Abbas appelle le Hamas à conclure rapidement un accord de trêve

Le président palestinien Mahmoud Abbas. (Reuters)
Le président palestinien Mahmoud Abbas. (Reuters)
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Publié le Mercredi 14 février 2024

Abbas appelle le Hamas à conclure rapidement un accord de trêve

  • Abbas et l'Autorité palestinienne qu'il dirige sont accusés par de nombreux Palestiniens d'être restés largement passifs face à la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza
  • Basés en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, ils ne participent pas aux négociations en cours au Caire, où une délégation du Hamas devrait arriver mercredi selon une source du mouvement

JÉRUSALEM: Le président palestinien Mahmoud Abbas a appelé mercredi le Hamas à conclure "rapidement" un accord de trêve pour éviter une offensive israélienne sur Rafah, au moment où se tiennent des négociations au Caire sur une pause des hostilités dans la bande de Gaza.

Dans le territoire palestinien assiégé et dévasté par plus de quatre mois de guerre, les bombardements israéliens n'ont pas cessé, tuant dans la nuit 104 personnes, en majorité des femmes et des enfants, selon le ministère de la Santé du mouvement Hamas qui a pris le pouvoir dans le territoire palestinien en 2007.

Les raids ont visé notamment Khan Younès et Rafah (sud), ville devenue le dernier refuge pour 1,4 million de Palestiniens selon l'ONU, en grande majorité des personnes déplacées par la guerre, coincées contre la frontière fermée avec l'Egypte et vivant dans des conditions désastreuses.

"Nous appelons le Hamas à conclure rapidement l'accord sur les prisonniers, pour épargner à notre peuple palestinien une autre catastrophe, non moins dangereuse que la Nakba de 1948, et éviter une attaque de l'occupation contre Rafah qui entraînerait des milliers de victimes et un exode de notre peuple", a dit M. Abbas, cité par l'agence palestinienne Wafa.

La "Nakba" ("Catastrophe", en arabe) est le terme utilisé par les Palestiniens pour désigner l'exode de quelque 760.000 d'entre eux, poussés au départ à la création de l'Etat d'Israël en 1948.

M. Abbas et l'Autorité palestinienne qu'il dirige sont accusés par de nombreux Palestiniens d'être restés largement passifs face à la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza.

Basés en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, ils ne participent pas aux négociations en cours au Caire, où une délégation du Hamas devrait arriver mercredi selon une source du mouvement islamiste palestinien.

Depuis mardi, l'Egypte accueille des représentants des Etats-Unis, principal soutien d'Israël, et du Qatar, où est basé le chef du Hamas, pour des pourparlers en vue d'une trêve portant sur une nouvelle libération d'otages emmenés à Gaza le 7 octobre lors d'une attaque sans précédent du Hamas contre Israël.

Gaza: Les hôpitaux sont «complètement débordés» alerte l'OMS

Moins de la moitié des missions de l'Organisation mondiale de la santé visant à acheminer de l'aide à Gaza ont été autorisées alors que les hôpitaux y sont "complètement débordés", a indiqué un responsable mercredi.

"Les hôpitaux sont complètement submergés, débordés et insuffisamment approvisionnés", a affirmé le représentant de l'OMS dans les territoires palestiniens occupés, le docteur Rik Peeperkorn, s'exprimant en visioconférence depuis Gaza.

Le personnel, a-t-il décrit, est obligé de procéder à des amputations, faute de moyens pour soigner les patients dont une intervention chirurgicale pourrait sauver les membres dans un environnement normal.

Des proches d'otages à La Haye 

Le chef du Mossad, les services secrets israéliens, David Barnea, a participé aux discussions avec le directeur de la CIA, William Burns, le Premier ministre du Qatar, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, et des responsables égyptiens avant de quitter le Caire, a indiqué mardi soir la télévision AlQahera News, proche du renseignement égyptien.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan, très critique de l'offensive israélienne à Gaza, est lui aussi arrivé au Caire.

Selon Israël, 130 otages sont détenus encore à Gaza, dont 29 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre. Une trêve d'une semaine fin novembre a permis la libération de 105 otages en échange de 240 Palestiniens emprisonnés par Israël.

Une centaine de proches d'otages se sont rendus mercredi à La Haye pour déposer plainte contre le Hamas pour "crimes contre l'Humanité" auprès de la Cour pénale internationale (CPI), selon leurs représentants.

La guerre a été déclenchée par l'attaque le 7 octobre de commandos du Hamas infiltrés de la bande de Gaza voisine dans le sud d'Israël, qui a entraîné la mort de plus de 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

Israël a juré de "détruire" en représailles le Hamas, et mené une offensive militaire d'envergure qui a fait 28.576 morts à Gaza, en grande majorité des civils, selon le dernier bilan du ministère de la Santé du Hamas.

Frappes israéliennes au Liban 

Mardi, l'armée israélienne a diffusé une vidéo montrant selon elle le chef du Hamas à Gaza, Yahya Sinouar, cerveau présumé de l'attaque du 7 octobre, dans un tunnel le 10 octobre. La "traque ne s'arrêtera que lorsque nous l'aurons capturé mort ou vivant", a-t-elle affirmé.

Depuis le début de la guerre, des quartiers entiers ont été rasés à Gaza par les bombardements israéliens incessants et 1,7 million de personnes, selon l'ONU, ont été déplacées sur les quelque 2,4 millions d'habitants du territoire surpeuplé de 362 km2, assiégé par Israël et plongé dans une crise humanitaire majeure.

Rafah est le dernier centre urbain où l'armée israélienne n'a pas encore pénétré et le principal point d'entrée de l'aide humanitaire, insuffisante pour répondre aux besoins d'une population menacée en plein hiver par la famine et les épidémies selon l'ONU.

Début février, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a ordonné à l'armée de préparer une offensive sur Rafah, "dernier bastion" selon lui du Hamas, considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l'Union européenne.

Malgré les mises en garde internationales, il s'est dit déterminé à poursuivre "la pression militaire jusqu'à la victoire complète" sur le Hamas, et la libération des otages. Il a néanmoins assuré dimanche qu'Israël ouvrirait à la population "un passage sécurisé" pour quitter Rafah, sans préciser vers où.

Washington a dit s'opposer à une offensive contre Rafah sans garanties pour la sécurité des civils, et le chef des Affaires humanitaires de l'ONU, Martin Griffiths, a averti qu'elle "pourrait conduire à un massacre".

Sur un autre front de bataille, l'armée israélienne a lancé "une série de raids au Liban", après qu'une roquette tirée depuis le sud de ce pays voisin a fait des blessés dans le nord d'Israël.


L'armée israélienne dit se préparer à une «  offensive décisive » contre le Hezbollah libanais

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources. (AFP)
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  • "Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive"
  • Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah"

JERUSALEM: Un commandant de l'armée israélienne a indiqué vendredi que les troupes dans le nord du pays, où Israël à une frontière avec le Liban, se préparaient à une "offensive décisive" contre le Hezbollah, après des mois d'échanges de tirs transfrontaliers.

Le mouvement islamiste libanais Hezbollah et l'armée israélienne échangent des tirs quasi quotidiennement depuis l'attaque le 7 octobre du mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël, qui a déclenché la guerre dans la bande de Gaza.

Dans un discours prononcé lors d'un déplacement dans le nord, le général israélien Ori Gordin, a déclaré aux soldats: "nous avons déjà éliminé plus de 500 terroristes au Liban, la grande majorité d'entre eux appartenant au Hezbollah", selon un communiqué de l'armée.

Les troupes israéliennes dans le nord sont actuellement en opération pour protéger les habitants de cette partie du pays et "préparer la transition vers l'offensive", a ajouté le général Gordin, commandant les forces israéliennes dans le nord.

"Quand le moment viendra et que nous passerons à l'offensive, ce sera une offensive décisive", a-t-il encore dit.

Les violences depuis le 8 octobre entre l'armée israélienne et le Hezbollah ont fait au moins 523 morts au Liban, en majorité des combattants, selon un bilan établi par l'AFP à partir de différentes sources.

La plupart d'entre eux, 342 personnes, ont été confirmés comme étant des combattants du Hezbollah, mais le bilan comprend également 104 civils. M. Gordin n'a pas mentionné de victimes civiles. Dans le nord d'Israël, au moins 18 soldats israéliens et 13 civils ont été tués, selon l'armée.

Le Hezbollah, soutenu par l'Iran, affirme que ses attaques contre Israël depuis le 8 octobre ont pour objectif de soutenir son allié du Hamas.

Des dizaines de milliers d'habitants ont depuis été déplacés au Liban et en Israël en raison de cette flambée de violence transfrontalière.


Polio, eaux usées, hôpitaux surchargés: la crise sanitaire à Gaza

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés". (AFP)
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  • L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza
  • De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio

GENEVE: L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait état de vives inquiétudes face à une possible épidémie de polio dans la bande de Gaza, alors que la crise sanitaire y est déjà très grave.

Voici un aperçu de certains des défis sanitaires auxquels est confronté le territoire palestinien, selon l'OMS.

Polio dans les eaux usés

Menace largement répandue voici encore une quarantaine d'années, la poliomyélite - qui peut entraîner en quelques heures des paralysies irréversibles - a très largement disparu dans le monde grâce aux vaccins.

Mais il existe une autre forme de poliovirus qui peut se propager: le poliovirus qui a muté à partir de la source contenue à l'origine dans le vaccin antipoliomyélitique oral (VPO). C'est ce poliovirus dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc) qui a été retrouvé à Gaza.

Lorsqu'elles se répliquent dans le tube digestif, les souches de VPO changent génétiquement et peuvent se propager dans les communautés qui ne sont pas complètement vaccinées contre la poliomyélite, en particulier dans les zones où les conditions d'hygiène et d'assainissement sont mauvaises, ou dans des zones surpeuplées.

Le 16 juillet, le Réseau mondial de laboratoires de lutte contre la poliomyélite a isolé le poliovirus de type 2 dérivé d'une souche vaccinale (PVDVc2) dans six échantillons d'eaux usées à Deir al-Balah et Khan Younès.

Aucun prélèvement humain n'a encore été effectué à Gaza de sorte que l'OMS ne sait toujours pas si quelqu'un y a été infecté par le poliovirus. L'OMS et le Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef) espèrent collecter cette semaine les premiers échantillons humains.

De son côté, l'armée israélienne a annoncé dimanche avoir lancé une campagne de vaccination de ses soldats contre la polio.

Manque d'eau et d'assainissement

L'OMS et ses partenaires espèrent achever l'évaluation des risques liés à la polio cette semaine. Mais l'OMS a prévenu qu'il y a "un risque élevé" de propagation du poliovirus à Gaza et au niveau international "si cette épidémie ne fait pas l'objet d'une réponse rapide et optimale".

Le Dr Ayadil Saparbekov, chef d'équipe à l'OMS pour les urgences sanitaires dans les territoires palestiniens, espère que des recommandations pourront être publiées dimanche.

Mais "étant donné les limites actuelles en matière d'hygiène et assainissement de l'eau à Gaza, il sera très difficile pour la population de suivre le conseil de se laver les mains et de boire de l'eau salubre", a-t-il relevé mardi, lors d'un point de presse.

"Avec le système de santé paralysé, le manque d'eau et d'assainissement, ainsi que le manque d'accès de la population aux services de santé... la situation s'annonce très mauvaise", a-t-il souligné.

Au-delà de la polio, l'OMS est "très inquiète" face à de possibles épidémies dans la bande de Gaza.

Système de santé dévasté 

Seulement 16 des 36 hôpitaux à Gaza sont opérationnels, mais partiellement, selon l'OMS, qui fait état d'un "afflux massif de blessés" dans le complexe médical Nasser après de nouveaux bombardements lundi à Khan Younès, dans un contexte de "grave pénurie de réserves de sang, de fournitures médicales et de lits d'hôpitaux".

Avant le conflit à Gaza, déclenché le 7 octobre par les attaques du Hamas, il y avait environ 3.500 lits d'hôpitaux dans le territoire palestinien. Aujourd'hui, l'OMS estime qu'il y en a 1.532.

Seulement 45 des 105 établissements de soins de santé primaires sont opérationnels. Huit des dix hôpitaux de campagne sont opérationnels, dont quatre seulement partiellement.

Dans une telle situation, "il se peut que davantage de personnes meurent de maladies transmissibles que des blessures" liées à la guerre, a averti le Dr Saparbekov.

Selon ce responsable de l'OMS, "jusqu'à 14.000 personnes pourraient" avoir besoin d'une évacuation médicale hors de Gaza.


Les EAU proposent une mission internationale temporaire pour l'après-guerre à Gaza

Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
Reem bint Ebrahim Al-Hashimy, ministre d'État émiratie pour la coopération internationale, a déclaré que la mission contribuerait à rétablir l'ordre public et à répondre à la crise humanitaire dans Gaza d'après-guerre. (Archive/AFP)
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  • Elle a souligné le rôle clé des États-Unis dans le succès de la mission
  • La mission ouvrirait la voie à la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime

ABOU DHABI : Les Émirats arabes unis ont appelé à l'établissement d'une mission internationale temporaire pour poser les jalons d'une nouvelle gouvernance à Gaza après la guerre.

Jeudi, dans un communiqué relayé par l'agence de presse nationale, Reem Al-Hashimy, ministre d'État pour la coopération internationale,  a déclaré que cette mission viserait à rétablir l'ordre et à faire face à la crise humanitaire dans Gaza post-conflit.
Selon la ministre, la mission devrait être déployée à l'invitation du gouvernement palestinien, sous la houlette d'un "nouveau Premier ministre crédible et indépendant", pour répondre aux besoins des Palestiniens et reconstruire Gaza. 

Elle préparerait le terrain pour la réunification de Gaza et de la Cisjordanie occupée sous une Autorité palestinienne unique et légitime.

Al-Hashimy a souligné qu'un retour à la situation d'avant le 7 octobre ne garantirait pas une paix durable, cruciale pour la stabilité régionale. 

Elle a exhorté les États-Unis à mener les efforts internationaux pour reconstruire Gaza, parvenir à la solution à deux États et faciliter les réformes palestiniennes, autant d'éléments qui contribueraient au succès de la mission internationale.

Israël, a-t-elle ajouté, doit également respecter le droit humanitaire international.

"Gaza ne peut se relever sous un blocus continu, ou si l'Autorité palestinienne légitime est empêchée d'assumer ses responsabilités", a-t-elle affirmé, appelant à l'arrêt des colonies israéliennes illégales et des violences en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. 

La ministre a réitéré le soutien des EAU aux efforts internationaux pour la solution à deux États.
"Notre ambition dépasse les frontières de Gaza et exige une collaboration internationale. L'établissement de la paix n'est pas seulement une nécessité régionale, mais un enjeu global qui profiterait à tout le Moyen-Orient et au monde entier", a-t-elle souligné pour conclure.