Un nouveau «pack» de ministres en vue, l'Education dans la balance

Le maintien de la ministre de l'Education et des Sports à son poste interroge au sommet de l'Etat (Photo, AFP).
Le maintien de la ministre de l'Education et des Sports à son poste interroge au sommet de l'Etat (Photo, AFP).
Short Url
Publié le Lundi 05 février 2024

Un nouveau «pack» de ministres en vue, l'Education dans la balance

  • L'exécutif prépare la nomination d'au maximum 15 ministres délégués et secrétaires d'Etat qui complèteront les 14 ministres déjà en exercice, conduits par Gabriel Attal
  • Outre l'Education, le remaniement vise à suppléer les ministres qui ont des portefeuilles très larges

PARIS: Restera, restera pas ? Le maintien de la ministre de l'Education et des Sports à son poste interroge au sommet de l'Etat alors que l'exécutif s'apprête à nommer la semaine prochaine un nouveau "pack" de ministres pour compléter le gouvernement.

Les nominations pourraient être annoncées "lundi ou mardi", selon un conseiller de l'exécutif, qui qualifie de "rumeurs" l'hypothèse d'intégrer de nouvelles recrues à droite, ou le chef du MoDem François Bayrou dans l'attente d'une décision judiciaire lundi dans l'affaire des assistants parlementaires européens.

L'exécutif prépare la nomination d'au maximum 15 ministres délégués et secrétaires d'Etat qui complèteront les 14 ministres déjà en exercice, conduits par Gabriel Attal.

Amélie Oudéa-Castéra, confrontée à de régulières polémiques depuis sa nomination le 11 janvier, "a la confiance" d'Emmanuel Macron et de Gabriel Attal, a assuré dimanche la ministre chargée des Relations avec le Parlement, Marie Lebec.

Allant aussi dans le sens d'un maintien, un proche d'Emmanuel Macron salue "une combattante". "Humainement, c'est dur, mais elle résiste".

Mais quel périmètre donner à l'ancienne sportive ? "Il est impensable qu'il y ait un ministre délégué à l'Education, ça voudrait vraiment dire qu'elle reste pour rester" et si on lui adjoint un ministre aux Sports "ça signifie que ce qu'elle aime et ce qu'elle sait le mieux faire ne sera pas traité directement par elle", souligne un ancien ministre. "Elle vit un enfer".

"La sagesse serait de dire: on la laisse aux Sports ou elle sort", avance un responsable de la majorité.

Démission

Au Parlement, "la grande majorité des députés (Renaissance) l'ont lâchée et pensent que c'est fini", rapporte un élu du parti présidentiel, mais "la psychologie" du président sur ce sujet reste "insondable".

Dans l'opposition, de nombreuses voix appellent à sa démission.

Son départ serait "un premier signal d'apaisement" pour le député écologiste Benjamin Lucas. Elle "ne croit pas dans l'école publique" et a "fait le choix du séparatisme" en mettant ses enfants dans l'établissement privé Stanislas, accusé de "dérives" dans un rapport. "C'est comme si on avait nommé au ministère de la Santé un antivax".

La mobilisation des enseignants ne faiblit pas. Les syndicats Snes-FSU, CGT et SUD ont appelé à une nouvelle grève dans l'éducation mardi, après une première journée d'action jeudi.

Autre coup dur pour la ministre, un des plus hauts cadres de l'Education nationale, le recteur de Paris Christophe Kerrero, a démissionné vendredi.

Outre l'Education, le remaniement vise à suppléer les ministres qui ont des portefeuilles très larges comme Catherine Vautrin (Travail, Santé et  Solidarités), ou Christophe Béchu (Transition écologique et Cohésion des territoires), qui a aussi sous sa coupe le Logement et les Transports.

«Plus agile»

Catherine Vautrin a confirmé dans L'Union samedi qu'elle aurait des ministres délégués sans plus de précisions.

A Bercy, les quatre sortants Roland Lescure (Industrie), Jean-Noël Barrot (Numérique), Olivia Grégoire (PME), et Thomas Cazenave (Budget), sont confiants dans leur maintien, selon des sources ministérielles, alors que leur ministre de tutelle Bruno Le Maire plaide pour "la stabilité".

"Les ministres qui ont une liste d'attributions longue comme le bras, ne peuvent gérer que les priorités, donc on attend avec impatience" les ministres délégués, note un député de la majorité qui déplore ne plus avoir d'interlocuteur sur ses sujets et voudrait néanmoins "avancer".

Christophe Béchu a défendu, à l'inverse dimanche, les bienfaits d'une équipe gouvernementale "resserrée", qui permet "d'être plus agile" dans les réponses à apporter comme sur la crise agricole.

Même si, admet l'élu Horizons, "tout compte" dans les remaniements, "les équilibres géographiques, politiques, la répartition des postes".

De son côté, Emmanuel Macron apprécie de n'avoir que "cinq ou six numéros de téléphones des ministères régaliens" à portée de main, selon un cadre de la majorité.

Alors que Les Républicains ont mal digéré l'entrée au gouvernement de l'ex-ministre sarkozyste Rachida Dati, le chef de file des députés LR Olivier Marleix a estimé dimanche sur Radio J que des débauchages supplémentaires signifieraient "vouloir casser, discréditer, détruire l'une des rares alternatives politiques" à Marine Le Pen.

Face à un gouvernement qui penche à droite, le porte-parole du groupe MoDem Erwan Balanant souhaite, lui, "qu'on rééquilibre, ne serait-ce que pour l'intérêt de la majorité".


Macron appelle le président al-Chareh à protéger "tous les Syriens" mais justifie sa venue en France

Le président français Emmanuel Macron (à droite) et le président syrien Ahmed al-Sharaa assistent à une conférence de presse commune après une réunion au palais de l'Élysée à Paris, le 7 mai 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à droite) et le président syrien Ahmed al-Sharaa assistent à une conférence de presse commune après une réunion au palais de l'Élysée à Paris, le 7 mai 2025. (AFP)
Short Url
  • Emmanuel Macron a exhorté mercredi à Paris le président syrien Ahmad al-Chareh à protéger "tous les Syriens sans exception" mais a justifié la venue en France de ce dirigeant au passé de jihadiste
  • Le président français semble clairement faire le pari d'accompagner la transition dirigée par une coalition islamiste depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre

PARIS: Emmanuel Macron a exhorté mercredi à Paris le président syrien Ahmad al-Chareh à protéger "tous les Syriens sans exception" mais a justifié la venue en France de ce dirigeant au passé de jihadiste, vivement critiquée par une partie de la classe politique française.

Le président français semble clairement faire le pari d'accompagner la transition dirigée par une coalition islamiste depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre. Ahmad al-Chareh, accueilli à l'Elysée avec les honneurs de la garde républicaine pour sa première visite officielle dans un pays occidental, l'en a vivement remercié.

A ses côtés lors d'une rare conférence de presse conjointe, après un entretien de plus de deux heures, Emmanuel Macron lui a demandé de "tout mettre en œuvre pour assurer la protection de tous les Syriens sans exception, quelles que soient leur origine, leur religion, leur confession, leurs opinions".

Il lui a aussi dit qu'il devait "s'assurer que les auteurs" des récentes violences soient "poursuivis et jugés". Il a même plaidé pour que l'Union européenne "sanctionne systématiquement les auteurs de ces crimes qui ont profondément choqué tous les amis de la Syrie".

Des massacres qui ont fait 1.700 morts, majoritairement alaouites, dans l'ouest du pays en mars, de récents combats avec des druzes, et des sévices documentés par des ONG ont soulevé des doutes sur la capacité des nouvelles autorités à contrôler certains combattants extrémistes qui leur sont affiliés.

Et ce alors même que la coalition islamiste tente de présenter un visage rassurant à la communauté internationale qui l'exhorte à respecter les libertés et protéger les minorités.

- "Postures" -

La sécurité des Syriens est "la première priorité", a assuré Ahmad al-Chareh à l'Elysée.

Il a aussi martelé qu'il n'y aurait "pas de place pour les confrontations confessionnelles" en Syrie, et a estimé avoir "prouvé" être "un partenaire fiable pour la lutte contre le terrorisme".

En jeu, la levée des sanctions imposées au pouvoir de Bachar al-Assad, qui pèsent lourdement sur l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile, avec, selon l'ONU, 90% des Syriens vivant sous le seuil de pauvreté.

"Rien ne justifie qu'elles soient maintenues", a lancé le président syrien.

Emmanuel Macron a abondé dans son sens: il a plaidé pour une "levée des sanctions" économiques européennes dès juin, et a appelé les Etats-Unis à en faire autant, quitte à refaire le point régulièrement pour voir si Damas tient ses engagements.

Il a aussi estimé que Washington devait retarder "au maximum" le retrait annoncé de la moitié de leurs militaires déployés en Syrie dans le cadre de la coalition contre les jihadistes du groupe Etat islamique.

Le président al-Chareh a longtemps dirigé le groupe armé Hayat Tahrir al-Sham issu de l'ex-branche d'Al-Qaïda en Syrie. Il a tenu à se démarquer des "actes terroristes", notamment de ceux menés en France par des jihadistes passés en Syrie.

Mais à ce titre, l'invitation faite par Emmanuel Macron a été critiquée par la droite et l'extrême droite françaises.

"Stupeur et consternation", a réagi la leader du Rassemblement national Marine Le Pen. "On ne reçoit pas des dirigeants qui sont d'anciens terroristes membres d'organisations qui veulent attaquer la France", a également affirmé le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez.

Des "postures à des fins politiciennes pour parler à des électorats", a balayé le président français.

"Ce que je vois, c'est qu'il y a un dirigeant qui est en place. Il a mis fin à un régime que nous avions condamné, combattu, dont nous connaissons la responsabilité et il est prêt à s'engager. Les premiers actes ont conduit à des résultats", a-t-il ajouté, estimant qu'Ahmad al-Chareh était "lucide".

Plusieurs dizaines de membres des minorités religieuses syriennes ont d'ailleurs manifesté mercredi la place de la République, à Paris, sous le drapeau syrien.

"Jolani dégage ! Dégage de France, dégage de Syrie !", ont crié les manifestants issus des communautés alaouites, druzes, chrétiennes ou encore sunnites, en utilisant l'ex-nom de guerre d'Ahmad al-Chareh.

Auparavant, le dirigeant syrien avait rencontré l'homme qui avait été à l'origine de milliers de photos de corps suppliciés dans des centres de détention syriens sous le règne de Bachar al-Assad. Aujourd'hui installé en France, Farid al-Mazhan, alias César, avait témoigné devant une commission du Congrès américain, et ses photos ont inspiré une loi américaine adoptée en 2020 -la loi César-, instaurant des sanctions économiques contre le régime syrien.


Macron reçoit Al-Chareh pour donner un nouvel élan à la transition et à la reconstruction de la paix

Le président intérimaire de la Syrie, Ahmed al-Chareh, prononce un discours à Damas le 29 mars 2025. (AFP)
Le président intérimaire de la Syrie, Ahmed al-Chareh, prononce un discours à Damas le 29 mars 2025. (AFP)
Short Url
  • Cette rencontre affirme l’Élysée, s’inscrit dans la continuité d’un engagement historique de la France en faveur du peuple syrien, porté avec constance depuis 2011
  • En effet, dès les premières heures du conflit, la France s’est positionnée sans ambiguïté contre la répression du régime de Bachar el-Assad

PARIS: La rencontre à Paris entre le président français Emmanuel Macron et le président syrien de transition Ahmed al-Chareh (aujourd’hui mercredi 7 mai), qui effectue son premier déplacement en Europe s’annonce comme un moment diplomatique majeur.

Cette rencontre, affirme l’Élysée, s’inscrit dans la continuité d’un engagement historique de la France en faveur du peuple syrien, porté avec constance depuis 2011.

En effet, dès les premières heures du conflit, la France s’est positionnée sans ambiguïté contre la répression du régime de Bachar el-Assad et a soutenu les aspirations du peuple syrien à une Syrie libre, souveraine, pluraliste et stable.

La visite d’Al-Chareh à Paris vise à amorcer une nouvelle étape dans ce soutien, d’autant plus qu’elle intervient dans un contexte brouillé et complexe, marqué par des exactions alarmantes contre les minorités.

À la fragilité des jeunes autorités de transition face à un contexte politique et économique tendu, s’ajoutent des marqueurs de tensions régionaux, tels que l’instabilité sur les frontières libanaises, et les incursions militaires israéliennes perpétuelles, sans oublier la présence des terroristes de Daech.

Autant d’enjeux, pour la sécurité des Syriens, celle de la région et de la France, qui seront au menu des entretiens entre Macron et Al-Chareh.

Depuis la mise en place des autorités de transition, à la suite de la chute du dictateur Bachar el-Assad, le 8 décembre dernier, plusieurs étapes fondamentales ont été franchies, par les autorités de transition.

L’annonce d’un dialogue national, la promulgation d’une déclaration constitutionnelle, la nomination d’un nouveau gouvernement (fin mars), tous ces jalons montrent, selon l’Élysée, la volonté d’instaurer une nouvelle gouvernance inclusive.

Toutefois, ce processus reste incomplet. La France plaidera donc, au cours de la rencontre, pour son approfondissement et pour le respect effectif des droits de tous les Syriens, sans distinction de communauté, d’origine ou de confession.

Les violences récentes, en particulier les massacres sur la côte alaouite et les tensions intercommunautaires dans le sud de Damas, ont ravivé les inquiétudes internationales.

La France réclame des réponses claires, insiste l’Élysée, en appelant à «une enquête impartiale sur ces exactions ainsi qu’à la création d’une commission judiciaire indépendante». Tout en soulignant que plus d’une centaine d’auditions ont déjà eu lieu, Paris rappelle que la justice doit aller jusqu’au bout afin de garantir que «la protection de tous les civils, sans distinction, demeure une priorité absolue».

La France s’est trouvée en première ligne pour que la justice internationale enquête sur les crimes commis par le régime Assad, notamment l’usage d’armes chimiques. Cet impératif de justice demeure inchangé, et c’est dans cette logique que Paris «soutient la mise en place de mécanismes de sanctions européens» visant les responsables de ces exactions, qu’il s’agisse d’anciens cadres du régime ou de nouveaux acteurs de la violence.

Lors de la rencontre, le président français réaffirmera que «la réconciliation nationale ne saurait se construire sans vérité ni justice».

Autre priorité au cœur des échanges, la lutte contre le terrorisme, et en particulier contre Daech, qui demeure une menace persistante. La France, indique l’Élysée, attend de la Syrie «des garanties claires quant à la poursuite des opérations antiterroristes».

Les déclarations du président Al-Chareh vont dans ce sens, mais des engagements concrets seront attendus, notamment en ce qui concerne la coopération avec les alliés kurdes, partenaires historiques de la coalition internationale.

La France a salué l’accord du 10 mars dernier qui relance un processus de dialogue interkurde prometteur. Elle encourage par ailleurs sa poursuite et sa consolidation dans un esprit d’unité nationale.

La rencontre portera également sur l’ancrage régional de la Syrie. «La stabilité au Levant est plus que jamais essentielle», selon l’Élysée, et la France appuie la pleine réaffirmation de la souveraineté syrienne, «condition indispensable à la pacification des frontières, en particulier avec le Liban».

Lors de discussions précédentes, notamment en marge de la visite du président libanais Joseph Aoun à Paris le 25 mars, des échanges ont eu lieu sur la sécurité régionale, la question des réfugiés et la coopération sécuritaire en Méditerranée. Ces sujets, indique l’Élysée, «seront approfondis, dans un esprit de solidarité régionale et de responsabilité partagée».

Concernant la situation économique, le défi est immense. La Banque mondiale estime à 250 milliards de dollars les besoins de reconstruction en Syrie.

L’Union européenne, avec le soutien actif de la France, a récemment allégé certaines sanctions sectorielles pour encourager une reprise économique encadrée.

Ce soutien reste conditionné à des engagements fermes: transparence, lutte contre la corruption, réforme de la Banque centrale et garanties sur l’utilisation des fonds.

Le président français «mettra l’accent sur l’importance d’attirer des investissements internationaux responsables et de jeter les bases d’un développement durable», souligne l’Élysée, rappelant que «la transition en Syrie ne pourra réussir que si elle améliore concrètement les conditions de vie du peuple syrien et permet un retour progressif des réfugiés dans la dignité et la sécurité».

Depuis 2011, la France s’est engagée dans une aide humanitaire continue. L’enjeu actuel consiste à passer à une nouvelle étape, celle de la reconstruction.

La conférence de Bruxelles 9 a marqué un tournant en ce sens, avec 2,5 milliards d’euros mobilisés par l’Union européenne. Ces fonds visent autant à soutenir les Syriens déplacés qu’à appuyer les pays voisins qui les accueillent.

Le président Al-Chareh rencontrera, à Paris, plusieurs partenaires institutionnels et économiques en vue d’initier des projets concrets. La France, affirme l’Élysée, accompagnera cette dynamique, dans le respect du cadre politique défini par la transition.


Macron accueille le président syrien pour lui demander de protéger "tous les civils"

Le président français Emmanuel Macron (à gauche) accueille le président du Conseil du peuple du Turkménistan, Gourbangouly Berdymoukhamedov (sans photo), au palais présidentiel de l'Élysée pour un dîner de travail, à Paris, le 5 mai 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron (à gauche) accueille le président du Conseil du peuple du Turkménistan, Gourbangouly Berdymoukhamedov (sans photo), au palais présidentiel de l'Élysée pour un dîner de travail, à Paris, le 5 mai 2025. (AFP)
Short Url
  • Emmanuel Macron accueille mercredi à Paris le président syrien Ahmad al-Chareh pour une première visite controversée en Occident
  • Le président français est vivement critiqué par la droite et l'extrême droite françaises pour l'invitation faite à cet homme au passé jihadiste

PARIS: Emmanuel Macron accueille mercredi à Paris le président syrien Ahmad al-Chareh pour une première visite controversée en Occident, et lui demandera, à cette occasion, de châtier les responsables d'"exactions" qui ternissent l'image de la coalition islamiste au pouvoir depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre.

Le président français est vivement critiqué par la droite et l'extrême droite françaises pour l'invitation faite à cet homme au passé jihadiste, qu'il reçoit dans l'après-midi à l'Elysée avant une rare conférence de presse conjointe.

"Stupeur et consternation", a réagi la leader du Rassemblement national Marine Le Pen, décrivant le président syrien comme "un jihadiste passé par Daech et Al-Qaïda". "Une lourde erreur", a renchéri le chef des députés Les Républicains Laurent Wauquiez.

Des massacres qui ont fait 1.700 morts, majoritairement alaouites, dans l'ouest du pays en mars, de récents combats avec des druzes, et des sévices documentés par des ONG ont soulevé des doutes sur la capacité des nouvelles autorités à contrôler certains combattants extrémistes qui leur sont affiliés.

En le recevant, Emmanuel Macron espère contribuer à accompagner dans la bonne voie la transition vers "une Syrie libre, stable, souveraine et respectueuse de toutes les composantes de la société syrienne", a dit mardi l'Elysée à l'AFP.

Mais la présidence française a balayé toute "naïveté", assurant connaître "le passé" de certains dirigeants syriens et exiger qu'il n'y ait "pas de complaisance" avec les "mouvements terroristes".

- Crainte de nouvelles confrontations interconfessionnelles -

Le chef de l'Etat demandera donc à son invité "de faire en sorte que la lutte contre l'impunité soit une réalité" et que "les responsables d'exactions contre les civils" soient "jugés", a ajouté son entourage lors d'un échange avec la presse.

"Notre demande, c'est celle d'une protection de tous les civils, quelle que soit leur origine et quelle que soit leur religion", a-t-on insisté de même source.

L'Elysée a évoqué la "préoccupation particulièrement forte" de la France de "voir resurgir des confrontations interconfessionnelles extrêmement violentes" en Syrie, notamment avec les "massacres" sur la côte alaouite et les "violences à destination de la communauté druze dans le sud de Damas".

"Ne pas engager le dialogue avec ces autorités de transition", "ce serait être irresponsable vis-à-vis des Français et surtout ce serait tapis rouge pour Daech", a aussi estimé le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot sur RTL.

Selon lui, "la lutte contre le terrorisme, la maîtrise des flux migratoires, la maîtrise des trafics de drogue", ainsi que "l'avenir du Liban" voisin, "tout cela se joue en Syrie".

Depuis qu'elle a pris le pouvoir en décembre, la coalition islamiste dirigée par Ahmad al-Chareh tente de présenter un visage rassurant à la communauté internationale qui l'exhorte à respecter les libertés et protéger les minorités.

En jeu, la levée des sanctions imposées au pouvoir de Bachar al-Assad, qui pèsent lourdement sur l'économie du pays, exsangue après 14 années de guerre civile, avec, selon l'ONU, 90% des Syriens vivant sous le seuil de pauvreté.

Le président al-Chareh, longtemps chef rebelle du groupe Hayat Tahrir al-Sham issu de l'ex-branche d'Al-Qaïda en Syrie, est lui-même toujours visé par une interdiction de voyager de l'ONU. Paris a dû demander une dérogation auprès des Nations unies pour permettre sa venue.

Mais si elle a soutenu la levée de certaines sanctions sectorielles de l'Union européenne, et juge que les mesures punitives américaines "pèsent sur la capacité des autorités de transition à se lancer dans une logique de reconstruction et à attirer des investissements étrangers", la France estime que le moment n'est pas encore venu de retirer le dirigeant syrien de la liste des sanctions du Conseil de sécurité de l'ONU.