La pression internationale s'intensifie pour une trêve à Gaza

Des soldats israéliens se dirigent vers la bande de Gaza, dans le sud d’Israël, le mardi 13 février 2024 (Photo, AP).
Des soldats israéliens se dirigent vers la bande de Gaza, dans le sud d’Israël, le mardi 13 février 2024 (Photo, AP).
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Publié le Mercredi 14 février 2024

La pression internationale s'intensifie pour une trêve à Gaza

  • L'Egypte, médiateur traditionnel entre Israël et les Palestiniens, a accueilli mardi les directeurs du renseignement américain et israélien ainsi que le Premier ministre qatari pour des pourparlers sur une trêve
  • Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a récemment ordonné à l'armée de préparer une offensive sur Rafah

GAZA: La pression internationale s'est intensifiée mardi pour un accord de trêve entre Israël et le Hamas incluant une nouvelle libération d'otages, après l'annonce israélienne d'une offensive prochaine sur Rafah, dernier refuge pour plus d'un million de Palestiniens dans le sud de la bande de Gaza.

L'Egypte, médiateur traditionnel entre Israël et les Palestiniens, a accueilli mardi les directeurs du renseignement américain et israélien ainsi que le Premier ministre qatari pour des pourparlers sur une trêve.

Les discussions entre le directeur de la CIA, William Burns, le chef du Mossad, David Barnea, le chef du gouvernement du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, et des responsables égyptiens, ont été "positives" et se poursuivront durant "les trois prochains jours", a annoncé la télévision AlQahera News, proche du renseignement égyptien.

Les familles des otages détenus à Gaza, qui exhortent le gouvernement à tout faire pour permettre leur libération, ont imploré dans un message la délégation israélienne: "Ne revenez pas tant que tout le monde n'est pas revenu - les vivants et les morts".

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a récemment ordonné à l'armée de préparer une offensive sur Rafah, qui est selon lui le "dernier bastion" du mouvement islamiste.

Environ 1,4 million de Palestiniens, selon l'ONU, soit plus de la moitié de la population de Gaza, sont massés dans cette ville, piégés contre la frontière fermée avec l'Egypte, la plupart ayant fui la guerre qui fait rage depuis quatre mois dans le territoire assiégé par Israël.

«Le monde a basculé»

Israël a juré "d'anéantir" le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, en riposte à l'attaque menée par des commandos du mouvement islamiste infiltrés depuis Gaza dans le sud d'Israël.

Cette attaque sans précédent a entraîné la mort de plus de 1 160 personnes, en majorité des civils tués ce jour-là, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

L'offensive israélienne menée en représailles a fait 28 473 morts à Gaza, en grande majorité des civils, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas.

Lundi, l'armée avait libéré deux otages israélo-argentins enlevés le 7 octobre, lors d'une opération nocturne à Rafah accompagnée de bombardements qui ont fait une centaine de morts, selon le Hamas.

Terrifiées après cette opération, des familles démontaient mardi leurs tentes et rassemblaient leurs affaires pendant que d'autres prenaient la direction du nord, leurs bagages empilés sur le toit de leurs voitures.

"Nous avons été déplacés de la ville de Gaza (dans le nord), vers le sud, puis à nouveau vers Rafah", a témoigné une mère de famille, Ahlam Abou Assi. "S'ils me demandent de retourner dans la ville de Gaza, je ne le ferai que si c'est sûr", a-t-elle ajouté en pleurant. "Sinon, je préférerais mourir ici. Ils meurent déjà de faim là-bas".

Mohammed Suleiman al-Kawarea, originaire de Khan Younès, à quelques kilomètres au nord de Rafah, a décidé de regagner sa ville, malgré les bombardements qui continuent.

"Il y a trois jours, dans le quartier d'al-Mawasi à Rafah, qui est censé être une zone sûre, nous avons entendu des avions de chasse et des chars d'assaut et le monde entier a basculé. Nous n'avons pas pu dormir, manger ou boire de la nuit (...) Aujourd'hui, nous fuyons à nouveau vers Khan Younès", a-t-il raconté à l'AFP.

Mardi, de la fumée s'élevait au-dessus de Khan Younès et de Rafah après des frappes, selon des journalistes de l'AFP dans la bande de Gaza.

«Un massacre»

Malgré les mises en garde de nombreuses capitales étrangères, Benjamin Netanyahu s'est dit déterminé à poursuivre "la pression militaire jusqu'à la victoire complète" sur le Hamas, classé organisation terroriste par Israël, les Etats-Unis et l'Union européenne, et la libération des otages.

Les opérations militaires israéliennes à Rafah "pourraient conduire à un massacre à Gaza", a averti mardi le chef des Affaires humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths, appelant Israël à ne pas "continuer à ignorer" les appels de la communauté internationale.

Selon Israël, 130 otages se trouvent encore à Gaza, dont 29 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre. Une trêve d'une semaine en novembre avait permis la libération de 105 otages et de 240 Palestiniens détenus par Israël.

Face aux craintes internationales, M. Netanyahu a affirmé dimanche qu'Israël ouvrirait à la population "un passage sécurisé" pour quitter Rafah, sans préciser vers quelle destination.

Les Etats-Unis, principal allié d'Israël, s'opposent à une offensive sans garanties pour la sécurité des civils. Le président Joe Biden a réclamé à Israël un plan "crédible" pour épargner la population.

La Chine a aussi exhorté mardi Israël à arrêter "au plus vite" son opération militaire à Rafah.

L'Allemagne a appelé Israël à garantir des passages sûrs pour la protection des civils à Rafah, où deux journalistes d'Al Jazeera ont été grièvement blessés dans une frappe israélienne, selon la chaîne qatarie.

D'après le Wall Street Journal, Israël proposerait de créer 15 vastes camps de 25 000 tentes chacun dans le sud-ouest de la bande de Gaza, dans le cadre d'un plan d'évacuation.

Rafah, devenue un gigantesque campement, est le principal point d'entrée de l'aide humanitaire à Gaza, insuffisante pour répondre aux besoins de la population qui vit dans des "conditions proches de la famine", selon le Programme alimentaire mondial (PAM).


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
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  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.


Les efforts pour panser les «profondes divisions» de la Syrie sont ardus mais «pas insurmontables», déclare Guterres

Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
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  • Antonio Guterres salue "la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", "la résilience et le courage" des Syriens
  • La transition offre l'opportunité de "forger une nation où chaque Syrien peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité"

NEW YORK : Les efforts pour guérir les "profondes divisions" de la Syrie seront longs et ardus mais les défis à venir ne sont "pas insurmontables", a déclaré dimanche le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime Assad.

Une offensive surprise menée par une coalition de forces rebelles dirigées par Hayat Tahrir al-Sham et des milices alliées a rapidement balayé les zones tenues par le régime à la fin du mois de novembre 2024. En l'espace de quelques jours, elles se sont emparées de villes clés et ont finalement capturé la capitale Damas.

Le 8 décembre de l'année dernière, alors que les défenses du régime s'effondraient presque du jour au lendemain, le président de l'époque, Bachar Assad, a fui la République arabe syrienne, mettant fin à plus de 50 ans de règne brutal de sa famille.

"Aujourd'hui, un an s'est écoulé depuis la chute du gouvernement Assad et la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", a déclaré M. Guterres, saluant la "résilience et le courage" des Syriens "qui n'ont jamais cessé de nourrir l'espoir en dépit d'épreuves inimaginables".

Il a ajouté que cet anniversaire était à la fois un moment de réflexion sur les sacrifices consentis en vue d'un "changement historique" et un rappel du chemin difficile qui reste à parcourir pour le pays.

"Ce qui nous attend est bien plus qu'une transition politique ; c'est la chance de reconstruire des communautés brisées et de guérir de profondes divisions", a-t-il déclaré, ajoutant que la transition offre l'occasion de "forger une nation où chaque Syrien - indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique - peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité".

M. Guterres a souligné que les Nations Unies continueraient à soutenir les Syriens dans la mise en place de nouvelles institutions politiques et civiques.

"Les défis sont importants, mais pas insurmontables", a-t-il déclaré. "L'année écoulée a montré qu'un changement significatif est possible lorsque les Syriens sont responsabilisés et soutenus dans la conduite de leur propre transition.

Il a ajouté que les communautés à travers le pays construisent de nouvelles structures de gouvernance et que "les femmes syriennes continuent de mener la charge pour leurs droits, la justice et l'égalité".

Bien que les besoins humanitaires restent "immenses", il a souligné les progrès réalisés dans la restauration des services, l'élargissement de l'accès à l'aide et la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Des efforts en matière de justice transitionnelle sont en cours, a-t-il ajouté, ainsi qu'un engagement civique plus large. M. Guterres a exhorté les gouvernements à soutenir fermement une "transition dirigée par les Syriens et prise en charge par les Syriens", précisant que le soutien doit inclure le respect de la souveraineté, la suppression des obstacles à la reconstruction et un financement solide pour le redressement humanitaire et économique.

"En ce jour anniversaire, nous sommes unis dans un même but : construire les fondations de la paix et de la prospérité et renouveler notre engagement en faveur d'une Syrie libre, souveraine, unie et ouverte à tous", a ajouté M. Guterres.