Gaza: La solution à deux Etats est la seule possible, insistent les Européens

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Publié le Mardi 23 janvier 2024

Gaza: La solution à deux Etats est la seule possible, insistent les Européens

  • Le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz rencontrera les ministres de l'UE dans la matinée, puis ce sera le tour de celui de l'Autorité palestinienne Riyad al-Maliki dans l'après-midi
  • Pas de décision attendue, mais pour les Européens, la simple présence des deux hommes le même jour à Bruxelles est déjà un "symbole fort"

BRUXELLES: Israël doit accepter une solution à deux Etats pour mettre fin à la guerre et garantir sa sécurité, ont souligné des ministres des Affaires étrangères de l'UE avant une réunion où ils rencontreront séparément leurs homologues israélien et palestinien.

"Ce que nous nous voulons est bâtir une solution à deux Etats. Parlons-en", a lancé le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell devant les journalistes à Bruxelles, alors que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réaffirmé son opposition à une "souveraineté palestinienne".

"Quelles sont les autres solutions auxquelles ils pensent?", s'est-il interrogé. "Faire partir tous les Palestiniens? Les tuer?", a-t-il ajouté. Les Israéliens "sont en train de semer les graines de la haine pour des générations à venir", a encore dit M. Borrell, pour qui Israël ne peut construire la paix "seulement" par la guerre.

Le chef de la diplomatie européenne a indiqué avoir présenté aux ministres des 27 "une approche globale" pour aller vers une paix durable, reconnaissant toutefois que les Européens disposaient de peu de moyens de pression sur Israël. "Nous n'en sommes pas encore là", a-t-il affirmé, interrogé sur ce point.

Dans un document de travail remis aux 27 et dont l'AFP a obtenu une copie, M. Borrell assure qu'il faut préparer dès "maintenant" les conditions d'une pays durable dans la région, qui passe par la mise en oeuvre d'une solution à deux Etats.

Il préconise la tenue "au plus tôt" d'une conférence de paix "préparatoire" entre les Européens et plusieurs pays arabes, dont l'Arabie saoudite, l'Egypte et la Jordanie, à laquelle seraient invités les Etats-Unis.

«Seule solution»

Une solution à deux Etats, palestinien et israélien vivant côte à côte, est la "seule solution", ont martelé plusieurs ministres dont la cheffe de la diplomatie allemande Annalena Baerbock. "Même ceux qui ne veulent pas en entendre parler n'ont jusqu'à présent proposé aucune alternative", a-t-elle affirmé.

Dans ce contexte, le refus d'Israël d'une telle solution est "inquiétant", a déclaré de son côté le ministre français des Affaires étrangères, Stéphane Séjourné, qui participe lundi à sa première réunion ministérielle à Bruxelles depuis son arrivée au Quai d'Orsay.

C'est "inacceptable", a lancé de son côté le ministre irlandais des Affaires étrangères Micheal Martin.

Le chef de la diplomatie israélienne Israël Katz rencontrera les ministres de l'UE dans la matinée, puis ce sera le tour de celui de l'Autorité palestinienne Riyad al-Maliki dans l'après-midi. Aucune rencontre entre les deux hommes n'est prévue.

Les chefs de la diplomatie de l'UE vont également rencontrer, lors d'un déjeuner de travail, leurs homologues égyptien Sameh Choukry, saoudien Fayçal ben Farhane et jordanien Ayman Safadi, ainsi que le secrétaire-général de la Ligue Arabe Ahmed Aboul Gheit. Autant de pays et d'organisations qui pourraient jouer un rôle important - aussi bien économique que politique - après la guerre.

Les pays de l'UE sont inquiets du nombre de victimes civiles depuis l'attaque sans précédent lancée par le Hamas contre Israël le 7 octobre, et ont appelé à plusieurs reprises à des trêves humanitaires.

Mais, très divisés, ils ne sont jusqu'à présent pas parvenus à aller au-delà, et à se mettre d'accord sur un appel à un cessez-le-feu, auquel certains pays, comme l'Allemagne, s'opposent, soulignant le droit d'Israël à se défendre.

Plusieurs pays ont dit qu'il y avait "beaucoup trop" de victimes civiles, a encore indiqué Josep Borrell. Mais "beaucoup trop qu'est ce que ça veut dire ? Pendant combien tout cela va-t-il encore durer ?", s'est-il interrogé.

La guerre, qui a dévasté la bande de Gaza et déplacé plus de 80% de la population, a été déclenchée par une attaque du Hamas le 7 octobre dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort de 1.140 personnes, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007. Selon le ministère de la Santé du Hamas, 25.105 personnes ont été tuées dans les opérations militaires israéliennes dans le territoire palestinien.


Liban: le chef de l'Etat demande à l'armée de «s'opposer à toute incursion israélienne»

Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit. (AFP)
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  • Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens"
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BERYROUTH: Le président libanais Joseph Aoun a demandé jeudi à l'armée de "s'opposer à toute incursion israélienne", après la mort d'un employé municipal d'un village du sud du Liban où une unité israélienne a pénétré pendant la nuit.

Dans un communiqué, le chef de l'Etat a condamné cette opération et "demandé à l'armée de faire face à toute incursion israélienne (...) pour défendre le territoire libanais et la sécurité des citoyens".

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".


Liban: incursion israélienne dans un village frontalier, un employé municipal tué

Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien. (AFP)
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  • En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël
  • Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière"

BEYROUTH: Un employé municipal a été tué jeudi, selon le ministère libanais de la Santé, lors d'une incursion israélienne nocturne dans un village du sud du Liban, confirmée par Israël qui a affirmé agir contre le Hezbollah pro-iranien.

En vertu d'un cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la guerre entre le Hezbollah et Israël, ce pays a retiré ses troupes du sud du Liban mais continue d'occuper cinq points sur le territoire libanais, frontalier du nord d'Israël.

Selon l'Agence nationale d'information (Ani, officielle), "dans une agression grave et sans précédent", une unité israélienne "appuyée par des véhicules a effectué une incursion dans le village de Blida, à plus d'un kilomètre de la frontière".

Cette unité "a investi le bâtiment de la municipalité du village, où dormait Ibrahim Salamé, un employé municipal, qui a été tué par les soldats de l'ennemi", a ajouté l'Ani.

Le ministère de la Santé a confirmé la mort de l'employé municipal.

Des villageois cités par l'Ani ont indiqué que l'incursion avait duré plusieurs heures et que les forces israéliennes s'étaient retirées à l'aube.

Sur X, le Premier ministre libanais Nawaf Salam a dénoncé "une agression flagrante contre les institutions de l'Etat libanais et sa souveraineté".

L'armée israélienne a confirmé avoir mené cette incursion, affirmant qu'elle intervenait dans le cadre de ses "activités visant à détruire une infrastructure terroriste" du Hezbollah.

Elle a ajouté que l'unité avait "repéré un suspect à l'intérieur du bâtiment" de la municipalité et ouvert le feu après avoir identifié "une menace directe" sur les soldats.

L'incident "fait l'objet d'une enquête", selon l'armée.

Dans un autre village frontalier, Adaissé, une unité israélienne a dynamité un bâtiment servant à abriter des cérémonies religieuses, selon l'Ani.

Ces derniers jours, l'aviation israélienne a intensifié ses frappes au Liban, affirmant viser des membres ou des infrastructures du Hezbollah.

Mardi, le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Jeremy Laurence, a indiqué que 111 civils avaient été tués au Liban par les forces israéliennes depuis la fin de la guerre.

Le Hezbollah est sorti très affaibli du conflit et les Etats-Unis exercent une intense pression sur le gouvernement libanais pour qu'il livre ses armes à l'armée nationale, ce qu'il refuse jusqu'à présent.

Le mécanisme de surveillance du cessez-le-feu, qui regroupe outre le Liban et Israël, les Etats-Unis, la France et l'ONU, s'est réuni mercredi dans la localité frontalière de Naqoura, qui abrite le quartier général des forces de l'ONU.

L'émissaire américaine Morgan Ortagus a déclaré au cours de la réunion que "l'armée libanaise doit à présent exécuter entièrement son plan" visant à "placer toutes les armes sous le contrôle de l'Etat d'ici la fin de l'année".


Soudan: l'ONU appelle à mettre un terme au siège d'El-Facher après une tuerie dans une maternité

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  • Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée"
  • Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités"

PORT-SOUDAN: Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a appelé jeudi à mettre un terme à l'"escalade militaire" au Soudan, après le meurtre de plus de 460 personnes dans une maternité à El-Facher, ville clé prise par les forces paramilitaires.

Les informations se multiplient sur des exactions massives depuis que les Forces de soutien rapide (FSR, paramilitaires) ont pris dimanche, après 18 mois de siège, cette dernière grande ville qui échappait à leur contrôle dans la vaste région du Darfour, où "les massacres continuent" selon des images satellite analysées par le Humanitarian Research Lab (HRL) de l'université Yale.

Le chef des paramilitaires soudanais Mohamed Daglo a reconnu mercredi soir une "catastrophe" dans la ville, assurant: "La guerre nous a été imposée".

Antonio Guterres s'est dit "gravement préoccupé par l'escalade militaire récente" à El-Facher, appelant à "mettre un terme immédiatement au siège et aux hostilités".

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) s'est dite "consternée par les informations faisant état du meurtre tragique de plus de 460 patients et accompagnateurs à la maternité saoudienne d'El-Facher". Selon l'institution, cette maternité était le seul hôpital encore partiellement opérationnel dans la ville.

Après la prise d'El-Facher à leurs rivaux, l'armée du général Abdel Fattah al-Burhane, les FSR contrôlent désormais l'ensemble du Darfour, vaste région de l'ouest du Soudan couvrant le tiers du pays.

Les communications satellite restent coupées -sauf pour les FSR qui contrôlent le réseau Starlink-, les accès d'El-Facher restent bloqués malgré les appels à ouvrir des corridors humanitaires. Dans ce contexte, il est extrêmement compliqué de joindre des sources locales indépendantes.

Maîtres du Darfour 

"Plus de 2.000 civils ont été tués au cours de l'invasion de la milice (des FSR) à El-Facher, ciblant les mosquées et les volontaires du Croissant-Rouge", a pour sa part affirmé Mona Nour Al-Daem, chargée de l'aide humanitaire au gouvernement pro-armée.

A El-Facher, le comité de résistance local, qui documente les exactions depuis le début du conflit, a rapporté mercredi soir avoir entendu des tirs dans l'ouest de la ville, "où quelques soldats restants combattent avec (...) ténacité".

Depuis dimanche, plus de 36.000 personnes ont fui les violences, majoritairement vers la périphérie d'El-Facher et vers Tawila, cité située à 70 km plus à l'ouest et qui était déjà la plus importante zone d'accueil du Soudan, selon l'ONU, avec plus de 650.000 déplacés.

De rares images de l'AFP en provenance de Tawila montrent des déplacés portant leurs affaires sur leur dos ou sur leur tête. Certains montent des tentes, d'autres, parfois blessés, sont assis dans des conditions précaires.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a alerté sur le "risque croissant d'atrocités motivées par des considérations ethniques" en rappelant le passé du Darfour, ensanglanté au début des années 2000 par les massacres et les viols des milices arabes Janjawid, dont sont issues les FSR, contre les tribus locales Massalit, Four ou Zaghawa.

"Unité" 

Les FSR, qui ont installé au Darfour une administration parallèle, contrôlent désormais l'ouest du Soudan et certaines parties du sud, avec leurs alliés. L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du troisième plus vaste pays d'Afrique, ravagé par plus de deux ans de guerre.

Des experts craignent une nouvelle partition du Soudan, après l'indépendance du Soudan du Sud en 2011. Mais le chef des FSR a affirmé mercredi que la prise complète du Darfour par ses forces favoriserait "l'unité" du pays.

"La libération d'El-Facher est une opportunité pour l'unité du Soudan et nous disons : l'unité du Soudan par la paix ou par la guerre", a déclaré M. Daglo mercredi.

Les pourparlers menés depuis plusieurs mois par le groupe dit du "Quad", qui réunit les Etats-Unis, l'Egypte, les Emirats arabes Unis et l'Arabie saoudite, sont restés dans l'impasse, selon un responsable proche des négociations.

Leurs propositions de trêve se heurtent, selon lui, "à l'obstructionnisme continu" du pouvoir de M. Burhane, qui a refusé en septembre une proposition prévoyant à la fois son exclusion et celle des FSR de la transition politique post-conflit.