Au Caire, le chef de la diplomatie française «refuse» le «déplacement forcé» des Gazaouis

Le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourne s'adresse à une conférence de presse avec son homologue égyptien au Caire le 4 février 2024 (Photo, AFP).
Le ministre français des Affaires étrangères Stéphane Séjourne s'adresse à une conférence de presse avec son homologue égyptien au Caire le 4 février 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 07 février 2024

Au Caire, le chef de la diplomatie française «refuse» le «déplacement forcé» des Gazaouis

  • Paris veut «un cessez-le-feu» mais également préparer le retour de l'Autorité palestinienne à Gaza
  • L'Egypte met en garde depuis octobre contre un «transfert forcé» des Gazaouis vers son désert du Sinaï

LE CAIRE: Le chef de la diplomatie française, Stéphane Séjourné, a dit dimanche au Caire "refuser" tout "déplacement forcé" vers l'Egypte des Gazaouis, fuyant les bombardements de la guerre entre Israël et le Hamas et s'entassant désormais aux portes du Sinaï.

Dans le cadre de la première étape de sa tournée au Proche-Orient, M. Séjourné a déclaré à son homologue égyptien Sameh Choukri: "Vous êtes préoccupés par les déplacements forcés de population sur votre territoire. Nous comprenons parfaitement ces inquiétudes et (...) la position de la France est constante: nous condamnons et nous refuserons toute action menée en ce sens".

Alors que les pourparlers se multiplient via les médiateurs qatari et égyptien pour une possible trêve, Paris veut "un cessez-le-feu mais également préparer le retour de l'Autorité palestinienne à Gaza avec une gouvernance renouvelée", a-t-il ajouté.

Depuis 2007, les Palestiniens vivent sous deux gouvernements rivaux, celui du Hamas à Gaza et celui de l'Autorité palestinienne de Mahmoud Abbas qui tient des pans de la Cisjordanie occupée.

Après avoir pris la ville de Gaza, dans le nord du petit territoire palestinien, puis celle de Khan Younès, plus au sud, l'armée israélienne menace désormais Rafah, la toute dernière ville palestinienne avant la frontière égyptienne où s'entassent, selon l'ONU, plus de 1,3 million de déplacés.

L'Egypte met en garde depuis octobre contre un "transfert forcé" des Gazaouis vers son désert du Sinaï, redoutant de créer de nouveaux réfugiés palestiniens, comme ce fut le cas en 1948 à la création d'Israël, qui ne bénéficieront pas du "droit au retour".

«Rouvrir une perspective politique»

Interrogé sur la possibilité de reconnaître un Etat de Palestine, M. Séjourné a estimé que cette étape marquerait "la finalisation d'un processus politique".

"C'est la logique (...) Toute la question est de savoir quand, à quel moment et aussi dans quelles conditions", a-t-il encore dit, plaidant pour deux Etats palestinien et israélien dans les frontières de 1967 avec "la bande de Gaza rattachée au futur Etat palestinien".

Fin janvier, le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron, avait plaidé pour "examiner (...) la question de la reconnaissance d'un Etat palestinien, y compris aux Nations unies".

Pour sa première tournée dans la région, M. Séjourné ira ensuite en Jordanie, en Israël, dans les Territoires palestiniens occupés et au Liban pour "oeuvrer à un cessez-le-feu et à la libération des otages" et "convaincre de rouvrir une perspective politique" basée sur la solution à deux Etats, selon son ministère.

La guerre entre Israël et le Hamas a été déclenchée le 7 octobre par une attaque du mouvement islamiste palestinien sur le sol israélien, qui a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils tués le jour même, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens.

Depuis, 27.365 Palestiniens, en grande majorité des femmes, des enfants et des adolescents, ont été tués dans la bande de Gaza par les bombardements et les opérations militaires israéliennes, selon le ministère de la Santé du Hamas.


Le navire humanitaire des Émirats arabes unis pour Gaza arrive en Égypte

Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
Le navire, qui fait partie de l'opération "Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis, était chargé de 7 000 tonnes de nourriture, d'aide médicale et de secours. (WAM)
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  • La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées
  • En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte

DUBAI : Le navire humanitaire Hamdan des Émirats arabes unis, qui a quitté le port de Khalifa le 30 août, est arrivé au port d'Al-Arish, en Égypte, où des denrées alimentaires et des fournitures médicales seront déchargées puis livrées aux habitants de la bande de Gaza assiégée.

Le navire, qui fait partie de l'initiative humanitaire "Operation Chivalrous Knight 3" des Émirats arabes unis pour Gaza, qui fournit une aide essentielle par le biais de convois terrestres, d'expéditions maritimes et de largages aériens, a été chargé de 7 000 tonnes de nourriture, de matériel médical et d'aide d'urgence, a rapporté l'agence de presse nationale WAM.

La cargaison d'aide comprend 5 000 tonnes de colis alimentaires, 1 900 tonnes de fournitures pour les cuisines communautaires, 100 tonnes de tentes médicales ainsi que cinq ambulances entièrement équipées.

Les Émirats ont jusqu'à présent envoyé 20 navires d'aide à Gaza et ont livré environ 90 000 tonnes d'aide humanitaire, pour un coût de 1,8 milliard de dollars, depuis le lancement de l'opération "Chivalrous Knight 3".

En août, les Émirats arabes unis ont inauguré une conduite d'eau de 7,5 kilomètres qui acheminera vers la bande de Gaza de l'eau dessalée provenant d'usines de dessalement émiraties situées en Égypte. Le pipeline a une capacité d'environ 2 millions de gallons par jour et pourrait desservir plus d'un million de personnes.


L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis visite le bureau de l'attaché militaire à Washington

L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
L'ambassadeur saoudien aux Etats-Unis, la princesse Reema bint Bandar, visite le bureau de l'attaché militaire à Washington (SPA)
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  • La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché militaire
  • Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire

RIYADH : La princesse Reema bint Bandar, ambassadrice saoudienne aux Etats-Unis, a visité lundi le bureau de l'attaché militaire saoudien à Washington.

La princesse Reema a été informée des fonctions, des tâches et des départements du bureau de l'attaché au cours de sa visite, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Elle a également été informée du soutien que l'attaché reçoit de la part des dirigeants saoudiens pour renforcer les intérêts communs entre l'Arabie saoudite et les États-Unis en matière de défense et de coopération militaire.

La princesse Reema a été reçue par le ministre adjoint saoudien de la Défense pour les affaires exécutives, Khaled Al-Biyari, qui est en visite officielle à Washington, ainsi que par l'attaché militaire saoudien à Washington et Ottawa, le général de division Abdullah bin Khalaf Al-Khathami, et les chefs des départements de l'attaché.


Turquie: le principal parti d'opposition dans l'attente d'une décision judiciaire cruciale

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  • "Ecoute cette place Erdogan", a lancé dimanche soir le président de ce parti, Özgür Özel, devant les manifestants qui scandaient "Erdogan, démission !"
  • "Aujourd'hui, nous sommes confrontés aux graves conséquences de l'abandon du train de la démocratie par le gouvernement démocratiquement élu en Turquie, qui a choisi de gouverner le pays par l'oppression plutôt que par les urnes"

ANKARA: Le principal parti d'opposition au président turc Recep Tayyip Erdogan, le CHP, attend lundi une décision judiciaire cruciale qui pourrait chambouler sa direction en raison d'une accusation de fraudes.

Des dizaines de milliers de personnes ont défilé dimanche à Ankara à la veille de cette audience pour soutenir le CHP (Parti républicain du peuple, social démocrate) qui rejette les accusations et estime que les autorités tentent de l'affaiblir par un "procès politique".

"Ecoute cette place Erdogan", a lancé dimanche soir le président de ce parti, Özgür Özel, devant les manifestants qui scandaient "Erdogan, démission !".

"Aujourd'hui, nous sommes confrontés aux graves conséquences de l'abandon du train de la démocratie par le gouvernement démocratiquement élu en Turquie, qui a choisi de gouverner le pays par l'oppression plutôt que par les urnes. Quiconque représente une menace démocratique pour lui est désormais sa cible", a affirmé M. Özel.

"Ce procès est politique, les allégations sont calomnieuses. C'est un coup d'État et nous résisterons", a-t-il martelé.

"Il ne s'agit pas du CHP mais de l'existence ou de l'absence de démocratie en Turquie", a déclaré pour sa part Ekrem Imamoglu aux journalistes vendredi, après avoir comparu devant un tribunal pour des accusations sans lien avec cette affaire.

Lorsque Özgür Özel a pris sa direction en novembre 2023, le CHP était en crise mais, en mars 2024, il a conduit le parti à une éclatante victoire aux élections locales.

Depuis l'arrestation du maire d'Istanbul en mars dernier, M. Özel a su galvaniser les foules, s'attirant les foudres du pouvoir en organisant chaque semaine des rassemblements, jusque dans des villes longtemps considérées comme des bastions du président Erdogan.

Peines de prison 

L'audience doit débuter à 10H00 (07H00 GMT), devant le 42e tribunal civil de première instance de la capitale turque. Elle doit statuer sur la possible annulation des résultats du congrès du CHP en novembre 2023.

Pendant ce congrès, les délégués avaient évincé le président de longue date du parti, Kemal Kilicdaroglu, tombé en disgrâce, et élu Özgür Özel.

L'acte d'accusation désigne M. Kilicdaroglu comme étant la partie lésée et réclame des peines de prison pouvant aller jusqu'à trois ans pour M. Imamoglu et dix autres maires et responsables du CHP, accusés de "fraude électorale".

Si la justice le décidait, M. Özel pourrait donc se voir démettre de ses fonctions à la tête de cette formation.

Le 2 septembre, un tribunal a destitué la direction de la branche d'Istanbul du CHP en raison d'accusations d'achats de votes au cours de son congrès provincial et nommé un administrateur pour prendre le relais.

Cette décision, qui a été largement perçue comme pouvant faire jurisprudence, a déclenché de vives protestations et entraîné une chute de 5,5% de la Bourse, faisant craindre que le résultat de lundi ne nuise également à la fragile économie de la Turquie.

Si le tribunal d'Ankara déclarait les résultats du congrès du CHP nuls et non avenus, cela pourrait annoncer le retour de son ancien leader Kemal Kilicdaroglu, qui a accumulé une série de défaites électorales ayant plongé le parti dans une crise.

Selon certains observateurs, l'affaire s'apparente à une tentative des autorités de saper le plus ancien parti politique de Turquie, qui a remporté une énorme victoire contre l'AKP (Parti de la justice et du développement, conservateur) du président Erdogan aux élections locales de 2024 et gagne en popularité dans les sondages.

Sa popularité a augmenté depuis qu'il a organisé les plus grandes manifestations de rue de Turquie en une décennie, déclenchées par l'emprisonnement en mars de son candidat à la présidence de la République, le maire d'Istanbul Ekrem Imamoglu.

Dans une tentative de protéger sa direction, le CHP a convoqué un congrès extraordinaire le 21 septembre. Si le tribunal destituait M. Özel et rétablissait M. Kilicdaroglu, les membres du parti pourraient donc tout simplement réélire Özgür Özel six jours plus tard.