Où sont les femmes ? La direction des entreprises, un bastion masculin qui résiste

Catherine MacGregor, PDG du groupe énergétique français Engie, assiste à l'inauguration d'une station de production et de distribution d'hydrogène à l'aéroport de Toulouse-Blagnac, dans le sud-ouest de la France, le 4 décembre 2023. (AFP)
Catherine MacGregor, PDG du groupe énergétique français Engie, assiste à l'inauguration d'une station de production et de distribution d'hydrogène à l'aéroport de Toulouse-Blagnac, dans le sud-ouest de la France, le 4 décembre 2023. (AFP)
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Publié le Mardi 05 mars 2024

Où sont les femmes ? La direction des entreprises, un bastion masculin qui résiste

  • La France a adopté la loi Rixain, qui fixe un objectif d'au moins 30% de femmes dans les instances dirigeantes à compter de 2026, avant 40% en 2029
  • A l'échelle mondiale, selon un rapport du cabinet Deloitte portant sur près de 10 500 entreprises, 19,7% des membres des conseils d'administration étaient des femmes en 2021

PARIS: Elles occupent de plus en plus de postes-clé mais continuent de buter sur la dernière marche. Malgré une présence accrue des femmes dans les conseils d'administration, le monde des entreprises reste largement dirigé par des hommes.

"Le monde du travail a été construit pour accommoder les besoins des hommes", explique à l'AFP Tara Cemlyn-Jones, à la tête de l'organisme britannique 25x25, qui se consacre à la parité dans les entreprises.

"La seule façon de changer les choses est de rendre les structures plus justes pour les femmes", plaide l'ancienne banquière d'investissement.

Les chiffres sont sans appel. A l'échelle mondiale, selon un rapport du cabinet Deloitte portant sur près de 10 500 entreprises, 19,7% des membres des conseils d'administration (CA) étaient des femmes en 2021 pour... 5% parmi les directeurs généraux.

Aux Etats-Unis, les femmes représentaient environ 24% des membres des conseils, moins de 6% des chefs d'entreprise. Même schéma au Royaume-Uni (environ 30% des sièges aux CA, 6% des dirigeants). De son côté, la France a mis en place la loi Copé-Zimmermann, qui impose depuis 2011 un quota minimal de 40% de femmes dans les CA. Une façon de mettre un pied dans la porte.

"Cela va porter des fruits à long terme", estime ainsi Diane Segalen, présidente du cabinet de conseil en recrutement Segalen + Associés.

En 2021, la France comptait 43,2% de femmes dans les CA, selon Deloitte. Pourtant, trois seulement sont actuellement à la tête d'une entreprise de l'indice phare de la Bourse de Paris CAC 40 (Catherine MacGregor chez Engie, Christel Heydemann chez Orange et Estelle Brachlianoff chez Veolia).

Il faut dire que le monde des affaires a longtemps été un bastion masculin. Première femme à présider l'influente Association française des entreprises privées (Afep), Patricia Barbizet, habituée des CA du CAC 40, avait rappelé en 2021 être "entrée dans une école de commerce la première année où les filles étaient admises".

Aucun pays ne se distingue par son égalité professionnelle. En Allemagne, seule Belén Garijo, pour le laboratoire Merck, dirige une entreprise du DAX, indice vedette de la Bourse de Francfort.

En Espagne, la très grande majorité des sociétés de l'Ibex 35, équivalent ibérique du CAC 40, sont dirigées par des hommes, à l'exception d'Inditex (propriétaire de Zara), et de Santander, première banque espagnole, présidées respectivement par Marta Ortega et Ana Botin.

Quant à l'Italie, elle n'est guère mieux lotie, et Giuseppina di Foggia, PDG du distributeur d'énergie Terna, est devenue l'an dernier la première femme à diriger un grand groupe public dans le pays.

Environnement

Car c'est une chose d'être présentes dans les conseils d'administration, encore faut-il occuper des postes-clé dans le comité exécutif, passage obligé avant la direction.

Ariane Bucaille, associée du cabinet Deloitte, estime que "les quotas sont un accélérateur formidable", mais "si l'on voit une montée des femmes dans les comités exécutifs, c'est plutôt à des fonctions comme les ressources humaines, le marketing", analyse-t-elle.

L'organisme à but non lucratif 25x25 a récemment publié un rapport sur la question, qui aboutit peu ou prou aux mêmes conclusions. Certains postes de cadres supérieurs, comme le poste de directeur financier, sont une voie royale vers la direction générale, mais la proportion de femmes les occupant "reste remarquablement faible", conclut-il.

Pour y remédier, la France, précurseure dans ce domaine, a adopté la loi Rixain, qui fixe un objectif d'au moins 30% de femmes dans les instances dirigeantes à compter de 2026, avant 40% en 2029.

Cette loi "va encourager certaines avancées. Mais c'est forcément lent", juge Mme Bucaille: "Il ne faut pas relâcher l'effort, car (...) on est loin du compte."

Quotas ou pas, pour Tara Cemlyn-Jones, il faut avant tout transformer l'environnement. Et pour cela, les investisseurs ont un rôle à jouer.

"Des questions devraient être posées sur la façon dont sont prises les décisions d'investissement. Comment est-il toléré que des gestionnaires de fonds disent: +Ne vous souciez pas du genre du dirigeant+ ? Nous ne voulons pas entendre ça", exhorte Tara Cemlyn-Jones.

La chasseuse de tête Diane Segalen, elle, se dit malgré tout confiante: "Je crois que cela va arriver avec la génération d'après, qui a démarré dans les années 2000, qui a eu des aînées, des modèles inspirants", parie-t-elle.


Procès libyen: la cour d'appel de Paris libère l'intermédiaire Djouhri sous contrôle judiciaire

 La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.
La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.
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  • L'homme d'affaires franco-algérien de 66 ans, condamné le 25 septembre à six ans d'emprisonnement dans l'affaire du financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, aura notamment pour interdiction de sortir d'Île-de-France
  • Il a également l'interdiction de mener une activité d'intermédiation économique et il devra remettre à la justice ses passeports français et algérien et pointer une fois par semaine à la gendarmerie

PARIS: La cour d'appel de Paris a accepté mercredi de libérer sous contrôle judiciaire l'intermédiaire Alexandre Djouhri, qui était le dernier prévenu du procès libyen à être encore incarcéré.

L'homme d'affaires franco-algérien de 66 ans, condamné le 25 septembre à six ans d'emprisonnement dans l'affaire du financement libyen de la campagne de 2007 de Nicolas Sarkozy, aura notamment pour interdiction de sortir d'Île-de-France, de s'absenter de son domicile en région parisienne entre 8H00 et 20H00, d'entrer en contact avec ses coprévenus.

Il a également l'interdiction de mener une activité d'intermédiation économique et il devra remettre à la justice ses passeports français et algérien et pointer une fois par semaine à la gendarmerie.

Le parquet général s'était opposé à sa libération en pointant notamment sa double nationalité et le risque de départ en Algérie où la coopération judiciaire avec la France est compliquée.

Selon son avocat, Me Pierre-Henri Bovis, il devrait sortir de la prison parisienne de La Santé "dans les prochaines heures".

"La cour d'appel de Paris, par sa décision, a reconnu cette fois-ci qu'il y avait des garanties de représentation suffisantes, et a enfin admis qu'il n'y avait pas de risque de fuite ou de pression" sur les témoins, s'est-il félicité, soulignant que son client ne s'était "jamais dérobé à ses obligations".

Alexandre Djouhri avait déposé une première demande de mise en liberté qui avait été rejetée début novembre, la cour d'appel estimant qu'il présentait un risque de fuite et des garanties de représentation "particulièrement faibles".

Dans ce dossier, deux autres personnes ont été condamnées en première instance à des peines d'emprisonnement avec mandat de dépôt: l'ancien président de la République Nicolas Sarkozy, condamné à cinq ans de prison, et le banquier Wahib Nacer.

L'ex-chef de l'Etat a été incarcéré vingt jours à la prison de la Santé, avant d'obtenir sa libération auprès de la cour d'appel. M. Nacer, qui avait été condamné à une peine de quatre ans d'emprisonnement avec mandat de dépôt à exécution provisoire, a également été libéré de prison.

Alexandre Djouhri devrait donc comparaître libre, comme tous ses coprévenus, au procès en appel  prévu du 16 mars au 3 juin. Au total, 10 personnes, dont Nicolas Sarkozy et deux de ses proches, Claude Guéant et Brice Hortefeux, seront rejugées dans ce dossier.


Macron de retour sur le thème de la désinformation, après la polémique sur la labellisation

Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
Le président français Emmanuel Macron attend avant d'accueillir le président roumain à l'Élysée, à Paris, le 9 décembre 2025. (AFP)
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  • Emmanuel Macron poursuit en Bretagne son tour de France consacré à la régulation des réseaux sociaux et à la lutte contre la désinformation, tout en répondant aux accusations de « dérive autoritaire » liées à son soutien à une labellisation des médias
  • Le président réaffirme qu’il ne s’agit pas d’un label d’État et dénonce les polémiques

PARIS: Emmanuel Macron reprend mercredi en Bretagne son tour de France sur la régulation des réseaux sociaux et la lutte contre la désinformation, l'occasion de répondre en personne aux accusations de dérive "autoritaire" provoquées par son soutien à une labellisation des médias.

Le chef de l'Etat est attendu dans l'après-midi à Saint-Malo, en Ille-et-Vilaine, pour un échange avec des lecteurs d'Ouest-France sur le thème de "la démocratie à l'épreuve des réseaux sociaux et des algorithmes".

Ses précédents débats organisés par la presse régionale l'ont mené depuis un mois à Toulouse, Arras (Pas-de-Calais) et Mirecourt (Vosges), et il devrait enchaîner avec Marseille la semaine prochaine.

Son idée directrice est de réfléchir à une adaptation de la législation pour réguler les réseaux sociaux, qui échappent largement à la loi de la presse de 1881 qui régit les médias traditionnels. Une réflexion censée déboucher sur des "décisions concrètes" début 2026, même si le président a déjà commencé à égrener des pistes.

Parmi elles, une mesure a déclenché une polémique à retardement.

Emmanuel Macron a en effet apporté un soutien très volontariste à des initiatives existantes de labellisation des médias "par des professionnels", pour distinguer les sites et réseaux qui font de l'information, selon les règles déontologiques, des autres.

"On va tout faire pour que soit mis en place un label", a-t-il lancé le 19 novembre à Arras, tout en assurant que ce n'était par à l'Etat de le faire.

- "Dérive totalitaire" -

Le 30 novembre, le Journal du dimanche s'est saisi de cette proposition pour lui reprocher une "dérive totalitaire", ironisant sur sa volonté présumée de mettre en place un "ministère de la Vérité", comme dans le roman dystopique "1984" de George Orwell.

L'accusation a été aussitôt relayée par les autres médias du milliardaire conservateur Vincent Bolloré puis par plusieurs dirigeants de la droite et de l'extrême droite, qui disent soupçonner le chef de l'Etat de vouloir "contrôler l'information" et museler la liberté d'expression à son profit.

En Conseil des ministres, il y a une semaine, Emmanuel Macron a répondu qu'il n'avait "jamais" envisagé de créer un "label d'Etat" pour les médias, et "encore moins" un "ministère de la Vérité", selon les propos rapportés par la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon.

Le compte de l'Elysée s'est même fendu d'un message sur le réseau X pour déplorer que "parler de lutte contre la désinformation suscite la désinformation", visant ceux qui avaient attaqué le président, du patron des Républicains Bruno Retailleau au présentateur vedette de CNews Pascal Praud.

Une réaction officielle qui a déclenché une nouvelle cascade de commentaires enflammés y voyant la démonstration de velléités de contrôle macronistes.

A Saint-Malo, le président de la République doit aussi aborder "les conséquences de la désinformation en matière climatique", à l'occasion des dix ans de l'accord de Paris sur le climat, a fait savoir l'Elysée.


France: vote crucial pour le Premier ministre Sébastien Lecornu

Le Premier ministre français Sébastien Lecornu assiste à une séance de questions au gouvernement au Sénat, la chambre haute du Parlement français, à Paris, le 26 novembre 2025. (AFP)
Le Premier ministre français Sébastien Lecornu assiste à une séance de questions au gouvernement au Sénat, la chambre haute du Parlement français, à Paris, le 26 novembre 2025. (AFP)
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  • Sébastien Lecornu joue son avenir politique sur le vote du budget de la Sécurité sociale, menacé d’être rejeté faute de soutien des Républicains et d’Horizons, malgré l’appui inattendu des socialistes
  • Un rejet pourrait provoquer sa chute, alors que le gouvernement avertit qu’un échec ferait bondir le déficit de la Sécurité sociale et que le scrutin reste extrêmement incertain

PARIS: L'avenir du Premier ministre français Sébastien Lecornu pourrait dépendre mardi de son pari de faire adopter sans majorité le projet de budget de la Sécurité sociale par l'Assemblée nationale, où il s'est assuré du soutien des socialistes mais risque d'être lâché par les siens.

Le texte proposé par son gouvernement de centre-droit pourrait être rejeté. Pas à cause du parti Socialiste (PS), dont le patron Olivier Faure a appelé à voter "pour" et avec lequel le Premier ministre a mené les négociations, mais parce que dans son propre camp, les partis de droite Les Républicains (LR) et du centre-droit Horizons refusent de soutenir un budget qui, à leurs yeux, fait trop de concessions à la gauche.

Le scrutin s'annonce donc extrêmement serré sur ce projet de loi, dans lequel le chef du gouvernement a concédé la suspension de l'emblématique réforme des retraites.

Son rejet pourrait précipiter la chute de Sébastien Lecornu, même si la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a jugé dimanche qu'une démission "n'aurait pas de sens".

Nommé il y a trois mois, le chef du gouvernement, qui défend la méthode des "petits pas", a en effet renoncé à recourir à un dispositif, celui de l'article 49.3 de la constitution, qui permet de faire passer un texte sans vote mais expose à la censure.

Sébastien Lecornu a déjà senti le vent du boulet souffler sur le volet "recettes" du texte, adopté à peu de voix grâce à plusieurs compromis et a de nombreux absents dans la chambre basse.

Il est reparti à la pêche aux voix pour le volet "dépenses" et surtout pour le vote final sur l'ensemble du projet de loi, prévus tous deux mardi.

Lundi soir, le président du parti Horizons, Edouard Philippe, candidat déclaré pour la présidentielle de 2027, a recommandé à ses députés de s'abstenir, en affirmant n'avoir "jamais voulu" une chute du gouvernement.

Les députés écologistes, dont le vote est crucial, pourraient s'abstenir quant à eux si le gouvernement cède à leur demande d'une augmentation des dépenses de l'assurance maladie.

Le gouvernement ne cesse d'avertir que si aucun texte n'est adopté, le déficit de la Sécurité sociale flamberait à 30 milliards d'euros en 2026, contre 23 en 2025.

L'issue du scrutin est d'autant plus incertaine que les votes ne seront pas unanimes au sein des groupes. LFI (gauche radicale) et RN (extrême-droite) avec l'UDR devraient voter contre, et les communistes majoritairement contre.

Le chef des LR, Bruno Retailleau a appelé à ne pas voter un "budget socialiste", mais certains de ses élus pourraient voter pour.

Si le texte est adopté, son chemin n'est pas terminé pour autant: il repartira au Sénat (chambre haute), avant de revenir à l'Assemblée, à qui le gouvernement pourra alors donner le dernier mot.