Agriculture: Appel à lever les blocages après de nouvelles annonces d'Attal

Le président du syndicat Jeunes Agriculteurs (JA) Arnaud Gaillot s'exprime, entouré du secrétaire général de JA Pierrick Horel, du président du syndicat FNSEA Arnaud Rousseau et du secrétaire général de la FNSEA Hervé Lapie, lors d'une conférence de presse organisée dans le cadre des manifestations nationales organisées par plusieurs syndicats d'agriculteurs sur les salaires, les taxes et les réglementations, à Paris, le 1er février 2024. (Photo, AFP)
Le président du syndicat Jeunes Agriculteurs (JA) Arnaud Gaillot s'exprime, entouré du secrétaire général de JA Pierrick Horel, du président du syndicat FNSEA Arnaud Rousseau et du secrétaire général de la FNSEA Hervé Lapie, lors d'une conférence de presse organisée dans le cadre des manifestations nationales organisées par plusieurs syndicats d'agriculteurs sur les salaires, les taxes et les réglementations, à Paris, le 1er février 2024. (Photo, AFP)
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Publié le Vendredi 02 février 2024

Agriculture: Appel à lever les blocages après de nouvelles annonces d'Attal

  • Les syndicats majoritaires FNSEA et Jeunes agriculteurs ont appelé jeudi à suspendre les blocages en France
  • Ce mot d'ordre a été suivi dans plusieurs départements, dont les préfectures ont fait état de levées de barrages, ou à tout le moins d'allègements, même si des blocages ponctuels persistent

PARIS: Les syndicats majoritaires FNSEA et Jeunes agriculteurs ont appelé jeudi à suspendre les blocages en France mais ont promis de rester vigilants sur l'application de nouvelles mesures annoncées peu auparavant par le Premier ministre Gabriel Attal.

"Nous avons décidé qu'à l'heure actuelle, au vu de tout ce qui avait été annoncé (...), il faut qu'on change de modes d'action et donc nous appelons nos réseaux (...) à suspendre les blocages et à rentrer dans une nouvelle forme de mobilisation", a indiqué le président des JA Arnaud Gaillot, aux côtés du patron de la FNSEA Arnaud Rousseau, lors d'une conférence de presse à Paris.

Ce mot d'ordre a été suivi dans plusieurs départements, dont les préfectures ont fait état de levées de barrages, ou à tout le moins d'allègements, même si des blocages ponctuels persistent, selon Matignon.

Au niveau national à 19h00, on constate une "décrue très lente" des barrages, a indiqué une source policière à l'AFP, même s'"il ne faut pas interpréter cette lenteur autrement que comme un côté un peu veillée d'armes et communion des agriculteurs qui se sont battus pendant une dizaine de jours pour obtenir des garanties".

Les agriculteurs ont quitté le pont de Cheviré à l'ouest de Nantes et le barrage qui coupait l'A6 au niveau du grand péage de Villefranche-sur-Saône au nord de Lyon. La FDSEA Mayenne a annoncé la levée d'un blocage sur l'A81 reliant Le Mans à la Bretagne.

De même, le convoi parti d'Agen à destination de Rungis et dont une partie a été bloquée par les gendarmes sur les ponts de la Loire va repartir vers le Sud-Ouest, a annoncé José Perez, coprésident de la Coordination rurale 47: "On ne va pas se battre tous les jours contre la gendarmerie ou contre qui que ce soit".

«Fatigue»

Certains agriculteurs ont encore besoin de discuter, mais "on sent une volonté de mettre en pause, de basculer sur une mobilisation plus de travail", a estimé Arnaud Gaillot sur RTL en début de soirée: "On n'est pas là juste pour bloquer, ce n'est pas notre métier, on veut rentrer dans nos fermes, on veut travailler", a-t-il dit en évoquant aussi une "fatigue" après 10 jours de mobilisation.

Parmi les conditions posées par FNSEA et JA pour ne pas reprendre le mouvement: de "premiers résultats" avant le Salon de l'agriculture (24 février-3 mars) puis l'adoption d'une loi d'orientation et d'avenir agricole ainsi que de mesures européennes d'ici à juin.

A défaut, "nous n'hésiterons pas à re-rentrer dans un mouvement de mobilisation d'ampleur générale", a dit M. Gaillot.

Jeudi midi, M. Attal, pour sa troisième salve d'annonces en une semaine, a égrené des mesures qui selon lui répondent "à une grande partie des attentes" des agriculteurs.

Parmi celles-ci figure un renforcement des lois Egalim qui visent à empêcher que les producteurs ne fassent les frais de la guerre des prix féroce entre supermarchés d'une part, et distributeurs et fournisseurs de l'agro-industrie d'autre part.

Bercy a aussi officialisé jeudi l'ouverture anticipée de la campagne annuelle de remboursement partiel des taxes sur les carburants non routiers.

Selon le ministère de l'Economie, les mesures d'urgence pour les agriculteurs représentent quelque 400 millions d'euros au total. M. Attal a évoqué jeudi 150 millions d'euros en soutien fiscal et social aux éleveurs bovins.

Sur les phytosanitaires, le gouvernement a aussi lâché du lest, promettant notamment que le plan Ecophyto visant à réduire l'usage des pesticides serait mis "en pause". Cette mesure a été qualifiée de "recul majeur" par des ONG environnementales.

En conférence de presse à l'issue d'un sommet à Bruxelles, le président Emmanuel Macron a de son côté affirmé que les importations de céréales ukrainiennes seraient aussi concernées par un "mécanisme de sauvegarde renforcé" au niveau européen, permettant une "intervention" en cas de déstabilisation des cours.

Le FMI s'inquiète de voir les Etats prolonger des aides

La directrice générale du FMI, assurant "comprendre" les difficultés des agriculteurs qui manifestent depuis plusieurs jours en Europe, notamment en France, s'est toutefois inquiétée jeudi de voir les Etats prolonger des aides au lieu de mener une "nécessaire" consolidation budgétaire.

S'exprimant devant la presse, Kristalina Georgieva a assuré "comprendre, d'un point de vue humain, (que les agriculteurs) font face à plus de difficultés et qu'il n'est pas facile de faire le travail qu'ils font".

Mais "si cela place les gouvernements au pied du mur et les empêche de faire ce qui est nécessaire pour renforcer les économies, il risque venir un moment où nous pourrions le regretter".

La Confédération paysanne continue

M. Macron a aussi demandé à la Commission européenne d'aboutir "à des simplifications concrètes et tangibles dès la fin du mois de février" en faveur des agriculteurs. La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a promis une proposition pour "réduire le fardeau administratif" pesant sur les paysans.

M. Attal avait reçu ces derniers jours les syndicats agricoles, dont longuement la FNSEA mais aussi mercredi matin la Coordination rurale, deuxième syndicat agricole, et la Confédération paysanne, troisième.

"Pour nous, le mouvement a assez duré, les objectifs ont été atteints (...) tout le monde a connaissance des dossiers qu'on porte", a expliqué jeudi soir à l'AFP le secrétaire général de la Coordination rurale Christian Convers, en annonçant le départ de la région parisienne de ses membres venus du Lot-et-Garonne et dont certains ont été interpellés à Rungis mercredi.

"S'il y en a dans les départements qui veulent continuer, c'est leur affaire", a ajouté le responsable, estimant que vu les avancées obtenues, "quelques jours de mobilisation supplémentaires n'apporteront rien, si ce n'est de la gêne à la population".

La Confédération paysanne a en revanche appelé jeudi soir à "poursuivre la mobilisation" car "la question fondamentale du revenu" n'est "toujours pas prise à bras-le-corps par le gouvernement" selon elle.

Les aides dégagées mercredi par le gouvernement français comme les concessions de la Commission européenne (sur les jachères et les importations ukrainiennes) n'avaient pas semblé trouver grâce aux yeux de la profession, également mobilisée en Italie, Espagne, Allemagne, en Grèce et depuis jeudi au Portugal.

"Mille tracteurs ou engins agricoles" ont ainsi bloqué jeudi plusieurs rues de la capitale belge, selon la police.

Avec la décrue de la mobilisation en France vient aussi l'heure des comptes: les actions des agriculteurs la semaine dernière ont provoqué 400.000 euros de dégâts dans l'agglomération d'Agen, selon le maire. La facture s'élève aussi à des centaines de milliers d'euros sur d'autres territoires à travers le pays, notamment en Haute-Vienne et dans les Côtes-d'Armor.


Budget, rentrée politique: Bayrou tiendra une conférence de presse lundi

Le Premier ministre français, François Bayrou, visite un poste de commandement de terrain à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, dans le sud de la France, où un incendie de forêt a ravagé une vaste zone, le 6 août 2025. (AFP)
Le Premier ministre français, François Bayrou, visite un poste de commandement de terrain à Saint-Laurent-de-la-Cabrerisse, dans le sud de la France, où un incendie de forêt a ravagé une vaste zone, le 6 août 2025. (AFP)
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  • Le Premier ministre François Bayrou fait face à une rentrée politique tendue : un budget 2026 très critiqué et une opposition menaçant de renverser son gouvernement via une motion de censure
  • Malgré les tensions, Emmanuel Macron lui réaffirme son soutien, tandis que le gouvernement entame une série de concertations sociales et politiques pour tenter d’apaiser la situation

PARIS: Le premier ministre François Bayrou tiendra une conférence de presse lundi à 16H00, a annoncé samedi Matignon, alors que le chef du gouvernement aborde une rentrée politique très délicate, marquée par la préparation du budget 2026 et les appels à bloquer le pays le 10 septembre.

François Bayrou est notamment menacé d'une motion de censure depuis la présentation à la mi-juillet d'orientations budgétaires prévoyant près de 44 milliards d'euros d'économies l'an prochain.

"A la rentrée, il y aura forcément une confrontation entre le réel et les idéologies", a-t-il déclaré cette semaine à l'AFP après avoir passé un été studieux à Paris.

Le Premier ministre a préparé cette rentrée politique lors d'un dîner avec Emmanuel Macron, jeudi dernier dans la résidence présidentielle de vacances du fort de Brégançon.

Le chef de l'Etat lui a publiquement exprimé son soutien, dans une interview publiée par Paris Match.

François Bayrou "est mon ami... mon compagnon de route. Il a les capacités pour tenir ce gouvernement qui n'est pas habituel", a-t-il expliqué, jugeant son plan d'économies budgétaires "lucide et courageux".

Mais la France insoumise (LFI) a fait savoir qu'elle déposerait une motion de censure dès le 23 septembre, à reprise des débats à l'Asemblée nationale. Les autres partis de gauche, en particulier les socialistes, semblent prêt à la voter si les propositions de François Bayrou n'évoluent pas, et le Rassemblement national en fait aussi planer la menace.

Le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon a appelé vendredi à transformer en "grève générale" les appels à bloquer le pays le 10 septembre, lancés au départ sur les réseaux sociaux.

"Il nous faut la grève générale le 10 septembre parce que le 23 septembre, nous déposerons la motion de censure pour faire tomber le gouvernement de M.Bayrou", a-t-il lancé.

Le gouvernement de son côté va relancer les concertations lundi avec les partenaires sociaux, dans un premier temps, puis avec les forces politiques représentées au Parlement.

La ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet recevra à partir de lundi les organisations syndicales et patronales avant l'ouverture d'une négociation sur la "modernisation du marché du travail" et la "qualité du travail", selon son ministère.

Cette négociation est la troisième à laquelle François Bayrou veut inviter les partenaires sociaux, après celle sur une nouvelle réforme de l'assurance chômage et une autre sur la suppression de deux jours fériés, l'une de ses propositions budgétaires les plus contestées.

Par ailleurs, plusieurs ministres reprendront les discussions avec les groupes parlementaires de la coalition soutenant le gouvernement et ceux de l'opposition "au cours des deux semaines qui viennent", a indiqué à l’AFP le ministre des Relations avec le Parlement Patrick Mignola.


La rentrée de Radio France lundi menacée par une grève illimitée

Vue du siège de Radio France à Paris, le 8 juillet 2025. (AFP)
Vue du siège de Radio France à Paris, le 8 juillet 2025. (AFP)
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  • Les syndicats de Radio France ont déposé un préavis de grève illimitée à partir de lundi, protestant contre plusieurs réformes
  • Malgré des négociations, aucune concession majeure n’a été faite, mais la direction et les syndicats souhaitent trouver un accord rapidement pour préserver les programmes

PARIS: A Radio France, la rentrée s'annonce agitée: vent debout contre des projets de réorganisation, les syndicats appellent à une grève illimitée à partir de lundi, qui pourrait perturber les antennes du groupe public, dont la matinale de France Inter, la première du pays.

A la radio, les grilles de rentrée reprennent dès lundi, après la parenthèse estivale et avant celles des télévisions. La matinale d'Inter doit accueillir ce jour-là les premiers pas de sa recrue vedette, Benjamin Duhamel.

Le transfuge de BFMTV rejoint la voix principale de la matinale, Nicolas Demorand, après le départ de Léa Salamé pour le 20h00 de France 2.

Le préavis de grève illimitée a été déposé le 11 juillet par les syndicats CFDT, CGT, FO, SNJ, SUD et UNSA.

Ils rejettent plusieurs réformes voulues par la patronne du groupe, Sibyle Veil. Parmi elles, l'arrêt de la radio Mouv' sur la FM, des changements éditoriaux au sein d'Ici (ex-France Bleu, le réseau des radios locales publiques) et l'arrêt d'émissions d'investigation et de reportage.

"Madame la présidente (...), pour la première fois de notre histoire récente, la rentrée radiophonique pourrait ne pas avoir lieu", ont menacé les syndicats dans un communiqué commun jeudi.

Des discussions menées vendredi avec la direction n'ont pas abouti à la levée du préavis.

"Pour l'heure, la direction refuse la moindre concession ou de revenir sur les projets les plus néfastes pour les équipes et les antennes", ont déploré les syndicats dans un communiqué vendredi soir.

La direction du groupe a de son côté assuré samedi avoir "fait des propositions sur les différents sujets en cours de discussion, dans l'objectif d'une levée du préavis".

"Ceci n'ayant pas abouti ce jour, la direction se tient prête à la poursuite des négociations au plus vite: rendez-vous a été conjointement fixé lundi. Il y a, des deux côtés, une volonté de sortir de la situation au plus vite, dans l'intérêt des auditeurs", a-t-elle poursuivi.

Une première grève, très suivie, avait eu lieu du 26 au 29 juin.

Elle avait immédiatement été suivie d'une deuxième, mais pour un motif différent. Il s'agissait de protester contre le projet de réforme de l'audiovisuel public porté par la ministre de la Culture, Rachida Dati. Il prévoit de créer une holding, France Médias, qui chapeauterait France Télévisions, Radio France et l'INA (Institut national de l'audiovisuel).

Après un parcours parlementaire heurté, ce texte devrait revenir à l'Assemblée nationale à l'automne. Il a été adopté en juillet par le Sénat, où les débats ont été écourtés par le choix de la ministre d'employer l'arme constitutionnelle du vote bloqué.

Selon les dernières mesures d'audience de Médiamétrie, publiées début juillet, Radio France a enregistré une saison 2024-2025 record sur plusieurs antennes et France Inter a augmenté son avance comme première radio du pays.


Paris convoque l'ambassadrice d'Italie après des propos "inacceptables" de Matteo Salvini

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  • La France a convoqué l’ambassadrice d’Italie, Emanuela D’Alessandro, pour dénoncer les propos du vice-Premier ministre italien Matteo Salvini, jugés contraires au climat de confiance entre les deux pays
  • Salvini avait suggéré qu’Emmanuel Macron "y aille lui-même" en Ukraine, casque et fusil, provoquant un tollé diplomatique

PARIS: La France a convoqué l'ambassadrice d'Italie en France, Emanuela D'Alessandro, "à la suite des propos inacceptables" tenus par le vice-Premier ministre italien Matteo Salvini à l'encontre du président Emmanuel Macron pour son soutien à l'envoi de troupes en Ukraine, a-t-on appris vendredi de source diplomatique.

"Il a été rappelé à l’ambassadrice [convoquée jeudi, NDLR] que ces propos allaient à l’encontre du climat de confiance et de la relation historique entre nos deux pays mais aussi des récents développements bilatéraux, qui ont mis en évidence des convergences fortes entre les deux pays, notamment s’agissant du soutien sans faille à l’Ukraine", a-t-on précisé de source diplomatique, confirmant une information de la radio France Inter.

Interrogé lors d'un déplacement à Milan sur un éventuel déploiement de soldats italiens en Ukraine après un arrêt des hostilités, comme la France et le Royaume-Uni envisagent de le faire, Matteo Salvini avait suggéré qu'Emmanuel Macron "y aille lui-même" en mettant un casque et prenant un fusil.

Le chef du parti antimigrants Lega, proche de la cheffe de l'extrême droite française Marine Le Pen, avait déjà qualifié en mars le président français de "fou", l'accusant de pousser l'Europe à la guerre avec la Russie.

La France et le Royaume-Uni, qui ont pris la tête d'une "coalition des volontaires", envisagent de déployer des contingents en Ukraine comme garantie de sécurité pour prévenir une reprise des hostilités une fois qu'un cessez-le-feu ou un accord de paix aura été conclu entre Kiev et Moscou.

La Première ministre italienne Giorgia Meloni de son côté s'y refuse.