Après Macron, Attal au Salon de l'Agriculture dans le calme, sur fond de campagne contre le RN

Le Premier ministre français Gabriel Attal visite le stand représentant le département français d'outre-mer de l'océan Indien, l'île de Mayotte, lors du 60e Salon international de l'agriculture à la Porte de Versailles parc des expositions de Paris, le 27 février 2024 (Photo, AFP).
Le Premier ministre français Gabriel Attal visite le stand représentant le département français d'outre-mer de l'océan Indien, l'île de Mayotte, lors du 60e Salon international de l'agriculture à la Porte de Versailles parc des expositions de Paris, le 27 février 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Mercredi 28 février 2024

Après Macron, Attal au Salon de l'Agriculture dans le calme, sur fond de campagne contre le RN

  • L'exécutif est soucieux d'occuper le terrain et d'effacer les images inédites de l'ouverture chaotique du Salon, où le président a déambulé sans beaucoup de public et au prix d'une importante présence policière
  • Gabriel Attal a repris le flambeau mardi, accusant Marine Le Pen et Jordan Bardella de venir «butiner sur cette crise»

PARIS: Entre verre de lait et gorgées de rhum, Gabriel Attal a arpenté mardi le Salon de l'agriculture dans un calme qui contrastait avec le tumulte de son inauguration par Emmanuel Macron, sur fond de campagne contre l'extrême droite en vue des élections européennes.

Le Premier ministre est resté de 07h00 à 19h45 Porte de Versailles, une longue visite interrompue durant l'après-midi par la séance de questions au gouvernement à l'Assemblée.

Le climat était bien différent de celle du président samedi: une inauguration du Salon retardée, des huées d'agriculteurs en colère et une très forte présence policière.

"La politique que je porte, les engagements que j'ai pris (...) ce sont mes engagements, mes mesures mais aussi celles du président de la République. On agit ensemble. Et c'est grâce au président de la République qu'on a obtenu beaucoup d'avancées au niveau européen", a tempéré Gabriel Attal.

Sur le plan politique, le message était le même, résolument tourné contre le RN.

A peine arrivé, après avoir levé un verre de lait devant la traite des vaches, M. Attal a d'emblée accusé, sur la radio RTL, les responsables du Rassemblement national d'être les "passagers clandestins" de la crise agricole qui "instrumentalisent" la "détresse" des agriculteurs, pointant leur "incohérence absolue".

Le chef du gouvernement a ensuite rencontré sans la presse les syndicats agricoles puis petit-déjeuné avec les filières professionnelles, avant de déambuler dans les stands des éleveurs, de l'Outre-mer et des équidés.

Dans l'après-midi, il s'est notamment attardé sur le stand de la région Occitanie, accompagnée de la présidente socialiste de la région, Carole Delga. Il s'est ensuite rendu aux stands pour échanger avec les représentants de différentes filières (céréales, fruits et légumes, spiritueux, vins, brasseurs) avant de s'éclipser pour cause de dîner d'Etat à l'Elysée avec l'Emir du Qatar.

«Dans le bon sens»

Les agriculteurs "me disent que les mesures prises vont dans le bon sens", a affirmé Gabriel Attal, "mais qu'il faut qu'elles puissent maintenant être vécues de manière palpable et tangible dans leur vie quotidienne".

Notamment sur les questions de trésorerie, centrales pour les agriculteurs en difficulté. "Des engagements très concrets ont été pris par les banques" ce mardi, a tenu à rassurer le Premier ministre, notamment concernant les reports ou des étalements d'annuités.

Seuls quelques cris de "Marine Le Pen présidente" ou de "Frexit" ont émaillé sa visite à la vache égérie Oreillette, dont il a observé le "calme" dans le brouhaha du Salon.

Gabriel Attal venait tout juste de quitter le Hall 1 de l'élevage quand des manifestants de la Confédération paysanne ont investi brièvement le stand du géant laitier Lactalis pour réclamer une meilleure rémunération de leur production, a constaté une journaliste de l'AFP.

Dans l'après-midi, de faux avis de recherche où figuraient les logos de la FDSEA et des Jeunes agriculteurs (JA) d'Ile-de-France, ont été placardés sur les portes du Hall 2 mettant en cause les conseillers de l'Elysée Benoît Faraco et Mathias Ginet, ainsi que l'eurodéputé Renaissance Pascal Canfin, décrits comme des "incompétents" et des "nuisibles".

La colère des agriculteurs a été attisée par l'idée - attribuée à ces conseillers - du chef de l'Etat d'organiser au Salon un grand débat, pour lequel a été évoquée une invitation du collectif écologiste Soulèvements de la Terre.

Le Premier ministre a de son côté reçu à plusieurs reprises les syndicats agricoles et formulé trois salves de mesures, sans pleinement convaincre la profession malgré la levée des blocages.

Passe d'armes avec Le Pen

Dans les allées, un éleveur laitier qui avait participé au blocage de l'A7 l'a appelé à ne pas user de "mots provocateurs" comme le chef de l'Etat. Lors de la venue d'Emmanuel Macron samedi, il n'y avait selon lui "pas de gens extrêmes" mais "des gens extrêmement en colère".

"Il y a eu des scènes qui étaient inacceptables", lui a répondu le Premier ministre, avec "des personnes venues pour bordéliser".

L'exécutif est soucieux d'occuper le terrain et d'effacer les images inédites de l'ouverture chaotique du Salon, où le président a déambulé sans beaucoup de public et au prix d'une importante présence policière, sur fond d'une crise agricole installée depuis plus d'un mois.

Désireux de sortir de ces tensions, Emmanuel Macron a choisi d'évoquer les élections européennes et de pilonner le RN qui fait la course largement en tête dans les sondages face à une Macronie à la peine.

Gabriel Attal a repris le flambeau mardi, accusant Marine Le Pen et Jordan Bardella de venir "butiner sur cette crise" alors qu'en 40 ans de Parlement européen, le RN n'a "absolument rien fait, rien proposé" et montré "une incohérence absolue" en votant alternativement pour ou contre la Politique agricole commune (PAC).

A l'Assemblée, le chef du gouvernement a répondu à Marine Le Pen sur l'Ukraine, avec qui il a eu une passe d'armes.

Pour la cheffe de file des députés RN, Emmanuel Macron "a franchi un pas vers la co-belligérance" en affirmant qu'il n'excluait pas l'envoi de troupes occidentales en Ukraine. Une déclaration critiquée par plusieurs capitales occidentales.


France/Algérie : Retailleau souhaite la suspension de l'accord de 1968

Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’adresse au gouvernement lors d’une séance de questions à l’Assemblée nationale, chambre basse du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (Photo : Thibaud MORITZ / AFP)
Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, s’adresse au gouvernement lors d’une séance de questions à l’Assemblée nationale, chambre basse du parlement français, à Paris le 15 janvier 2025. (Photo : Thibaud MORITZ / AFP)
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  • Invité sur BFMTV, le ministre de l'Intérieur a répété que la France avait été « humiliée » par l'Algérie lorsque ce pays a refusé l'entrée sur son territoire à un influenceur algérien expulsé de France.
  • Il s'agit d'un accord bilatéral signé le 27 décembre 1968 qui crée un statut unique pour les ressortissants algériens en matière de circulation, de séjour et d'emploi.

PARIS : Dans un contexte de grandes tensions entre les deux pays, Bruno Retailleau a souhaité dimanche la fin de l'accord franco-algérien de 1968 relatif aux conditions d'entrée en France des ressortissants algériens.

Invité sur BFMTV, le ministre de l'Intérieur a répété que la France avait été « humiliée » par l'Algérie lorsque ce pays a refusé l'entrée sur son territoire à un influenceur algérien expulsé de France. « L'Algérie, a-t-il dit, n'a pas respecté le droit international » en refusant l'accès à ce ressortissant algérien qui possédait « un passeport biométrique » certifiant sa nationalité.

Le ministre a également évoqué le sort de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, emprisonné en Algérie.

« La France doit choisir les moyens de répondre à l'Algérie », a poursuivi M. Retailleau. « On est allé au bout du bout (...). Je suis favorable à des mesures fortes, car sans rapport de forces, on n'y arrivera pas. »

Il a souhaité à cet égard que l'accord de 1968 soit remis en cause. « Cet accord est dépassé et a déformé l'immigration algérienne. Il n'a pas lieu d'être. Il faut le remettre sur la table », a-t-il jugé.

Il s'agit d'un accord bilatéral signé le 27 décembre 1968 qui crée un statut unique pour les ressortissants algériens en matière de circulation, de séjour et d'emploi.

Le texte, qui relève du droit international et prime donc sur le droit français, écarte les Algériens du droit commun en matière d'immigration.

Leur entrée est facilitée (sans qu'ils n'aient besoin de visa de long séjour), ils peuvent s'établir librement pour exercer une activité de commerçant ou une profession indépendante et accèdent plus rapidement que les ressortissants d'autres pays à la délivrance d'un titre de séjour de 10 ans.

Dénonçant "l'agressivité" d'Alger vis-à-vis de Paris, M. Retailleau a fait valoir que "la France a fait tout ce qu'elle pouvait sur le chemin de la réconciliation et en retour, on a eu que des gestes d'agression".

"La fierté française a été blessée par l'offense que l'Algérie a faite à la France", a-t-il dit encore.


Bruno Retailleau sur l'AME: "on y touchera"

Le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau  (Photo AFP)
Le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau (Photo AFP)
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  • « On y touchera », a affirmé le ministre, connu pour sa fermeté sur les questions migratoires. « C'est un sujet du PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale) », a-t-il ajouté.
  • M. Retailleau demande que soient reprises les conclusions du rapport Evin/Stefanini, remis fin 2023 avant la dissolution de l'Assemblée nationale, qui, selon lui, avait jugé que l'AME constituait un « encouragement à la clandestinité ».

PARIS : Le ministre LR de l'Intérieur Bruno Retailleau a assuré samedi que le gouvernement Bayrou allait « toucher » à l'aide médicale d'État (AME), un dispositif permettant à des étrangers en situation irrégulière de se soigner.

« On y touchera », a affirmé le ministre, connu pour sa fermeté sur les questions migratoires. « C'est un sujet du PLFSS (projet de loi de financement de la sécurité sociale) », a-t-il ajouté.

M. Retailleau demande que soient reprises les conclusions du rapport Evin/Stefanini, remis fin 2023 avant la dissolution de l'Assemblée nationale, qui, selon lui, avait jugé que l'AME constituait un « encouragement à la clandestinité ».

Dans ce document, l'ancien ministre socialiste Claude Evin et le préfet Patrick Stefanini, figure de LR, prônaient notamment un ajustement du panier de soins accessibles via l'AME.

Ils ont aussi souligné le rôle du dispositif pour éviter l'aggravation de l'état de santé des migrants en situation irrégulière, ainsi que la propagation de maladies à l'ensemble de la population.

La droite et l'extrême droite, quant à elles, réclament la réduction du périmètre des soins éligibles à l'AME, voire sa suppression pure et simple. Le dispositif est en revanche défendu par la gauche et une partie du bloc centriste.

En décembre, dans le cadre de l'examen du budget de l'État, le Sénat a approuvé, avec l'appui du gouvernement, une diminution de 200 millions d'euros du budget alloué à l'AME, pour un total de 1,3 milliard d'euros, en augmentation de plus de 9 % par rapport à 2024.

L'Aide médicale d'État (AME) permet la prise en charge des personnes en situation irrégulière résidant en France depuis plus de trois mois dont les ressources sont faibles et n’ouvrent pas droit à la couverture du système de droit commun.

Plus largement, concernant la politique migratoire, Bruno Retailleau a réitéré son souhait d'abolir le droit du sol à Mayotte, même s'il a reconnu que les conditions politiques n'étaient pas encore réunies.

Il a fait le même constat pour un débat sur le droit du sol en métropole.

« Il doit y avoir, non pas une automaticité, mais ça doit procéder d'un acte volontaire », a déclaré le ministre, qui veut ainsi revenir aux dispositions de la loi mise en place par l'ex-ministre RPR Charles Pasqua en 1993, avant d'être supprimées sous le gouvernement socialiste de Lionel Jospin.

La loi Pasqua soumettait l'obtention de la nationalité française pour un mineur né en France de parents étrangers disposant d'une carte de séjour, à une déclaration préalable à ses 18 ans.


50 ans après la loi Veil, les opposants à l'IVG ont appelé à « marcher pour la vie »

Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
Nicolas Tardy-Joubert, président du groupe anti-avortement « Marche pour la vie », s’exprime lors d’une conférence de presse à la place de Catalunya à Paris, le 16 janvier 2022. (Photo par STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
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  • Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.
  • Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

PARIS : Cinquante ans après la loi Veil, les opposants à l'avortement sont appelés à manifester dimanche dans le cadre de la « marche pour la vie ». Selon ses organisateurs, cette manifestation devrait rassembler plus de 10 000 personnes cette année.

Le cortège, organisé par des militants catholiques conservateurs, partira à 14 heures de la place du Trocadéro, à Paris.

La manifestation est organisée chaque année autour de l'anniversaire de la loi Veil relative à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), promulguée le 17 janvier 1975.

« Depuis 1975, ce sont plus de 10 millions d'enfants à naître qui ont été exclus de la société française : qui pourrait se réjouir de cela ? », déclare à l'AFP Nicolas Tardy-Joubert, président de la Marche pour la vie.

« Aujourd'hui, tout est fait pour encourager l'avortement, il n'y a pas de politique qui dissuade réellement », estime-t-il.

Selon les derniers chiffres officiels, 243 623 IVG ont été enregistrées en 2023, soit 8 600 de plus que l'année précédente.

Si les règles encadrant l'avortement ont été assouplies depuis 1975 et si « la liberté garantie à la femme » de recourir à l'IVG a été inscrite dans la Constitution en 2024, les associations féministes s'alarment toutefois d'un droit toujours « fragile » et font état « d'attaques régulières » de la part de ses opposants.

Outre l'opposition à l'IVG, les organisateurs de la « marche pour la vie » réclament, comme l'an dernier, une échographie obligatoire dès la sixième semaine de grossesse, permettant d'entendre battre le cœur du fœtus, ou encore un délai de réflexion de trois jours avant toute IVG.

Ils appellent également à « encourager l’accouchement sous X » et à défendre « le droit absolu à l’objection de conscience des personnels de santé et protéger la clause de conscience spécifique ».

Autre sujet également à l'ordre du jour de la manifestation : le rejet de toute légalisation du suicide assisté et de l’euthanasie, ainsi que l'appel à « un grand plan pour que les soins palliatifs soient accessibles à tous ».

« Pour nous, l'interdit de tuer doit rester un fondement de notre société », insiste Nicolas Tardy-Joubert.

Porté par le gouvernement Attal, un projet de loi sur la fin de vie devait légaliser le suicide assisté et, dans certains cas, l'euthanasie, mais uniquement dans des situations strictement définies et en évitant d'employer ces termes, le gouvernement préférant parler d'"aide active à mourir". Son examen a été interrompu par la dissolution de l'Assemblée nationale en juin 2024.

Mardi, lors de sa déclaration de politique générale, le Premier ministre François Bayrou n'a pas abordé ce sujet sensible, ni le délai d'examen ni le fond, en renvoyant le texte « au pouvoir d'initiative » du Parlement.