A Gaza, l'« enfer » pour des milliers de femmes enceintes

Au nombre de 52.000 dans la bande de Gaza selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël il y a bientôt cinq mois. (AFP).
Au nombre de 52.000 dans la bande de Gaza selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël il y a bientôt cinq mois. (AFP).
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Publié le Mercredi 06 mars 2024

A Gaza, l'« enfer » pour des milliers de femmes enceintes

  • Accoucher à la lumière d'un téléphone, revenir sous une tente quelques heures après et ne rien avoir à manger
  • Dans le sud, où vivent plus d'1,5 million de personnes dont une immense majorité a été déplacée par la guerre, il ne reste plus que cinq salles pour les accouchements à l'hôpital Emirati de Rafah

TERRITOIRES OCCUPES: Accoucher à la lumière d'un téléphone, revenir sous une tente quelques heures après et ne rien avoir à manger: dans la bande de Gaza, des milliers de femmes enceintes paient un lourd tribut depuis le début de la guerre.

Asmaa Ahmed, 31 ans, a accouché il y a quatre mois d'un petit Faraj dans l'école où elle était réfugiée dans la ville de Gaza.

"J'avais très, très peur de perdre le bébé", confie-t-elle, car "ma grossesse était risquée dès le début" et que "la situation s'est aggravée" lorsque la famille a dû quitter son domicile en raison des combats.

Faute d'électricité dans l'école, l'accouchement a eu lieu "à la lumière des téléphones portables", a raconté le médecin, Mahmoud al-Af.

Au nombre de 52.000 dans la bande de Gaza selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), les femmes enceintes sont particulièrement vulnérables depuis le début de la guerre entre le Hamas et Israël il y a bientôt cinq mois.

Les hostilités ont été déclenchées le 7 octobre par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien dans le sud d'Israël qui a entraîné la mort d'au moins 1.160 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles israéliennes.

Les opérations militaires lancées par Israël en représailles ont fait plus de 30.600 morts, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé du Hamas.

« Pire qu'en enfer »

Samah al-Helou, 21 ans, nécessitait pour sa part une "intervention chirurgicale" lors de son accouchement mais a dû attendre "deux semaines" car "il n'y avait pas de docteurs, pas de lits et pas de bloc opératoire".

Une fois son fils Mohammed né le 10 février, "le docteur nous a renvoyés" dans la tente où la famille, qui a fui les combats dans la ville de Gaza, est réfugiée à Rafah dans l'extrême sud du territoire palestinien assiégé.

La vie dans "le froid" y est "pire qu'en enfer" et "j'ai cru que j'allais perdre mon enfant", dit-elle.

Le système de santé est exsangue dans la bande de Gaza où seuls 12 des 36 hôpitaux fonctionnent partiellement.

Dans le sud, où vivent plus d'1,5 million de personnes dont une immense majorité a été déplacée par la guerre, il ne reste plus que cinq salles pour les accouchements à l'hôpital Emirati de Rafah.

Et le matériel manque, l'aide rentrant au compte-gouttes. Le Fond des Nations unies pour la population (UNFPA) affirme avoir plus de 62 palettes de matériel nécessaire aux accouchements qui attendent, aux portes de Rafah à la frontière égyptienne, le feu vert des autorités pour rentrer.

Raphaël Pitti, médecin anesthésiste-réanimateur français, a achevé il y a peu une mission dans le sud du territoire palestinien pour le compte d'une ONG.

"Quand les femmes ont accouché, elles se remettent debout et leur famille vient les chercher", raconte-t-il. "L'hôpital est incapable de donner un rendez-vous" de suivi, "c'est impossible tellement il y a de monde qui se présente", ajoute-t-il.

Et s'il est extrêmement difficile de quantifier la surmortalité des femmes enceintes, évoquée par plusieurs médecins, il dit avoir "vu une femme diabétique enceinte de sept mois" qui "a développé des complications liées au manque d'insuline". "Son bébé est mort-né et elle a succombé le lendemain matin".

Selon des témoignages recueillis par l'AFP, des femmes ont dû accoucher depuis le début de la guerre dans la rue ou à même le sol à l'hôpital. D'autres disent qu'on leur a suggéré d'apporter un matelas et des draps pour pouvoir rester à l'hôpital après la naissance.

Face à ces conditions d'hygiène déplorables, l'ONU a distribué des milliers de kits pour des accouchements autonomes, contenant des draps jetables ou du matériel stérile pour couper le cordon ombilical.

Selon un rapport de l'UNFPA publié en février, les femmes enceintes arrivent en outre souvent à terme avec des infections génito-urinaires compromettant la bonne santé des nouveaux nés.

Insécurité alimentaire sévère

Dans ce contexte, Malak Shabat, 21 ans, enceinte de 8 mois et déplacée à Rafah, confie sa "peur d'accoucher". "Avant la guerre, les hôpitaux prenaient en charge les femmes en travail, il y avait même des couveuses pour les nourrissons", poursuit-elle.

Enceinte de triplés, Rou'a Sindawi, 20 ans, vit elle avec près d'une vingtaine de personnes sous une tente à Rafah. Souffrant de vertiges incessants, elle dit n'avoir "mangé qu'une fois des protéines", des oeufs, "depuis le début de la guerre".

Comme elle, 95% des femmes enceintes ou allaitantes sont dans une situation d'insécurité alimentaire sévère, selon l'Unicef.

"Il y a beaucoup de crises dans la région qui sont catastrophiques pour les femmes enceintes" mais à Gaza "c'est pire que dans nos cauchemars", en raison de "la densité de la population et du fait qu'il n'y a nulle part où aller pour être en sécurité", explique à l'AFP Dominic Allen, représentant de l'UNFPA dans les Territoires palestiniens.

A quelques jours de la journée internationale des droits des femmes, Abir Abu Abadi, 34 ans, qui vit dans un campement de fortune à Rafah, dit "ne rien avoir à célébrer" le 8 mars alors que les Gazaouies - dont au moins 9.000 auraient été tuées depuis le 7 octobre selon l'ONU Femmes - vivent dans "l'horreur des bombardements".


Le Liban déterminé à retirer les armes du Hezbollah, assure le président Joseph Aoun

Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
Des hommes réagissent en écoutant le chef du Hezbollah, Naim Kassem, prononcer un discours télévisé à Dahiyeh, dans la banlieue sud de Beyrouth, au Liban. (AP)
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  • Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun
  • Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat

BEYROUTH: Les autorités libanaises sont déterminées à désarmer le Hezbollah, a assuré jeudi le président Joseph Aoun, au lendemain d'un discours du chef de la formation soutenue par l'Iran, affirmant que demander son désarmement rendait service à Israël.

Les autorités libanaises veulent "retirer les armes de tous les groupes armés, y compris le Hezbollah, et les remettre à l'armée libanaise", a déclaré le chef de l'Etat dans un discours devant les militaires, à l'occasion de la Fête de l'Armée.

Le Liban est soumis à une intense pression, notamment des Etats-Unis, pour désarmer le Hezbollah, sorti affaibli d'une guerre avec Israël qui a pris fin en novembre 2024, mais qui conserve une partie de son arsenal.

Le président Aoun a appelé "toutes les parties politiques" à "saisir une occasion historique" pour que l'armée et les forces de sécurité aient "le monopole des armes (...) sur l'ensemble du territoire libanaise, afin de regagner la confiance de la communauté internationale".

Le chef du Hezbollah Naïm Qassem avait estimé mercredi que toute demande de désarmer son mouvement revenait à "servir le projet israélien", accusant l'émissaire américain Tom Barrack de recourir à la "menace et l'intimidation" dans le but "d'aider Israël".

Le chef de l'Etat a affirmé que le Liban traversait une "phase cruciale qui ne tolère aucune provocation de quelque côté que ce soit, ni aucune surenchère nuisible et inutile".

"Pour la millième fois, j'assure que mon souci de garder le monopole des armes découle de mon souci de défendre la souveraineté du Liban et ses frontières, de libérer les terres libanaises occupées et d'édifier un Etat qui accueille tous ses citoyens (..) dont vous en êtes un pilier essentiel", a-t-il ajouté, s'adressant au public du Hezbollah.

Joseph Aoun, élu en janvier, s'est engagé avec son gouvernement à ce que l'Etat recouvre sa souveraineté sur l'ensemble du territoire libanais.

Le Hezbollah est la seule formation armée libanaise à avoir conservé ses armes après la fin de la guerre civile en 1990, au nom de la "résistance" contre Israël.


Le ministre saoudien des Médias et la PDG du SRMG discutent de l’avenir de la couverture sportive nationale

Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
Cette rencontre s’inscrit dans une série plus large de discussions entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. (SPA/Archives)
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  • La filiale du SRMG, Thmanyah, a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026
  • Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a déclaré que le ministère est pleinement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives nationales

LONDRES : Le ministre saoudien des Médias, Salman Al-Dossary, a rencontré dimanche Joumana Rashed Al-Rashed, directrice générale du Saudi Research and Media Group (SRMG), afin de discuter des développements à venir dans la couverture médiatique du sport en Arabie saoudite, a rapporté l’agence de presse saoudienne (SPA).

Cette rencontre intervient après que la filiale du SRMG, Thmanyah Company for Publishing and Distribution, a obtenu les droits de diffusion des compétitions sportives nationales. Arab News fait également partie du groupe SRMG.

Le PDG de Thmanyah, Abdulrahman Abumalih, était également présent à la réunion, au cours de laquelle les responsables ont examiné l’état de préparation des plateformes numériques et télévisuelles pour la diffusion des événements sportifs saoudiens. Les discussions ont porté sur l'avancement des infrastructures de studios, l’adoption de technologies innovantes, la stratégie éditoriale, les plateformes de diffusion et le calendrier de lancement des chaînes.

Thmanyah, acquise par le SRMG en 2021, est passée de la production de podcasts internes, comme Fnjan, à l’un des acteurs les plus influents de la région, avec des contenus variés en podcasts, radio et formats éditoriaux.

Dans un développement majeur survenu le mois dernier, Thmanyah a obtenu les droits exclusifs de diffusion régionale de la Saudi Pro League à partir de la saison 2025–2026. L’accord inclut également la King Cup, la Saudi Super Cup, ainsi que la First Division League, et ce, jusqu’à la saison 2030–2031.

Salman Al-Dossary a affirmé que le ministère des Médias est entièrement mobilisé pour soutenir la couverture de toutes les compétitions sportives saoudiennes, dans le but de renforcer la présence du Royaume sur la scène sportive mondiale et de répondre aux attentes des fans.

Cette réunion s’inscrit dans une série plus large de concertations entre le ministère, le SRMG et d’autres institutions médiatiques. Ces échanges visent à aligner les efforts du secteur, améliorer la qualité des contenus, et soutenir les objectifs de Vision 2030, notamment en développant un secteur médiatique national fort et influent.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La solution à deux États, "clé de la stabilité régionale", déclare le ministre saoudien des Affaires étrangères à l’ONU

Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
Le ministre saoudien des affaires étrangères, le prince Faisal bin Farhan, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à la crise israélo-palestinienne fondée sur la coexistence de deux États était "la clé de la stabilité régionale". (Capture d'écran/UNTV)
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  • Le prince Faisal a déclaré que la paix régionale doit commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien
  • Le prince Faisal affirme qu'aucune relation ne sera établie avec Israël avant la création de l'État palestinien

NEW YORK: Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhane, a déclaré lundi que la mise en œuvre d'une solution à deux États dans le cadre du conflit israélo-palestinien constituait « la clé de la stabilité régionale ».

S’exprimant à l’ouverture d’une conférence internationale de haut niveau sur le règlement pacifique de la question palestinienne et la mise en œuvre de la solution à deux États, qui s’est tenue lundi au siège des Nations Unies, Faisal ben Farhane a souligné :

« Le Royaume considère que la solution à deux États est essentielle à la stabilité régionale. La conférence de New York constitue une étape charnière vers la concrétisation de cette solution. »

Faisal ben Farhane a réaffirmé que la paix dans la région devait commencer par la garantie des droits légitimes du peuple palestinien. Il a salué l’intention du président français Emmanuel Macron de reconnaître officiellement un État palestinien en septembre.

« Assurer la sécurité, la stabilité et la prospérité pour tous les peuples de la région passe d’abord par la justice envers le peuple palestinien, en lui permettant d’exercer ses droits légitimes, au premier rang desquels la création d’un État indépendant dans les frontières du 4 juin 1967, avec Jérusalem-Est pour capitale », a-t-il déclaré.

Il a présenté l’Initiative de paix arabe comme le cadre fondamental pour toute solution juste et globale.

Le ministre a également appelé à une cessation immédiate de la catastrophe humanitaire à Gaza, et a confirmé que l’Arabie saoudite et la France avaient facilité le transfert de 300 millions de dollars de la Banque mondiale vers la Palestine.

Faisal ben Farhane a affirmé que le Royaume poursuivait ses efforts auprès de plusieurs pays afin d’obtenir une reconnaissance internationale de l’État de Palestine.

Il a catégoriquement rejeté toute idée de conditionner cette reconnaissance à un veto israélien, et a réaffirmé qu’aucune relation ne serait établie avec Israël avant la création d’un État palestinien.

Le ministre a exprimé son soutien aux efforts de réforme de l’Autorité palestinienne, et a noté que le président américain Donald Trump pourrait jouer un rôle majeur dans la résolution des conflits régionaux.

Faisal ben Farhane a également annoncé la signature, prévue mardi, de plusieurs protocoles d’accord avec différents secteurs palestiniens, dans le but de les renforcer.

Il a conclu en soulignant l’importance de maintenir l’élan diplomatique et la coordination internationale pour parvenir à une solution à deux États viable et pacifique.

Le coprésident de la conférence, le ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot, a abondé dans le même sens, déclarant à la presse que d'autres pays pourraient reconnaître la Palestine dans les mois à venir.

« La France affirme le droit du peuple palestinien à la souveraineté sur ses terres », a-t-il affirmé.

Il a ajouté : « D’autres États pourraient reconnaître la Palestine dès septembre. La conférence sur la solution à deux États constitue une étape décisive dans sa mise en œuvre. Des engagements historiques seront pris. Le ciblage des civils à Gaza est inacceptable ; la guerre dans la bande dure depuis trop longtemps et doit cesser. »

Il a insisté sur le rôle de la communauté internationale pour transformer ce cadre en réalité concrète.

« Nous devons œuvrer pour faire de la solution à deux États une réalité tangible », a-t-il déclaré. « Qui répond aux aspirations légitimes du peuple palestinien. Nous avons enclenché une dynamique irréversible vers une solution politique au Moyen-Orient. »

Lors de la première session, le Premier ministre palestinien Mohammad Mustafa a salué la tenue de la conférence, qu’il a qualifiée d’opportunité cruciale pour la paix.

« La solution à deux États est une opportunité historique pour toutes les parties », a-t-il déclaré. « Nous sommes reconnaissants à l’Arabie saoudite et à la France pour avoir organisé cette conférence historique. »

Il a ajouté que la conférence envoyait un message clair de soutien international au peuple palestinien :

« La conférence sur la solution à deux États confirme au peuple palestinien que le monde est à ses côtés. »

Mohammad Mustafa a également appelé à l’unité politique entre la Cisjordanie et la bande de Gaza, exhortant le Hamas à déposer les armes en faveur d’un contrôle par l’Autorité palestinienne :

« Nous devons œuvrer à l’unification de la Cisjordanie et de Gaza. Nous appelons le Hamas à remettre ses armes à l’Autorité palestinienne », a-t-il déclaré.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com