Crise au Sénégal: des milliers d'opposants ont pu marcher dans le calme

Le chef de l'Etat sénégalais Macky Sall, soumis aux pressions de toutes parts, s'est engagé vendredi à organiser la présidentielle «dans les meilleurs délais» (Photo, AFP).
Le chef de l'Etat sénégalais Macky Sall, soumis aux pressions de toutes parts, s'est engagé vendredi à organiser la présidentielle «dans les meilleurs délais» (Photo, AFP).
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Publié le Samedi 17 février 2024

Crise au Sénégal: des milliers d'opposants ont pu marcher dans le calme

  • Des milliers d'opposants ont pu manifester samedi dans le calme à Dakar, signe d'apaisement au Sénégal après deux semaines de tensions
  • Les gendarmes ont quadrillé tout le secteur de la marche, mais contrairement aux précédentes manifestations, interdites, ils ne portaient pas de tenue anti-émeutes

DAKAR: Des milliers d'opposants ont pu manifester samedi dans le calme à Dakar, signe d'apaisement au Sénégal après deux semaines de tensions liées au report de la présidentielle du 25 février, ensuite invalidé par le Conseil constitutionnel.

Portant des T-shirts noirs marqués du nom du collectif citoyen ayant appelé à la marche, "Aar Sunu Election" ("Protégeons notre élection"), ou drapés aux couleurs du Sénégal, les manifestants ont brandi des pancartes sur lesquels on pouvait lire notamment: "Respect du calendrier électoral", "Non au coup d'État constitutionnel", "Free Sénégal".

Les gendarmes ont quadrillé tout le secteur de la marche, mais contrairement aux précédentes manifestations, interdites, ils ne portaient pas de tenue anti-émeutes.

L’opposition criait depuis début février au "coup d’Etat constitutionnel". Mais depuis la décision jeudi du Conseil constitutionnel d’invalider le report de l’élection au 15 décembre et d'exiger qu’elle se tienne "dans les meilleurs délais" - ce qu’a accepté le président Macky Sall - la situation s’est apaisée, comme en témoigne l'autorisation de cette manifestation.

"Le mot d'ordre aujourd'hui c'est la mobilisation", déclare Malick Gakou, candidat à la présidentielle qui participe à la marche. "L'État du Sénégal n'a plus le droit à l'erreur et il doit organiser l'élection au mois de mars pour que la passation de service entre le président Sall et le nouveau président puisse se faire le 2 avril", date de la fin du mandat du chef de l'Etat.

La décision du président de se conformer à l'avis du Conseil constitutionnel "nous enlève beaucoup de stress", affirme dans la foule Maestro El Kangam, artiste-rappeur de 34 ans, drapé aux couleurs du Sénégal.

"Personnellement je n'ai pas confiance en lui et j'attends de voir s'il respectera sa parole, s'il le fait il sortira au moins par la grande porte", nuance-t-il toutefois.

"Je suis fier de voir aujourd'hui que tous les Sénégalais sont unis pour le même objectif, celui de tenir les élections le plus rapidement possible. Nous sommes prêts à élire un nouveau président", se réjouit Cheikh Ahmed Tidiane Gueye, assis dans un fauteuil roulant.

"Macky Sall dictateur", "Libérez Sonko", scande la foule d'hommes, de femmes de tous âges, d'enfants, dans une ambiance de fête.

Bien qu'absent, Ousmane Sonko, leader de l'opposition emprisonné, très populaire auprès des jeunes, est omniprésent parmi les marcheurs qui chantent la célèbre chanson "Sonko namenaaalaa" ("Sonko tu nous manques").

Les précédentes manifestations organisées pour s’opposer au report et au vote de députés fixant la date du scrutin au 15 décembre, toutes interdites, avaient donné lieu à des violences et de nombreuses arrestations. Trois personnes avaient été tuées le 9 février.

«Elections inclusives, libres»

La communauté internationale a fait part de son inquiétude et appelé à la tenue la plus rapide possible de la présidentielle.

Samedi, le président de la Commission de l'Union africaine, Moussa Faki Mahamat, a souhaité la tenue d'"élections inclusives, libres et transparentes" dans les meilleurs délais.

Le mandat de Macky Sall s’achève le 2 avril et la présidentielle devrait théoriquement se tenir avant. Le chef de l’Etat a indiqué qu’il entendait mener "sans tarder les consultations nécessaires pour l’organisation de l’élection présidentielle dans les meilleurs délais", conformément à la décision du Conseil constitutionnel.

Chacun s'accorde à dire, y compris la Cour constitutionnelle qui n’a pas fixé de date, que l'élection n'est plus possible le 25 février.

Autre inconnue à part la date, l'identité des candidats à la présidentielle.

Les "Sages" ont homologué en janvier 20 candidatures, et en avait invalidé des dizaines d'autres, Or les vives contestations auxquelles a donné lieu ce processus et les accusations de corruption portées contre le Conseil par le candidat disqualifié Karim Wade ont été l'un des arguments du camp présidentiel pour reporter l'élection.

Pour M. Wade et d'autres candidats éliminés, le report était une nécessité ou une aubaine.

Par ailleurs, après la libération ces derniers jours de plusieurs dizaines d'opposants, la pression pourrait rapidement augmenter pour que soit aussi relâché le candidat antisystème et membre du Pastef (dissous) Bassirou Diomaye Faye, prétendant sérieux à la victoire bien que détenu.


Guerre à Gaza: la Colombie rompt ses liens diplomatiques avec Israël

Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
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  • Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza
  • Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire"

BOGOTA: Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza.

Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire".

M. Petro avait vivement critiqué, à plusieurs reprises, la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza après les attaques sans précédent du Hamas dans le sud du territoire israélien le 7 octobre.

"Demain (jeudi), les relations diplomatiques avec l'Etat d'Israël seront rompues (parce qu'il a) un gouvernement, un président génocidaire", a déclaré mercredi le président colombien, lors d'un discours prononcé devant plusieurs milliers de partisans à Bogota à l'occasion du 1er-Mai.

En Israël, le chef du gouvernement est le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, tandis que le président, Isaac Herzog, a  un rôle avant tout symbolique.

"On ne peut pas revenir aux époques de génocide, d'extermination d'un peuple entier", a déclaré le président colombien. "Si la Palestine meurt, l'humanité meurt", a-t-il lancé, déclenchant les vivats de la foule.

Le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz a aussitôt réagi en qualifiant Gustavo Petro d'"antisémite". "Le président colombien avait promis de récompenser les meurtriers et violeurs du Hamas, aujourd'hui il a tenu promesse", a écrit M. Katz sur X.

"Nous apprécions grandement la position du président colombien Gustavo Petro (...) que nous considérons comme une victoire pour les sacrifices de notre peuple et sa cause qui est juste", a déclaré pour sa part dans un communiqué la direction du Hamas, en appelant d'autres pays d'Amérique latine à "rompre" leurs relations avec Israël.

 


Mobilisation en soutien à Gaza: affrontements et interpellations sur les campus américains

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  • A l'université du Texas à Dallas, la police a démantelé mercredi un campement de manifestants et arrêté au moins 17 personnes pour "intrusion criminelle" mercredi, a indiqué l'établissement.
  • Les forces de l'ordre ont également arrêté plusieurs personnes à l'université new-yorkaise de Fordham University et ont évacué un campement installé dans la matinée sur le campus, ont indiqué des responsables

LOS ANGELES: La police a été déployée mercredi sur plusieurs campus américains, où de nouvelles arrestations ont eu lieu, après être intervenue à Los Angeles et New York, théâtres d'une mobilisation étudiante contre la guerre à Gaza qui secoue les Etats-Unis.

A l'université du Texas à Dallas, la police a démantelé mercredi un campement de manifestants et arrêté au moins 17 personnes pour "intrusion criminelle" mercredi, a indiqué l'établissement.

Les forces de l'ordre ont également arrêté plusieurs personnes à l'université new-yorkaise de Fordham University et ont évacué un campement installé dans la matinée sur le campus, ont indiqué des responsables.

Et environ 300 personnes ont été interpellées à New York sur deux sites universitaires, a dit mercredi la police de la ville lors d'une conférence de presse.

Au cours de la nuit de mardi à mercredi, les forces de l'ordre ont délogé manu militari des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de la prestigieuse université Columbia à Manhattan, d'où est partie la mobilisation estudiantine de soutien à Gaza.

"La police s'est montrée brutale et agressive avec eux", a assuré à l'AFP Meghnad Bose, un étudiant de Columbia ayant assisté à la scène.

"Ils ont arrêté des gens au hasard (...) plusieurs étudiants ont été blessés au point qu'ils ont dû être hospitalisés", a dénoncé une coalition de groupes étudiants pro-palestiniens de Columbia dans une publication Instagram.

"Je regrette que nous en soyons arrivés là", a réagi mercredi Minouche Shafik, la présidente de l'université.

Les manifestants se battent "pour une cause importante", mais les récents "actes de destruction" menés par des "étudiants et militants extérieurs" l'ont conduite à recourir aux forces de l'ordre, a-t-elle expliqué, dénonçant par ailleurs "des propos antisémites" proférés lors de ces rassemblements.

D'autres campements avaient également été démantelés tôt mercredi sur les campus de l'Université de l'Arizona à Tucson, et à l'Université de Wisconsin-Madison, respectivement dans le sud-ouest et le nord du pays, selon des médias locaux.


Mobilisation en soutien à Gaza: affrontements et intervention de la police sur le campus de la UCLA à Los Angeles

Des agents de la CHP marchent près d'un campement de partisans des Palestiniens de Gaza, sur le campus de l'UCLA, à Los Angeles, Californie, États-Unis, le 1er mai 2024. (Reuters)
Des agents de la CHP marchent près d'un campement de partisans des Palestiniens de Gaza, sur le campus de l'UCLA, à Los Angeles, Californie, États-Unis, le 1er mai 2024. (Reuters)
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  • Manifestants et contre-manifestants se sont opposés à coups de bâton et se sont lancé des projectiles
  • Quelques heures plus tôt, la police de New York avait délogé des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de l'université Columbia, campus américain d'où est partie la mobilisation estudiantine pro-palestinienne

LOS ANGELES : Des affrontements ont éclaté dans la nuit de mardi à mercredi en marge d'un rassemblement étudiant dénonçant la guerre menée par Israël à Gaza à l'Université UCLA, à Los Angeles, dernier épisode d'un mouvement étudiant qui secoue les Etats-Unis.

Les heurts ont éclaté quand un important groupe de contre-manifestants, pour beaucoup masqués, a attaqué un campement pro-palestinien installé sur une pelouse de l'UCLA, selon un photographe de l'AFP sur place.

Les assaillants ont tenté d'enfoncer une barricade improvisée autour du campement, composée de barrières métalliques et de panneaux de contreplaqué. Manifestants et contre-manifestants se sont ensuite opposés à coups de bâton et se sont lancé des projectiles.

«La violence en cours à l'UCLA est absolument abjecte et inexcusable», a fustigé la maire de Los Angeles, Karen Bass, ajoutant que la police de la ville était déployée sur le campus.

Cette dernière a indiqué avoir été appelée en renfort par la direction après «de nombreux actes de violence commis dans le campement à l'intérieur du campus».

Tôt mercredi, les policiers étaient toujours présents en grand nombre sur le site universitaire.

Quelques heures plus tôt, la police de New York avait délogé des manifestants pro-palestiniens barricadés dans un bâtiment de l'université Columbia, intervenant manu militari sur le campus américain d'où est partie la mobilisation estudiantine pro-palestinienne.

Le campement de tentes installé sur la pelouse du site a été démantelé, a pu constater une journaliste de l'AFP dans la nuit de mardi à mercredi.

Environ 300 personnes ont été interpellées, a indiqué la police new-yorkaise.

Dans le sud-ouest du pays, la police de l'Université de l'Arizona a annoncé mercredi matin avoir utilisé du gaz lacrymogène pour disperser «un rassemblement illégal».

En Caroline du Nord, sur la côte est, la police est intervenue mardi pour évacuer un campement sur un campus de Chapel Hill, arrêtant plusieurs manifestants dans un face-à-face tendu.

- Accord -

Depuis deux semaines, les mobilisations de soutien à Gaza se multiplient à travers les campus américains, de la Californie aux grandes universités du nord-est, en passant par le sud et le centre du pays -- rappelant les manifestations contre la guerre du Vietnam.

Les étudiants appellent les établissements à couper les ponts avec des mécènes ou entreprises liés à Israël, et dénoncent le soutien de Washington à son allié israélien.

Se distinguant ainsi des autres institutions, l'université Brown dans l'Etat de Rhode Island a annoncé mardi avoir trouvé un accord avec les manifestants, prévoyant le démantèlement de leur campement en échange d'un vote de l'université en octobre sur d'éventuels «désinvestissements dans des +sociétés qui rendent possible et profitent du génocide à Gaza+».

A Columbia, les négociations entre direction et groupes étudiants n'avaient pas abouti. «Les événements de la nuit dernière sur le campus ne nous ont pas donné le choix», avait écrit la présidente de l'université, Minouche Shafik, dans une lettre rendue publique demandant à la police de New York d'intervenir sur le campus.

A Los Angeles, le président de l'UCLA Gene Block avait mis en garde avant les heurts de la nuit contre la présence de personnes extérieures à l'université.

Dimanche, des militants pro-palestiniens et pro-israéliens, soutenus par de nombreux manifestants extérieurs au campus, en étaient venus aux mains, avec des bousculades et des insultes.

«Beaucoup de manifestants et de contre-manifestants pratiquent leur militantisme de manière pacifique. Mais d'autres emploient des méthodes franchement choquantes et honteuses», avait écrit M. Block dans un message posté mardi sur le site de l'université.

«Ces incidents ont provoqué, tout particulièrement chez nos étudiants juifs, une profonde anxiété et de la peur», a-t-il ajouté.

- A 6 mois de la présidentielle -

Depuis le début du mouvement, des centaines de personnes - étudiants, enseignants et militants - ont été interpellées, parfois arrêtées et poursuivies en justice dans plusieurs universités du pays.

Les images de policiers anti-émeutes intervenant sur les campus, à la demande des universités, ont fait le tour du monde et on fait vivement réagir le monde politique, à six mois de la présidentielle dans un pays polarisé.

Joe Biden «doit faire quelque chose» contre ces «agitateurs payés», a déclaré mardi soir sur Fox News le candidat républicain Donald Trump. «Il nous faut mettre fin à l'antisémitisme qui gangrène notre pays aujourd'hui», a-t-il ajouté.

«Occuper par la force un bâtiment universitaire est la mauvaise approche» et ne représente «pas un exemple de manifestation pacifique», avait tonné avant l'intervention de la police John Kirby, porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison Blanche.