La pression internationale s'intensifie pour une trêve entre Israël et le Hamas

Rafah est le dernier refuge pour plus d'un million de Palestiniens de la bande de Gaza (Photo, AFP).
Rafah est le dernier refuge pour plus d'un million de Palestiniens de la bande de Gaza (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 13 février 2024

La pression internationale s'intensifie pour une trêve entre Israël et le Hamas

  • Benjamin Netanyahu a récemment ordonné à son armée de préparer une offensive sur Rafah, où sont massés 1,4 million de Palestiniens selon l'ONU
  • Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, insistent sur leur opposition à une opération à grande échelle sans solution pour les civils coincés à la frontière fermée avec l'Egypte

TERRITOIRES PALESTINIENS: La pression internationale s'intensifie mardi pour un accord de trêve entre Israël et le mouvement islamiste Hamas incluant une nouvelle libération d'otages, après l'annonce israélienne d'une offensive prochaine sur Rafah, dernier refuge pour plus d'un million de Palestiniens de la bande de Gaza.

L'Egypte, médiateur traditionnel entre Israël et les Palestiniens, accueille mardi les directeurs des renseignements américain et israélien ainsi que le Premier ministre qatari pour "oeuvrer à une trêve dans la bande de Gaza", selon un média égyptien.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a récemment ordonné à son armée de préparer une offensive sur Rafah, où sont massés 1,4 million de Palestiniens, selon l'ONU, soit plus de la moitié de la population totale du territoire, la plupart ayant fui la guerre qui fait rage depuis quatre mois.

Il a répété lundi sa détermination à poursuivre "la pression militaire jusqu'à la victoire complète" sur le Hamas, dont Rafah est le "dernier bastion", pour libérer "tous nos otages".

Quelques heures auparavant, Israël avait libéré deux otages, des Israélo-Argentins, à Rafah, à la frontière avec l'Egypte, lors d'une opération nocturne accompagnée de bombardements qui ont fait une centaine de morts, selon les autorités du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007.

L'armée israélienne a annoncé mardi la mort de trois soldats dans les combats dans la bande de Gaza, portant à 232 le nombre de militaires israéliens tués depuis le début de son opération terrestre le 27 octobre.

Situation humanitaire «insupportable»

Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, s'opposent à une opération à grande échelle sans solution pour les civils coincés à la frontière fermée avec l'Egypte à l'extrême sud du territoire.

Le président américain, Joe Biden, a réclamé à Israël un plan "crédible" pour épargner les civils à Rafah qui sont "exposés et vulnérables", lors d'une rencontre lundi à la Maison Blanche avec le roi de Jordanie Abdallah II.

"Nous ne pouvons pas nous permettre une attaque israélienne sur Rafah", où la situation humanitaire est déjà "insupportable", a dit de son côté Abdallah II, qui a appelé à "un cessez-le-feu durable immédiatement" à Gaza.

La Chine, de son côté, a aussi appelé mardi Israël à arrêter "au plus vite" son opération militaire à Rafah, afin "d'empêcher une catastrophe humanitaire plus grave encore".

La guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque sans précédent de commandos du Hamas infiltrés de la bande de Gaza dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils tués ce jour-là, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, le gouvernement israélien a juré d'anéantir le mouvement islamiste qu'il considère comme une organisation "terroriste", de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

L'offensive israélienne a fait 28.473 morts dans la bande de Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas.

Selon Israël, 130 otages se trouvent encore à Gaza, dont 29 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre. Une trêve d'une semaine en novembre avait permis la libération de 105 otages en échange de 240 Palestiniens détenus par Israël.

«Sur la lune?»

Au Caire, le patron de la CIA, William Burns, le chef du Mossad, David Barnea, et le chef du gouvernement du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, discutent d'une trêve avec des dirigeants égyptiens, selon la télévision AlQahera News, proche du renseignement égyptien.

"Le Hamas et les autres mouvements palestiniens attendent les résultats des pourparlers du Caire", a indiqué à l'AFP l'un de ses cadres sous couvert d'anonymat.

Face aux craintes internationales d'une offensive militaire majeure, M. Netanyahu a affirmé dimanche qu'Israël ouvrirait à la population "un passage sécurisé" pour quitter Rafah, sans préciser vers quelle destination.

"Ils vont évacuer" les Palestiniens: "Où? Sur la Lune?", s'est interrogé à Bruxelles le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell.

Des familles palestiniennes, beaucoup déjà déplacées plusieurs fois et craignant devoir bouger encore, commençaient mardi à démonter leur tentes et rassembler leurs affaires.

"Nous avons fui le nord avec rien, ensuite on est allé à Khan Younès avec toujours rien", a indiqué Ismaïl Joundiyah, un déplacé. "Cette fois, on veut être prêts".

L'ONU ne s'associera pas à "un déplacement forcé de population" à Rafah, a pour sa part prévenu Stephane Dujarric, le porte-parole du secrétaire général de l'ONU.

L'Allemagne a elle appelé Israël mardi à garantir des passages sûrs pour la protection des civils à Rafah, où deux journalistes d'Al Jazeera ont été grièvement blessés dans une frappe israélienne, selon la chaîne qatarie.

«Désastre»

D'après le journal américain Wall Street Journal, Israël proposerait de créer 15 vastes camps de 25.000 tentes chacun dans le sud-ouest de la bande de Gaza, dans le cadre d'un plan d'évacuation.

Le Hamas a estimé mardi dans un communiqué qu'une évacuation forcée de Rafah conduirait à un "crime" contre les personnes qui s'y trouvent, appelant à une "protection internationale".

Environ 1,7 million de personnes, d'après l'ONU, sur un total de 2,4 millions d'habitants, ont fui leur foyer depuis le 7 octobre dans le territoire palestinien assiégé par Israël et plongé dans une crise humanitaire majeure.

Rafah, devenue un gigantesque campement, est le principal point d'entrée de l'aide humanitaire, insuffisante pour répondre aux besoins de la population qui vit dans des "conditions proches de la famine", selon le Programme alimentaire mondial (PAM).

Des inquiétudes grandissent par ailleurs au sujet de l'avenir de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (UNRWA), accusée par Israël d'être "infiltrée par le Hamas", et dont les contributions ont été gelées par plusieurs pays dont les Etats-Unis et l'Allemagne. Son patron, Philippe Lazzarini, a estimé mardi que démanteler cette organisation serait un "désastre", et le directeur de l'agence humanitaire de l'Arabie saoudite a lui estimé qu'un gel des fonds risquerait d'augmenter le nombre de morts.


L'Égypte coordonne avec la Grèce le retour des victimes du bateau de migrants et met en garde contre les itinéraires irréguliers

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016. (File/AFP)
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  • Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine
  • Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux

DUBAI: Les mesures prises par l'Égypte ont reçu le soutien de la communauté internationale, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières.
Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Badr Abdelatty, a demandé à l'ambassade égyptienne à Athènes de renforcer la coordination avec les autorités grecques, a rapporté Ahram Online mardi.

Cette mesure vise à soutenir les survivants et à accélérer le rapatriement des corps des victimes une fois les procédures légales achevées.

Le ministère a ajouté que l'ambassade était en contact avec les familles des personnes décédées afin d'organiser le transfert des dépouilles dans leur pays d'origine.

Présentant ses condoléances aux familles des victimes, le ministère a renouvelé son avertissement aux citoyens concernant les risques de la migration irrégulière, exhortant les Égyptiens à protéger leur vie en utilisant des moyens de transport légaux et réglementés.

L'Égypte a intensifié ses efforts pour freiner la migration irrégulière depuis le lancement d'une stratégie nationale en 2016, les responsables soulignant que le pays ne sera pas utilisé comme voie de transit vers l'Europe.

Les autorités affirment qu'aucun bateau de migrants n'a quitté les côtes égyptiennes depuis l'introduction de la stratégie, bien que l'Égypte accueille près de 10 millions de ressortissants étrangers, y compris des réfugiés, des demandeurs d'asile et des migrants de 133 pays.

L'approche a continué à évoluer au fil des ans, tout récemment avec l'adoption du plan d'action national 2024-2026 par le Comité national pour la lutte et la prévention de la migration illégale et de la traite des personnes.

Des initiatives antérieures ont également soutenu ces efforts, notamment le programme "Lifeboats" de 2019, qui a alloué 250 millions EGP pour créer des opportunités d'emploi dans les villages considérés comme les plus vulnérables à la migration irrégulière.

Les mesures prises par l'Égypte ont bénéficié d'un soutien international, l'Union européenne s'étant engagée à verser 200 millions d'euros de subventions en mars 2024 pour renforcer la gestion des frontières, les capacités de recherche et de sauvetage et les efforts de lutte contre le trafic de migrants.


Explosion du port de Beyrouth: un juge libanais en Bulgarie pour l'enquête

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  • Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort
  • Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban"

BEYROUTH: Le juge libanais Tarek Bitar s'est déplacé mercredi en Bulgarie pour interroger le propriétaire du navire lié à l'explosion meurtrière dans le port de Beyrouth en 2020, a indiqué un responsable judiciaire à l'AFP.

Un tribunal bulgare avait refusé le 10 décembre d'extrader Igor Grechushkin, un citoyen russo-chypriote de 48 ans, faute d'assurances suffisantes du Liban qu'il n'appliquerait pas la peine de mort.

M. Grechushkin est désigné par les autorités libanaises comme le propriétaire du Rhosus, le navire qui transportait le nitrate d'ammonium débarqué dans le port de Beyrouth dans un entrepôt, où il avait explosé suite à un incendie, faisant plus de 200 morts, des milliers de blessés et d'importants dégâts.

Arrêté à l'aéroport de Sofia en septembre sur la base d'une notice rouge d'Interpol, il est accusé par les autorités judiciaires libanaises d'"introduction d'explosifs au Liban, acte terroriste ayant entraîné la mort d'un grand nombre de personnes et désactivation de machines dans le but de faire couler un navire", selon le parquet bulgare.

"M. Bitar est parti pour Sofia mercredi" et doit interroger M. Grechushkin jeudi, a précisé sous couvert d'anonymat un responsable de la justice libanaise à l'AFP.

L'ambassade libanaise à Sofia s'est occupée de trouver un traducteur et un huissier chargé de prendre en note l'interrogatoire, qui se fera en présence d'autorités judiciaires bulgares, a précisé la même source.

La justice libanaise espère obtenir des informations sur la cargaison de nitrate d'ammonium et en particulier son commanditaire. Elle veut aussi savoir si Beyrouth était la destination finale du navire.

Le juge indépendant Tarek Bitar avait repris en début d'année l'enquête qu'il avait dû interrompre en janvier 2023, se heurtant à l'hostilité d'une grande partie de la classe politique, notamment du Hezbollah qui l'accusait d'impartialité, avant d'être poursuivi pour insubordination.

Son enquête a pu reprendre après l'entrée en fonction du président Joseph Aoun et de son Premier ministre, qui ont promis de préserver l'indépendance de la justice, à la suite de la guerre entre Israël et le Hezbollah dont le mouvement chiite soutenu par l'Iran est sorti très affaibli à l'automne 2024.


«Des habitants meurent de froid»: Gaza frappé par de nouvelles intempéries

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs. (AFP)
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  • "Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa)
  • "Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré

GAZA: De nouvelles pluies hivernales se sont abattues cette semaine sur la bande de Gaza, déjà ravagée par la guerre, faisant au moins 18 morts depuis le début des intempéries.

Des Palestiniens poussant une voiture dans une rue inondée, une charrette tirée par un âne progressant difficilement à travers les eaux, des tentes et des abris de fortune de déplacés inondés: la situation s'aggrave dans un territoire palestinien en ruines.

"Avec les fortes pluies et le froid apportés par la tempête Byron, des habitants de la bande de Gaza meurent de froid", a écrit lundi sur X Philippe Lazzarini, le chef de l'agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens (Unrwa).

"Nos aides attendent depuis des mois d'entrer à Gaza. Elles permettraient de couvrir les besoins de centaines de milliers de personnes en détresse", a-t-il déploré.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre après deux années de guerre entre Israël et le mouvement islamiste Hamas, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Nourrissons «en danger»

Selon le ministère de la Santé de Gaza, dirigé par le Hamas, un nouveau-né est décédé lundi des suites d'une hypothermie sévère causée par un froid extrême. Le ministère ajoute qu'il avait été admis à l'hôpital il y a deux jours et placé en soins intensifs.

Trois enfants étaient décédés dans des conditions similaires la semaine dernière, d'après la Défense civile, organisation de premiers secours opérant sous l'autorité du mouvement islamiste.

Si un cessez-le-feu est entré en vigueur en octobre, l'ONU estime que l'aide humanitaire arrive en quantité insuffisante face à l'ampleur des besoins de la population démunie.

Environ 1,3 million de personnes, sur une population de plus de deux millions d'habitants dans le territoire, ont actuellement besoin d'un hébergement d'urgence, selon les Nations unies, qui mettent en garde contre un risque croissant d'hypothermie.

Les nourrissons encourent particulièrement un "grand danger" avec les conditions hivernales, avertit l'organisation.

«Reconstruire le territoire»

La Défense civile de Gaza avait indiqué vendredi qu'au moins 16 personnes étaient mortes en 24 heures des suites de l'effondrement de bâtiments ou des effets du froid.

Outre le nourrisson, le porte-parole de l'organisation, Mahmoud Bassal, a fait état mardi d'un autre décès après l'effondrement du toit d'un bâtiment à la suite de fortes pluies dans le nord-ouest de la ville de Gaza.

Il a précisé que la maison avait déjà été endommagée par des frappes aériennes pendant la guerre.

Des images de l'AFP montrent des secouristes extraire le corps d'un Palestinien des décombres d'un bâtiment. Non loin, des proches en deuil pleurent.

"Nous appelons le monde à résoudre nos problèmes et à reconstruire le territoire afin que nous puissions avoir des maisons au lieu (...) de vivre dans la rue", a déclaré Ahmed al-Hossari, qui a perdu un membre de sa famille.

La bande de Gaza connaît généralement un épisode de fortes pluies à la fin de l'automne et en hiver, mais l'état de dévastation du territoire, des conséquences de la guerre, a rendu ses habitants plus vulnérables.