Les discussions continuent sur une trêve à Gaza, nouvelles pressions américaines

De la fumée s'élève après une explosion dans la bande de Gaza, vue depuis le sud d'Israël, le 6 mars 2024. (AP)
De la fumée s'élève après une explosion dans la bande de Gaza, vue depuis le sud d'Israël, le 6 mars 2024. (AP)
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Publié le Mercredi 06 mars 2024

Les discussions continuent sur une trêve à Gaza, nouvelles pressions américaines

  • Les médiateurs espèrent négocier un accord de trêve avant le ramadan dans le territoire dévasté et assiégé
  • L'Egypte, les Etats-Unis et le Qatar tentent d'arracher un compromis aux deux camps, afin d'obtenir un accord portant sur une trêve de six semaines associée à la libération d'otages retenus à Gaza

TERRITOIRES PALESTINIENS: Les discussions ont continué mercredi au Caire entre les médiateurs internationaux et le Hamas pour tenter de parvenir, après cinq mois de guerre, à une trêve dans la bande de Gaza entre Israël et le mouvement islamiste palestinien, soumis à de fortes pressions des Etats-Unis.

Les médiateurs espèrent négocier un accord de trêve avant le ramadan dans le territoire dévasté et assiégé, où les bombardements israéliens qui se poursuivent sans répit ont fait 86 morts en 24 heures, selon le ministère de la Santé du Hamas.

La guerre a plongé la bande de Gaza dans une crise humanitaire de grande ampleur et 2,2 millions de personnes, selon l'ONU, soit l'immense majorité de la population, sont menacées de famine, l'aide internationale soumise au contrôle d'Israël n'arrivant qu'au compte-gouttes depuis l'Egypte alors que les besoins sont immenses.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) des Nations unies a prévenu mardi que la faim atteignait des "niveaux catastrophiques" dans le nord du territoire palestinien, rendu difficilement accessible par les destructions, les combats et les pillages.

"La famine s'aggrave, et fera des milliers de morts si l'agression ne s'arrête pas et si l'entrée immédiate d'aide humanitaire et médicale n'est pas autorisée", a affirmé mercredi le porte-parole du ministère de la Santé du Hamas, Ashraf Al-Qudra.

Face à cette catastrophe humanitaire, les Etats-Unis, principal allié d'Israël, réclament avec de plus en plus d'insistance une trêve avant le ramadan, le mois sacré du jeûne musulman, qui commence la semaine prochaine.

"C'est dans les mains du Hamas", a déclaré mardi le président américain Joe Biden, jugeant que les Israéliens étaient "coopératifs".

Les Etats-Unis ont aussi haussé le ton vis-à-vis d'Israël. Joe Biden a réclamé mardi à Israël qu'il laisse entrer "plus d'aide" à Gaza et estimé qu'il n'avait "pas d'excuses" pour restreindre le passage des convois.

Le Hamas a accusé mercredi Israël "se soustraire aux exigences" d'un futur accord et assuré "avoir fait preuve de la flexibilité nécessaire dans le but de parvenir à un accord prévoyant un arrêt total de l'agression contre notre peuple".

Discussions "difficiles"

L'Egypte, les Etats-Unis et le Qatar tentent d'arracher un compromis aux deux camps, afin d'obtenir un accord portant sur une trêve de six semaines associée à la libération d'otages retenus à Gaza en échange de prisonniers palestiniens détenus par Israël, ainsi que l'entrée d'une quantité accrue d'aide humanitaire à Gaza.

Des discussions "difficiles" commencées dimanche au Caire se sont poursuivies mercredi entre des représentants des trois pays médiateurs et du Hamas, mais sans représentant israélien, a annoncé la chaîne AlQahera News, proche du renseignement égyptien, citant un haut responsable.

La délicate question des otages retenus à Gaza est au centre des négociations mais le Hamas réclame, avant tout accord, un cessez-le-feu définitif, un retrait des troupes israéliennes, la reconstruction du territoire et le retour dans leur foyer des centaines de milliers de civils déplacés par la guerre.

Israël rejette ces conditions et assure que l'offensive se poursuivra jusqu'à l'élimination du Hamas. Selon des médias, Israël demande au Hamas de lui fournir une liste précise des otages.

Un responsable politique du Hamas, Bassem Naim, a affirmé à l'AFP que le mouvement n'avait reçu aucune demande concernant la situation des otages et ignorait "qui est vivant ou mort" parmi eux.

Selon Israël, 130 otages se trouvent encore à Gaza, dont 31 seraient morts, sur environ 250 personnes enlevées le 7 octobre.

La guerre a été déclenchée ce jour-là par une attaque menée par des commandos du Hamas infiltrés dans le sud d'Israël depuis la bande de Gaza, qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, la plupart des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles israéliennes.

En représailles, Israël a juré d'anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, qu'il considère comme une organisation terroriste de même que les Etats-Unis et l'Union européenne.

Son armée a lancé une offensive qui a fait 30.717 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

Plus de 40 frappes israéliennes, selon le service de presse du gouvernement du Hamas, ont visé mercredi notamment les secteurs de Khan Younès, dans le sud, de la ville de Gaza, dans le nord, et de Deir el-Balah, dans le centre du territoire.

"Du verre tombait"

"Nous étions en train de réciter les prières nocturnes. Nous n'avons rien senti avant que l'explosion ne se produise. Les décombres ont continué à tomber pendant deux minutes et nous ne savions pas où aller. Du verre tombait", a raconté à l'AFP un survivant, Yazem Mohammed al-Qot, après une frappe sur une maison à Deir el-Balah.

La défense civile du Hamas a annoncé que les soldats se retiraient du centre de Khan Younès, une grande ville transformée en champ de ruines après avoir été au coeur des combats dans le sud du territoire pendant de nombreuses semaines.

Pour parvenir à la "victoire totale" sur le Hamas, Israël a annoncé préparer une offensive terrestre sur Rafah, une ville située à l'extrême sud de la bande de Gaza, contre la frontière fermée avec l'Egypte, où sont massés, selon l'ONU, près d'un million et demi de Palestiniens.

Pour tenter de soulager la population, huit avions de transport jordaniens, américains, français et égyptien ont procédé mardi à des parachutages d'aide sur le nord de Gaza, a annoncé l'armée jordanienne, lors de la "plus grande opération de ce type" depuis le début de la guerre.

"Les parachutages sont une solution de dernier recours et ne permettront pas d'éviter la famine", a souligné Carl Skau, le directeur exécutif-adjoint du PAM.

"Nous avons besoin de points d'entrée dans le nord de Gaza afin de livrer suffisamment de nourriture pour un demi-million de personnes qui en ont désespérément besoin", a-t-il ajouté.

 


Gaza: la Défense civile annonce 16 morts dans des frappes israéliennes 

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  • L'armée israélienne a affirmé dans un communiqué avoir "éliminé plusieurs terroristes dans la bande de Gaza au cours des dernières 24 heures et frappé des complexes militaires, des dépôts d'armes et des positions de tireurs d'élite"
  • "De plus, l'armée de l'air a frappé plus de 75 cibles terroristes à travers la bande de Gaza", ajoute le communiqué

GAZA: La Défense civile de la bande de Gaza a annoncé vendredi la mort de 16 personnes dans des frappes israéliennes dans plusieurs zones du territoire palestinien.

Le bilan "des frappes israéliennes dans différentes zones de la bande de Gaza depuis minuit s'élève à 16 morts", a déclaré à l'AFP Mohammed al-Moughayir, un responsable de cette organisation de premiers secours.

Ce responsable a mentionné aussi "des dizaines de blessés" dans ces frappes qui ont touché des habitations dans le centre et dans le sud de la bande de Gaza.

L'armée israélienne a affirmé dans un communiqué avoir "éliminé plusieurs terroristes dans la bande de Gaza au cours des dernières 24 heures et frappé des complexes militaires, des dépôts d'armes et des positions de tireurs d'élite".

"De plus, l'armée de l'air a frappé plus de 75 cibles terroristes à travers la bande de Gaza", ajoute le communiqué.

Israël a repris le 18 mars ses bombardements, après le blocage des négociations indirectes avec le mouvement islamiste palestinien Hamas pour prolonger une trêve qui a duré deux mois.

Depuis, au moins 3.613 personnes ont été tuées dans le territoire palestinien, ce qui porte le bilan total de la guerre à 53.762 morts, pour la plupart des civils, a indiqué jeudi le ministère de la Santé de Gaza.

La guerre dans la bande de Gaza a été déclenchée par l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 en Israël, qui a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes alors enlevées, 57 sont toujours retenues en otages à Gaza, et 34 d'entre elles ont été déclarées mortes par l'armée.

Les représailles israéliennes ont fait au moins 53.762 morts dans la bande de Gaza, en majorité des civils, selon les dernières données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.


La Grande Mosquée se dote d’un portail intelligent pour enrichir le parcours des pèlerins

La Grande Mosquée de La Mecque. (Arab News)
La Grande Mosquée de La Mecque. (Arab News)
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  • Ce portail entièrement intégré propose un contenu islamique soigneusement sélectionné, présenté de manière claire et accessible
  • Il s’agit d’un outil interactif conçu pour répondre aux besoins des fidèles grâce à des services religieux enrichissants disponibles en plusieurs langues

RIYAD: À l’approche du Hajj, l’Arabie saoudite met en place un nouveau portail intelligent pour améliorer l’expérience des pèlerins à la Grande Mosquée.

La Présidence des affaires religieuses de la Grande Mosquée et de la Mosquée du Prophète a lancé une plateforme numérique innovante visant à enrichir l’expérience spirituelle et religieuse des pèlerins, visiteurs et participants à l'Omra, a rapporté l’Agence de presse saoudienne (SPA).

Ce portail entièrement intégré propose un contenu islamique soigneusement sélectionné, présenté de manière claire et accessible. Il s’agit d’un outil interactif conçu pour répondre aux besoins des fidèles grâce à des services religieux enrichissants disponibles en plusieurs langues.

Le cheikh Abdelrahman al-Sudais, président des affaires religieuses, a salué cette initiative comme étant le premier portail confessionnel intelligent de ce type: accessible à l’échelle mondiale, hautement réglementé et à la pointe de l’innovation.

La plateforme offre de nombreuses fonctionnalités, comme l’affichage des horaires de prière, des notifications sur les imams et les muezzins, ainsi que les horaires et lieux des cours religieux. Une fonction de navigation interactive permet aux utilisateurs de localiser facilement les services grâce à des cartes intelligentes intégrées.

En outre, le portail propose un service de chat en direct pour répondre immédiatement aux questions des visiteurs, fournit des conseils pratiques sur la prière et les ablutions, et explique les termes islamiques. Il est accessible à l’adresse suivante: https://services.prh.gov.sa.

Dans le cadre de ses efforts pour intégrer les technologies de pointe au service du pèlerinage, la Présidence a également dévoilé la nouvelle version du robot Manarat al-Haramain. Doté d’intelligence artificielle, ce robot est conçu pour répondre aux questions religieuses au sein de la Grande Mosquée et permet aux visiteurs d’entrer en contact direct par appel vidéo avec des muftis qualifiés.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les médecins britanniques travaillant à Gaza décrivent le territoire comme un «abattoir»

Victoria Rose et Graeme Groom sont des chirurgiens britanniques travaillant à l'hôpital Nasser de Khan Younis. (Photo capture d'écran)
Victoria Rose et Graeme Groom sont des chirurgiens britanniques travaillant à l'hôpital Nasser de Khan Younis. (Photo capture d'écran)
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  • Les gens meurent de faim parce qu'il n'y a pas d'entrée de nourriture", déclare le chirurgien Tom Potokar
  • Les dirigeants du monde entier sont invités à "cesser de parler et à faire quelque chose"

LONDRES: Des médecins britanniques travaillant à Gaza ont décrit le territoire comme un "abattoir", où les patients qu'ils soignent sont gravement sous-alimentés.

Des chirurgiens plasticiens et des orthopédistes britanniques sont basés dans les hôpitaux Amal et Nasser à Khan Younis, dans le sud du territoire.

Le Dr Tom Potokar, chirurgien plasticien spécialisé dans les brûlures, a travaillé 16 fois à Gaza, mais a déclaré que cette mission avait révélé un niveau de destruction bien supérieur à celui de sa dernière visite en 2023, a rapporté Sky News.

"Que dire, c'est horrible, c'est un abattoir", a déclaré le Dr Potokar après avoir opéré une femme palestinienne gravement blessée dont le mari et les enfants ont été tués lors d'une attaque israélienne.

Il a exhorté les dirigeants du monde à "cesser de parler et à faire quelque chose".

M. Potokar s'est installé à l'hôpital Amal la semaine dernière, après que l'hôpital européen voisin où il travaillait a été touché par des missiles israéliens et contraint de fermer.

Les soins de santé à Gaza sont en train de s'effondrer, les hôpitaux ayant été pris pour cible à plusieurs reprises par Israël depuis le début de la guerre en octobre 2023.

Les frappes aériennes et les bombardements incessants ont tué plus de 53 000 personnes et les hôpitaux sont remplis de Palestiniens souffrant de blessures liées aux explosions.

Le blocus de l'aide humanitaire mis en place depuis le mois de mars a encore aggravé la situation des hôpitaux, les médecins ne disposant que de peu de matériel pour soigner les blessés.

"Je pense que la différence cette fois-ci réside dans l'intensité", a déclaré M. Potokar. "La dernière fois que je suis venu ici, entre octobre et décembre 2023, il y avait beaucoup de blessés et c'était également très intense.

"Je pense que la différence cette fois-ci est qu'en raison du blocus, il y a si peu de choses qui entrent, il n'y a pas de nourriture qui entre, donc les gens meurent de faim. Il y a très peu de fournitures médicales qui arrivent, mais l'autre chose que l'on remarque, c'est l'ampleur de la destruction. Khan Younis ressemble à Stalingrad".

Le reportage montre le chaos qui règne dans les salles d'urgence de l'hôpital, où des enfants gravement blessés sont amenés pour recevoir un premier traitement avant d'être opérés par les médecins britanniques.

La plupart des blessures sont dues à des explosions et les patients souffrent de malnutrition.

À l'hôpital Nasser, un bébé est arrivé avec des brûlures à la poitrine et au dos, tandis qu'un autre gisait silencieux après avoir été blessé par des éclats d'obus et incapable de voir d'un œil.

Le Dr Victoria Rose, une chirurgienne plastique britannique travaillant à l'hôpital, a montré l'intérieur de l'unité de traitement des brûlures, qui a été fermée après avoir été touchée par des missiles israéliens.

Cette semaine, Israël a ordonné aux habitants d'évacuer Khan Younis, ce qui a empêché plusieurs membres du personnel de l'hôpital de se rendre à leur travail, a déclaré Victoria Rose.

"Mon infirmière anesthésiste et le collègue orthopédiste de Graeme ont dû nous quitter en plein milieu d'un cas pour aller évacuer leurs familles vers une zone sûre", a-t-elle déclaré.

Le Dr Graeme Groom, chirurgien travaillant aux côtés de Mme Rose, a fait l'éloge de ses collègues palestiniens.

"Ce sont des gens comme vous et moi, ils ont leur maison, leur famille, ils vivent une vie normale. Beaucoup d'entre eux sont très impressionnants et, sans préavis, ils doivent prendre un sac et partir, chercher de la nourriture, de l'eau, un abri, mais se présenter au travail tous les jours", a-t-il déclaré.

Les chirurgiens craignent que les hôpitaux ne doivent être évacués car Israël étend son opération militaire dans la région dans le cadre d'un plan visant à prendre le contrôle total du territoire.

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com