Kamala Harris dit à Benny Gantz, rival de Netanyahu, sa «profonde inquiétude» pour Gaza

La vice-présidente américaine Kamala Harris (Photo, AFP).
La vice-présidente américaine Kamala Harris (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 05 mars 2024

Kamala Harris dit à Benny Gantz, rival de Netanyahu, sa «profonde inquiétude» pour Gaza

  • La visite à Washington de Benny Gantz, membre du cabinet de guerre et rival de Benjamin Netanyahu, suscite des remous en Israël
  • Kamala Harris s'inquiète depuis plusieurs mois de l'impact sur une partie de l'électorat démocrate de la posture de ferme soutien à Israël adoptée par Joe Biden

WASHINGTON: La vice-présidente américaine Kamala Harris a dit lundi à Benny Gantz, membre du cabinet de guerre israélien, et grand rival politique du Premier ministre Benjamin Netanyahu, sa "profonde inquiétude" face à la crise humanitaire à Gaza.

Elle a "exhorté Israël à prendre des mesures" pour augmenter l'entrée d'aide dans le territoire menacé de famine mais a aussi "salué l'approche constructive" des autorités israéliennes dans les négociations en cours pour une cessation temporaire des hostilités déclenchées par l'attaque du mouvement islamiste Hamas le 7 octobre sur le sol israélien.

La démocrate a "appelé le Hamas à accepter les conditions qui sont sur la table pour une libération des otages qui se traduirait par un cessez-le-feu immédiat de six semaines et permettrait d'augmenter l'aide humanitaire".

La rencontre avec Benny Gantz s'est déroulée sans accès de la presse.

La visite à Washington de cet ancien ministre de la Défense, membre du cabinet de guerre et rival de Benjamin Netanyahu, suscite des remous en Israël.

Un porte-parole de la Maison Blanche, John Kirby, a indiqué que la visite s'effectuait à l'initiative de Benny Gantz, dont le programme prévoit aussi des rencontres avec le conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan et avec le chef de la diplomatie Antony Blinken.

"Nous avons affaire à tous les membres du cabinet de guerre, y compris le ministre Gantz", et sa venue "est une prolongation naturelle de ces discussions", a-t-il déclaré.

"Un membre du cabinet de guerre veut venir aux Etats-Unis, veut nous parler de l'évolution du conflit (...).Nous n'allons pas nous priver de cette occasion", a expliqué John Kirby.

"Entre amis il faut se parler ouvertement, et c'est ce que nous allons faire", avait dit Benny Gantz à son arrivée à la Maison Blanche.

Doudi Amsellem, ministre israélien à la coopération régionale, a reproché à l'influent centriste, dont le parti jouit d'une solide popularité, de jouer le "cheval de Troie" au détriment de "l'unité" gouvernementale.

Famine

Selon John Kirby, la conclusion d'un accord sur un cessez-le-feu de six semaines et une libération de certains otages détenus dans la bande de Gaza, en échange de prisonniers palestiniens, dépend désormais du Hamas.

L'attaque du Hamas du 7 octobre a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes. Environ 250 personnes avaient aussi été enlevées.

Plus de 30.500 personnes, en majorité des civils, ont été tuées à Gaza dans les opérations de représailles israéliennes, selon le ministère de la Santé du Hamas.

"Israël a fait une proposition volontariste et cet accord est sur la table", a dit le porte-parole. "Il revient au Hamas de l'accepter".

Les Etats-Unis "espèrent" toujours, selon lui, que l'accord pourra être conclu et entrer en vigueur avant le début du ramadan, le mois saint de l'islam, donc le 10 ou 11 mars.

Face à un lourd bilan humain et une situation humanitaire catastrophique, des représentants d'Egypte, du Qatar et des Etats-Unis -pays médiateurs- ont repris au Caire les négociations en vue d'une trêve. Une délégation du Hamas se trouve également dans la capitale égyptienne.

Kamala Harris s'inquiète depuis plusieurs mois de l'impact sur une partie de l'électorat démocrate de la posture de ferme soutien à Israël adoptée par Joe Biden et la plupart de ses lieutenants.

"Le gouvernement israélien doit en faire davantage pour augmenter de manière importante le flux d'aide. Il n'y a pas d'excuses", avait déclaré dimanche la vice-présidente, des propos d'une fermeté inédite de la part d'une haute responsable américaine.

"Le président et moi sommes sur la même ligne depuis le début", a-t-elle toutefois assuré lundi à des journalistes qui lui demandaient s'il y avait une divergence d'approche.

Benny Gantz est reçu à Washington alors que Benjamin Netanyahu, sous pression pour la libération des otages, est aussi confronté à la résurgence d'un mouvement de protestation contre son gouvernement.

Ancien ministre de la Défense et ancien chef des armées, Benny Gantz avait rejoint le cabinet de guerre, composé de cinq personnes, constitué après le 7 octobre dans un souci d'unité nationale.

Il a récemment appelé le chef du gouvernement à présenter une stratégie de sortie du conflit, et estime, selon les médias israéliens et les analystes, que la seule offensive militaire ne suffira pas à faire libérer les otages.


Le manque de protection des civils palestiniens à Gaza est « inacceptable », déclare un fonctionnaire de l'ONU

Sigrid Kaag, coordinatrice de l'ONU pour l'aide humanitaire et la reconstruction à Gaza, a informé le Conseil de sécurité de la situation « réaliste et sombre » sur le terrain à Gaza lundi. (Capture d'écran/UNTV)
Sigrid Kaag, coordinatrice de l'ONU pour l'aide humanitaire et la reconstruction à Gaza, a informé le Conseil de sécurité de la situation « réaliste et sombre » sur le terrain à Gaza lundi. (Capture d'écran/UNTV)
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  • Sigrid Kaag, coordinatrice de l'aide humanitaire et de la reconstruction pour Gaza, a déclaré au Conseil de sécurité que le temps était « compté » pour faire face à la crise qui a « transformé Gaza en abîme ».
  • Toutes les parties au conflit doivent respecter le droit humanitaire international à tout moment », ajoute-t-elle.

NEW YORK : L'absence persistante de protections efficaces pour les civils à Gaza est « inadmissible », a déclaré lundi un haut fonctionnaire de l'ONU.

Sigrid Kaag, coordinatrice des Nations unies pour l'aide humanitaire et la reconstruction à Gaza, a informé le Conseil de sécurité de la situation « sobre et sombre » sur le terrain dans le territoire.

Elle a déclaré que le temps était « compté » pour faire face à une crise humanitaire d'origine humaine qui a « transformé Gaza en abîme ». Un cessez-le-feu immédiat est nécessaire, a-t-elle ajouté, ainsi que la libération inconditionnelle de tous les otages et des efforts soutenus pour acheminer l'aide à grande échelle.

« Les infrastructures dont dépendent les civils doivent être protégées et leurs besoins essentiels doivent être satisfaits », a déclaré Mme Kaag. « Comme l'a rappelé le secrétaire général, toutes les parties doivent s'abstenir d'utiliser les écoles, les abris ou les zones environnantes à des fins militaires.

« Toutes les parties au conflit doivent respecter le droit international humanitaire à tout moment. De même, les travailleurs humanitaires ont besoin d'un environnement favorable pour pouvoir accéder librement et en toute sécurité aux personnes dans le besoin. Tragiquement, à Gaza, aucun endroit n'est vraiment sûr.

« Des maladies, comme le virus de la polio, qui avaient été reléguées aux oubliettes dans la bande de Gaza sont maintenant réapparues en raison de l'effondrement des services essentiels.

Elle a indiqué que son équipe avait négocié et renforcé les systèmes d'approvisionnement et les voies d'acheminement supplémentaires depuis ou via l'Égypte, la Jordanie, Chypre, la Cisjordanie occupée et Israël afin de « faciliter, d'accélérer et d'accélérer un flux soutenu et transparent de fournitures à Gaza ».

La fourniture de l'aide humanitaire à Gaza est gérée par un mécanisme géré par le Bureau des Nations unies pour les services d'appui aux projets, dont le directeur exécutif, Jorge Moreira da Silva, a fourni aux membres du Conseil des détails sur les chiffres relatifs aux livraisons d'aide.

Depuis la mise en place de ce mécanisme, a-t-il indiqué, 229 envois d'aide humanitaire ont fait l'objet d'une demande d'autorisation, dont 175 ont été approuvés, 101 ont été livrés, 17 sont en attente d'autorisation et 37 ont été rejetés. En conséquence, plus de 22 000 tonnes d'aide humanitaire ont été livrées à Gaza jusqu'à présent, a-t-il ajouté.

M. Da Silva a remercié les États membres qui ont contribué financièrement aux opérations de son bureau à Gaza et a souligné que la route égyptienne, en particulier, constituait une « bouée de sauvetage vitale » pour les Palestiniens du territoire.

« Nous ne saurions trop insister sur les défis que représente l'acheminement de l'aide humanitaire à Gaza à l'heure actuelle », a-t-il déclaré.

L'acheminement efficace de l'aide à l'échelle requise ne sera pas possible sans la volonté politique, les garanties de sécurité et un environnement plus favorable, a-t-il ajouté en saluant « le rôle essentiel et irremplaçable que joue l'Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans la bande de Gaza, en tant que principal agent de mise en œuvre de notre volonté collective ».

Le représentant permanent de la Russie auprès de l'ONU, Vasily Nebenzya, a critiqué les pays occidentaux pour leur politique de deux poids, deux mesures face à la persistance des morts civiles causées par les frappes israéliennes, qui, selon lui, sont menées en toute impunité grâce au soutien de Washington et de ses alliés

« Une telle arrogance émane du soutien inconditionnel des États-Unis à toutes leurs actions (d'Israël), qui bloquent depuis près d'un an toute velléité de réaction substantielle », a-t-il ajouté.

Les conditions à Gaza sont « horribles » et si les bombardements incessants d'Israël sur le territoire ne cessent pas, plus de deux millions de Palestiniens sont confrontés à la « perspective réelle » d'une cessation des opérations de l'ONU dans le territoire, a déclaré M. Nebenzya. La communauté internationale ne peut pas permettre que cela se produise, a-t-il averti.

Le représentant slovène auprès des Nations unies, Samuel Zbogar, qui préside le Conseil de sécurité ce mois-ci, a réitéré la nécessité de prévenir les violations du droit international en matière de protection de la vie des civils et de tenir pour responsables les auteurs de telles transgressions.

« Nous devons dissiper ce sentiment d'impunité pour le non-respect du droit international humanitaire, car si des civils peuvent être tués, mutilés, bombardés, torturés, déplacés, sous les yeux de la communauté internationale et du Conseil de sécurité, c'est inacceptable », a-t-il déclaré.

Si la nécessité de parvenir à un accord de cessez-le-feu à Gaza est de la plus haute importance et nécessitera une forte volonté politique, a déclaré M. Zbogar, il incombe entre-temps à Israël, en tant que puissance occupante, de veiller à ce que les denrées alimentaires et les fournitures médicales parviennent à la population civile.

« Les obligations découlant du droit international, notamment du droit international humanitaire et des droits de l'homme, doivent être respectées », a-t-il ajouté. « De même que la libération des otages ne doit pas être soumise à des conditions, l'aide humanitaire aux civils ne doit pas non plus être soumise à des conditions.

« Nous approchons du 7 octobre, un an après le début de ce conflit tragique. Ce n'est pas une occasion mais un devoir pour le Conseil de sécurité de faire preuve de volonté politique et de détermination pour aider à y mettre fin.

Le Conseil a condamné à l'unanimité le ciblage du personnel de l'ONU et des travailleurs humanitaires au cours du conflit, et l'envoyée américaine auprès de l'ONU, Linda Thomas-Greenfield, a réitéré le rejet « sans équivoque » de Washington de toute action mettant en danger les travailleurs humanitaires et leurs installations.

« Il n'y a aucune raison, absolument aucune, pour que les forces israéliennes ouvrent le feu sur des véhicules de l'ONU clairement identifiés, comme cela s'est produit récemment à de nombreuses reprises », a-t-elle déclaré.

Elle a appelé les dirigeants de l'armée israélienne à mettre en œuvre des « changements fondamentaux » dans la manière dont ses forces opèrent, y compris dans leurs règles d'engagement.

 


Un accord de cessez-le-feu est possible et nécessaire à Gaza, selon Lapid

Une manifestante brandit une pancarte lors d'une manifestation anti-gouvernementale à Tel Aviv le 16 septembre 2024, appelant à une action pour obtenir la libération des otages israéliens. (Photo JACK GUEZ / AFP)
Une manifestante brandit une pancarte lors d'une manifestation anti-gouvernementale à Tel Aviv le 16 septembre 2024, appelant à une action pour obtenir la libération des otages israéliens. (Photo JACK GUEZ / AFP)
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  • "Je pense que tous les intérêts politiques devraient être mis de côté pour cela. C'est bien plus important", a-t-il dit à la presse après avoir rencontré le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken au département d'Etat.
  • M. Lapid, ancien Premier ministre, a renouvelé sa promesse de ne pas chercher à renverser le gouvernement de Benjamin Netanyahu.

WASHINGTON : Le chef de l'opposition israélienne, le centriste Yaïr Lapid, a appelé lundi à Washington à conclure un accord de cessez-le-feu à Gaza permettant la libération des otages, disant que les "intérêts politiques doivent être mis de côté".

"Je pense que tous les intérêts politiques devraient être mis de côté pour cela. C'est bien plus important", a-t-il dit à la presse après avoir rencontré le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken au département d'Etat.

"Israël a besoin de l'accord sur les otages (...) et aucun processus politique ni aucune turbulence politique ne doit affecter l'accord sur les otages. Nous devons les ramener chez eux", a-t-il ajouté.

"Nous ferons tout ce qui est nécessaire pour nous assurer qu'il y ait un accord sur les otages", a encore dit M. Lapid. "C'est faisable. Nous pouvons conclure un accord sur les otages et nous devons le faire".

M. Lapid, ancien Premier ministre, a renouvelé sa promesse de ne pas chercher à renverser le gouvernement de Benjamin Netanyahu.

Tout en dénonçant le Hamas, il a déclaré que le gouvernement Netanyahu "devrait faire plus" pour parvenir à cet accord.

Depuis l'annonce le 1er septembre par Israël que le Hamas avait tué six otages, dont un citoyen américain, l'administration Biden a encore accentué ses efforts pour obtenir une trêve à Gaza, sans succès pour l'instant. Les négociations des pays médiateurs, Etats-Unis, Egypte, Qatar restent dans l'impasse.


Mahmoud Abbas se rend mardi à Madrid

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a confirmé sa présence au sommet du Caire pour la paix, qui a pour objectif de mettre un terme à l’escalade de la violence à Gaza et de contribuer à la mise en place d’un cessez-le-feu. (Photo, AFP)
Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a confirmé sa présence au sommet du Caire pour la paix, qui a pour objectif de mettre un terme à l’escalade de la violence à Gaza et de contribuer à la mise en place d’un cessez-le-feu. (Photo, AFP)
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  • M. Abbas doit être reçu par le Premier ministre, Pedro Sanchez, et le roi Felipe VI d'Espagne,
  • L'Espagne a adopté depuis le début de la guerre à Gaza une position très critique vis-à-vis d'Israël.

RAMALLAH : Le président palestinien, Mahmoud Abbas, doit se rendre mardi à Madrid pour une visite de 48 heures, à "l'invitation de l'Espagne", après la reconnaissance par ce pays de l'Etat de Palestine, a-t-on appris lundi de source officielle palestinienne.

M. Abbas doit être reçu par le Premier ministre, Pedro Sanchez, et le roi Felipe VI d'Espagne, avant de se rendre à New York où il est attendu vendredi, en vue de participer à l'Assemblée générale annuelle des Nations unies, a indiqué à l'AFP une source à la présidence palestinienne, sans plus de précisions.

Le roi Felipe VI a reçu lundi les lettres de créances de Hosni Abdel Wahed, premier ambassadeur en Espagne de l'Etat de Palestine, après sa reconnaissance par Madrid au mois de mai.

M. Abdel Wahed, qui était chef de la mission diplomatique de la Palestine en Espagne depuis 2022 et jouissait d'un statut similaire à celui d'un ambassadeur, a changé officiellement de rang après la reconnaissance de l'Etat palestinien par Madrid il y a quelques mois.

Le 28 mai, l'Espagne, l'Irlande et la Norvège, avaient reconnu la Palestine comme un Etat, s'attirant les foudres d'Israël, dont le ministre des Affaires étrangères, Israël Katz, avait alors accusé M. Sanchez, de se rendre "complice des appels au génocide du peuple juif".

L'Espagne a adopté depuis le début de la guerre à Gaza une position très critique vis-à-vis d'Israël.

Entrée dans son 12e mois, la guerre a été déclenchée le 7 octobre par une attaque du mouvement islamiste palestinien Hamas qui a fait 1.205 morts du côté israélien, pour la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles israéliennes, et qui inclut également les otages enlevés ce jours-là et qui sont morts ou ont été tués en captivité.

Sur les 251 personnes enlevées pendant l'attaque du Hamas sur le sol israélien, 97 sont toujours retenues captives dans la bande de Gaza, dont 33 ont été déclarées mortes par l'armée israélienne.

La campagne militaire de représailles israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 41.226 morts, selon le ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, qui ne précise pas la part de combattants et de civils tués.