Gaza: l'armée israélienne admet inonder les tunnels du Hamas

Gaza: l'armée israélienne admet inonder les tunnels du Hamas
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Publié le Mardi 30 janvier 2024

Gaza: l'armée israélienne admet inonder les tunnels du Hamas

  • «De larges volumes d'eau» sont envoyés dans des tunnels, a indiqué l'armée dans un communiqué, au sein «d'une gamme d'outils déployés (...) pour neutraliser la menace du réseau»
  • Le dédale de couloirs bétonnés, équipés de cuisines avec accès à l'eau, est une véritable obsession pour l'armée israélienne, qui justifie ainsi ses bombardements de nombreux hôpitaux et autres bâtiments civils supposés cacher des tunnels

JÉRUSALEM : L'option était évoquée depuis quelques mois, la voilà mise en oeuvre: l'armée israélienne a admis mardi inonder des tunnels du Hamas dans la bande de Gaza, un des grands objectifs tactiques de la guerre.

Les forces israéliennes, engagées depuis des mois dans une violente guerre urbaine, expliquent régulièrement se battre avec un ennemi en surface et en sous-sol, ce qui l'oblige à trouver les accès de son réseau pour pourchasser le mouvement islamiste palestinien.

«De larges volumes d'eau» sont envoyés dans des tunnels, a indiqué l'armée dans un communiqué, au sein «d'une gamme d'outils déployés (...) pour neutraliser la menace du réseau».

Surnommé «le métro de Gaza» par Israël, le dédale de galeries creusées par le Hamas sous la bande de Gaza a d'abord servi à contourner le blocus imposé par Israël après la prise de pouvoir du mouvement dans ce territoire en 2007.

Des tunnels ont été creusés sous la frontière avec le Sinaï égyptien pour faire circuler personnes, marchandises et  armes entre Gaza et le monde extérieur.

Mais après la guerre entre Israël et le Hamas en 2014, le mouvement a étendu le réseau, d'où peuvent surgir ses combattants pour tirer leurs roquettes sur Israël avant de retourner se cacher. Dans une étude en octobre, un institut de l'académie militaire américaine West Point évoquait 1.300 galeries sur 500 km.

L'armée israélienne avait affirmé pour sa part début décembre avoir découvert plus de 800 descentes de tunnels, dont 500 détruites.

Outre le piège que constituent les tunnels pour les soldats israéliens, plusieurs otages israéliens libérés lors de la trêve du mois de novembre ont indiqué y avoir été retenus.

Le dédale de couloirs bétonnés, équipés de cuisines avec accès à l'eau, est une véritable obsession pour l'armée israélienne, qui justifie ainsi ses bombardements de nombreux hôpitaux et autres bâtiments civils supposés cacher des tunnels.

Samedi dernier, l'armée a emmené un groupe de journalistes au coeur de la ville de Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, pour exhiber ce qu'elle affirme être un ancien centre de commandement souterrain sur le site d'un cimetière. Le quartier était entièrement ravagé, a constaté l'AFP.

- «De façon professionnelle»

Mardi, l'armée a précisé que l'inondation des tunnels était «développée de façon professionnelle, y compris l'analyse des caractéristiques du sol et des canalisations», pour s'assurer qu'aucun dégât ne soit infligé aux nappes phréatiques.

Une façon d'anticiper de potentielles critiques sur les conséquences de cette méthode sur les populations civiles, plongées dans un enfer humanitaire après près de quatre mois de bombardements israéliens et d'intenses combats au sol depuis fin octobre.

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par l'attaque du Hamas sur le sol israélien, qui a fait environ 1.140 morts, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de chiffres officiels israéliens.

Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées dans la bande de Gaza, dont une centaine libérées en échange de prisonniers palestiniens. Selon Israël, 132 otages restent détenus à Gaza, dont 28 présumés morts.

En riposte, Israël a juré d'«anéantir» le Hamas et lancé une opération militaire qui a fait 26.751 morts, en grande majorité des civils, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du mouvement palestinien.

Fin 2023, des médias locaux avaient cité des sources israéliennes indiquant que l'armée envisageait d'inonder les galeries avec de l'eau de mer pompée en Méditerranée, au large du petit territoire côtier.

Le chef de l'armée, Herzi Halevi, y avait vu «une bonne idée». Mais certains scientifiques et responsables humanitaires avaient dit à l'AFP craindre une contamination des nappes.

La bande de Gaza fait entre six et 12 km de large, et la salinisation des nappes phréatiques y est déjà un fléau, aggravé par la montée du niveau des océans. S'y ajoute un réseau d'évacuation des eaux usées chroniquement défaillant et un usage incontrôlé des pesticides et herbicides.

En novembre, la coordinatrice humanitaire de l'ONU pour les Territoires palestiniens avait expliqué craindre pour la qualité de l'eau y compris pour les «générations à venir».

Lynn Hastings, qui a depuis quitté son poste, avait ajouté que la méthode risquait de «compromettre l'écosystème très fragile de Gaza».


Négociations de paix au Soudan: le chef de l'armée prêt à «collaborer» avec Trump

Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt. (AFP)
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  • Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)"
  • Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise

PORT-SOUDAN: Le chef de l'armée soudanaise et dirigeant de facto du pays, le général Abdel Fattah al-Burhane, s'est dit prêt à collaborer avec le président américain Donald Trump, au moment où les négociations pour un cessez-le-feu menées par les Etats-Unis sont à l'arrêt.

Le général al-Burhane "a affirmé la volonté du Soudan de travailler avec le président Trump, son secrétaire d'État (Marco Rubio) et son envoyé pour la paix au Soudan (Massad Boulos)", a déclaré le ministère des Affaires étrangères pro-armée dans un communiqué publié à l'issue d'un déplacement officiel à Ryad, à l'invitation du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane.

Ce voyage était destiné à discuter de l'initiative présentée par le dirigeant saoudien au président américain lors d'une récente visite officielle à Washington, selon une source gouvernementale soudanaise.

Les négociations de paix menées par les Etats-Unis avec le groupe de médiateurs du Quad (réunissant Egypte, Arabe Saoudite et Emirats) sont à l'arrêt depuis que le général al-Burhane a affirmé que la dernière proposition de trêve transmise par M. Boulos était "inacceptable", sans préciser pourquoi.

Le militaire avait alors fustigé une médiation "partiale" et reproché à l'émissaire américain de reprendre les éléments de langage des Emirats, accusés d'armer les paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR).

Abou Dhabi nie régulièrement fournir des armes, des hommes et du carburant aux FSR, malgré des preuves fournies par des rapports internationaux et enquêtes indépendantes.

De leur côté, les FSR ont annoncé qu'ils acceptaient la proposition de trêve mais les attaques sur le terrain n'ont pas pour autant cessé au Kordofan, région au coeur de combats intenses.

Pour l'instant, aucune nouvelle date de négociations n'a été fixée, que ce soit au niveau des médiateurs du Quad ou de l'ONU qui essaie parallèlement d'organiser des discussions entre les deux camps.

Le Soudan est déchiré depuis avril 2023 par une guerre opposant l'armée, qui contrôle le nord et l'est du pays - aux FSR, dominantes dans l'ouest et certaines zones du sud.

Depuis la prise du dernier bastion de l'armée dans la vaste région voisine du Darfour, les combats se sont intensifiés dans le sud du pays, au Kordofan, région fertile, riche en pétrole et en or, charnière pour le ravitaillement et les mouvements de troupes.

Le conflit, entré dans sa troisième année, a fait plusieurs dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU qualifie de "pire crise humanitaire au monde".

 


Le prince héritier saoudien rencontre le chef du conseil de transition soudanais pour discuter de la sécurité et de la stabilité

Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman a rencontré lundi à Riyad Abdel Fattah Al-Burhan pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à rétablir la sécurité et la stabilité dans le pays. (SPA)
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  • La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation
  • Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays

RIYADH : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a rencontré Abdel Fattah Al-Burhan à Riyad lundi pour discuter des derniers développements au Soudan et des efforts visant à restaurer la sécurité et la stabilité dans le pays, a rapporté l'Agence de presse saoudienne.

La réunion a eu lieu au palais Al-Yamamah, où le prince héritier s'est entretenu avec le président du Conseil de souveraineté transitoire du Soudan et sa délégation.

Au cours des entretiens, les deux parties ont passé en revue la situation au Soudan, ses implications régionales et les efforts visant à assurer la sécurité et la stabilité dans le contexte de la crise persistante que traverse le pays, a ajouté SPA.

Le ministre saoudien de la défense, le prince Khalid ben Salmane, le ministre des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, le ministre d'État et conseiller à la sécurité nationale, Musaed bin Mohammed Al-Aiban, le ministre des finances, Mohammed Al-Jadaan, et l'ambassadeur saoudien au Soudan, Ali Hassan Jaafar, ont également assisté à la réunion.


Cisjordanie: 25 immeubles d'habitation menacés de destruction dans un camp de réfugiés

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  • "Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre"
  • "Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie

TULKAREM: L'armée israélienne va démolir 25 immeubles d'habitation du camp de réfugiés de Nour Chams, dans le nord de la Cisjordanie, ont indiqué lundi à l'AFP des responsables locaux.

Abdallah Kamil, le gouverneur de Tulkarem où se situe le camp, a déclaré à l'AFP avoir été informé par le Cogat --l'organisme du ministère de la Défense israélien supervisant les activités civiles dans les Territoires palestiniens-- que les démolitions interviendraient d'ici la fin de la semaine.

"Nous avons été informés par la coordination militaire et civile que l'occupation (Israël, NDLR) procédera à la démolition de 25 bâtiments le jeudi 18 décembre", a indiqué à l'AFP Faisal Salama, responsable du comité populaire du camp de Tulkarem, proche de celui de Nour Chams, précisant qu'une centaine de familles seraient affectées.

Le Cogat n'a pas répondu dans l'immédiat aux sollicitations de l'AFP, l'armée israélienne indiquant se renseigner.

"Il n'y a aucune nécessité militaire à mener ces démolitions", a affirmé à l'AFP Roland Friedrich, responsable de l'agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (Unrwa) en Cisjordanie.

Il estime qu'elles s'inscrivent "dans une stratégie plus large visant à modifier la géographie sur le terrain", qualifiant la situation de "tout simplement inacceptable".

"Crise" 

La Cisjordanie est occupée par Israël depuis 1967.

Début 2025, l'armée israélienne y a lancé une vaste opération militaire visant selon elle à éradiquer des groupes armés palestiniens, en particulier dans les camps de réfugiés du nord, comme ceux de Jénine, Tulkarem et Nour Chams.

Au cours de cette opération, l'armée a détruit des centaines de maisons dans les camps, officiellement pour faciliter le passage des troupes.

Selon M. Friedrich, environ 1.600 habitations ont été totalement ou partiellement détruites dans les camps de la région de Tulkarem, entraînant "la crise de déplacement la plus grave que la Cisjordanie ait connue depuis 1967".

Lundi, une vingtaine de résidents de Nour Chams, tous déplacés, ont manifesté devant des véhicules militaires blindés bloquant l'accès au camp, dénonçant les ordres de démolition et réclamant le droit de rentrer chez eux.

"Toutes les maisons de mes frères doivent être détruites, toutes! Et mes frères sont déjà à la rue", a témoigné Siham Hamayed, une habitante.

"Personne n'est venu nous voir ni ne s'est inquiété de notre sort", a déclaré à l'AFP Aïcha Dama, une autre résidente dont la maison familiale de quatre étages, abritant environ 30 personnes, figure parmi les bâtiments menacés.

Disparaître 

Fin novembre, l'ONG Human Rights Watch a indiqué qu'au moins 32.000 personnes étaient toujours déplacées de chez elles dans le cadre de cette opération.

Comme des dizaines d'autres, le camp de Nour Chams a été établi au début des années 1950, peu après la création d'Israël en 1948, lorsque des centaines de milliers de Palestiniens ont fui ou été expulsés de leurs foyers.

Avec le temps, ces camps se sont transformés en quartiers densément peuplés, où le statut de réfugié se transmet de génération en génération.

De nombreux habitants ont affirmé à l'AFP ces derniers mois qu'Israël cherchait à faire disparaître les camps, en les transformant en quartiers des villes qu'ils jouxtent, afin d'éliminer la question des réfugiés.

Nour Chams a longtemps été un lieu relativement paisible où vivaient dans des maisons parfois coquettes des familles soudées entre elles.

Mais depuis quelques années, des mouvements armés s'y sont implantés sur fond de flambées de violence entre Palestiniens et Israéliens et de précarité économique.