Iran: Victoire sans surprise des conservateurs sur fond d'abstention record aux législatives

Le ministre de l'Intérieur Ahmad Vahidi (Photo, AFP).
Le ministre de l'Intérieur Ahmad Vahidi (Photo, AFP).
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Publié le Mardi 05 mars 2024

Iran: Victoire sans surprise des conservateurs sur fond d'abstention record aux législatives

  • Quatre jours après le scrutin, le ministère de l'Intérieur a annoncé que «25 millions» d'Iraniens, soit «41%» des 61 millions d'électeurs, s'étaient déplacés dans les bureaux de vote
  • La principale coalition de partis réformateurs, le Front des réformes, avait annoncé son refus de participer à ces «élections dénuées de sens»

TEHERAN: Les conservateurs au pouvoir en Iran ont remporté sans surprise les législatives de vendredi, marquées par une abstention record depuis le début de la République islamique en 1979.

Quatre jours après le scrutin, le ministère de l'Intérieur a annoncé que "25 millions" d'Iraniens, soit "41%" des 61 millions d'électeurs, s'étaient déplacés dans les bureaux de vote.

Ce chiffre est inférieur à celui de 42,57% des précédentes législatives de 2020, qui avaient été perturbées par la crise de la Covid.

La participation a ainsi été la plus faible pour des législatives depuis la révolution de 1979, sur fond d'appels à l'abstention lancés après la disqualification de nombreux candidats modérés ou réformateurs avant le scrutin.

Ces élections étaient considérées comme un test pour le pouvoir car elles étaient les premières depuis le vaste mouvement de contestation ayant secoué le pays à la suite de la mort en septembre 2022 de la jeune Mahsa Amini, arrêtée pour non-respect du strict code vestimentaire du pays.

Les Etats-Unis ont affirmé lundi que la faible participation constituait un nouveau signe de "mécontentement" de la population iranienne.

"Je ne pense pas qu'il y ait de doute sur le fait qu'il y ait du mécontentement face au régime", a déclaré à la presse Matthew Miller, le porte-parole du département d'Etat.

Le ministre de l'Intérieur Ahmad Vahidi s'est félicité lundi que, "en dépit de la propagande puissante et sans précédent des ennemis et du recours à tous les outils pour dissuader les gens de voter, et malgré des problèmes économiques, le peuple a montré une magnifique mobilisation".

Il a mis en cause des forces "néfastes, dont des services de renseignement et des groupes terroristes" pour avoir tenté de "saper la sécurité" des élections sans y parvenir.

Il n'a pas donné de détails sur ces "ennemis" mais le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei avait mis en cause les Etats-Unis, Israël et certains pays européens.

Washington avait jugé jeudi que ces élections n'étaient ni "libres" ni "équitables".

Les réformateurs très minoritaires

La principale coalition de partis réformateurs, le Front des réformes, avait annoncé son refus de participer à ces "élections dénuées de sens" après la disqualification de nombreux de ses candidats avant le scrutin.

En raison de ce boycott, le prochain Parlement sera très largement sous le contrôle des différentes formations conservatrices et ultraconservatrices qui soutiennent le gouvernement du président Ebrahim Raïssi, élu en 2021.

La composition du Parlement ne sera connue qu'après un second tour qui se tiendra en avril ou mai pour 45 des 290 sièges, les candidats n'ayant pas obtenu un nombre suffisant de suffrages.

Sur la base de l'analyse par les médias des différentes listes en présence, quelque 200 des 245 députés déjà élus peuvent être rattachés aux "principalistes", appellation qui regroupe toutes les tendances du camp conservateur, jusqu'aux plus ultras.

Ces derniers sont partisans d'une ligne stricte sur les valeurs de la République islamique, comme le port obligatoire du voile, et de fermeté vis-à-vis des pays occidentaux.

Les responsables de ces tendances sont restés discrets et aucun d'entre eux n'a crié victoire.

Certains d'entre eux ont été difficilement réélus, à l'image du président sortant du Parlement, Mohammad Bagher Qalibaf, qui pourrait se voir contester la présidence de l'assemblée.

Le nombre de députés réformateurs ou centristes devrait être compris entre 40 et 45, selon les estimations de journaux modérés.

Sur l'ensemble du territoire, 11 femmes ont été élues sur 245, alors qu'elles sont 16 à siéger actuellement au Parlement.

Les Iraniens étaient également appelés à renouveler  les 88 membres de l'Assemblée des experts, chargée de désigner le guide suprême.

Composée de 88 religieux, cette assemblée va rester dominée par les conservateurs, des candidats modérés ayant été disqualifiés à l'image de l'ancien président Hassan Rohani.

L'Assemblée des experts renouvelée pourrait être appelée à jouer un rôle de premier plan dans le processus de désignation d'un nouveau guide suprême en cas de disparition de l'ayatollah Ali Khamenei âgé de 84 ans.


Pourparlers de trêve à Gaza: le Hamas juge que «  la balle est entièrement dans le camp » d'Israël

Les représentants des deux camps ont quitté Le Caire "après deux jours de négociations" visant à obtenir une trêve dans la guerre en cours à Gaza depuis sept mois, a rapporté jeudi le média Al-Qahera News, proche du renseignement égyptien. (AFP).
Les représentants des deux camps ont quitté Le Caire "après deux jours de négociations" visant à obtenir une trêve dans la guerre en cours à Gaza depuis sept mois, a rapporté jeudi le média Al-Qahera News, proche du renseignement égyptien. (AFP).
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  • Les représentants des deux camps ont quitté Le Caire "après deux jours de négociations" visant à obtenir une trêve dans la guerre en cours à Gaza
  • Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait indiqué avoir donné pour consigne à sa délégation au Caire de "continuer à se montrer ferme sur les conditions nécessaires à la libération" des otages

TERRITOIRES PALESTINIENS: Le mouvement islamiste palestinien Hamas a estimé tôt vendredi, après le départ de sa délégation d'Egypte où ont lieu des pourparlers, que la "balle est entièrement dans le camp" d'Israël en vue d'un accord de trêve dans la bande de Gaza.

"La délégation de négociation a quitté le Caire en direction de Doha. L'occupation a rejeté la proposition soumise par les médiateurs que nous avions acceptée. En conséquence, la balle est désormais entièrement dans le camp de l'occupation", nom donné à Israël par le mouvement islamiste, a indiqué le Hamas dans une lettre envoyée à d'autres factions palestiniennes.

Les représentants des deux camps ont quitté Le Caire "après deux jours de négociations" visant à obtenir une trêve dans la guerre en cours à Gaza depuis sept mois, a rapporté jeudi le média Al-Qahera News, proche du renseignement égyptien.

Les efforts de l'Egypte et des autres pays médiateurs, en l'occurrence le Qatar et les Etats-Unis, "se poursuivent pour rapprocher les points de vue des deux parties", a ajouté Al-Qahera News, citant une source égyptienne de haut niveau.

Le Hamas avait donné son feu vert lundi à une proposition présentée par les médiateurs qui comprend, selon le mouvement, une trêve en trois phases, chacune d'une durée de 42 jours, incluant un retrait israélien du territoire ainsi qu'un échange d'otages retenus à Gaza et de Palestiniens détenus par Israël, dans le but d'un "cessez-le-feu permanent".

Israël a répondu que cette proposition était "loin de ses exigences" et répété son opposition à un cessez-le-feu définitif tant que le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007 et qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne, ne serait pas vaincu.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait indiqué avoir donné pour consigne à sa délégation au Caire de "continuer à se montrer ferme sur les conditions nécessaires à la libération" des otages et "essentielles" à la sécurité d'Israël.


Netanyahu répète qu'Israël combattra même « seul » après la menace de Biden

Benjamin Netanyahu martèle depuis des mois être déterminé à lancer une offensive terrestre d'ampleur contre la ville de Rafah où, affirme-t-il, se cachent les derniers bataillons du Hamas. (AFP).
Benjamin Netanyahu martèle depuis des mois être déterminé à lancer une offensive terrestre d'ampleur contre la ville de Rafah où, affirme-t-il, se cachent les derniers bataillons du Hamas. (AFP).
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  • "Si nous devons tenir seuls, nous tiendrons seuls. Je l'ai déjà dit, s'il le faut, nous combattrons avec nos ongles", a déclaré M. Netanyahu
  • L'armée israélienne "a suffisamment d'armement pour accomplir sa mission à Rafah", a assuré de son côté jeudi le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l'armée

JERUSALEM: Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé jeudi, au lendemain des menaces américaines sur des livraisons d'armes à son allié historique, que si Israël devait "tenir seul", il combattrait "seul", selon un communiqué de son bureau.

"Si nous devons tenir seuls, nous tiendrons seuls. Je l'ai déjà dit, s'il le faut, nous combattrons avec nos ongles", a déclaré M. Netanyahu, après que le président américain Joe Biden a menacé de suspendre certaines livraisons d'armes à Israël si son armée entrait à Rafah, une ville du sud de la bande de Gaza.

L'armée israélienne "a suffisamment d'armement pour accomplir sa mission à Rafah", a assuré de son côté jeudi le contre-amiral Daniel Hagari, porte-parole de l'armée.

Le 2 mai, sur fond de critiques internationales croissantes contre la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza, M. Netanyahu avait déjà affirmé que les Juifs devaient être capables de se "défendre seuls" car "personne ne (les) protégera".

Benjamin Netanyahu martèle depuis des mois être déterminé à lancer une offensive terrestre d'ampleur contre la ville de Rafah où, affirme-t-il, se cachent les derniers bataillons du Hamas, mais où s'entassent aussi, selon l'ONU, 1,4 million de Palestiniens, en grande majorité des déplacés par sept mois de bombardements israéliens et de combats qui ont laissé en ruines le reste de la bande de Gaza.

Lors d'un discours à l'occasion d'une cérémonie jeudi, le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a semblé répondre implicitement à Joe Biden, en réaffirmant lui aussi la détermination d'Israël à anéantir le Hamas avec ou sans le soutien américain.

"Je m'adresse aux ennemis d'Israël aussi bien qu'à nos meilleurs amis: l'Etat d'Israël ne peut être assujetti, les forces armées et l'appareil de défense non plus", a-t-il déclaré. "Nous resterons fermes, nous parviendrons à nos objectifs: nous frapperons le Hamas, nous frapperons le Hezbollah et nous obtiendrons la sécurité".

Aux côtés du Qatar et de l'Egypte, les Etats-Unis assurent une médiation qui tente depuis des mois de convaincre Israël et le Hamas de conclure une trêve censée permettre notamment la libération de détenus palestiniens des prisons israéliennes contre des otages enlevés par le Hamas lors de sa sanglante attaque dans le sud d'Israël le 7 octobre.

Le ministre israélien des Finances Bezalel Smotrich, membre de l'extrême droite et partisan acharné d'une offensive sur Rafah, a assuré qu'Israël "obtiendrait une victoire totale dans cette guerre malgré le recul du président Biden et l'embargo sur les armes".

L'élimination du Hamas "implique de conquérir Rafah totalement et le plus tôt sera le mieux", a-t-il affirmé.

L'ambassadeur d'Israël à l'ONU, Gilad Erdan, a estimé jeudi "difficile à entendre et très décevante" la menace de Joe Biden.


Le ministre saoudien des Affaires étrangères discute des derniers développements à Rafah avec le Premier ministre palestinien

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, reçoit le Premier ministre palestinien, Mohammed Moustafa, jeudi, à Riyad. (SPA)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, reçoit le Premier ministre palestinien, Mohammed Moustafa, jeudi, à Riyad. (SPA)
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  • Lors d’une réunion à Riyad, les deux responsables ont notamment évoqué le renforcement de la coopération entre leurs pays
  • Selon des habitants, l’armée israélienne a déployé des chars et elle a ouvert le feu à proximité des zones urbanisées de Rafah jeudi

RIYAD: Jeudi, le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, a discuté avec le Premier ministre palestinien, Mohammed Moustafa, des derniers développements dans la ville de Rafah, située à Gaza.

Lors d’une réunion à Riyad, les deux responsables ont également évoqué le renforcement de la coopération entre leurs pays ainsi que les priorités et le programme de travail du gouvernement palestinien.

Selon des habitants, l’armée israélienne a déployé des chars et elle a ouvert le feu à proximité des zones urbanisées de Rafah jeudi, après que le président américain, Joe Biden, a promis de ne pas fournir d’armes à Israël si ses forces envahissaient cette ville du sud de Gaza.

Israël est allé à l’encontre des objections internationales en envoyant des chars et en menant des «frappes ciblées» dans la ville frontalière, où se sont réfugiés de nombreux civils palestiniens.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com