Gaza compte ses morts, près de 30 000 en cinq mois selon le Hamas

Une vue aérienne montre des Palestiniens pleurant leurs proches, tués lors d'une frappe israélienne nocturne sur le camp de réfugiés d'Al-Maghazi, lors de funérailles collectives à l'hôpital Al-Aqsa de Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza (Photo, AFP).
Une vue aérienne montre des Palestiniens pleurant leurs proches, tués lors d'une frappe israélienne nocturne sur le camp de réfugiés d'Al-Maghazi, lors de funérailles collectives à l'hôpital Al-Aqsa de Deir Al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 27 février 2024

Gaza compte ses morts, près de 30 000 en cinq mois selon le Hamas

  • Les corps sont souvent transportés sur des charrettes tirées par des ânes, faute de carburant
  • Pour Iman Mussallam, la guerre à Gaza est «le grand massacre de l'histoire moderne»

TERRITOIRES PALESTINIENS: Iman Mussallam a du mal à croire que le nombre de morts annoncé par le Hamas dans la bande de Gaza est déjà en passe d'atteindre 30.000, en moins de cinq mois de guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien.

Mais elle sait aussi que le bilan réel est "bien plus élevé", avec de nombreuses victimes enfouies sous les décombres des bombardements israéliens. Et il ne fera que s'alourdir.

Cette guerre est déjà, et de très loin, la plus meurtrière des cinq qui ont opposé Israël au Hamas, devant celle de 2014 (2.250 Palestiniens tués).

"Nous ne savons pas combien de martyrs il y aura" à la fin de la guerre, dit l'enseignante de 30 ans, réfugiée dans un bâtiment de l'ONU transformé en abri à Rafah, dans l'extrême sud du territoire palestinien.

Ces innombrables "tragédies" et "souffrances" auront des conséquences désastreuses pour les Palestiniens pendant "des générations", déclare à l'AFP Ahmed Orabi, professeur de science politique à l'Université de Gaza.

Le conflit a été déclenché le 7 octobre par une attaque sanglante dans le sud israélien de commandos du Hamas venus de Gaza, où le mouvement palestinien a pris le pouvoir en 2007.

Israël mène depuis en représailles une offensive aérienne et terrestre massive dans le territoire palestinien, où les cimetières sont plein et où il n'y a plus assez de sacs mortuaires pour envelopper les cadavres.

Ici un agriculteur a enterré ses trois frères et leurs cinq enfants dans sa plantation d'agrumes. Là une fosse commune a été creusée sur un terrain de football.

Peur pour Rafah 

Mardi, le ministère de la Santé du Hamas, dont les chiffres sont jugés crédibles par l'ONU, a annoncé que 96 personnes avaient été tuées dans les frappes nocturnes israéliennes, portant le bilan de la guerre à 29.878 morts et 70.215 blessés depuis le 7 octobre.

Environ 70% des morts sont des femmes et des enfants, selon lui.

Aux yeux des Palestiniens, "le nombre énorme de femmes, enfants et personnes âgées tués ne laisse aucun doute sur le fait qu'il s'agit de massacres", souligne le professeur Orabi.

Les civils sont pris au quotidien dans les combats, entre bombardements aériens et tirs d'artillerie et de snipers, qui n'ont épargné aucune zone, dévasté des quartiers entiers et forcé de nombreuses familles à fuir, souvent sans rien pouvoir emporter avec elles.

Beaucoup ne survivent que grâce à la solidarité des proches, parfois d'inconnus, sur une bande de terre d'environ 40 kilomètres de long et 10 de large, déjà minée avant la guerre par un blocus israélien imposé depuis 2006, la pauvreté et le chômage.

Plus de 70% des 2,4 millions d'habitants de Gaza ont été déplacés par la guerre et la population est menacée de famine, souligne l'ONU.

Cette dernière, comme de nombreux dirigeants internationaux, craignant désormais un carnage à Rafah, où Israël a la ferme intention d'achever rapidement son offensive terrestre, alors que près d'un million et demi de personnes, à 80% des déplacés, s'y entassent.

«Zone de mort»

En Israël, l'attention reste focalisée sur les quelque 1.160 personnes, en majorité des civils, tuées lors de l'attaque du 7 octobre, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

Et sur le sort des 130 otages enlevés ce jour-là et toujours retenus à Gaza, un supplice pour leurs proches et un traumatisme d'une ampleur inédite pour le pays. Au total quelque 250 personnes avaient été enlevées.

A Gaza, la population survit comme elle peut face à la riposte militaire d'Israël, menée sans relâche depuis la terre, la mer et le ciel pour "détruire" le Hamas.

Le ministère de la Santé du Hamas ne précise par le nombre de combattants du Hamas tués, estimé à 10.000 par l’armée israélienne qui déplore 240 morts dans l'offensive terrestre et nie avoir délibérément visé des civils.

Parmi les victimes civiles, les journalistes de Gaza qui fournissent des récits et images de la guerre aux médias du monde entier, payent un lourd tribut. Selon le Comité pour la protection des journalistes, au moins 88 professionnels des médias ont péri depuis le 7 octobre.

Gaza, qualifiée de "zone de mort" par le directeur de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), Tedros Adhanom Ghebreyesus, est devenue un lieu de deuil permanent.

Pas un jour ne passe sans funérailles, que les familles en deuil doivent improviser au gré des conditions de la guerre.

Les corps sont souvent transportés sur des charrettes tirées par des ânes, faute de carburant.

Le personnel des hôpitaux, débordé, épuisé et qui manque de tout, doit parfois utiliser des camions à glaces pour garder les corps avant les enterrements.

Pour Iman Mussallam, la guerre à Gaza est "le grand massacre de l'histoire moderne".

Elle s'en prend aussi au Hamas, qu'elle accuse d'avoir abandonné les civils pour se cacher dans son réseau de tunnels creusés sous Gaza.

Mais comme de nombreux Gazaouis, elle s'interroge: "en quoi est-ce notre faute?".


La coalition arabe met en garde contre toute action militaire compromettant la désescalade au Yémen

Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
Des membres yéménites des tribus Sabahiha de Lahj lors d'un rassemblement pour manifester leur soutien au Conseil de transition du Sud (STC) dans la ville portuaire côtière d'Aden, le 14 décembre 2025. (AFP)
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  • Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a indiqué que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite pour prendre des mesures urgentes

DUBAÏ : La coalition arabe soutenant le gouvernement yéménite internationalement reconnu a averti samedi que tout mouvement militaire compromettant les efforts de désescalade serait traité immédiatement afin de protéger les civils, a rapporté l’Agence de presse saoudienne.

Le porte-parole de la coalition, le général de division Turki Al-Maliki, a déclaré que cet avertissement fait suite à une demande du Conseil présidentiel yéménite visant à prendre des mesures urgentes pour protéger les civils dans le gouvernorat de Hadramout, face à ce qu’il a qualifié de graves violations humanitaires commises par des groupes affiliés au Conseil de transition du Sud (CTS).

Le communiqué précise que ces mesures s’inscrivent dans le cadre des efforts conjoints et continus de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis pour réduire les tensions, faciliter le retrait des forces, remettre les camps militaires et permettre aux autorités locales d’exercer leurs fonctions.

Al-Maliki a réaffirmé le soutien de la coalition au gouvernement yéménite internationalement reconnu et a appelé toutes les parties à faire preuve de retenue et à privilégier des solutions pacifiques, selon l’agence.

Le CTS a chassé ce mois-ci le gouvernement internationalement reconnu de son siège à Aden, tout en revendiquant un contrôle étendu sur le sud du pays.

L’Arabie saoudite a appelé les forces du CTS à se retirer des zones qu’elles ont prises plus tôt en décembre dans les provinces orientales de Hadramout et d’Al-Mahra.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Émirats arabes unis saluent les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la stabilité au Yémen

Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
Les Émirats arabes unis ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen. (WAM)
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  • Les Émirats arabes unis ont salué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite

DUBAÏ : Les Émirats arabes unis ont salué vendredi les efforts de l’Arabie saoudite pour soutenir la sécurité et la stabilité au Yémen, a rapporté l’agence de presse officielle WAM.

Dans un communiqué, les Émirats ont loué le rôle constructif du Royaume dans la promotion des intérêts du peuple yéménite et dans le soutien de leurs aspirations légitimes à la stabilité et à la prospérité.

Les Émirats ont également réaffirmé leur engagement à soutenir toutes les initiatives visant à renforcer la stabilité et le développement au Yémen, en soulignant leur appui aux efforts contribuant à la sécurité et à la prospérité régionales.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le Liban adopte le projet de loi sur le gap financier malgré l’opposition du Hezbollah et des Forces libanaises

Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre libanais Nawaf Salam s'exprimant lors d'une conférence de presse après une réunion du Conseil des ministres à Beyrouth, le 26 décembre 2025. (AFP)
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  • Le texte vise à trancher le sort de milliards de dollars de dépôts bloqués et devenus inaccessibles pour les citoyens libanais depuis l’effondrement financier du pays

BEYROUTH : Le Conseil des ministres libanais a approuvé vendredi un projet de loi controversé visant à encadrer la relance financière et à restituer les dépôts bancaires gelés aux citoyens. Cette décision est perçue comme une étape clé dans les réformes économiques longtemps retardées et exigées par le Fonds monétaire international (FMI).

Le texte a été adopté par 13 voix pour et neuf contre, à l’issue de discussions marathon autour du projet de loi dit du « gap financier » ou de récupération des dépôts, bloqué depuis des années après l’éclatement de la crise bancaire en 2019. Les ministres de la Culture et des Affaires étrangères étaient absents de la séance.

La législation vise à déterminer le sort de milliards de dollars de dépôts devenus inaccessibles pour les Libanais durant l’effondrement financier du pays.

Le projet a été rejeté par trois ministres des Forces libanaises, trois ministres du Hezbollah et du mouvement Amal, ainsi que par la ministre de la Jeunesse et des Sports, Nora Bayrakdarian, le ministre des Télécommunications, Charles Al-Hajj, et le ministre de la Justice, Adel Nassar.

Le ministre des Finances, Yassin Jaber, a rompu avec ses alliés du Hezbollah et d’Amal en votant en faveur du texte. Il a justifié sa position par « l’intérêt financier suprême du Liban et ses engagements envers le FMI et la communauté internationale ».

Le projet de loi a suscité une vive colère parmi les déposants, qui rejettent toute tentative de leur faire porter la responsabilité de l’effondrement financier. Il a également provoqué de fortes critiques de l’Association des banques et de plusieurs blocs parlementaires, alimentant les craintes d’une bataille politique intense au Parlement, à l’approche des élections prévues dans six mois.

Le Premier ministre Nawaf Salam a confirmé que le Conseil des ministres avait approuvé le texte et l’avait transmis au Parlement pour débat et amendements avant son adoption définitive. Cherchant à apaiser les inquiétudes de l’opinion publique, il a souligné que la loi prévoit des audits judiciaires et des mécanismes de reddition des comptes.

« Les déposants dont les comptes sont inférieurs à 100 000 dollars seront intégralement remboursés, avec intérêts et sans aucune décote », a déclaré Salam. « Les grands déposants percevront également leurs premiers 100 000 dollars en totalité, le reste étant converti en obligations négociables garanties par les actifs de la Banque centrale, estimés à environ 50 milliards de dollars. »

Il a ajouté que les détenteurs d’obligations recevront un premier versement de 2 % après l’achèvement de la première tranche de remboursements.

La loi comprend également une clause de responsabilité pénale. « Toute personne ayant transféré illégalement des fonds à l’étranger ou bénéficié de profits injustifiés sera sanctionnée par une amende de 30 % », a indiqué Salam.

Il a insisté sur le fait que les réserves d’or du Liban resteront intactes. « Une disposition claire réaffirme la loi de 1986 interdisant la vente ou la mise en gage de l’or sans l’approbation du Parlement », a-t-il déclaré, balayant les spéculations sur une utilisation de ces réserves pour couvrir les pertes financières.

Reconnaissant que la loi n’est pas parfaite, Salam l’a néanmoins qualifiée de « pas équitable vers la restitution des droits ».

« La crédibilité du secteur bancaire a été gravement entamée. Cette loi vise à la restaurer en valorisant les actifs, en recapitalisant les banques et en mettant fin à la dépendance dangereuse du Liban à l’économie du cash », a-t-il expliqué. « Chaque jour de retard érode davantage les droits des citoyens. »

Si l’Association des banques n’a pas publié de réaction immédiate après le vote, elle avait auparavant affirmé, lors des discussions, que la loi détruirait les dépôts restants. Les représentants du secteur estiment que les banques auraient du mal à réunir plus de 20 milliards de dollars pour financer la première tranche de remboursements, accusant l’État de se dédouaner de ses responsabilités tout en accordant de facto une amnistie à des décennies de mauvaise gestion financière et de corruption.

Le sort du texte repose désormais sur le Parlement, où les rivalités politiques à l’approche des élections de 2025 pourraient compliquer ou retarder son adoption.

Le secteur bancaire libanais est au cœur de l’effondrement économique du pays, avec des contrôles informels des capitaux privant les déposants de leurs économies et une confiance en chute libre dans les institutions de l’État. Les donateurs internationaux, dont le FMI, conditionnent toute aide financière à des réformes profondes du secteur. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com