Les actes antisémites ont bondi l'an dernier, surtout après le 7 octobre

Un policier judiciaire enquête sur une croix gammée peinte à la bombe sur la vitrine d'un magasin de Lyon, le 5 avril 2019 (Photo, AFP).
Un policier judiciaire enquête sur une croix gammée peinte à la bombe sur la vitrine d'un magasin de Lyon, le 5 avril 2019 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 25 janvier 2024

Les actes antisémites ont bondi l'an dernier, surtout après le 7 octobre

  • Le nombre d'actes antisémites recensés en France a bondi l'an dernier, à 1676 contre 436 en 2022, selon un rapport du Crif
  • Dans six cas sur dix (57,8%), les actes recensés l'an dernier ont été des atteintes aux personnes (violences physiques, propos et gestes menaçants...) plutôt qu'aux biens

PARIS: Une multiplication par quatre en un an: le nombre d'actes antisémites recensés en France a bondi l'an dernier, à 1.676 contre 436 en 2022, selon un rapport du Crif qui déplore une "explosion" après le 7 octobre, date des attaques du Hamas contre Israël.

Jamais un tel niveau n'avait été atteint, déclare à l'AFP Yonathan Arfi, le président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), en rappelant qu'"on avait quelques dizaines d'actes par an dans les années 90, quelques centaines sur la période 2000-2022".

Dans six cas sur dix (57,8%), les actes recensés l'an dernier ont été des atteintes aux personnes (violences physiques, propos et gestes menaçants...) plutôt qu'aux biens, selon ce rapport compilant des chiffres "recensés par le ministère de l'Intérieur et le Service de Protection de la communauté Juive (SPCJ)".

Mais ces chiffres ne reflètent "qu’une partie" des actes antisémites, ceux qui ont fait l’objet d’une plainte ou d’un signalement à la police, rappelle le Crif.

Dans plus de 40% des cas, il s'agissait de "propos et gestes menaçants". Et s'ils ont été surtout commis dans la sphère privée (32%) et sur la voie publique (20,4%), 7,5% ont été recensés sur internet.

Autre point inquiétant pour le Crif, 12,7% des actes ont eu lieu en milieu scolaire, dont une majorité au collège. "On assiste à un rajeunissement des auteurs d’actes antisémites. L'école n’est plus un sanctuaire de la République", déplore-t-il.

"Pour la première fois depuis longtemps, les générations qui arrivent sont plus poreuses aux préjugés antisémites que les générations précédentes", explique Yonathan Arfi, en identifiant "trois carburants" à ce phénomène: "la haine d'Israël, l'islamisme et le complotisme".

«Catalyseur»

Dans un pays qui abrite la plus grosse communauté juive d'Europe (environ 500.000 personnes), le Crif constate une "explosion" (+1.000%) des actes antisémites après le 7 octobre. Durant les trois mois qui ont suivi, leur nombre "a égalé celui des trois années précédentes cumulées".

"Le 7 octobre a servi de catalyseur à la haine, en activant un antisémitisme latent, et en désinhibant le passage à l'acte", estime Yonathan Arfi, selon qui la vision des civils israéliens massacrés a joué un rôle déclencheur dans ce phénomène.

L'attaque du Hamas le 7 octobre sur le sol israélien a entraîné la mort de plus de 1.140 personnes, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles. Israël a lancé une vaste opération militaire qui a tué 25.700 Palestiniens, selon un dernier bilan du ministère de la Santé du mouvement islamiste.

En 2012 déjà, après l'attentat contre une école juive de Toulouse où trois enfants et un enseignant avaient été tués par le délinquant radicalisé Mohamed Merah, une hausse de 200% des actes antisémites avait été constatée. La progression avait été de 300% après l'attaque djihadiste contre le supermarché Hypercacher, en 2015.

"Après le 7 octobre, on aurait pu avoir un effet d'empathie, un effet vaccin, ça a été le contraire", soupire le président du Crif.

Ainsi d'une quarantaine chaque mois sur la période estivale, les actes antisémites sont passés à 563 en octobre, 504 en novembre et 175 en décembre.

Une décrue en fin d'année "difficile à analyser" pour le président du Crif, qui reste prudent: "il y a eu les vacances, sans doute une baisse d'intensité..." "On reste très loin des chiffres d'avant le 7", souligne-t-il, en déplorant le "manque de réprobation sociale de l'antisémitisme".

Rappelant que certains ont pu être tentés de masquer ce qui pourrait les désigner comme juifs - une mezouza à la porte, un nom sur la boîte aux lettres... -, Yonathan Arfi s'inquiète: "le risque à la fin est celui d'une invisibilisation des juifs dans l'espace public. C'est une victoire qu'il est hors de question de servir aux antisémites".

Car "l'antisémitisme est une question qui dépasse les juifs, et dit quelque chose des sociétés ou il se développe", martèle-t-il.

Le Crif précise que le rapport a été réalisé "grâce aux remontées des commissariats et des gendarmeries, qualifié ensuite lors d'échanges mensuels avec le ministère de l’Intérieur et le SPCJ".


Journalisme: le prix Daphne Caruana Galizia décerné à une enquête sur les enfants migrants

Des enfants jouant dans le camp de réfugiés de Kara Tepe, sur l'île de Lesbos, en Grèce, le 19 septembre 2020 (Getty Images)
Des enfants jouant dans le camp de réfugiés de Kara Tepe, sur l'île de Lesbos, en Grèce, le 19 septembre 2020 (Getty Images)
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  • Mercredi, le prix Daphne Caruana Galizia pour le journalisme a été décerné au projet néerlandais « Lost in Europe » qui enquête sur les mineurs non accompagnés qui disparaissent une fois arrivés en Europe
  • Leur dernière enquête, publiée le 30 avril 2024, a révélé que plus de 50 000 enfants migrants non accompagnés ont disparu en Europe en 2021 et 2023, un chiffre qui pourrait être encore plus élevé.

STRASBOURG : Mercredi, le prix Daphne Caruana Galizia pour le journalisme a été décerné au projet néerlandais « Lost in Europe » qui enquête sur les mineurs non accompagnés qui disparaissent une fois arrivés en Europe.

Une vingtaine de journalistes d'investigation originaires de différents pays européens, dont les Pays-Bas, l'Allemagne, la Belgique, l'Italie et le Royaume-Uni, participent au projet journalistique « Lost in Europe » (Perdus en Europe).

Leur dernière enquête, publiée le 30 avril 2024, a révélé que plus de 50 000 enfants migrants non accompagnés ont disparu en Europe en 2021 et 2023, un chiffre qui pourrait être encore plus élevé.

« Sur les 27 pays européens auxquels nous avons demandé des données, en y ajoutant la Moldavie, la Norvège, le Royaume-Uni et la Suisse, seuls 20 ont répondu à nos demandes, et seuls 13 pays ont fourni des données. Des pays importants comme l'Espagne et la France n'ont même pas répondu correctement. »

Elle a rappelé que « les États membres de l'Union européenne sont responsables de ces enfants ».

Parmi ces jeunes migrants, certains ont pu tomber entre les mains de trafiquants d'êtres humains, être forcés à mendier ou à se prostituer.

« Avec ce prix, nous sommes encore plus motivés pour continuer à enquêter sur le sort et l'exploitation de milliers d'enfants migrants disparus en Europe », a déclaré Geesje van Haren.

Le nom des gagnants du prix Daphne Caruana Galizia a été annoncé lors d'une cérémonie au Parlement européen par Stavros Malichudis, représentant des lauréats 2023, le média d'investigation grec Solomon, l'organisation Forensis et la chaîne publique allemande StrgF/ARD. Ils avaient été récompensés pour une enquête sur le naufrage d'un navire de migrants en Méditerranée ayant fait plusieurs centaines de victimes.

Soutenu par le Parlement et décerné pour la première fois en 2021, le prix Daphne Caruana Galizia pour le journalisme a été créé en hommage à cette journaliste et militante maltaise anti-corruption, tuée à 53 ans le 16 octobre 2017 dans l'explosion d'une voiture piégée.

Attribué par un jury de représentants de la presse et de la société civile issus des 27 États membres de l'UE, et doté de 20 000 euros, il est décerné chaque année autour de la date anniversaire de son assassinat.

Il est ouvert aux journalistes ayant diffusé un sujet dans l'un des 27 États membres de l'UE et entend récompenser « un journalisme d'excellence qui promeut et défend les valeurs et principes de l'UE : dignité humaine, liberté, démocratie, égalité, État de droit et droits de l'homme ».


Muriel Jourda, auteure de la dernière loi sur l'immigration, a été élue présidente de la commission des Lois

Les rapporteurs de la commission des lois du Sénat, Jean-Pierre Sueur (L), Muriel Jourda (R) et le président de la commission des lois du Sénat français, Philippe Bas (C), publient le 20 février 2019 au Sénat à Paris, les résultats d'une enquête sur l'affaire de l'ancien haut responsable de la sécurité présidentielle, Alexandre Benalla. (Photo AFP)
Les rapporteurs de la commission des lois du Sénat, Jean-Pierre Sueur (L), Muriel Jourda (R) et le président de la commission des lois du Sénat français, Philippe Bas (C), publient le 20 février 2019 au Sénat à Paris, les résultats d'une enquête sur l'affaire de l'ancien haut responsable de la sécurité présidentielle, Alexandre Benalla. (Photo AFP)
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  • Muriel Jourda succède ainsi à François-Noël Buffet, devenu ministre des Outre-mer en septembre, et devient la première femme à occuper ce poste clé de la chambre haute.
  • Cette avocate de métier sera donc un grand appui pour M. Retailleau et son nouveau projet de loi sur l'immigration prévu pour début 2025.

PARIS : Muriel Jourda, sénatrice Les Républicains du Morbihan et rapporteure de la dernière loi immigration, a été élue mercredi présidente de la commission des Lois du Sénat, a-t-on appris de sources parlementaires.

La sénatrice, désignée en interne par le groupe LR pour candidater, a récolté 27 voix, contre 14 pour le socialiste Jérôme Durain (et huit votes blancs ou nuls). Elle succède ainsi à François-Noël Buffet, devenu ministre des Outre-mer en septembre, et devient la première femme à occuper ce poste clé de la chambre haute.

Un accord conclu de longue date au sein de la majorité sénatoriale (une alliance LR-centristes) assure à LR la présidence de cette commission saisie de tous les sujets régaliens (sécurité, immigration, justice, etc.).

Fait rare au Sénat, la gauche lui avait néanmoins opposé un candidat, pour manifester sa désapprobation face au choix de ce profil incarnant une ligne dure de la droite par les LR, ont expliqué plusieurs sources parlementaires.

Muriel Jourda, âgée de 56 ans, est politiquement proche de son ancien président de groupe, devenu ministre de l'Intérieur : Bruno Retailleau. Elle avait notamment occupé le rôle de corapporteure de la dernière loi immigration, adoptée en décembre 2023 puis partiellement censurée par le Conseil constitutionnel.

La sénatrice faisait partie intégrante de la commission mixte paritaire qui avait réuni députés et sénateurs pour aboutir à un accord, scellé à l'époque entre Matignon et Les Républicains. Un compromis avait créé un malaise chez une grande partie de « l'aile gauche » des macronistes.

Comme une minorité de sénateurs LR (38 au total), elle s'était par ailleurs opposée à l'inscription dans la Constitution de la « liberté garantie » à avorter, lors du Congrès du Parlement à Versailles en mars.

Cette avocate de métier sera donc un grand appui pour M. Retailleau et son nouveau projet de loi sur l'immigration prévu pour début 2025. Celui-ci reprendrait les mesures les plus sévères de la dernière loi, censurées par le Conseil constitutionnel car jugées sans lien suffisamment clair avec le texte initial.


Entretien Macron-Mikati en amont de la conférence de soutien au Liban

Le président français Emmanuel Macron (G) s'entretient avec le Premier ministre libanais Najib Mikati en marge de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, le 25 septembre 2024. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (G) s'entretient avec le Premier ministre libanais Najib Mikati en marge de la 79e session de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, le 25 septembre 2024. (AFP)
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  • Le président français Emmanuel Macron s’entretiendra avec M. Najib Mikati, Président du Conseil des ministres de la République libanaise, ce mercredi 23 octobre 2024 au Palais de l’Elysée
  • Najib Mikati devrait arriver à l’Elysée à 16h. heure de Paris selon le déroulé prévisionnel officiel. Il s’ensuivra un entretien bilatéral hors presse.

PARIS: Le président français Emmanuel Macron s’entretiendra avec M. Najib Mikati, Président du Conseil des ministres de la République libanaise, ce mercredi 23 octobre 2024 au Palais de l’Elysée. Cet entretien intervient en amont de la Conférence internationale de soutien à la population et à la souveraineté du Liban, qui se tiendra le jeudi 24 octobre à Paris.

Najib Mikati devrait arriver à l’Elysée à 16h. heure de Paris selon le déroulé prévisionnel officiel. Il s’ensuivra un entretien bilatéral hors presse.

Lors de la conférence du 24 octobre, c’est Najib Mikati qui représentera le Liban. Selon les informations données par l’Elysée, le but de la  conférence est d’apporter une aide humanitaire urgente aux libanais déplacés et en situation de grande vulnérabilité et de discuter du renforcement des institutions libanaises ainsi que d’un cessez-le-feu à la frontière avec Israël.

Najib Mikati prononcera une allocution devant les participants à la conférence qui sera inaugurée par Emmanuel Macron.