Attal promet d'être au «rendez-vous» pour les agriculteurs, les manifestants se rapprochent de Paris

Les agriculteurs français conduisent des tracteurs pour participer à des manifestations contre des barrages routiers sur l'autoroute A6 près d'Ormoy, au sud de Paris, le 29 janvier 2024, dans le cadre de manifestations à l'échelle nationale organisées par plusieurs syndicats d'agriculteurs sur les salaires, les impôts et la réglementation (Photo, AFP).
Les agriculteurs français conduisent des tracteurs pour participer à des manifestations contre des barrages routiers sur l'autoroute A6 près d'Ormoy, au sud de Paris, le 29 janvier 2024, dans le cadre de manifestations à l'échelle nationale organisées par plusieurs syndicats d'agriculteurs sur les salaires, les impôts et la réglementation (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 31 janvier 2024

Attal promet d'être au «rendez-vous» pour les agriculteurs, les manifestants se rapprochent de Paris

  • Gabriel Attal a défendu dans sa déclaration de politique générale à l'Assemblée nationale une «exception agricole française»
  • Pendant trois heures, mardi soir, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, syndicats majoritaires, ont été reçu à Matignon

PARIS: Le Premier ministre a promis mardi aux agriculteurs "d'être au rendez-vous" pour répondre à leur malaise et Bruxelles a esquissé des concessions, sans forcément convaincre les manifestants, dont certains se rapprochent de Paris.

Gabriel Attal a défendu dans sa déclaration de politique générale à l'Assemblée nationale une "exception agricole française", des déclarations qui n'ont pas convaincu, même si les tractations se poursuivent.

Pendant trois heures, mardi soir, la FNSEA et les Jeunes agriculteurs, syndicats majoritaires, ont été reçu à Matignon, selon une source au sein de l'exécutif, une réunion dont rien n'a filtré dans l'immédiat.

Enumérant plusieurs des mesures destinées à faciliter la vie des exploitants déjà annoncées, Gabriel Attal a rappelé que la crise agricole ne serait pas réglée "en quelques jours".

Mais il est prêt à "aller plus loin", promettant par exemple que les aides européennes de la Politique agricole commune (PAC) seraient versées "d'ici le 15 mars" et des aides fiscales supplémentaires pour les éleveurs.

Malgré tout, la mobilisation n'a pas faibli mardi: à 18H00, les services du renseignement territorial ont recensé près de 120 points de blocage, avec 12.000 agriculteurs mobilisés, plus de 6.000 tracteurs, au niveau national.

Signe que les agriculteurs sont toujours plus proches de la capitale, des blindés de la gendarmerie ont été déployés mardi soir sur l'A6 à hauteur de Chilly-Mazarin (Essonne), où se trouvent des tracteurs de la FDSEA de Seine-et-Marne, sans incidents toutefois, selon les forces de l'ordre.

Les agriculteurs continuent également leur progression vers Lyon, avec pour objectif de faire le blocus de la deuxième ville de France. Des tracteurs ont ainsi bloqué en fin de journée l’A89, qui relie Lyon à Clermont-Ferrand. L’A7 reste coupée, sur près de 130 km, tout comme l’A6 au niveau de Villefranche-sur-Saône, et l’A43 à Saint-Quentin.

Le syndicat majoritaire FNSEA est resté muet mardi après le discours de M. Attal, qui n'a offert selon la Confédération paysanne, 3e syndicat agricole, classé à gauche, "aucune perspective de long terme" au monde paysan.

La "Conf'" a appelé mardi soir "à bloquer les centrales d'achat" de la grande distribution, une menace déjà mise à exécution par exemple à Cavaillon, dans le Vaucluse, sur la base logistique d'Aldi pour la région PACA et la plateforme du groupe Leclerc. Le syndicat a réitéré sa demande d'interdiction d'achat des produits agricoles en-dessous de leur prix de revient, à la veille d'un entretien avec le Premier ministre.

Le président Emmanuel Macron, lors d'une visite d'Etat en Suède, s'est de son côté engagé à défendre plusieurs revendications des agriculteurs français à Bruxelles, sur l'Ukraine, les jachères et l'accord commercial avec les pays latino-américains du Mercosur.

La Commission européenne a déjà annoncé mardi qu'elle envisageait d'adopter une nouvelle dérogation aux obligations de jachères.

Le mouvement de colère s'étend en tout cas sur le continent: après des manifestations en Allemagne, en Pologne, en Roumanie, en Belgique ou en Italie ces dernières semaines, les grands syndicats agricoles espagnols ont annoncé des "mobilisations" au cours des "prochaines semaines".

«Remotivé»

En France, le discours de Gabriel Attal a été reçu froidement par des agriculteurs interrogés par l'AFP.

"Il ne répond absolument pas à nos attentes! On aurait aimé par exemple qu'il annonce (la suppression) des droits de succession agricoles", a indiqué le président de la Coordination rurale du Lot-et-Garonne, Serge Bousquet-Cassagne.

Assurant être "remotivé" par le fait d'avoir été "berné" par le gouvernement, il était en route pour rejoindre le convoi de 200 tracteurs qui, parti d'Agen sous l'étendard de la Coordination rurale, prévoit de rejoindre le marché de Rungis, poumon alimentaire de l'Ile-de-France, après une nuit entre Vierzon et Orléans.

Après avoir été bloqué à plusieurs reprises par les forces de l'ordre, le convoi reste surveillé de près par les gendarmes.

Dans un convoi de centaines de tracteurs bloquant l'A35, l'autoroute qui longe Strasbourg, Johanna Trau, céréalière et éleveuse à Ebersheim, se montre sceptique sur le versement des aides PAC au 15 mars.

"Déjà que certaines mesures mettent trois ou quatre ans à être appliquées... Là je demande à voir!", dit-elle avant d'ajouter: "On veut pas forcément être bercés aux aides, on veut surtout des prix rémunérateurs."

Près de deux semaines après le premier blocage d'axes routiers en Occitanie, les agriculteurs continuent à perturber le trafic un peu partout en France.

Contrôles informels de cargaisons de camions aux alentours des supermarchés à Marmande (Lot-et-Garonne), dégustation de fromages en Indre-et-Loire, déversement de pneus devant des bâtiments administratifs en Mayenne, rassemblement devant la préfecture de Saint-Denis sur l'île de la Réunion: les actions organisées mardi ont pris diverses formes.

Autres organisations déçues par le discours de Gabriel Attal: les associations environnementales.

"En se focalisant sur la suppression des normes environnementales, le Premier ministre privilégie l'agro-industrie au détriment des agriculteurs et des écosystèmes dont ils dépendent", a regretté Greenpeace.

Les Amis de la Terre ont dénoncé pour leur part des mesures ne représentant "qu'un pansement sur une jambe de bois tant que les pouvoirs publics n'adressent pas les causes structurelles de la situation économique désastreuse des agriculteurs: accords de libre-échanges, mauvaise allocation des aides PAC, absence de revenu plancher pour les agriculteurs".


La défiance à l'égard de Macron et de Bayrou au plus haut, selon un sondage Paris, France

Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français François Bayrou et le président français Emmanuel Macron assistent à une réunion avec les élus de Nouvelle-Calédonie et les représentants de l'État au palais de l'Élysée, à Paris, le 12 juillet 2025. (AFP)
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  • La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat
  • Le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi

PARIS: La défiance à l'égard du président Emmanuel Macron s'est accrue en juillet pour atteindre le niveau le plus élevé de son second quinquennat, tandis que le Premier ministre François Bayrou a établi un nouveau record d'impopularité, selon un sondage Elabe pour Les Echos publié jeudi.

Près des trois quarts des Français interrogés (73%) affirment ne pas faire confiance au chef de l'Etat et la moitié (49%) va jusqu'à "ne pas lui faire du tout confiance", le niveau le plus élevé atteint de son second mandat, qu'il n'a dépassé qu'une seule fois depuis son arrivée à l'Elysée en 2017 au plus fort de la crise des gilets jaunes en décembre 2018.

Selon le sondage, seuls 21% des Français font confiance à Emmanuel Macron, soit un point de moins qu'en juin et 6 de perdus par rapport à mars.

Pour François Bayrou, qui a présenté à la mi-juillet les mesures d'économie prévues par le gouvernement dans son projet de budget pour l'année prochaine, la chute se poursuit avec seulement 12% des Français qui disent lui faire confiance, soit un nouveau record d'impopularité (-2 points).

La défiance à l'égard du chef du gouvernement a progressé, avec 80% des Français (+5 points en un mois) qui disent ne pas lui faire confiance et 56% qui affirment ne pas lui faire "du tout" confiance, soit un bond de 9 points depuis juin.

Au classement des personnalités, le RN Jordan Bardella conserve la première place avec 39% des Français (+3 points) qui ont une image positive de lui, devant l'ancien Premier ministre Edouard Philippe (37%) et Marine Le Pen (35%).

A gauche, le mieux classé est l'ancien président François Hollande qui s'installe en huitième position grâce à un bond de 6 points en un mois.

Sondage réalisé par internet les 29 et 30 juillet auprès d'un échantillon de 1.000 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus, selon la méthode des quotas. Marge d'erreur entre 1,4 et 3,1 points.


Accord EU-USA: Bayrou juge que la France a été "un peu seule"

Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, s'adresse à la presse après une visite au siège de Tracfin, le service de lutte contre le blanchiment d'argent du ministère des Finances, à Montreuil, près de Paris, le 31 juillet 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis
  • Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire"

PARIS: Le Premier ministre, François Bayrou, a jugé jeudi que la France avait été "un peu seule" dans la bataille commerciale face aux Etats-unis, en marge d'un déplacement dans les locaux de Tracfin, organisme de lutte contre la criminalité financière, à Montreuil (93).

Le chef du gouvernement, qui avait vivement critiqué lundi l'accord commercial conclu entre l'Union européenne et les Etats-Unis, déplorant une "soumission" de l'Europe, a estimé que ce n'était "pas la fin de l'histoire", et qu'il fallait "un processus encore pas totalement élucidé de ratification" de cet accord.

"Il y a à vérifier quelle est la portée exacte de ces accords, et les Etats auront d'une manière ou d'une autre leur mot à dire", a-t-il ajouté.

"Je sais que toutes les autorités françaises, et en particulier le président de la République (Emmanuel Macron), ont été ceux qui se sont battus le plus contre des concessions qu'on considérait comme excessives", a-t-il affirmé avant de s'interroger: "Est-ce que nous avons été un peu seuls? Oui".

"Est-ce qu'on a le sentiment qu'à l'intérieur de l'Union européenne, des forces politiques et économiques étaient plutôt sur une ligne de trouver des accommodements? Oui", a-t-il ajouté, en estimant que de son point de vue, "la voie pour l'Europe est une voie d'affirmation et de résistance quand il faut et de fierté le plus souvent possible".

La classe politique française a été unanime à dénoncer l'accord conclu entre le président américain, Donald Trump, et la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui prévoit notamment une hausse de 15% des droits de douane sur les exportations européennes.

Le président Emmanuel Macron a déploré mercredi en Conseil des ministres que l'Union européenne n'ait pas été assez "crainte" dans ses négociations commerciales avec les Etats-Unis, affirmant que la France continuerait de faire montre "d'exigence et de fermeté" dans la suite des discussions.


Lille: enquête ouverte après les propos sur internet d'une étudiante gazaouie

L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
L'Institut d'études politiques (IEP) de Sciences Po à Lille. (AFP)
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  • Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie

LILLE: Le parquet de Lille a annoncé jeudi avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité concernant les publications sur les réseaux sociaux d'une étudiante gazaouie, dont Sciences Po Lille a annulé l'inscription mercredi.

"Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme, apologie de crime contre l'humanité avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", a écrit la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, à l'AFP.

Des captures d'écran circulant sur les réseaux sociaux montrent qu'un compte, attribué à cette étudiante par des internautes et fermé depuis, a repartagé des messages appelant à tuer des juifs.

Elle a été désinscrite de l'Institut d'études politiques de Lille, où elle devait étudier à partir de septembre, en raison du contenu de certaines de ses publications qui "entre en contradiction frontale avec les valeurs portées par Sciences Po Lille", a indiqué l'établissement mercredi.

"Pourquoi on est passé à travers? Il y a quand même une question, il faut y répondre", a reconnu jeudi sur RMC François-Noël Buffet, ministre auprès du ministre de l'Intérieur.

"Il y aura des poursuites qui seront engagées et sur la base de ces éléments-là, elle est susceptible d'être renvoyée dans son pays, bien évidemment", a-t-il ajouté.

"Administrativement, semble-t-il, je suis très prudent, il n'y avait pas de difficulté particulière, sauf que sur les réseaux sociaux, voilà, on s'en est rendu compte", a-t-il ajouté, précisant que "les services des titres de séjour relèvent du ministère des Affaires étrangères".

Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille a expliqué avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem".

L'incident a fait largement réagir dans la classe politique, jusqu'au gouvernement.

"Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France", a réagi sur X le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot. Il a indiqué avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".

Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a souligné sur le même réseau social avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux", et a martelé que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays".