La présidente du Crisis Group craint une «  erreur de calcul majeure » au Moyen-Orient

La présidente du Crisis Group, Comfort Ero. (AFP).
La présidente du Crisis Group, Comfort Ero. (AFP).
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Publié le Vendredi 09 février 2024

La présidente du Crisis Group craint une «  erreur de calcul majeure » au Moyen-Orient

  • La présidente du Crisis Group, Comfort Ero appelle à un cessez-le-feu
  • Elle parle aussi d'une "crise du maintien de la paix" dans le monde, tout en gardant une "lueur d'espoir" sur la possibilité de résoudre les conflits par la voie diplomatique

WASHINGTON: Le risque d'une "erreur de calcul majeure" augmente de jour en jour au Moyen-Orient après quatre mois de guerre entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza, dit à l'AFP la présidente du Crisis Group, Comfort Ero, qui appelle à un cessez-le-feu.

Cette spécialiste de la prévention des conflits déplore par ailleurs que l'Ukraine soit devenue "un enjeu de politique" aux Etats-Unis et voit peu de perspectives de négociations de paix en pleine année électorale américaine.

Elle parle aussi d'une "crise du maintien de la paix" dans le monde, tout en gardant une "lueur d'espoir" sur la possibilité de résoudre les conflits par la voie diplomatique.

 

Question: Concernant la guerre à Gaza et ses ramifications, quelles sont les perspectives à court et moyen terme et les risques d'escalade, notamment d'un conflit direct avec l'Iran?

Réponse: "Il y a des discussions en cours sur une trêve de 40 jours. C'est la base. Obtenir ces 40 jours et ensuite construire sur cette base (...) Parvenir à une sorte de gouvernance intérimaire qui permette le rétablissement des infrastructures et l'acheminement d'eau et de nourriture et puis répondre aux besoins à plus long terme. Du côté palestinien, cela concerne leur aspiration à un Etat. Pour Israël, il s'agit de sa sécurité et de garanties de sécurité. C'est pourquoi nous avons été très clairs au sein du Crisis Group que la seule manière d'y parvenir c'est à travers un cessez-le-feu immédiat.

Il y a une chose qui semble rester vraie, c'est qu'aucune des parties ne veut d'une escalade régionale ou d'une guerre. Et quand je dis aucune des parties, je parle des trois grands acteurs que sont Israël, l'Iran et les Etats-Unis. Mais nous constatons également que chaque jour, nous nous rapprochons d'une erreur de calcul majeure. Eviter une catastrophe devient très important".

 

Q: Avec la guerre à Gaza, l'Ukraine attire moins l'attention et aucune sortie de crise n'est en vue après deux ans de guerre. Pensez-vous qu'il y ait un espace pour entamer une négociation avec la Russie ?

R: "C'est très difficile à l'approche des élections américaines. Poutine regarde ça et il voit que l'Ukraine est devenue un enjeu de politique à Washington, il voit que cette sorte d'unité qu'il y avait entre les Etats-Unis et l'Europe pourrait s'effriter car, encore une fois, l'Ukraine est prise dans les enjeux de politique intérieure aux Etats-Unis".

 

Q: Un nouveau duel entre Joe Biden et Donald Trump se profile aux Etats-Unis. Quel impact sur la politique étrangère de ce pays?

R: "Ce qui est très clair (...), c'est que ceux qui observent les Etats-Unis apparaissent nerveux. Je pense que les Etats-Unis sont toujours vus au niveau international comme un acteur influent, à la fois de façon positive et négative. Mais je pense qu'il y a de plus en plus d'inquiétude, d'appréhension, de malaise quant à l'incertitude, l'imprévisibilité, la polarisation et la division".

 

Q: Face à la multiplication des conflits dans le monde, y a-t-il encore de la place pour la diplomatie?

R: "La diplomatie est mise à l'épreuve. Il y a des lieux où elle ne fonctionne pas, où la dynamique du champ de bataille s'oriente dans une autre direction, dans la mauvaise direction. Le Soudan, par exemple, est un cas classique où la diplomatie est souvent mise de côté et où il y a une préférence pour la guerre. Nous l'avons vu l'an dernier avec la reconquête du Haut-Karabakh par l'Azerbaïdjan. Nous le voyons également en Birmanie.

Quand on regarde l'état des conflits, aucune région n'est épargnée (...) Et pourtant, on peut faire beaucoup par la diplomatie préventive. Mais quand le système se fissure, quand le centre de gravité même -- à savoir l'ONU -- est sous forte pression et tension, quand le multilatéralisme même perd de son attrait, le monde est plus sombre.

C'est une année de crise pour le maintien de la paix (...) Mais à l'heure où l'on dit que le multilatéralisme s'effondre, il y a encore une lueur d'espoir. La question est de savoir si les dirigeants sont prêts à saisir l'occasion, s'ils sont capables d'élaborer et de façonner les opportunités pour permettre à la diplomatie de s'épanouir également".

 


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com