Le Hezbollah est «tout à fait prêt» à une escalade alors que la tension monte dans le sud du Liban

Des combattants du mouvement chiite libanais Hezbollah lors d’un défilé militaire commémorant la «Journée du martyr», dans la ville de Baalbek, dans l’est de la vallée de la Bekaa, au Liban. (Photo, AFP)
Des combattants du mouvement chiite libanais Hezbollah lors d’un défilé militaire commémorant la «Journée du martyr», dans la ville de Baalbek, dans l’est de la vallée de la Bekaa, au Liban. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 28 janvier 2024

Le Hezbollah est «tout à fait prêt» à une escalade alors que la tension monte dans le sud du Liban

  • Selon une source, l’échange de tirs entre le groupe militant et Israël est «le plus intense» depuis octobre
  • Le Hezbollah a déclaré que ses combattants avaient tiré des missiles sur un rassemblement de soldats israéliens au sud du site d’Al-Abbad tout au long de la nuit de vendredi jusqu’à samedi midi

BEYROUTH: Le Hezbollah a intensifié ses opérations contre les sites militaires israéliens au cours des dernières vingt-quatre heures, dans ce qu’une source de sécurité a qualifié d’«échange de tirs le plus intense» depuis le 8 octobre.

Pendant douze heures, le groupe a attaqué neuf sites et rassemblements israéliens, et a déploré la mort de quatre de ses  combattants tués dans le bombardement israélien de deux maisons à Beit Lif et Deir Aames.

Les offensives se sont intensifiées dans la nuit de vendredi à samedi.

Le président du Parlement, Nabih Berri, dirige une séance parlementaire à Beyrouth, au Liban. (Reuters)
Le président du Parlement, Nabih Berri, dirige une séance parlementaire à Beyrouth, au Liban. (Reuters)

Le Hezbollah a déclaré que ses combattants avaient tiré des missiles sur un rassemblement de soldats israéliens au sud du site d’Al-Abbad tout au long de la nuit de vendredi jusqu’à samedi midi.

EN BREF

Des avions de guerre israéliens ont effectué des raids sur les banlieues des villes de Naqoura, Aïta Ach-Chaab et Blida.

Un autre rassemblement de soldats a été pris pour cible à proximité de la caserne de Doviv et de la base militaire de Khirbet Ma’ar.

Selon un communiqué du Hezbollah, des missiles Burkan ont été tirés dans les environs de Jal Al-Alam.

Un bâtiment dans la colonie d’Avivim ainsi que des positions et un déploiement de soldats près de Metula ont également été visés en utilisant les «armes appropriées».

En outre, une unité de tireurs d’élite du Hezbollah a lancé deux missiles Burkan sur le nouveau dispositif de surveillance installé dans la caserne israélienne de Zar’it et sur un rassemblement de soldats sur la colline Cobra.

Le groupe militant a ensuite annoncé qu’il avait pris pour cible «le matériel d’espionnage du site Al-Bahri en utilisant les armes appropriées».

Une source de sécurité a décrit l’escalade militaire des dernières vingt-quatre heures comme «la plus intense depuis octobre, sur le plan des échanges d’obus et de roquettes».

Samedi matin, la région côtière frontalière de Ras Al-Naqoura a été la cible de tirs de mitrailleuses israéliennes.

Par ailleurs, des avions de guerre israéliens ont effectué des raids sur les banlieues des villes de Naqoura, Aïta Ach-Chaab et Blida.

Des tirs d’artillerie israéliens se sont abattus sur la périphérie des villages de Houla, Al-Dhaira, Aïta Ach-Chaab et Tayr Harfa.

Le Hezbollah a organisé une procession funéraire pour quatre combattants, tués lors de deux raids sur deux maisons inhabitées à Beit Lif et Deir Aames.

Les quatre combattants sont Mohammed Ali Mazeh de Tayr Felsay, Islam Mohammed Zalzali de Deir Qanoun En Nahr, Taleb Yahya Balhas de Seddiqine et Ali Fawzi Melhem de Majdal Selm.

Lors des funérailles de M. Zalzali, Hassan Ezzedine, député du Hezbollah, a affirmé que le front sud «resterait debout et ouvert pour soutenir Gaza».

«En cas de développement qui viendrait étendre cette guerre, la résistance ne restera pas les bras croisés. Elle est tout à fait prête à répondre à toute folie», a-t-il ajouté.

«Elle sera aux aguets, ripostera deux fois plus fort et portera un coup que l’ennemi ne pourrait jamais anticiper», a déclaré le député. 

Les remarques de M. Ezzedine sont intervenues alors que des organes de presse israéliens ont rapporté que des sirènes avaient retenti dans plusieurs colonies proches de la frontière libanaise en raison de craintes liées à l’arrivée de drones.

Les colonies de Dafna, Gosher, Ghajar, Dan, Shaar Yishuv et Senir en Haute Galilée ont aussi été mises en alerte.

Le journal israélien Yedioth Ahronoth a rapporté que les sirènes avaient été activées dans la colonie de Shlomi, en Galilée occidentale, en raison de craintes concernant la possibilité que des missiles soient tirés sur la zone.

La Radio de l’armée israélienne a indiqué que quatre roquettes en provenance du sud du Liban étaient tombées dans la colonie de Shlomi.

Les sirènes ont à nouveau retenti dans les colonies de Dishon, Malikiyah, Jephthah, Ramot Naftali et Mebuat Hermon.

Le député Mohammed Raad, chef du bloc parlementaire du Hezbollah, a adressé samedi une sévère mise en garde à Israël, l’avertissant d’«éviter d’étendre son agression d’un endroit à l’autre du Liban», car «les conséquences seraient graves».

Il a ajouté qu’Israël «nous menace de mener une guerre globale au Liban pour réaliser ses conditions et rassurer les colons du nord afin qu’ils puissent retourner dans leurs colonies».

«Il est plus important pour nous de rassurer notre peuple qui a été déplacé de ses villages que de rassurer vos colons.»

M. Raad a averti que la sécurité d’Israël «ne doit pas se faire au détriment de notre sécurité».

«Il est essentiel que tout accord international ou régional reconnaisse notre stabilité, notre souveraineté et notre droit à notre terre et au positionnement que nous décidons et choisissons», a-t-il souligné.

«Ce qui nous importe, c’est de protéger notre peuple et notre pays et d’empêcher Israël de s’en prendre à notre souveraineté. Tel est l’engagement de la résistance ; tous les sacrifices traduisent cet engagement.»

La déclaration de M. Raad fait suite aux récents efforts diplomatiques des États-Unis et de la France visant à dissocier la frontière sud du Liban des événements dans la bande de Gaza et à encourager le retrait des forces du Hezbollah.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La diplomatie française estime qu'Israël doit faire preuve de « la plus grande retenue » au Liban

Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
Le drapeau français flotte sur le lac d'Enghien, à Enghien-les-Bains, dans la banlieue nord de Paris, le 25 avril 2025. (Photo Thibaud MORITZ / AFP)
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  • l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, Hezbollah.
  • Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

PARIS : La France a exhorté mercredi Israël « à faire preuve de la plus grande retenue » au Liban après la frappe israélienne qui a touché Beyrouth dimanche dernier, et a souligné que le démantèlement des sites militaires du Hezbollah revenait « exclusivement aux forces armées libanaises ».

Malgré un cessez-le-feu entré en vigueur le 27 novembre après plus d'un an de guerre entre Israël et le Hezbollah, l'armée israélienne continue de mener des frappes au Liban, affirmant viser des combattants et des infrastructures du mouvement libanais, très affaibli, qui affirme de son côté respecter l'accord.

Le week-end dernier, Israël a assuré avoir visé un entrepôt de missiles.

Le Liban avait alors demandé à Washington et Paris, garants de l'accord de cessez-le-feu, de « contraindre Israël à cesser immédiatement ses attaques ».

« La France rappelle que le respect du cessez-le-feu s'impose à toutes les parties sans exception afin de garantir la sécurité des populations civiles des deux côtés de la Ligne bleue », la frontière de facto délimitée par les Nations unies, a souligné mercredi Christophe Lemoine, porte-parole du ministère français des Affaires étrangères.

« La France appelle donc Israël à faire preuve de la plus grande retenue et à se retirer au plus vite des cinq points toujours occupés sur le territoire libanais », a-t-il ajouté lors d'un point presse.

Une commission regroupant le Liban, Israël, les États-Unis, la France et l'ONU est chargée de superviser l'application du cessez-le-feu.

Beyrouth presse la communauté internationale de faire pression sur Israël pour qu'il mette fin à ses attaques et se retire des cinq positions frontalières où il s'est maintenu dans le sud du pays, malgré l'accord.


Les services de sécurité des Émirats déjouent un transfert illégal d'armes vers le Soudan

Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
Les autorités ont saisi environ cinq millions de munitions de type Goryunov (7,62 x 54 mm) retrouvées dans l'avion. (AFP)
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  • Les services de sécurité ont réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises 
  • Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays

ABU DHABI: Les services de sécurité des Émirats arabes unis ont déjoué une tentative de transfert illégal d'armes et d'équipements militaires aux forces armées soudanaises, a déclaré mercredi le procureur général des Émirats arabes unis, Hamad Saif al-Chamsi.

M. Al-Chamsi a déclaré que les services de sécurité avaient réussi à empêcher le transfert d'une quantité d'équipements militaires aux forces armées soudanaises après l'arrestation de membres d'une cellule impliquée dans la médiation non autorisée, le courtage et le trafic illicite d'équipements militaires, sans avoir obtenu les licences nécessaires auprès des autorités compétentes.

Les prévenus ont été arrêtés lors d'une inspection de munitions dans un avion privé dans l'un des aéroports du pays.

L'avion transportait environ cinq millions de munitions de type Goryunov (54,7 x 62 mm).

Les autorités ont également saisi une partie du produit financier de la transaction en possession de deux suspects dans leurs chambres d'hôtel.

M. Al-Chamsi a déclaré que l'enquête avait révélé l'implication de membres de la cellule des chefs militaires soudanais, notamment l'ancien chef des services de renseignement Salah Gosh, un ancien officier de l'agence de renseignement, un ancien conseiller du ministre des Finances et une personnalité politique proche du général Abdel Fattah al-Burhan et de son adjoint Yasser al-Atta. Plusieurs hommes d'affaires soudanais ont également été impliqués.

Selon les enquêteurs, les membres de la cellule ont conclu un marché d'équipement militaire portant sur des fusils Kalachnikov, des munitions, des mitrailleuses et des grenades d'une valeur de plusieurs millions de dollars.

Les armes ont été transférées de l'armée soudanaise à une société d'importation des Émirats arabes unis en utilisant la méthode de transfert des HAWALADARS.

La transaction a été facilitée par l'intermédiaire d'une société appartenant à un membre fugitif de la cellule travaillant pour les forces armées soudanaises, en coordination avec le colonel Othman al-Zubair, responsable des opérations financières au sein de l'armée soudanaise.

De faux contrats et de fausses factures commerciales ont été utilisés pour prétendre que les paiements concernaient un contrat d'importation de sucre.

L'enquête a conclu que ces transactions avaient été effectuées à la demande du comité d'armement des forces armées soudanaises, présidé par Al-Burhan et son adjoint Al-Atta, en toute connaissance de cause et avec leur approbation. Les membres de la cellule ont été directement chargés de négocier et de finaliser les transactions par Ahmed Rabie Ahmed al-Sayed, une personnalité politique proche du commandant en chef soudanais et responsable de la délivrance des certificats et des approbations des utilisateurs finaux.

Les enquêteurs ont confirmé que Salah Gosh jouait un rôle central dans la gestion du trafic illégal d'équipements militaires aux Émirats arabes unis, en coordination avec d'autres membres de la cellule.

Le groupe a réalisé une marge bénéficiaire de 2,6 millions de dollars (1 dollar = 0,88 euro) par rapport à la valeur réelle des deux transactions, qu'il s'est répartie entre lui et plusieurs complices. La part de Gosh a été retrouvée en possession du suspect Khalid Youssef Mukhtar Youssef, ancien officier de renseignement et ex-chef de cabinet de Gosh.

La cargaison saisie était arrivée à l'aéroport des Émirats arabes unis à bord d'un avion privé en provenance d'un pays étranger.

L'avion s'était posé pour faire le plein et avait officiellement déclaré qu'il transportait un lot de fournitures médicales.

Cependant, la cargaison militaire a été découverte sous la supervision du ministère public, sur la base de mandats judiciaires émis par le procureur général.

Les autorités ont également saisi des copies des contrats relatifs aux deux transactions, de faux documents d'expédition, ainsi que des enregistrements audio et des messages échangés entre les membres de la cellule.

L'enquête a permis de découvrir plusieurs sociétés appartenant à un homme d'affaires soudano-ukrainien, dont une opérant aux Émirats arabes unis.

Ces sociétés ont fourni à l'armée soudanaise des armes, des munitions, des grenades et des drones, en collaboration avec les membres de la cellule et le responsable financier de l'armée.

L'une des sociétés figure sur la liste des sanctions américaines.

Les enquêtes en cours ont révélé que les intérêts financiers et les profits du groupe sont étroitement liés à la poursuite du conflit interne au Soudan.

Le procureur général a souligné que cet incident représentait une grave atteinte à la sécurité nationale des Émirats arabes unis, en faisant de leur territoire une plateforme pour le trafic illégal d'armes à destination d'un pays en proie à des troubles civils, en plus de constituer des infractions pénales punissables par la loi.

Il a conclu en déclarant que le ministère public poursuivait ses procédures d'enquête en vue de déférer les suspects à une procédure judiciaire d'urgence.

Les résultats définitifs seront annoncés à la fin de l'enquête.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Retailleau engage la procédure de dissolution d'Urgence Palestine

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau intervient lors d'un débat sur le narcotrafic à l'Assemblée nationale française à Paris, le 29 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine.
  • Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

PARIS : A la veille du 1er mai, Bruno Retailleau a annoncé  mecredi l'engagement de la procédure de dissolution du groupe Urgence Palestine, ainsi que de Lyon Populaire, qui appartient à l'ultra droite, après avoir lancé mardi celle du groupe antifasciste La Jeune Garde.

Invité de CNews/Europe 1, le ministre de l'Intérieur a justifié la dissolution d'Urgence Palestine en affirmant qu'il fallait « taper sur les islamistes ». « L'islamisme est une idéologie qui essaie d'instrumentaliser une religion. Il y a une défiguration de la foi », a-t-il dit.

« Il ne faut pas défigurer la juste cause des Palestiniens », a poursuivi M. Retailleau, qui a insisté sur le fait que « beaucoup de nos compatriotes musulmans professent une foi parfaitement compatible avec les valeurs de la République ».

Créé au lendemain de l'attaque sans précédent du Hamas dans le sud d'Israël le 7 octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza, le collectif Urgence Palestine dit rassembler « des citoyens, des organisations et mouvements associatifs, syndicaux et politiques mobilisés pour l'auto-détermination du peuple palestinien ». 

Le groupe organise régulièrement des manifestations, qui ont parfois été interdites par les autorités.

« À l'heure où le peuple palestinien est confronté au génocide, à la famine, où les Israéliens cherchent à détruire et à anéantir le peuple palestinien, que fait le gouvernement français ? Il veut dissoudre notre collectif, c'est insupportable », a réagi Omar Al Soumi, l'un des militants d'Urgence Palestine.

« C'est la réalité d'une France complice du génocide », a-t-il accusé dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux.

Urgence Palestine a reçu de nombreux messages de soutien de la part d'organisations de l'extrême gauche et de la gauche radicale. 

« Non à la dissolution d'Urgence Palestine », a écrit sur Instagram le Nouveau Parti Anticapitaliste, dénonçant « des prétextes pour faire taire les voix solidaires avec la Palestine ! ».

L'eurodéputée insoumise Rima Hassan a également critiqué les dissolutions engagées contre la Jeune Garde et Urgence Palestine.

« La dérive autoritaire et fasciste de Macron est aussi réelle, tangible et concrète », a-t-elle réagi sur X.

Tsedek!, qui se présente comme un « collectif juif décolonial », a aussi apporté son soutien à ces deux organisations.

« Le gouvernement qui appelle à la dissolution d’Urgence Palestine, c’est la République qui reprend ses droits et réaffirme que l’antisémitisme ne passera pas en France », s'est au contraire félicitée Sarah Aizenman, présidente du collectif « Nous vivrons », auprès de l'AFP. 

« Cette organisation ne défend pas les droits des Palestiniens, elle soutient une organisation terroriste », a accusé Mme Aizenman.

Les annonces de procédures de dissolution contre La Jeune Garde et Urgence Palestine interviennent à la veille des rassemblements du 1er-Mai et pourraient tendre le climat des manifestations, notamment à Paris, selon un haut responsable de la police.

Le ministre de l'Intérieur et le préfet de police de Paris, Laurent Nuñez, ont par avance prévenu qu'aucun débordement ne serait toléré.

Environ 15 000 personnes sont attendues jeudi pour la manifestation parisienne.