Tim Lenderking: La perturbation des transports maritimes par les Houthis en mer Rouge nuit aux Palestiniens de Gaza

Timothy Lenderking, l’envoyé spécial américain pour le Yémen, au cours de l'émission d'Arab News, Frankly Speaking (Photo, AN).
Timothy Lenderking, l’envoyé spécial américain pour le Yémen, au cours de l'émission d'Arab News, Frankly Speaking (Photo, AN).
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Publié le Jeudi 01 février 2024

Tim Lenderking: La perturbation des transports maritimes par les Houthis en mer Rouge nuit aux Palestiniens de Gaza

  • L'envoyé spécial pour le Yémen a souligné dans l’émission Frankly Speaking l'importance que les Houthis se concentrent sur le processus de paix
  • La milice affirme que ses actions sont une expression de solidarité avec Gaza – une affirmation avec laquelle Lenderking est fortement en désaccord

DUBAÏ: Les tentatives des Houthis d’exprimer leur solidarité avec Gaza n’aident pas, mais nuisent plutôt aux Palestiniens dans l’enclave assiégée, a affirmé Timothy Lenderking, l’envoyé spécial américain pour le Yémen.

Depuis que la guerre entre Israël et le Hamas a éclaté en octobre dernier, la milice soutenue par l’Iran a envoyé des missiles et des drones depuis le Yémen, non seulement sur Israël, mais également contre des navires commerciaux et militaires, dans la mer Rouge et le golfe d’Aden.

La milice affirme que ses actions sont une expression de solidarité avec Gaza – une affirmation avec laquelle Lenderking est fortement en désaccord, en faisant référence à «l’augmentation des coûts de transport et d’assurances», et la hausse des prix qui en résulte.

«Il est tout simplement regrettable que les Houthis aient choisi d’exprimer leur solidarité avec les Palestiniens, ce que ressentent de nombreuses personnes, de nombreux Américains et de nombreux pays de la région, en attaquant les transports maritimes régionaux», a affirmé Lenderking.

«C’est comme si j’avais un problème avec mon voisin et que je mettais le feu à l’épicerie du quartier. Cela n'a aucun sens.»

«Ces actions des Houthis ne font rien pour aider les Palestiniens, rien pour soulager les souffrances des Gazaouis. En fait, bien au contraire, cela complique l’acheminement de fournitures vitales vers Gaza. C’est également l’un des effets négatifs des actions des Houthis. C’est tout simplement une mauvaise réaction», a-t-il ajouté.

Lenderking, diplomate de carrière au sein du département des Affaires étrangères américain, a tenu ces propos dans Frankly Speaking, l’émission d’actualité d’Arab News. L'interview complète sera publiée dimanche.

Le département d’État américain a récemment annoncé l’inscription d’«Ansarallah, communément appelés ʺHouthisʺ, sur la liste des groupes terroristes mondiaux spécialement désignés». 

Entre 2015 et 2022, des missiles houthis ont frappé à plusieurs reprises des infrastructures civiles et des lieux habités en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis (EAU), tuant parfois des civils.

Le département d’État avait inscrit les Houthis sur la liste des organisations terroristes étrangères en janvier 2021, dans les derniers jours de l’administration de l’ancien président Donald Trump, mais avait retiré cette désignation moins d’un mois plus tard, lorsque le président Joe Biden avait pris ses fonctions.

Abordant ce que beaucoup considèrent comme deux poids deux mesures en matière de politique étrangère américaine, Lenderking a déclaré que la récente réinscription des Houthis sur la liste des groupes terroristes était une réponse à leurs attaques contre des navires civils et commerciaux «de manière irresponsable et systématique», ajoutant que plus de 50 pays avaient été concernés par les dernières violences.

«Cela devient un problème mondial, entraînant une hausse des prix, des coûts de transport et d'assurances, non pas pour les riches, mais pour ceux qui transportent du blé», a indiqué Lenderking. «Cela nuit à toutes sortes de consommateurs et de gens ordinaires partout dans le monde. C’est pourquoi il y a eu une réaction aussi vive et immédiate, et pourquoi cette réaction contre le comportement des Houthis prend de l’ampleur», a-t-il expliqué. 

Justifiant la décision américaine de retirer la désignation terroriste des Houthis en février 2021, Lenderking a déclaré que malgré certains «aspects odieux de l'idéologie houthie» et une série de violations documentées des droits humains perpétrées par le groupe, les États-Unis «estimaient que la suppression de cette désignation réduirait la pression sur les chaînes humanitaires au Yémen», ce qui était une priorité pour l’administration Biden.

Bien que les États-Unis aient affirmé à plusieurs reprises leur soutien à une solution pacifique et non militaire au conflit yéménite qui dure depuis dix ans – confirmant leurs promesses avec plus de 5 milliards de dollars (un dollar = 0,92 euro) d’aide humanitaire depuis le début du conflit – les frappes contre les Houthis ont semé le doute quant à l'engagement de Washington en faveur de la paix.

Lenderking a affirmé que les frappes de représailles du commandement central américain étaient limitées uniquement à des cibles militaires. «Les objectifs qui ont été choisis sont tous des sites de missiles et des lieux de stockage, ainsi que des installations de drones (véhicules aériens sans pilote) ciblant spécifiquement le transport maritime international», a-t-il précisé. «Elles ont un impact important en influant négativement sur cette capacité.»

Il a souligné l'importance que ces milices soutenues par l'Iran se concentrent sur le processus de paix. «Je pense que nous reconnaissons tous le fait que nous ne résoudrons aucun des problèmes de la région si nous devons continuer à faire face à ces attaques contre le transport maritime. Alors, si les Houthis désamorcent la situation, nous ferons de même, et nous pourrons concentrer à nouveau notre attention sur l’aide aux Gazaouis, d’une manière réelle et efficace», a-t-il indiqué.

«Et aussi œuvrer en faveur d’une paix véritable et durable au Yémen.» 

La séquence entière de Frankly Speaking sera diffusé dimanche.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com

 


La reconnaissance de la Palestine, message à Israël sur «les illusions de l'occupation» 

La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.(AFP)
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  • "La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours"
  • Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus"

RAMALLAH: La prochaine reconnaissance de la Palestine par plusieurs Etats dont la France en marge de l'Assemblée générale de l'ONU adresse un message claire à Israël sur les "illusions" de l'occupation, a déclaré mercredi à l'AFP la ministre des Affaires étrangères palestinienne Varsen Aghabekian.

"La reconnaissance n'est pas symbolique. C'est quelque chose de très important car cela envoie un message très clair aux Israéliens sur leurs illusions de [vouloir] continuer leur occupation pour toujours", a déclaré Mme Aghabekian, en référence à l'occupation de la Cisjordanie et de la bande de Gaza par Israël.

Cela envoie aussi "un message clair aux Palestiniens : 'nous soutenons votre droit à l'autodétermination'" et "cela nous donne un élan pour l'avenir, car nous allons construire dessus", a-t-elle ajouté.


Les groupes de défense des droits exhortent le Liban à protéger la liberté d'expression dans la nouvelle loi sur les médias

Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme. (AFP)
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  • Les amendements proposés risquent de saper les efforts de réforme, selon les critiques
  • Les ONG demandent au Parlement d'abolir la diffamation criminelle et de mettre fin à la détention préventive

BEYROUTH: Le Parlement libanais devrait s'assurer que le projet de loi sur les médias qu'il examine respecte le droit à la liberté d'expression, ont demandé mardi 14 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l'homme.

Il s'agit notamment de décriminaliser la diffamation, le blasphème, l'insulte et la critique des fonctionnaires, d'interdire la détention provisoire en cas d'infractions liées à la liberté d'expression et de supprimer les restrictions onéreuses imposées à la création de médias.

Ces appels interviennent alors que la commission parlementaire de l'administration et de la justice doit reprendre mardi l'examen du projet de loi.

Le 31 août, les membres du Parlement ont reçu des propositions d'amendements au texte du projet de loi qui, selon les organisations, comprenaient la réintroduction de la détention préventive et des dispositions qui criminalisent l'insulte et la diffamation.

Les groupes de défense des droits, dont Amnesty International, le Comité pour la protection des journalistes, Human Rights Watch et Reporters sans frontières, ont prévenu que les amendements proposés limiteraient davantage le travail des organisations de médias qui font l'objet d'une plainte en leur interdisant de publier des documents sur le plaignant tant que la procédure judiciaire est en cours.

Les lois libanaises sur la diffamation criminelle ont été utilisées à maintes reprises pour cibler et réduire au silence les critiques du gouvernement, les activistes et les journalistes au Liban, ces derniers étant régulièrement convoqués devant les agences de sécurité pour leur travail.

"Le Parlement devrait veiller à ce que ces pratiques cessent en adoptant une loi sur les médias qui soit entièrement conforme aux normes internationales en matière de droits de l'homme, notamment en ce qui concerne le droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", ont déclaré les organisations dans un communiqué.

"Le Parlement libanais devrait adopter une loi sur les médias qui inclue les protections des droits pour lesquelles les groupes de défense des droits et des médias libanais se battent depuis longtemps", ont-elles ajouté.

Les groupes de défense des droits, qui ont examiné les amendements proposés, se sont opposés à la réintroduction de la détention provisoire, y compris "dans des circonstances aggravées, telles que l'atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

La détention provisoire n'est autorisée au Liban que pour les délits passibles de plus d'un an de prison. Elle est expressément interdite pour les délits liés aux médias dans les lois libanaises existantes sur les médias.

"S'il était adopté, cet amendement constituerait un recul significatif pour la protection du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias au Liban", ont déclaré les organisations.

Elles notent que l'amendement proposé ne précise pas ce que signifie "porter atteinte à la dignité ou à la vie privée des individus".

"Une loi vague qui laisse les gens dans l'incertitude quant à l'expression qui peut la violer a un effet dissuasif sur la liberté d'expression, car les gens peuvent s'autocensurer de peur de faire l'objet d'une convocation, d'une détention provisoire ou d'éventuelles poursuites judiciaires", ont-elles ajouté.

"Les dispositions vagues laissent également la loi sujette à des abus de la part des autorités, qui peuvent les utiliser pour faire taire les dissidents pacifiques.

Une telle interdiction législative générale constituerait "une atteinte grave au droit à la liberté d'expression".

Les amendements proposés obligeraient les stations de télévision titulaires d'une licence à fournir au ministère de l'information et au Conseil national de l'audiovisuel des rapports réguliers, y compris des informations détaillées sur la programmation des émissions, et impliqueraient que les médias électroniques soient soumis à un régime d'autorisation préalable plutôt qu'à un régime de notification.

"Si elles ne sont pas élaborées avec soin, ces exigences en matière d'autorisation risquent de permettre une prise de décision arbitraire quant à l'établissement et à l'exploitation des médias et pourraient faciliter les violations du droit à la liberté d'expression et à la liberté des médias", indique la déclaration.

Le Parlement libanais a commencé à discuter d'une nouvelle loi sur les médias en 2010 après qu'un ancien membre du Parlement, Ghassan Moukheiber, et la Fondation Maharat, une organisation non gouvernementale basée à Beyrouth et spécialisée dans les questions relatives aux médias et à la liberté d'expression, ont soumis une proposition visant à modifier la loi sur les publications du Liban, qui est dépassée.

En janvier 2023, le Parlement a créé une sous-commission chargée d'étudier et de modifier le projet de loi sur les médias, dont la version finale a été soumise à la Commission de l'administration et de la justice le 27 mai.

Le projet de loi soumis à la commission en mai comprenait des avancées dans la protection du droit à la liberté d'expression au Liban, notamment l'abolition de la détention provisoire et des peines de prison pour toutes les violations liées à l'expression. Il abroge également les dispositions relatives à la diffamation et à l'insulte du code pénal libanais et de la loi sur le système judiciaire militaire.

La commission de l'administration et de la justice a entamé les discussions sur le dernier projet de loi sur les médias le 29 juillet et a tenu trois réunions sur la question.

Cependant, les amendements proposés, présentés aux membres du Parlement le 31 août, ont été largement contestés par les groupes internationaux de défense des droits pour des dispositions considérées comme restreignant la liberté des médias.

Les groupes de défense des droits ont demandé à la commission de rendre ses discussions publiques afin de garantir la transparence des débats législatifs et de faciliter la participation effective du public.


L'Arabie saoudite, le Qatar et la Chine condamnent l'attaque terrestre israélienne à Gaza

De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
De la fumée s'élève de Gaza après une explosion, vue d'Israël le 17 septembre 2025. (REUTERS)
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  • L'Arabie saoudite a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à mettre fin à l'escalade
  • Le Qatar a réitéré son soutien à la création d'un État palestinien indépendant

RIYADH : L'Arabie saoudite, la Chine et le Qatar ont condamné mercredi l'extension des opérations militaires israéliennes à Gaza, avertissant que l'assaut violait le droit international et menaçait la stabilité régionale.

Dans une déclaration, le ministère saoudien des affaires étrangères a dénoncé ce qu'il a appelé "la poursuite des crimes" par les forces d'occupation israéliennes et a critiqué la communauté internationale pour son incapacité à prendre des mesures efficaces pour mettre fin à l'escalade.

Le Royaume a réaffirmé son rejet des actions qui portent atteinte au droit humanitaire international et a appelé à des efforts internationaux urgents pour mettre fin à la violence et assurer la protection des civils à Gaza.

Le ministère des affaires étrangères du Qatar a également condamné l'opération terrestre israélienne "dans les termes les plus forts", la qualifiant d'extension de la guerre contre le peuple palestinien et de "violation flagrante du droit international".

Il a averti que les actions d'Israël compromettaient les perspectives de paix par des politiques de "colonisation, d'agression et de racisme", et a exhorté la communauté internationale à prendre des mesures décisives pour garantir le respect des résolutions internationales.

Le Qatar a réitéré son soutien à la cause palestinienne et à la création d'un État palestinien indépendant sur les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des affaires étrangères, Lin Jian, a déclaré que la Chine "s'oppose fermement à l'escalade des opérations militaires d'Israël à Gaza et condamne tous les actes qui portent atteinte aux civils et violent le droit international", en référence au bombardement de la ville de Gaza.