Maghreb: Tunisiens et Libyens veulent rattraper le temps perdu

La chambre tripolitaine a promis d’accorder à son partenaire «et à la Tunisie la priorité dans l’accès au marché libyen, de l’impliquer dans les grands projets d’infrastructures, et de favoriser l’emploi de la main d’œuvre tunisienne». Ici, l'aéeroport international de Mitiga en Libye. (Photo, AFP)
La chambre tripolitaine a promis d’accorder à son partenaire «et à la Tunisie la priorité dans l’accès au marché libyen, de l’impliquer dans les grands projets d’infrastructures, et de favoriser l’emploi de la main d’œuvre tunisienne». Ici, l'aéeroport international de Mitiga en Libye. (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 05 janvier 2021

Maghreb: Tunisiens et Libyens veulent rattraper le temps perdu

  • Remotivés par les négociations de paix en cours, entrepreneurs tunisiens et libyens s’activent pour préparer la relance
  • Le directeur général de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture et de Tripoli a évoqué le 8 décembre avec son homologue de la Chambre de commerce et d’industrie de Tunis les «possibilités de coopération et de partenariat»

TUNIS : Six ans après s’être désengagé pour des raisons de sécurité, le voisin nord de la Libye est de retour dans le but de récupérer un marché dont elle a perdu une grande partie. Les Libyens y trouvent également leur compte. 

Remotivés par les négociations de paix en cours, entrepreneurs tunisiens et libyens, entravés par la deuxième guerre civile libyenne, qui a fortement affecté les relations économiques et commerciales entre la Tunisie et la Libye, s’activent pour préparer la relance. 

À l’occasion d’un atelier organisé à Tunis du 6 au 9 décembre 2020 par l’agence Expertise France et l’Union européenne, Mohamed Bachir Douzan, directeur général de la Chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture et de Tripoli (CCIAT), a évoqué le 8 décembre avec son homologue de la Chambre de commerce et d’industrie de Tunis (CCIT), Mohamed Sahib Husseini, les «possibilités de coopération et de partenariat» (voir encadré). 

En nommant, au mois de septembre dernier, un nouvel ambassadeur en Libye, le premier depuis 2014, la Tunisie manifeste le désir d’être de retour dans ce pays, six ans après s’en être éloigné, fermant son ambassade, ses consulats et ses deux représentations commerciales à Tripoli et Benghazi en raison de la dégradation de la situation sécuritaire. 

À cet effet, M. Ajili s’est entretenu le 30 novembre, pour la première fois, avec Al Seddik Omar al-Kebir, gouverneur de la Banque centrale de Libye, afin de préparer le terrain. 

Par ailleurs, le 9 décembre, il a rencontré à Benghazi, en compagnie d’Ali Dhaouadi, président de la Chambre de commerce tuniso-libyenne (CCTL), les présidents des chambres de commerce, d’industrie et d’agriculture de cette région de l’Est et de Sebha (à 770 kilomètres au sud de la capitale libyenne). 

Cette mission avait, selon le mot de Dhaouadi, un double objectif: d’abord, «reconstruire la confiance entre toutes les parties» – car, en sortant de sa traditionnelle neutralité pour soutenir le gouvernement de l’Ouest au détriment de celui de l’Est, la Tunisie a fait grincer des dents; ensuite, établir des liens avec les commerçants de Benghazi et Sebha, afin que les produits tunisiens puissent y être distribués. 

Signe de l’importance qu’accordent les opérateurs des deux pays aux relations économiques et commerciales tuniso-libyennes, le nombre d’organismes dédiés à leur développement ne cesse d’augmenter. Deux jours plus tôt, le 28 novembre, le Libyan Tunisian Conseil of Cooperation (LTCC, Conseil de coopération tuniso-libyen) est créé, à l’initiative de Saber Bouguerra, un homme d’affaires d’origine tunisienne. Il vient s’ajouter à la Chambre économique mixte tuniso-libyenne, partenaire du Conseil d’affaires tuniso-libyen. 

Du côté tunisien, la CCTL disposait d’un quasi-monopole sur ce créneau avant 2011. Depuis, de nouveaux acteurs sont venus la concurrencer, dont le Conseil supérieur des hommes d’affaires tunisiens et libyens (CSHATL), lancé par l’homme d’affaires Abdelhafidh Sakroufi, qui se démène pour s’imposer comme un acteur important des relations tuniso-libyennes.  

Le 14 décembre, cet entrepreneur a présenté à Tunis son programme d’activités pour l’année 2021: une série de rencontres tout au long de l’année, en Tunisie et en Libye, pour stimuler le courant des échanges entre les deux pays. 

Au mois d’avril 2018, on a vu arriver sur ce terrain le Conseil d’affaires tuniso-libyen (CATL), créé par le Tunisian African Business Council (TABC), lui-même fondé en 2015. Il réunit le 11 février 2021 à Sfax, capitale économique du Sud, la troisième édition de son Forum économique Tunisie-Libye. 

Des structures généralistes tunisiennes travaillent également sur la Libye. Parmi elles figurent, outre la Chambre de commerce et d’industrie de Tunis, les syndicats patronaux, l’Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (Utica) – organisation mère de la CCTL –, la Confédération des entreprises citoyennes de Tunisie, le Centre de promotion des exportations et la Banque centrale de Tunisie (BCT). La «mère» des banques tend à devenir plus active dans les relations tuniso-libyennes. En effet, elle a pour gouverneur, depuis février 2018, Marouane Abassi. Ce grand connaisseur de la Libye est bien connu du peuple libyen puisqu’il fut représentant de la Banque mondiale dans ce pays. Le 27 novembre 2020, la BCT a organisé un webinar afin de discuter des moyens pour surmonter les obstacles financiers et bancaires qui entravent les échanges entre les deux pays. Et ce n’est pas fini, puisqu’on annonce déjà la prochaine réunion de la Commission supérieure mixte tuniso-libyenne. 

Les chambres de commerce de Tunis et de Tripoli préparent l’après-guerre 

La CCIT et la CCIAT se préparent à rattraper le temps perdu. Le 8 décembre à Tunis, leurs directeurs respectifs, Mohamad Bachir Douzan et Mohamed Sahib Husseini, sont convenus de «réactiver le partenariat et la coopération entre les deux chambres et les deux pays». Cet engagement a été immédiatement concrétisé par un premier projet. 

La CCIT va aider la CCIAT à mettre en place un portail Internet, un dispositif CRM (Customer Relationship Management) et un système d’information, ainsi qu’à numériser ses documents et archives. 

De son côté, la chambre tripolitaine a promis d’accorder à son partenaire «et à la Tunisie la priorité dans l’accès au marché libyen, de l’impliquer dans les grands projets d’infrastructures, et de favoriser l’emploi de la main d’œuvre tunisienne». 

Les deux parties vont également tenter de lever les entraves des échanges commerciaux, de multiplier les entrevues afin d’identifier des domaines de coopération, et de soumettre des projets communs à l’Union européenne et à l’Agence française de développement afin qu’elles les financent. 

Enfin, elles vont mettre à jour un accord de coopération conclu en avril 2011, c’est-à-dire en pleine guerre civile libyenne, et dont l’objet principal était de répondre au principal souci des Libyens à l’époque: garantir l’approvisionnement de la population en produits de première nécessité. 

Mounir Mouakhar, président de la CCIT, compte conduire une délégation d’hommes d’affaires à Tripoli dans le courant de l’année 2021 afin d’initier la mise en œuvre du nouveau programme de coopération et d’ouvrir ainsi une nouvelle page dans le chapitre des relations avec son partenaire libyen.  

Une nouvelle page dont la préparation avait commencé, en réalité, lors d’une rencontre entres des hommes d’affaires des deux pays, en février 2020. Le but de cette réunion était d’évoquer le rôle des banques dans le financement de l’investissement. Ses participants s’étaient prononcés en faveur de la création d’un fonds d’investissement tuniso-libyen afin d’y contribuer. 


Saudi Eksab et le Guyana s’allient pour développer des investissements dans des secteurs clés

Saudi Eksab et le gouvernement de la Guyane ont signé un protocole d'accord afin d'envisager une collaboration en matière d'investissement dans des secteurs stratégiques clés. (Fourni)
Saudi Eksab et le gouvernement de la Guyane ont signé un protocole d'accord afin d'envisager une collaboration en matière d'investissement dans des secteurs stratégiques clés. (Fourni)
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  • Saudi Eksab et le gouvernement du Guyana ont signé un MoU pour développer des investissements conjoints dans des secteurs stratégiques clés
  • L’accord, conclu en marge de la Future Investment Initiative à Riyad, vise à renforcer la coopération économique et la diversification durable

RIYAD : Saudi Eksab et le gouvernement du Guyana ont signé un protocole d’accord (MoU) visant à explorer une collaboration en matière d’investissements dans des secteurs stratégiques clés, en marge de la Future Investment Initiative (FII) à Riyad.

Le protocole a été signé par Yazeed Alyahya, PDG de Saudi Eksab, et Zulfikar Ally, ministre guyanais du Service public, de l’Efficacité gouvernementale et de la Mise en œuvre, en présence du président du Guyana, Mohamed Irfaan Ali.

Selon un communiqué, cet accord ouvre la voie à un renforcement de la coopération pour promouvoir des opportunités d’investissement stratégiques et identifier de nouveaux domaines d’intérêt commun. Il consolide également le rôle de Saudi Eksab en tant que partenaire de confiance soutenant la croissance durable et la diversification économique.

« Le Guyana entre dans une phase de développement transformateur. À travers cette collaboration avec Saudi Eksab, nous souhaitons explorer des partenariats capables d’accélérer le développement des infrastructures et la diversification économique tout en favorisant la coopération mondiale », a déclaré Ally dans le communiqué.

De son côté, AlYahya a ajouté : « Ce partenariat marque une étape prometteuse dans notre mission visant à identifier des initiatives d’investissement à fort impact, génératrices d’une croissance économique partagée. Nous sommes impatients de concrétiser des opportunités significatives. »

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le PIF en passe d’atteindre 1 000 milliards de dollars d’actifs d’ici la fin de l’année, selon Al-Rumayyan

M. Al-Rumayyan a indiqué que le fonds a lancé plus de 100 entreprises dans un large éventail de secteurs afin de combler les lacunes du marché et de favoriser la diversification économique. (Argaam)
M. Al-Rumayyan a indiqué que le fonds a lancé plus de 100 entreprises dans un large éventail de secteurs afin de combler les lacunes du marché et de favoriser la diversification économique. (Argaam)
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  • Les actifs du PIF ont triplé depuis 2015 et devraient atteindre 1 000 milliards de dollars d’ici la fin de l’année, avec plus de 100 entreprises créées pour diversifier l’économie
  • Une nouvelle stratégie du fonds, centrée sur six secteurs clés dont le tourisme, la logistique et l’énergie renouvelable, vise à renforcer la transformation économique du Royaume

RIYAD : Yasir Al-Rumayyan, gouverneur du Fonds public d’investissement (PIF), a déclaré que les actifs du fonds ont triplé depuis 2015, ajoutant que l’objectif d’atteindre 1 000 milliards de dollars d’actifs d’ici la fin de cette année est presque atteint.

Le PIF constitue la pierre angulaire de la Vision 2030 de l’Arabie saoudite. Son effectif est passé d’environ 40 employés en 2015 à quelque 4 000 aujourd’hui, et le fonds dispose désormais de bureaux dans plusieurs grandes capitales mondiales.

Al-Rumayyan a indiqué que le PIF a lancé plus de 100 entreprises dans un large éventail de secteurs afin de combler les lacunes du marché et de stimuler la diversification économique.

Il a révélé qu’une nouvelle stratégie du PIF sera annoncée prochainement, celle-ci étant actuellement dans les dernières étapes d’approbation. Cette stratégie se concentrera sur six secteurs clés : le tourisme, les voyages et le divertissement, le développement urbain, la fabrication avancée et l’innovation, la logistique, l’énergie renouvelable et NEOM.

Cet axe stratégique, a-t-il souligné, permettra au fonds de hiérarchiser ses investissements selon des calendriers précis : « Nous ne voulons pas aborder tous les investissements avec le même niveau de priorité, » a-t-il ajouté.

Al-Rumayyan a également mis en avant le succès du PIF dans la relance de la King Abdullah Economic City, qui fait partie de son portefeuille. Il a expliqué que le PIF a augmenté sa participation de minoritaire à majoritaire, transformant une entreprise restée largement inactive pendant près de deux décennies en un pôle dynamique attirant ports, entreprises et industries automobiles, entre autres.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Beautyworld Middle East : le savoir-faire français entre innovation, luxe et clean beauty

Beautyworld Middle East a accueilli 86 marques françaises réunies sous la bannière Choose France. (Photo: ANFR)
Beautyworld Middle East a accueilli 86 marques françaises réunies sous la bannière Choose France. (Photo: ANFR)
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  • Le pavillon français à Beautyworld Middle East 2025 a mis en avant 86 marques, illustrant l’excellence et l’innovation françaises dans le secteur de la beauté et des cosmétiques
  • Face à un marché du Golfe en forte croissance, les entreprises françaises — entre tradition, technologie et durabilité — confirment leur capacité à répondre aux nouvelles attentes d’un secteur en expansion

DUBAÏ : Du 27 au 29 octobre, Beautyworld Middle East a accueilli 86 marques françaises réunies sous la bannière Choose France. Organisé par Business France, le pavillon met en lumière le savoir-faire français dans les domaines de la beauté, des cosmétiques et du bien-être, allant des soins de la peau et de la parfumerie aux produits en marque blanche et innovations technologiques.

Dans ce cadre, cinq marques françaises se distinguent par leur approche innovante et leur capacité à séduire le marché du Golfe, en pleine expansion.

Atelier du Savon : l’excellence des ingrédients naturels

Frédéric Brunel-Acquaviva, PDG de l’Atelier du Savon, dirige une manufacture spécialisée dans les savons et cosmétiques naturels, située dans le sud de la France. L’entreprise commercialise ses propres marques, mais réalise également des productions en marque blanche pour des hôtels et distributeurs au Moyen-Orient.

« La cosmétique française est reconnue pour sa qualité ; nos partenaires souhaitent intégrer des ingrédients locaux comme la luffa, l’huile de figue de barbarie ou l’huile de date », précise-t-il.

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L’Atelier du Savon (Photo: ANFR)

Trois ans après sa première participation à Dubaï, l’entreprise continue d’innover grâce à un laboratoire de R&D interne.

Le Laboratoire des Granions : le collagène au cœur de l’innovation

Créé en 1948, le Laboratoire des Granions est un acteur majeur des compléments alimentaires en France. Ilias Kadi, responsable export, met en avant le succès du Collagène Eternity, un collagène à bas poids moléculaire pour une meilleure assimilation.

Présent dans plus de 16 000 pharmacies en France et exporté dans 50 pays, le laboratoire combine expertise pharmaceutique et innovation afin de répondre aux besoins d’un marché international exigeant.

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Le Laboratoire des Granions (Photo: ANFR)

Onérique : le skincare émotionnel

Fondée par Glorimar Primera-Riedweg, Onérique se distingue par une approche sensorielle et émotionnelle du soin. « Chaque produit doit éveiller des sensations positives dès le premier contact », explique la fondatrice. La marque présente trois produits phares au salon : des perles de soin à base d’algues marines, un exfoliant et une crème mousse hydratante.

Présente à Beautyworld Middle East, Onérique cherche à développer des partenariats aux Émirats arabes unis et en Arabie saoudite.

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Onérique ​​​​​​(Photo: ANFR)

L’Officine du Monde : la nigelle au service du bien-être

La marque française, fondée par Olivier Decazes et par la Dr Rita Massoud, pharmacienne franco-égyptienne, exploite les vertus millénaires de la nigelle pour concevoir des compléments alimentaires et cosmétiques. Grâce à la thymoquinone, principe actif anti-inflammatoire de la plante, l’entreprise propose des solutions pour la peau, le confort articulaire ou la régulation de la glycémie entre autres.

« Tout est formulé par un pharmacien, avec des ingrédients importés d’Inde, d’Égypte, d’Éthiopie et de Tunisie. Et Tous les produits sont fabriqués en France », souligne Mr. Decazes.

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L’Officine du Monde (Photo: ANFR)

Creation Parfums Paris 26 : la passion du parfum sur mesure

Virginie Smadja, fondatrice de Creation Parfums Paris 26, conçoit des parfums en private label pour des clients dans le monde entier, notamment dans les pays du Golfe.

« Chaque client peut avoir des demandes différentes, ce qui rend le métier fascinant », explique-t-elle.

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"Just Together" (Photo: Instagram)

Dernièrement, elle a lancé son propre parfum, Just Together, alliant la tradition de l’Oud à des fragrances plus fraîches et sucrées, inspirées de la French touch. Pour Virginie, « ce n’est plus un métier, mais une véritable passion.»

Un marché régional en pleine expansion

Le salon met en évidence le rôle stratégique du Moyen-Orient, et plus particulièrement des Émirats arabes unis, dans l’univers de la beauté et du luxe. Évalué à 8,5 milliards USD en 2024, le marché des cosmétiques dans la région affiche une croissance soutenue de près de 6 % par an, portée par une demande accrue en innovation, qualité et durabilité.

Véritable plateforme de rayonnement pour l’ensemble du Golfe, les Émirats s’imposent comme un carrefour incontournable pour les marques internationales.

La présence française à Beautyworld Middle East illustre parfaitement cette dynamique : entre parfumerie, soins high-tech et cosmétiques écoresponsables, les entreprises tricolores confirment leur savoir-faire unique et leur capacité à allier héritage, excellence et innovation au service des nouvelles attentes du marché.