Gouvernement Attal: plusieurs poids lourds confirmés

Le nouveau Premier ministre français Gabriel Attal, accompagné du ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin. (Photo, AFP)
Le nouveau Premier ministre français Gabriel Attal, accompagné du ministre français de l'Intérieur Gérald Darmanin. (Photo, AFP)
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Publié le Jeudi 11 janvier 2024

Gouvernement Attal: plusieurs poids lourds confirmés

  • Bruno Le Maire reste à l'Economie et Gérald Darmanin à l'Intérieur
  • Sébastien Lecornu va aussi rester aux Armées et Eric Dupond-Moretti à la Justice, ont indiqué un responsable de la majorité et une source gouvernementale

PARIS: Plusieurs poids lourds, dont Bruno Le Maire à l'Economie et Gérald Darmanin à l'Intérieur, vont être confirmés au sein du gouvernement concocté par Emmanuel Macron et Gabriel Attal, toujours attendu jeudi et dont la grande surprise devrait être la LR Rachida Dati.

Sébastien Lecornu va aussi rester aux Armées et Eric Dupond-Moretti à la Justice, ont indiqué un responsable de la majorité et une source gouvernementale. Secrétaire d'Etat à la Jeunesse depuis juillet, Prisca Thevenot va prendre du galon en devenant porte-parole du gouvernement à la place d'un ténor, Olivier Véran, dont le sort n'est pas encore connu, selon ces sources du camp présidentiel.

Ces noms ont commencé à filtrer après un nouvel entretien d'une heure et demie entre le chef du gouvernement et le président à l’Élysée en début d'après-midi. La liste des ministres de plein exercice devait être, sauf contre-temps, annoncée avant jeudi soir par le secrétaire général de la présidence, Alexis Kohler, deux jours après la nomination de Gabriel Attal.

«Trahison»

Mais la surprise de taille du gouvernement Attal devrait être le retour de Rachida Dati, l'ex-ministre de la Justice de Nicolas Sarkozy. La maire du 7e arrondissement a annoncé elle-même aux élus parisiens sa nomination au ministère de la Culture lors d'une visio-conférence, ont indiqué des participants.

"Trahison et mise en examen pour corruption, tous les critères étaient remplis pour intégrer un gouvernement qui a mis en exergue la République exemplaire", a d'ores et déjà dénoncé le patron du PS Olivier Faure.

Rachida Dati est mise en examen depuis juillet 2021 pour "abus de biens sociaux" et "corruption" pour des prestations de conseils conclues avec une filiale de Renault-Nissan. L'élue nie toute irrégularité.

De son côté, Emmanuel Macron est ensuite attendu à 19H45 à Chantilly, dans l'Oise, pour un événement, Destination France, voué à promouvoir les investissements dans le tourisme en France.

Les principales inconnues restent le prochain titulaire des Affaires étrangères, alors que la cheffe de la diplomatie Catherine Colonna est souvent donnée sortante, et l'Education nationale après la promotion de Gabriel Attal.

Ce poste hautement stratégique dans le "réarmement" civique prôné par le chef de l’État pourrait donner lieu à un jeu de chaises musicales au gouvernement. Dans la ronde des candidats potentiels, la ministres des Sports Amélie Oudéa-Castéra semble tenir la corde, avec un portefeuille élargi. La ministre des Solidarités Aurore Bergé est aussi régulièrement citée.

Le duo exécutif a opté a priori pour une annonce en deux temps: une première salve rapide concernant les ministres de plein exercice, une seconde, ultérieure, complétant le casting avec les secrétaires d'État voire les ministres délégués.

Si ce scénario se confirme, le premier Conseil des ministres du gouvernement Attal pourrait se tenir dès vendredi matin.

A Matignon, Gabriel Attal devait recevoir jeudi soir la secrétaire générale de la CFDT, Marylise Léon, mais le rendez-vous est reporté. Vendredi, le Premier ministre doit déjeuner avec les chefs des groupes parlementaires du camp présidentiel à l'Assemblée nationale et au Sénat.

Avant le gouvernement, Gabriel Attal a commencé à composer son cabinet. Emmanuel Moulin, son directeur de cabinet qui est l'ancien directeur du Trésor, est un ami du ministre des Finances Bruno Le Maire mais aussi du très influent secrétaire général de l'Élysée Alexis Kohler.

Garde rapprochée

Gabriel Attal a bien connu Emmanuel Moulin à Bercy lorsqu'il était ministre des Comptes publics. Deux personnalités de sa garde rapprochée, Fanny Anor et Maxime Cordier, ont en outre été nommées jeudi au Journal officiel respectivement directrice adjointe de cabinet et conseiller spécial. En attendant que le soient d'autres fidèles, dont son conseiller communication Louis Jublin.

Gabriel Attal "sera capable d'aller arracher des décisions auprès d'Emmanuel Macron", en déduisait jeudi le député Renaissance Patrick Vignal sur Radio J.

Il bénéficie d'une popularité qui ne se dément pas, avec un taux de 53% de satisfaction, dans un sondage Ifop-Fiducial publié jeudi.

L'exécutif doit trouver un difficile équilibre pour la composition d'une équipe gouvernementale, que certains voudraient plus resserrée, en jonglant avec des exigences multiples: respecter la parité, ne pas négliger les alliés du MoDem et Horizons, sans oublier les secteurs soucieux d'avoir un ministre pour les représenter.

Un cadre du camp présidentiel évoque les départs du ministre du Travail Olivier Dussopt ou du ministre des Transports Clément Beaune, tombé en disgrâce à cause de ses réticences ouvertes sur la loi immigration.

Comme lui, plusieurs autres ministres de l'aile gauche de la macronie ont exprimé à des degrés divers leur désaccord face au virage à droite opéré à l'occasion du vote de ce texte.


La cour d'assises de Paris se dit bien compétente pour juger un ex-rebelle salafiste syrien

La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre. (AFP)
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  • Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie
  • La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre

PARIS: La cour d'assises de Paris a rejeté mercredi la demande des avocats d'un ancien rebelle syrien qui voulaient qu'elle se déclare incompétente pour le juger pour complicité de crimes de guerre.

La défense de Majdi Nema, un ancien membre du groupe salafiste syrien Jaysh al-Islam (JAI, Armée de l'islam) arrêté en France en 2020, a contesté mardi, au premier jour du procès, le principe de compétence universelle permettant à la justice française de juger un étranger pour des crimes commis à l'étranger sur des étrangers.

Mes Romain Ruiz et Raphaël Kempf arguaient notamment que la chute du régime de Bachar al-Assad, survenue en décembre 2024, changeait la donne, et appelaient à ce que leur client soit jugé par la justice de transition en Syrie.

La cour d'assises a rejeté cette demande, se disant "régulièrement saisie" et "compétente pour connaître des faits reprochés à Majdi Nema", permettant ainsi au procès de se poursuivre.

Cet homme de 36 ans comparaît pour complicité de crimes de guerre, soupçonné notamment d'avoir aidé à enrôler et à former à l'action armée des mineurs, et pour entente en vue de la préparation de crimes de guerre, des faits pour lesquels il encourt 20 ans de réclusion criminelle.

Il conteste les accusations, affirmant n'avoir eu qu'un "rôle limité" dans JAI, un groupe prônant la charia et qui combattait le régime syrien, qu'il dit avoir quitté en 2016.

Alors qu'une plainte avait été déposée en France contre JAI en 2019, il avait été arrêté en janvier 2020 à Marseille, où il se trouvait pour un séjour d'études de quelques mois. Il avait été mis en examen et écroué par un juge du pôle crimes contre l'humanité du tribunal de Paris.


Proportionnelle: Bayrou consulte mais les avis divergent

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  • Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique
  • François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours

PARIS: François Bayrou entame mercredi avec le Rassemblement national une série de consultations des forces politiques sur la proportionnelle, que lui-même réclame depuis longtemps mais sur laquelle les désaccords restent nombreux.

Le Premier ministre recevra chacun des chefs de partis et des présidents de groupes parlementaires représentés à l'Assemblée nationale, suivant un ordre lié à leur importance numérique.

La cheffe de file des députés RN Marine Le Pen, qui forment le groupe le plus important à l'Assemblée, et le président du parti à la flamme Jordan Bardella seront ainsi reçus en premier à 10H00.

Suivra un entretien jeudi 1er mai à 17H00 avec le président du groupe macroniste et du parti Renaissance Gabriel Attal. Il sera accompagné par le député Pierre Cazeneuve, qui a mené une analyse comparative des différents modes de scrutin.

François Bayrou défend un scrutin à la proportionnelle intégrale, dans tous les départements, pour les élections législatives, alors que depuis l'instauration de la Ve République - à l'exception des législatives de 1986 -, les députés sont élus au scrutin uninominal majoritaire à deux tours.

Le RN réclame lui aussi la proportionnelle, mais avec une prime majoritaire pour la liste arrivée en tête. "La tripolarisation de la vie politique entraîne une absence de majorité", a soutenu mardi Mme Le Pen, qui "n'imagine pas que le Premier ministre (...) puisse reculer sur ce sujet".

"Moins pire" 

En discutant de cette revendication commune avec le RN, François Bayrou espère sans doute faire baisser la tension avec l'extrême droite, qui fait planer la menace d'une motion de censure contre son gouvernement.

Le RN dénonce l'absence de perspectives législatives sur la proportionnelle, sur l'immigration ainsi que sur la feuille de route énergétique (programmation pluriannuelle de l'énergie, PPE). François Bayrou l'a à cet égard ménagé lundi en reportant la date de publication d'un décret sur la PPE.

Mais le Premier ministre n'est pas assuré d'avoir cette fois le soutien des macronistes, traversés par moult "interrogations", selon Pierre Cazeneuve.

En 2018, le président Emmanuel Macron avait souhaité l'instauration d'un système mixte avec 15% des députés élus à la proportionnelle, puis la réforme avait été abandonnée.

Or les députés Renaissance considèrent désormais que le mode de scrutin actuel est "le moins pire", car la "distorsion" entre le nombre de voix et le nombre de députés "n'existe plus" dans l'Assemblée actuelle, et ce changement n'est "pas forcément une priorité" pour les Français au vu du nouveau contexte international, a expliqué M. Cazeneuve lors d'un point presse.

Cumul des mandats 

Gabriel Attal et Pierre Cazeneuve entendent jeudi élargir le débat à la question de "l'efficacité de l'action publique", en reparlant de la réduction du nombre de parlementaires et de la "simplification du millefeuille administratif".

Mais ils jugent "délétère" de proposer la proportionnelle en échange du cumul des mandats, soutenu avec force par François Bayrou.

Le président du parti Horizons Edouard Philippe défend pour sa part le scrutin majoritaire, qui "impose un lien entre un député et les électeurs d'un territoire". Il pourrait soutenir la proportionnelle "si était rétablie la possibilité de cumuler un mandat exécutif local et le mandat parlementaire".

Les indépendants du groupe Liot sont "plutôt largement très défavorables" à réformer le mode de scrutin, selon son président Laurent Panifous.

A droite, Les Républicains (LR) y sont fermement opposés, comme l'a rappelé Laurent Wauquiez.

"La proportionnelle aboutira à ce qu'on va institutionnaliser le chaos politique qu'on connaît en ce moment", a tonné le patron de la droite dimanche, avant de critiquer mardi la "hiérarchie des priorités" du gouvernement dans un pays "qui est ruiné" et "où il y a une telle explosion de l'insécurité et de l'immigration", au vu des "menaces" sur le plan international.

Le gouvernement souhaite pouvoir légiférer à ce sujet "avant la fin de la session parlementaire si le débat est mûr", a précisé mercredi sa porte-parole LR Sophie Primas.

D'autres partis, notamment à gauche, souhaitent une évolution du mode de scrutin.

Mais le PS est divisé. L'ancien président François Hollande est pour, tandis que son Premier secrétaire Olivier Faure est contre à titre personnel.

Le député PS Emmanuel Grégoire a rappelé mardi que "derrière ce mot un peu vague de proportionnelle, se cache une subtilité immense, immense, de déclinaisons pratiques".


Assemblée: la gauche s'insurge contre le refus d'une minute de silence pour la victime de la mosquée du Gard

La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
La députée de La France Insoumise - Nouveau Front Populaire et présidente de la commission parlementaire des affaires économiques, Aurélie Trouve, s'exprime lors d'une déclaration du gouvernement et d'un débat parlementaire sur la souveraineté énergétique de la France à l'Assemblée nationale française, à Paris, le 28 avril 2025. (AFP)
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  • La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard
  • Le parti de gauche a annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI

PARIS: La gauche s'est insurgée mardi contre l'absence de minute de silence à l'Assemblée nationale en hommage à Aboubakar Cissé, tué de plusieurs dizaines de coups de couteau vendredi dans une mosquée du Gard.

La France insoumise, qui appelle à une "mobilisation nationale contre l'islamophobie" le dimanche 11 mai, a demandé à la présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, qu'une minute de silence soit observée mardi en ouverture de la séance des questions au gouvernement.

Le parti de gauche a toutefois annoncé avoir essuyé un refus de Mme Braun-Pivet au motif qu'il "n'y a pas de minute de silence pour des cas individuels", a rapporté Aurélie Trouvé, députée LFI (Seine-Saint-Denis).

La question a été soulevée en conférence des présidents, mais n'a pas recueilli de majorité de voix selon une source parlementaire, qui souligne que cette instance a décidé fin janvier "de ne plus faire de minutes de silence pour des cas individuels".

"On n'est pas sur un cas individuel, on est sur un meurtre islamophobe, sur un climat islamophobe dans le pays, et ne pas rendre hommage à Aboubakar Cissé est une très grave faute politique", a déploré le député LFI Thomas Portes.

Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, s'est dit sur X "scandalisé par le refus de Yaël Braun-Pivet d'accorder une minute de silence en hommage à Aboubakar Cissé". "Cet hommage républicain doit être rendu dans l'hémicycle", a abondé sur le même réseau social le patron des députés PS Boris Vallaud.

Benjamin Lucas, porte-parole du groupe écologiste, a lui-aussi regretté l'absence de cette minute de silence qui "aurait été un bon signal" envers "nos compatriotes musulmans qui sont insultés, injuriés en permanence".

Une décision également "vivement regrettée" par Stéphane Peu, chef du groupe communiste à l'Assemblée nationale. Son groupe posera mardi après-midi une question au gouvernement sur le meurtre d'Aboubakar Cissé.

Réunis autour de membres de la famille d'Aboubakar Cissé, mardi à l'Assemblée nationale, plusieurs leaders de gauche dont Olivier Faure et l'écologiste Marine Tondelier, ont insisté pour que cette minute de silence puisse avoir lieu.