnant une ligne dure de la droite par les LR, ont expliqué plusieurs sources parlementaires.

Muriel Jourda, âgée de 56 ans, est politiquement proche de son ancien président de groupe, devenu ministre de l'Intérieur : Bruno Retailleau. Elle avait notamment occupé le rôle de corapporteure de la dernière loi immigration, adoptée en décembre 2023 puis partiellement censurée par le Conseil constitutionnel.

La sénatrice faisait partie intégrante de la commission mixte paritaire qui avait réuni députés et sénateurs pour aboutir à un accord, scellé à l'époque entre Matignon et Les Républicains. Un compromis avait créé un malaise chez une grande partie de « l'aile gauche » des macronistes.

Comme une minorité de sénateurs LR (38 au total), elle s'était par ailleurs opposée à l'inscription dans la Constitution de la « liberté garantie » à avorter, lors du Congrès du Parlement à Versailles en mars.

Cette avocate de métier sera donc un grand appui pour M. Retailleau et son nouveau projet de loi sur l'immigration prévu pour début 2025. Celui-ci reprendrait les mesures les plus sévères de la dernière loi, censurées par le Conseil constitutionnel car jugées sans lien suffisamment clair avec le texte initial.


Entretien Macron-Mikati en amont de la conférence de soutien au Liban

Le président français Emmanuel Macron (G) s'entretient avec le Premier ministre libanais Najib Mikati en marge de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, le 25 septembre 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'entretient avec le Premier ministre libanais Najib Mikati en marge de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, le 25 septembre 2024. (AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron s’entretiendra avec M. Najib Mikati, Président du Conseil des ministres de la République libanaise, ce mercredi 23 octobre 2024 au Palais de l’Elysée
  • Najib Mikati devrait arriver à l’Elysée à 16h. heure de Paris selon le déroulé prévisionnel officiel. Il s’ensuivra un entretien bilatéral hors presse.

PARIS: Le président français Emmanuel Macron s’entretiendra avec M. Najib Mikati, Président du Conseil des ministres de la République libanaise, ce mercredi 23 octobre 2024 au Palais de l’Elysée. Cet entretien intervient en amont de la Conférence internationale de soutien à la population et à la souveraineté du Liban, qui se tiendra le jeudi 24 octobre à Paris.

Najib Mikati devrait arriver à l’Elysée à 16h. heure de Paris selon le déroulé prévisionnel officiel. Il s’ensuivra un entretien bilatéral hors presse.

Lors de la conférence du 24 octobre, c’est Najib Mikati qui représentera le Liban. Selon les informations données par l’Elysée, le but de la  conférence est d’apporter une aide humanitaire urgente aux libanais déplacés et en situation de grande vulnérabilité et de discuter du renforcement des institutions libanaises ainsi que d’un cessez-le-feu à la frontière avec Israël.

Najib Mikati prononcera une allocution devant les participants à la conférence qui sera inaugurée par Emmanuel Macron.