Agriculteurs fortement mobilisés, une agricultrice et sa fille tuées sur un barrage

Les agriculteurs continuent de multiplier les actions mardi, avec de nouveaux blocages d'autoroutes, un mouvement endeuillé par la mort d'une exploitante dans l'Ariège, renversée par une voiture qui a foncé sur un barrage de manière non intentionnelle (Photo, AFP).
Les agriculteurs continuent de multiplier les actions mardi, avec de nouveaux blocages d'autoroutes, un mouvement endeuillé par la mort d'une exploitante dans l'Ariège, renversée par une voiture qui a foncé sur un barrage de manière non intentionnelle (Photo, AFP).
Les agriculteurs multiplient les actions depuis plusieurs jours pour obtenir une amélioration de leurs conditions de travail et de leurs rémunérations (Photo, AFP).
Les agriculteurs multiplient les actions depuis plusieurs jours pour obtenir une amélioration de leurs conditions de travail et de leurs rémunérations (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 25 janvier 2024

Agriculteurs fortement mobilisés, une agricultrice et sa fille tuées sur un barrage

  • Le mouvement de colère des agriculteurs se poursuit avec vigueur mardi soir, une mobilisation marquée par la mort en Ariège d'une éleveuse et de sa fille
  • Alors qu'elle avait été grièvement blessée et hospitalisée dans un état «critique», la jeune fille de 12 ans «est décédée des suites de ses blessures peu après 19h00»

PAMIERS: Le mouvement de colère des agriculteurs se poursuit avec vigueur mardi soir, une mobilisation marquée par la mort en Ariège d'une éleveuse et de sa fille, percutées par une voiture sur un barrage à Pamiers.

Alors qu'elle avait été grièvement blessée et hospitalisée dans un état "critique", la jeune fille de 12 ans "est décédée des suites de ses blessures peu après 19h00", a annoncé le procureur de Foix Olivier Mouysset dans un communiqué.

Les trois occupants de la voiture qui a foncé, à l'aube, sur le barrage dressé sur la RN 20 Toulouse-Andorre par les agriculteurs ont été placés en garde à vue et "sont actuellement entendus par les officiers de police judiciaire du commissariat de Pamiers. Leur garde à vue va être prolongée pour les nécessités de l’enquête", a ajouté le procureur de Foix.

Le ministre de l'Agriculture, Marc Fesneau, s'est rendu dans la soirée dans le département pyrénéen.

Le ministre a confié être "ici pour témoigner de l'émotion de la nation", ajoutant: c'est un "drame qui nous touche tous".

"Les agriculteurs sur les barrages, ils ont d'abord besoin qu'on les écoute, qu'on les comprenne et qu'on réponde. Et c'est ça qu'on va faire", a promis M. Fesneau.

Le gouvernement est, selon lui, "à l'oeuvre (...) pour apporter des réponses dont j'entends qu'elles soient concrètes. Et rapides".

«Solutions concrètes»

Des "solutions concrètes aux difficultés" de la profession, c'est également ce que le président de la République, Emmanuel Macron, a demandé au gouvernement de Gabriel Attal de trouver, dans un tweet publié dans l'après-midi.

Les trois personnes placées en garde à vue en Ariège, un homme et deux femmes de nationalité arménienne, étaient sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF), après avoir été déboutés de leur demande d'asile, selon une source proche de l'enquête.

"Non seulement les agriculteurs subissent les difficultés et le mépris du gouvernement, mais ils subissent aussi son laxisme migratoire", a réagi dans un tweet Jordan Bardella, le président du RN.

"Les faits en cause ne paraissent pas revêtir un caractère intentionnel", a souligné le parquet de Foix, pointant le manque de visibilité sur les lieux. Une enquête a été ouverte pour homicide involontaire aggravé.

Le père de famille, agriculteur de 40 ans, a lui-aussi été percuté et grièvement blessé.

Divers blocages

Au lendemain d'une réunion apparemment infructueuse avec le gouvernement, la mobilisation continue avec plusieurs blocages qui persistent.

Dans les Hauts-de-France, les agriculteurs comptent poursuivre le blocage mis en place à la mi-journée, près d'Amiens (Somme), et organiser de nouvelles manifestations dans l'Aisne et le Pas-de-Calais notamment. Selon la préfecture de région, "l'accès aux différentes plateformes transmanche (tunnel sous la Manche et port desservant l’Angleterre, NDLR) est susceptible d’être perturbé".

"Ce que nous souhaitons, c'est faire durer au maximum le mouvement", a confié Denis Bully, président de la FDSEA de la Somme à un journaliste de l'AFP. "Et s'il faut le faire jusqu'au salon de l'agriculture, eh bien on mettra la pression jusqu'au salon (de l'agriculture) pour faire plier nos dirigeants", a-t-il ajouté.

Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, la préfète a appelé les automobilistes à "rester calmes" et à "différer tout déplacement non indispensable". La circulation est notamment partiellement coupée sur l'A7 à hauteur de Saint-Rambert-d'Albon (Drôme), tout comme à hauteur de Valence sud.

Dans le Sud-Ouest, les barrages de l'A64 à hauteur de Carbonne (Haute-Garonne) et près de la centrale de Golfech (Tarn-et-Garonne) restaient en place et d'importantes perturbations ont impacté mardi les axes A61, A62 et A20.

 

Darmanin donne des consignes de «grande modération» aux préfets

Le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin a donné mercredi soir des consignes de "grande modération" aux préfets, en leur demandant de ne faire intervenir les forces de l'ordre qu'en "dernier recours", alors que les actions coup de poing des agriculteurs se multiplient.

"Je tiens à vous rappeler la consigne de grande modération attendue des forces de l'ordre sous votre autorité", écrit le ministre dans cette instruction.

Les forces de l'ordre déployées "aux abords de bâtiments publics" ne "seront autorisées à intervenir" qu'"en dernier recours", ajoute le ministre, et "dans le seul cas où l'intégrité des personnes serait menacée ou les bâtiments exposés à de graves dégradations".

"Pour mémoire, ces opérations sensibles doivent être filmées, notamment par l'activation systématique de caméras piétons", écrit encore le ministre.

Grande distribution visée

Par ailleurs, entre 120 et 150 agriculteurs ont entamé mardi le blocage d'une plateforme logistique du groupe de grande distribution Leclerc à Castelnaudary (Aude).

Deux blocages sont apparus sur l'A64 à Pau et l'A63 à hauteur de Bayonne mais l'accès à l'Espagne depuis l'A64 restait cependant ouvert, selon la préfecture des Pyrénées-Atlantiques.

A Agen, des agriculteurs ont déversé devant la préfecture du lisier mélangé à des carcasses de vaches, de la paille et des pneus.

"On a demandé à ce que le Premier ministre fasse des annonces d'ici ce soir", a déclaré Karine Duc, coprésidente de la Coordination Rurale dans le Lot-et-Garonne, après avoir été reçue par le préfet.

Dans l'ouest jusqu'ici peu mobilisé, des agriculteurs ont organisé des opérations péages gratuits sur cinq barrières.

Après avoir reçu la FNSEA, M. Attal a reçu mardi soir la Coordination rurale et verra mercredi matin la Confédération paysanne. Les représentants de la Coordination rurale ont jugé "constructif" leur entretien mais n'ont pas appelé à lever leurs blocages en attendant des mesures "concrètes" et "rapides".

Premier syndicat agricole français, la FNSEA, a remporté ces dernières années de nombreux arbitrages auprès du gouvernement, comme sur les taxes sur l'eau ou les pesticides, mais les agriculteurs se plaignent de crouler sous les normes et de ne pas gagner assez bien leur vie.

Parmi les multiples revendications entendues: des simplifications administratives, pas de nouvelle interdiction de pesticides, arrêter d'augmenter le prix du gazole ou encore la pleine application de la loi censée obliger les industriels et les grandes surfaces à mieux payer les produits agricoles.

Le gouvernement craint un embrasement. Des Pays-Bas à la Roumanie en passant par la Pologne ou l'Allemagne, les agriculteurs multiplient les actions contre les hausses des taxes et le "Pacte vert" européen.

Mardi, les ministres européens du secteur agricole se réunissent à Bruxelles.


Ultime vote sur le budget de la Sécurité sociale à l'Assemblée

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu (au centre) s'exprime lors d'une déclaration gouvernementale sur la stratégie de défense nationale à l'Assemblée nationale, à Paris, le 10 décembre 2025. (AFP)
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  • L’Assemblée devrait adopter définitivement le budget de la Sécurité sociale 2026, fruit de compromis, malgré une majorité introuvable et sans 49.3
  • Le budget de l’État reste très incertain : déficit visé à 5% du PIB, fortes divergences sur les recettes, CMP à haut risque

PARIS: Sauf surprise, l'Assemblée nationale devrait définitivement adopter mardi le budget de la Sécurité sociale pour 2026, un succès arraché à force de concessions par Sébastien Lecornu, qui risque toutefois de ne pas réussir le même pari pour le budget de l'Etat, à l'issue bien plus incertaine.

Alors qu'approche la date butoir du 31 décembre, l'heure est aux dernières tractations pour les parlementaires, au terme de longues semaines de débats. Tous les yeux sont désormais braqués sur le projet de loi de finances (PLF), avec des négociations décisives jusqu'au week-end.

Il y a une semaine pourtant, beaucoup doutaient d'une possible adoption du premier des deux textes budgétaires, la loi de financement de la Sécurité sociale, qui doit notamment acter la suspension de la réforme des retraites.

Pour le PS, qui a érigé cette mesure en condition de sa non-censure, l'étape doit marquer le succès de sa stratégie de négociation avec l'exécutif, à rebours du reste de la gauche. Et pour le Premier ministre, elle couronnerait au moins temporairement sa méthode du compromis.

Après un dernier passage express au Sénat vendredi, le texte revient mardi dans l'hémicycle, où les députés devront renouveler le scrutin serré de la semaine dernière (247 voix contre 234), à haut risque en l'absence de majorité et de 49.3.

Les socialistes, quoique dans l'opposition, avaient consenti à massivement voter pour. Hésitant jusqu'au dernier moment à voter contre, les Ecologistes s'étaient en majorité abstenus. Et malgré les consignes d'abstention de leur parti, 18 députés LR et 9 Horizons l'avaient soutenu.

Au gouvernement, une issue semblable est attendue mardi, même s'il "faut veiller à ce qu'il n'y ait pas de démobilisation" dans l'hémicycle, concède un ministre.

Les syndicats FO et CGT ont appelé à des rassemblements devant l'Assemblée, critiquant notamment la limitation de la durée des arrêts maladie, ou une taxe sur les mutuelles dont ils craignent la répercussion sur les cotisations.

Le texte prévoit par ailleurs la création d'un nouveau congé de naissance, ou d'un "réseau France santé" voulu par M. Lecornu pour l'accès aux soins.

Le gouvernement a vu sa copie profondément remaniée par les députés, qui ont supprimé le gel des pensions de retraite et minima sociaux, et contraint l'exécutif à renoncer à doubler les franchises médicales.

Le déficit anticipé pour la Sécurité sociale est de 19,4 milliards d'euros en 2026 (contre 23 milliards en 2025). Mais au prix de transferts de 4,5 milliards d'euros des caisses de l'Etat vers celles de la Sécu.

- Négociations députés-sénateurs -

Des transferts qui contribuent à compliquer l'équation pour le budget de l'Etat, où ils doivent être compensés.

La copie du budget de l'Etat adoptée lundi au Sénat, qui a peiné à trouver des économies significatives dans les dépenses, porterait le déficit à 5,3% du PIB. Or le gouvernement a placé l'objectif à 5%.

Une commission mixte paritaire (CMP) réunissant sept députés et sept sénateurs doit tenter de trouver un accord vendredi et possiblement samedi, une opération périlleuse au vu des divergences entre les deux chambres.

L'Assemblée avait massivement rejeté le texte en première lecture.

Les négociations avant et pendant la CMP porteront notamment sur la question des recettes, alors que les socialistes réclament des mesures de justice fiscale, quand la droite se montre intransigeante dans son refus de nouveaux prélèvements.

"Il ne pourra pas y avoir d'accord sur un budget qui augmenterait considérablement les impôts et ne réduirait pas significativement la dette", insiste le chef des Républicains Bruno Retailleau.

Même si l'ancien socle commun, majoritaire au sein de la CMP, trouve un accord, il faudra encore qu'il puisse être adopté la semaine prochaine à l'Assemblée.

Et ce alors que les socialistes promettent cette fois de s'abstenir au mieux, et les Écologistes de voter contre.

Autres possibilités: utiliser le 49.3 en s'assurant d'une non-censure dans la foulée -- comme le plaident l'ancienne Première ministre Élisabeth Borne ou l'ex-président François Hollande -- ou se résoudre à une loi spéciale, avec une reprise des négociations en janvier.

Une dernière option loin de remporter l'enthousiasme général.

"Il faut que ça s'arrête cette séquence budgétaire", estime un cadre socialiste. "On connaît toutes les données du problème. Si le compromis est possible, alors il faut qu'il ait lieu maintenant."


Le musée du Louvre resté fermé lundi en raison d'une grève

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.  Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron. Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture. (AFP)
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  • Les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public
  • Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR"

PARIS: Le musée du Louvre à Paris est resté fermé lundi en raison d'une "grève reconductible" de ses agents, une nouvelle épreuve pour une institution dans la tourmente depuis le spectaculaire cambriolage du 19 octobre et la mise à nu de ses dysfonctionnements.

A 9H00 (8H00 GMT), les portes du musée sont restées closes devant une file de visiteurs, puis la direction a annoncé la fermeture pour "toute la journée".

"Je suis vraiment déçu, le Louvre était la raison principale de notre venue à Paris, parce que nous voulions voir Mona Lisa", le célèbre tableau de La Joconde de Léonard de Vinci, a déclaré à l'AFP Minsoo Kim, 37, Coréen, en lune de miel.

"C'est normal qu'ils fassent grève s'ils ont besoin de meilleures conditions de travail. Bien sûr, en tant que touriste, ce n'est pas génial d'être ici et que le musée soit fermé, mais nous avons réussi à reporter notre visite, donc ça n'est pas un problème", a estimé de son côté Patricia, une touriste brésilienne qui n'a pas souhaité donner son nom.

Un peu plus tôt, les personnels du musée le plus visité au monde, réunis en assemblée générale, avaient voté "à l'unanimité" une grève reconductible pour dénoncer les conditions de travail et d'accueil du public.

Plusieurs dizaines d'agents ont ensuite déployé devant la pyramide une banderole indiquant "Le Louvre en lutte pour des conditions de travail décentes, hausse des salaires, + d'effectifs contre la vétusté du palais et le projet LNR".

Le LNR, ou Louvre Nouvelle Renaissanc, et une rénovation à grande échelle annoncée par le président français Emmanuel Macron.

Les organisations syndicales ont ensuite été reçues au ministère de la Culture.

"Nous avons eu quelques avancées en matière de rémunération, mais cela reste insuffisant et nous attendons une proposition écrite du ministère - certainement mardi - pour nous prononcer", a déclaré à l'AFP Alexis Fritche, du syndicat CFDT-Culture, à l'issue de deux heures de réunion.

Selon lui, "pas d'avancée" non plus sur les emplois: "On nous annonce 28 postes pour la surveillance, mais ils proviennent de redéploiements".

A l'issue de l'AG, le délégué du syndicat CGT Christian Galani avait rappelé que la filière accueil et surveillance avait "perdu 200 équivalents temps plein en l'espace de 15 ans, alors que la fréquentation a augmenté de moitié".

Une prochaine AG est prévue mercredi à 9H00 locales, le mardi étant le jour de fermeture hebdomadaire du Louvre.

Conflit social et réorganisation 

"On est en colère", "nous ne sommes pas d'accord avec la manière dont Le Louvre a été géré", a dit devant la presse Elise Muller, agente de surveillance du syndicat Sud Culture.

Valérie Baud, représentante CFDT, s'était félicitée d'un mouvement "interprofessionnel", regroupant métiers de la "conservation, agents d'accueil et de surveillance, professions support, juristes, graphistes".

En parallèle de ce conflit social, le musée doit faire face à une réorganisation à marche forcée et continuer de répondre aux interrogations sur les failles qui ont permis à un commando de s'emparer de huit joyaux de la Couronne, toujours introuvables.

Fragilisée, la présidente du Louvre, Laurence des Cars, devra travailler en tandem avec Philippe Jost, le haut fonctionnaire chargé du chantier de reconstruction de Notre-Dame, à qui la ministre française de la Culture Rachida Dati a confié vendredi la mission de "réorganiser en profondeur le musée".

Audition de la présidente mercredi 

"Des mesures indispensables sont à prendre, bien au-delà de la sûreté et de la sécurité", a déclaré Mme Dati.

"Toute réflexion sur l'avenir du Louvre ne saurait se limiter à une approche technico-organisationnelle", avait réagi la CFDT.

Le ministère de la Culture a précisé que la mission de M. Jost serait menée en janvier et février et que ses recommandations étaient attendues "fin février".

Des sénateurs vont par ailleurs poursuivre leur quête de réponses sur les dysfonctionnements du musée.

Mardi, ils doivent entendre pour la première fois l'ancien président du Louvre Jean-Luc Martinez, destinataire pendant son double mandat (2013-2021) de deux audits alarmants peu suivis d'effets.

Mercredi, ce sera Mme des Cars, à la tête du musée depuis fin 2021, pour comprendre notamment comment ces deux audits n'ont été découverts par l'actuelle direction qu'après le casse du 19 octobre.

 


La mère du journaliste français Christophe Gleizes a adressé une demande de grâce au président algérien

Le journaliste de 36 ans a par ailleurs formé un pourvoi en cassation contre sa condamnation pour obtenir un nouveau procès, ont fait savoir ses avocats dimanche. (AFP)
Le journaliste de 36 ans a par ailleurs formé un pourvoi en cassation contre sa condamnation pour obtenir un nouveau procès, ont fait savoir ses avocats dimanche. (AFP)
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  • Dans un communiqué publié lundi, l'association Reporters sans frontières (RSF), qui coordonne le comité de soutien de Christophe Gleizes, appuie cette demande de grâce "afin de mettre fin à une grave injustice"
  • La mère du journaliste sportif français Christophe Gleizes, condamné début décembre en Algérie à sept ans de prison ferme en appel, a transmis une demande de grâce au président algérien Abdelmadjid Tebboune, selon une lettre consultée lundi par l'AFP

PARIS: La mère du journaliste sportif français Christophe Gleizes, condamné début décembre en Algérie à sept ans de prison ferme en appel, a transmis une demande de grâce au président algérien Abdelmadjid Tebboune, selon une lettre consultée lundi par l'AFP.

"Je vous demande respectueusement de bien vouloir envisager de gracier Christophe, afin qu'il puisse retrouver sa liberté et sa famille", écrit Sylvie Godard dans cette missive du 10 décembre, assurant faire appel à la "haute bienveillance" du président algérien.

Le journaliste de 36 ans a par ailleurs formé un pourvoi en cassation contre sa condamnation pour obtenir un nouveau procès, ont fait savoir ses avocats dimanche.

Collaborateur des magazines français So Foot et Society, Christophe Gleizes a été arrêté le 28 mai 2024 en Algérie où il s'était rendu pour un reportage sur le club de football le plus titré du pays, la Jeunesse Sportive de Kabylie (JSK), basé à Tizi-Ouzou, à 100 kilomètres à l'est d'Alger.

Le 3 décembre 2025, la Cour d'appel de Tizi-Ouzou a confirmé sa condamnation à sept ans de prison pour "apologie du terrorisme". La justice algérienne lui reproche des contacts avec des personnes liées au mouvement séparatiste MAK (Mouvement pour l'autodétermination de la Kabylie), classé terroriste en Algérie.

"La confirmation de la condamnation à sept années de prison ferme a été pour Christophe, comme pour moi et ma famille, un choc immense", indique Mme Godard dans sa lettre au chef de l'État algérien, qu'elle dit écrire "avec gravité et une profonde émotion".

"Cette sentence nous est incompréhensible au regard des faits et du parcours de mon fils", développe-t-elle. "Nulle part dans aucun de ses écrits vous ne trouverez trace d'un quelconque propos hostile à l'Algérie et à son peuple."

Deux jours après la décision en appel, le président français Emmanuel Macron avait jugé "excessif" et "injuste" le jugement prononcé contre Christophe Gleizes, se disant déterminé à trouver "une issue favorable".

"Grave injustice" 

Dans un communiqué publié lundi, l'association Reporters sans frontières (RSF), qui coordonne le comité de soutien de Christophe Gleizes, appuie cette demande de grâce "afin de mettre fin à une grave injustice".

"Nous appelons désormais les autorités algériennes à prendre rapidement la seule décision possible dans ce dossier : libérer Christophe et lui permettre de retrouver les siens le plus rapidement possible", détaille Thibaut Bruttin, directeur général de l'association, cité dans le communiqué.

M. Gleizes est actuellement le seul journaliste français en détention à l'étranger.

Sa condamnation en première instance en juin 2025 avait été prononcée au pic d'une grave crise diplomatique entre la France et l'Algérie, marquée notamment par le retrait des deux ambassadeurs et des expulsions réciproques de diplomates.

Mais les relations bilatérales avaient semblé en voie d'apaisement après l'octroi d'une grâce et la libération par Alger de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, le 12 novembre

Selon son avocat français Emmanuel Daoud, Christophe Gleizes a, parallèlement au recours en grâce et au pourvoi en cassation, la possibilité d'adresser une demande de mise en liberté à la Cour Suprême, qui peut s'accompagner "d'une demande d'aménagement de sa peine".

"Il est aussi très important, psychologiquement, pour Christophe, de contester toute culpabilité car, comme il l'a dit à la Cour, il n'a fait que son métier et n'a, en aucune façon, enfreint la déontologie journalistique", assure l'avocat, cité dans le communiqué publié lundi.