Selon des diplomates arabes basés à Beyrouth, Les Américains ne rétabliront leur capacité de dissuasion au Moyen-Orient que s’ils menacent directement les intérêts de l’Iran. Cibler les milices locales à la solde de Téhéran ne suffira pas. Et pour cause l'Iran ne se soucie pas de ses milices et ne se soucie pas du nombre de leurs morts. Selon le directeur de la CIA, William Burns, qui écrit dans un récent article dans le magazine « Foreign Affairs » : « Le régime iranien est prêt à se battre jusqu'au dernier homme appartenant à ces milices dans la région». Ainsi, comme l’affirme une source diplomatique occidentale au Liban, seule une menace claire contre les intérêts directs de l'Iran, soit en ciblant son infrastructure ou ses moyens militaires, soit en prenant pour cible Les officiers supérieurs de la « Brigade Al Qods» et leur liquidation systématique comme le font les Israéliens enverrait un message fort de dissuasion de la part de l’Amérique.
Ce que nous avançons, est le fruit d’une analyse emmenant de plusieurs sources diplomatiques, au lendemain des vagues de frappes américaines dirigées contre les factions iraniennes en Irak, en Syrie et au Yémen. Cette analyse ne se limite pas à l’ampleur des frappes ni au nombre de cibles détruites. De surcroit Elle ne s’arrête pas non plus au nombre de morts parmi les dirigeants de la Brigade « Fatemiyoun » que Téhéran utilise comme façade pour ses guerres expansionnistes dans la région. Enfin cette analyse ne se limite même pas au nombre des pertes humaines au sein du groupe Houthi, ni des rampes de lancement de missiles, des infrastructures détruites par les avions de combat américains et britanniques lors des raids déclenchés depuis le 12 janvier dernier.
Ce qui compte pour l’Iran, c’est que l’Amérique ne coule pas aujourd’hui les navires espions iraniens stationnés dans le golfe d’Aden, à noter les deux navires « BahShahad » et « Safiz », qui ont joué un rôle central au niveau du commandement, du contrôle et de la direction des missiles et des drones Kamikazes Houthis.
Nous citons les deux navires en tant qu’exemples des actifs iraniens directement impliqués dans les hostilités qui entravent la liberté de navigation internationale dans la mer Rouge, et dans le détroit de Bab al-Mandab. Le prétexte avancé par les Houthis étant la guerre d’Israël contre Gaza. Bien entendu, il existe des centaines de cibles iraniennes tactiques ou bien stratégiques. Même en dehors du territoire iranien. On parle De centaines de navires commerciaux iraniens qui sillonnent les mers du monde entier.
Mais le plus important reste l’objectif politique que veulent atteindre les États-Unis. Ont-ils la volonté politique et militaire de dissuader l’Iran, ou cherchent-t-ils simplement à conclure un nouvel accord avec l’Iran qui conduirait inévitablement à étendre la sphère d’influence iranienne au Moyen Orient et la renforcer aux dépens des alliés historiques des États-Unis ? En fin de compte, ce sera un facteur d’affaiblissement de l’influence américaine au Moyen-Orient et Au-delà. Par conséquent, les récentes frappes américaines contre les milices pro iraniennes dans la région supposent qu’ils vont changer de comportement. Ou bien l’Iran devra revoir sa politique et par là évitera de sacrifier ses acolytes transformés en bouc émissaires dont l’ultime mission est de protéger le régime Iranien, et d’assuré son immunité derrière ses frontières.
Ce qui compte pour l’Iran, c’est que l’Amérique ne coule pas aujourd’hui les navires espions iraniens stationnés dans le golfe d’Aden, à noter les deux navires « BahShahad » et « Safiz », qui ont joué un rôle central au niveau du commandement, du contrôle et de la direction des missiles et des drones Kamikazes Houthis.
Ali Hamade
L’Amérique ne sera pas en mesure de protéger le corridor indien annoncé à la fin de l’été dernier, ni l’accord historique auquel elle aspire au Moyen-Orient, avant d’avoir clairement rétabli sa capacité de dissuasion contre l’Iran. C’est le passage nécessaire pour que les États-Unis continuent d’être un acteur majeur dans la région devant la Chine et devant la Russie.
Ali Hamade est journaliste éditorialiste au journal Annahar, au Liban. Twitter: @AliNahar
NDLR: Les opinions exprimées dans cette rubrique par leurs auteurs sont personnelles, et ne reflètent pas nécessairement le point de vue d’Arab News.