Gaza pilonnée par Israël, craintes d'une offensive sur la ville surpeuplée de Rafah

Israël a lancé une offensive brutale qui a tué au moins 27 131 personnes dans la bande de Gaza, principalement des femmes et des enfants. (Photo, AFP)
Israël a lancé une offensive brutale qui a tué au moins 27 131 personnes dans la bande de Gaza, principalement des femmes et des enfants. (Photo, AFP)
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Publié le Dimanche 04 février 2024

Gaza pilonnée par Israël, craintes d'une offensive sur la ville surpeuplée de Rafah

  • L'armée israélienne a pilonné samedi la bande de Gaza où des dizaines de personnes ont été tuées, les craintes s'amplifiant face à une possible offensive militaire contre la ville surpeuplée de Rafah
  • Sur le front diplomatique, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken se rend dimanche au Moyen-Orient pour soutenir les tractations sur une nouvelle trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas

TERRITOIRES PALESTINIENS: L'armée israélienne a pilonné samedi la bande de Gaza où des dizaines de personnes ont été tuées, les craintes s'amplifiant face à une possible offensive militaire contre la ville surpeuplée de Rafah qui abrite plus d'un million de déplacés palestiniens.

Sur le front diplomatique, le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken se rend dimanche au Moyen-Orient pour soutenir les tractations sur une nouvelle trêve entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, en guerre depuis près de quatre mois. Il doit se rendre au Qatar, en Egypte, en Israël, en Cisjordanie occupée et en Arabie saoudite.

A quelques kilomètres au nord de Rafah, Khan Younès est aussi visée par des raids aériens et des tirs d'artillerie incessants, selon un journaliste de l'AFP. La ville, où se cachent selon Israël des dirigeants du Hamas, est en partie détruite par près de deux mois de combats acharnés.

Selon le ministère de la Santé du Hamas, classé organisation "terroriste" par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, au moins 100 civils ont été tués dans la nuit dans le petit territoire assiégé, pour l'essentiel des femmes et des enfants.

L'armée israélienne a déclaré avoir tué "des dizaines de terroristes" dans le nord et le centre de Gaza ces dernières 24 heures.

«Nous sommes épuisés»

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent du Hamas sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

En riposte, Israël a juré d'"anéantir" le Hamas et a lancé une offensive militaire qui a fait 27.238 morts, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du mouvement islamiste.

La guerre a provoqué un exode de la population et plus de 1,3 million d'habitants, selon l'ONU, sur un total de 2,4 millions, sont désormais réfugiés à Rafah, qui comptait quelque 200.000 habitants avant le 7 octobre.

Les déplacés s'entassent dans des tentes ou des abris de fortune qui envahissent les rues de la ville où la frontière avec l'Egypte reste fermée. Menacés par les pénuries et les épidémies, ils ont vu les frappes israéliennes se multiplier.

"Nous souhaitons que cette guerre prenne fin car nous sommes épuisés. Nous espérons retourner chez nous, même si nos maisons sont en ruines", dit Abdelsalam Abou al-Shaar, qui a fui la ville de Gaza. "Nous sommes des civils sans défense. Pourquoi bombardent-ils tout le monde?".

«Atteindre Rafah»

L'offensive terrestre d'Israël, lancée le 27 octobre dans le nord de la bande de Gaza, s'est étendue au sud, à Khan Younès, début décembre.

Pour le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant, Rafah est le prochain objectif. "Nous allons atteindre Rafah et éliminer les éléments terroristes qui nous menacent", a-t-il lancé jeudi.

"Rafah est une usine à désespoir et nous craignons ce qui va se passer ensuite", s'est alarmé vendredi un porte-parole du bureau de coordination des Affaires humanitaires (Ocha) de l'ONU, Jens Laerke.

En parallèle, les tractations se poursuivent pour parvenir à une seconde trêve, plus longue que celle d'une semaine qui avait permis fin novembre la libération d'une centaine d'otages retenus à Gaza en échange de Palestiniens détenus par Israël.

Quelque 250 personnes ont été enlevées et emmenées à Gaza le 7 octobre, selon Israël, et 132 otages sont toujours retenus. Parmi eux, 27 ont été déclarés morts par l'armée.

Le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, installé au Qatar, est attendu en Egypte pour discuter d'un projet d'accord élaboré par les médiateurs qatari, américain et égyptien.

Selon une source du Hamas, il prévoit d'abord une trêve de six semaines avec la libération de 200 à 300 Palestiniens détenus en Israël en échange de 35 à 40 otages.

Rassemblement avec Mélenchon devant l'ONU pour un «cessez-le-feu» à Gaza

"A cet instant, des femmes, des hommes, des enfants, des familles par milliers, centaines de milliers, vivent sous les bombes, le massacre, les crimes, la frayeur et de cet enfer monte la clameur du peuple, la nôtre", a déclaré Jean-Luc Mélenchon, devant la foule réunie sur la place devant le siège de l'ONU.

Le "seul cri que nous voulons pousser à cet instant est cessez-le feu!" a lancé le fondateur du mouvement de gauche radicale. "Notre devoir est de hurler, de protester et d'exiger cessez le feu !"

Entouré d'autres représentants de son parti étaient également présents, dont les députés Jean-François Coulomme et Sophia Chikirou, il a également appelé à ce "que cesse l'âge des armes et des massacres".

"Il ne faut pas que le génocide qui se commet en ce moment à Gaza devienne le mode accepté de règlement des problèmes", a-t-il affirmé.

Il a également lancé un "merci" au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, pour avoir demandé "que cessent les massacres", assurant "heureusement qu'il y a l'ONU parce que sinon il n'y aurait que la barbarie".

Nouvelles frappes américaines

Le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, exige un cessez-le-feu définitif. Ce que refuse le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu malgré la pression croissante des proches d'otages et de la communauté internationale.

A Tel-Aviv, plusieurs centaines de personnes ont encore manifesté samedi, réclamant le retour des otages et la démission du gouvernement.

Sur d'autres fronts dans la région, le porte-parole de l'armée Daniel Hagari a indiqué que les forces israéliennes avaient visé "plus de 3.400 cibles" du Hezbollah dans le sud du Liban et tué 200 "terroristes et commandants" depuis octobre. "Plus de 50 cibles" du Hezbollah en Syrie on été attaquées, a-t-il ajouté.

A la frontière israélo-libanaise, les échanges de tirs sont quotidiens entre le Hezbollah, un allié du Hamas, et l'armée israélienne.

Ailleurs dans la région, la Syrie et l'Irak ont dénoncé des frappes meurtrières menées contre des groupes pro-Iran sur leurs territoires par les Etats-Unis, en représailles à une attaque contre une base militaire américaine en Jordanie le 28 janvier qui a coûté la vie à trois soldats.

Samedi, les Etats-Unis, principal soutien d'Israël, ont procédé à de nouvelles frappes au Yémen, ciblant  six missiles antinavires des Houthis "prêts à être lancés contre des navires en mer Rouge", où ces rebelles yéménites proches de l'Iran multiplient les attaques.


Israël: des élus favorables à une loi instaurant la peine de mort pour les «terroristes»

 La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir. (AFP)
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  • Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative
  • La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture

JERUSALEM: La commission de Sécurité nationale de la Knesset a voté lundi en faveur d'une proposition de loi instaurant la peine de mort pour les auteurs d'attaques jugées "terroristes", une mesure soutenue par le ministre israélien de la Sécurité nationale d'extrême droite Itamar Ben Gvir.

La commission a approuvé un amendement au Code pénal, qui sera maintenant transmis au Parlement pour un vote en première lecture, une loi étant instaurée en Israël après une vote en troisième lecture.

Selon le médiateur israélien chargé des otages, Gal Hirsch, le Premier ministre Benjamin Netanyahu soutient cette initiative.

Dans une note explicative de la commission, il est indiqué que "son objectif est de couper le terrorisme à sa racine et de créer une forte dissuasion".

Le texte propose qu'un "terroriste reconnu coupable de meurtre motivé par le racisme ou la haine (...) soit condamné à la peine de mort - de manière obligatoire", ajoutant que cette peine serait "non optionnelle".

La proposition de loi a été présentée par une élue du parti Otzma Yehudit (Force Juive) d'Itamar Ben Gvir.

Ce dernier a menacé de cesser de voter avec la coalition de droite de Benjamin Netanyahu si ce projet de loi n'était pas soumis à un vote parlementaire d'ici le 9 novembre.

"Tout terroriste qui se prépare à commettre un meurtre doit savoir qu'il n'y a qu'une seule punition: la peine de mort", a dit le ministre lundi dans un communiqué.

M. Ben Gvir avait publié vendredi une vidéo de lui-même debout devant une rangée de prisonniers palestiniens allongés face contre terre, les mains attachées dans le dos, dans laquelle il a appelé à la peine de mort.

Dans un communiqué, le Hamas a réagi lundi soir en affirmant que l'initiative de la commission "incarne le visage fasciste hideux de l'occupation sioniste illégitime et constitue une violation flagrante du droit international".

"Nous appelons les Nations unies, la communauté internationale et les organisations pertinentes des droits de l'Homme et humanitaires à prendre des mesures immédiates pour arrêter ce crime brutal", a ajouté le mouvement islamiste palestinien.

Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des expatriés, basé à Ramallah, a également dénoncé cette décision, la qualifiant de "nouvelle forme d'extrémisme israélien croissant et de criminalité contre le peuple palestinien".

"C'est une étape dangereuse visant à poursuivre le génocide et le nettoyage ethnique sous le couvert de la légitimité", a ajouté le ministère.


Frappes israéliennes sur le sud du Liban: deux morts 

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah. (AFP)
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  • Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé
  • Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani

BEYROUTH: Des frappes israéliennes sur le sud du Liban ont tué lundi deux personnes et blessé sept autres, a indiqué le ministère libanais de la Santé, au lendemain de la menace d'Israël d'intensifier ses attaques contre le Hezbollah pro-iranien.

Malgré un cessez-le-feu conclu en novembre 2024, Israël continue de mener des attaques régulières contre les bastions du Hezbollah. Et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a accusé dimanche le Hezbollah de tenter de se "réarmer".

Selon un bilan provisoire, "une frappe ennemie d'Israël" dans la région de Nabatiyé a fait lundi "un mort et sept blessés, a indiqué le ministère de la Santé.

Un drone a visé une voiture à Doueir, a rapporté l'agence nationale d'information Ani.

Sur place, un photographe de l'AFP a vu des pompiers tenter d'éteindre l'incendie de la voiture visée qui s'est propagé à d'autres véhicules à proximité. Des ouvriers ramassaient les bris de verre des devantures de commerces endommagées, a-t-il également constaté.

Une autre frappe sur un village de la région de Bint Jbeil a fait un mort, selon le ministère de la Santé.

Samedi, l'armée israélienne a tué quatre personnes, visées de plein fouet dans leur voiture dans le sud, qu'elle a présentées comme des membres de la force d'élite du Hezbollah.

Des centaines de personnes ont participé à leurs funérailles dimanche dans la ville de Nabatiyé, scandant "Mort à Israël".

Le Hezbollah a été fortement affaibli par la guerre, avec notamment l'assassinat de son chef historique, Hassan Nasrallah, par une frappe israélienne en septembre 2024 à Beyrouth, mais il demeure financièrement résilient et armé.

Les États-Unis ont accru la pression sur les autorités libanaises pour désarmer le groupe, ce que le Hezbollah refuse.

"Nous attendons du gouvernement libanais qu'il fasse ce qu'il s'est engagé à faire, c'est-à-dire désarmer le Hezbollah, mais il est clair que nous exercerons notre droit à l'autodéfense comme convenu dans les termes du cessez-le-feu", avait averti le Premier ministre israélien dimanche.


La Turquie mobilise ses partenaires musulmans autour de Gaza

La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien. (AFP)
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  • Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël
  • "Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens

ISTANBUL: La Turquie réunit lundi à Istanbul les ministres des Affaires étrangères de sept pays musulmans pour tenter de peser sur l'avenir de Gaza en les mobilisant sur la reconstruction du territoire palestinien.

Les ministres de ces sept pays (Turquie, Arabie saoudite, Qatar, Emirats arabes unis, Jordanie, Pakistan et Indonésie), tous membres de l'organisation de la coopération islamique (OCI), avaient été reçus par Donald Trump fin septembre à New York en marge de l'Assemblée générale de l'ONU, avant la présentation du plan de paix américain six jours plus tard.

Devant le Comité permanent pour la coopération économique de l'OCI, réuni lundi à Istanbul, le président turc Recep Tayyip Erdogan a critiqué l'attitude "très médiocre" d'Israël depuis l'entrée en vigueur du cessez-le-feu le 10 octobre, alors que "le Hamas semble déterminé" à respecter l'accord, estime-t-il.

"Nous devons apporter davantage d'aide humanitaire aux habitants de Gaza, puis commencer les efforts de reconstruction" a poursuivi le chef de l'Etat en appelant la Ligue arabe et l'OCI à jouer "un rôle moteur" en ce sens.

En amont de cette réunion, le chef de la diplomatie turque Hakan Fidan a reçu samedi une délégation du bureau politique du Hamas emmenée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef du mouvement islamiste palestinien.

Selon des responsables du ministère des Affaires étrangères, M. Fidan doit appeler à la mise en place de mécanismes permettant aux Palestiniens d'assurer la sécurité et la gouvernance de Gaza.

"Agir avec prudence" 

"Nous devons mettre fin au massacre à Gaza. Un cessez-le-feu à lui seul ne suffit pas", a insisté M. Fidan lors d'un forum à Istanbul.

"Nous devons reconnaître que Gaza doit être gouvernée par les Palestiniens et agir avec prudence", a encore souligné le ministre turc, plaidant de nouveau pour une solution à deux Etats.

Le chef de la diplomatie turque accuse Israël de chercher des prétextes pour rompre le cessez-le-feu.

Mais les efforts d'Ankara, qui multiplie les contacts diplomatiques avec les pays de la région et cherche à infléchir la position pro-israélienne des Etats-Unis, sont vus d'un mauvais œil par Israël qui juge Ankara trop proche du Hamas.

Les dirigeants israéliens ont exprimé à plusieurs reprises leur refus de voir la Turquie participer à la force internationale de stabilisation à Gaza.

En vertu du plan de Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, cette force de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.

Seuls des pays jugés "impartiaux" pourront rejoindre cette force, a cependant prévenu le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar.

Autre signe de la méfiance du gouvernement israélien : une équipe de secouristes turcs dépêchée pour participer à la recherche de corps, y compris israéliens, dans les ruines de Gaza, attendait toujours en fin de semaine dernière le feu vert israélien pour entrer dans le territoire palestinien, selon Ankara.