En Turquie, la prise en charge des maladies rares divise

Des personnes portant des masques marchent dans une rue commerçante d'Ankara, en Turquie, le 4 janvier 2021, pendant la pandémie de Covid-19 (Photo, AFP)
Des personnes portant des masques marchent dans une rue commerçante d'Ankara, en Turquie, le 4 janvier 2021, pendant la pandémie de Covid-19 (Photo, AFP)
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Publié le Mardi 05 janvier 2021

En Turquie, la prise en charge des maladies rares divise

  • Une nouvelle ligne de fracture est apparue entre le gouvernement turc et les défenseurs des droits à propos du traitement de quelque mille cent enfants souffrant d'une maladie rare
  • Plusieurs familles désespérées ont mené des campagnes en ligne afin d’obtenir des fonds pour payer les traitement coûteux de leurs enfants atteints d'amyotrophie spinale (SMA)

ANKARA: Une nouvelle ligne de fracture est apparue entre le gouvernement turc et les défenseurs des droits à propos du traitement de quelque mille cent enfants souffrant d'une maladie rare. 

Plusieurs familles désespérées ont mené des campagnes en ligne afin d’obtenir des fonds pour payer les traitement coûteux de leurs enfants atteints d'amyotrophie spinale (SMA), un trouble neuromusculaire qui provoque une fonte progressive des muscles et qui est une cause importante de mortalité néonatale. 

La maladie est traitée soit par un médicament appelé Sprinraza, administré tous les quatre mois, soit par une thérapie génique appelée Zolgensma, remède destiné uniquement aux bébés de moins de deux ans ou de moins de vingt et un kilos. 

Didem Demir, âgée de deux ans, souffre de la SMA depuis un an, en raison d'un diagnostic tardif réalisé dans un hôpital public de la ville de Bursa, au nord-ouest du pays. Sa famille est parvenue à collecter environ 416 000 €, mais elle a encore besoin de 650 000 €. Et dans deux semaines, il sera trop tard pour demander une thérapie génique, cette méthode disponible en Hongrie. 

La thérapie Zolgensma est approuvée par la Food and Drug Administration des États-Unis et elle est proposée dans plus de quarante pays à travers le monde, dont l'Allemagne, la France et l'Italie; mais elle coûte plus de deux millions de dollars, ce qui rend son utilisation presque impossible sans le soutien de l'État. 

Depuis 2019, des doses de Sprinraza – qui coûtent environ 90 000 € – sont remboursées à certaines familles en Turquie, mais Zolgensma ne figure pas dans la liste des produits remboursés, malgré une décision de justice en sa faveur. 

«Les bébés qui utilisent le premier médicament risquent de mourir, tandis que la thérapie génique réussit pour 95% des patients. C’est la dernière chance pour nos enfants de vivre», déclare à Arab News la tante de Didem, Cigdem Demir. 

Bien que Koca ait déclaré que l'État couvrait déjà les dépenses des patients atteints de SMA, tous les enfants ne peuvent pas bénéficier d'un traitement à base de Sprinraza. 

«Ils sont soumis à des tests neurologiques et physiques très poussés, et ils peuvent être facilement retirés de la liste de remboursement s'ils sont jugés inéligibles à l'un de ces tests», explique à Arab News Kardelen Yarli, un avocat d’Istanbul. 

Certains de ces tests d'éligibilité – comme celui qui implique de ne pas utiliser de respirateur pendant quelques heures – ont été critiqués par des experts médicaux, du fait qu’ils ne sont pas obligatoires dans les pays européens. 

La thérapie génique, bien qu'elle ait été ajoutée à la liste des médicaments étrangers par la Turquie, n'est pas couverte par l'institution de sécurité sociale gérée par l'État. Voilà qui plonge les familles à revenu faible ou moyen dans le désespoir, puisqu’elles ne peuvent pas y recourir. 

«Ces familles sont lancées dans une course contre la montre pour sauver leurs enfants avant l'âge de deux ans et voir le traitement fonctionner. La déclaration du ministre de la Santé visait à se dégager de ses responsabilités.» 

Burhanettin Bulut, député de l'opposition 

Après que le prix de la loterie du Nouvel An, qui s'élevait à 75 millions de livres (10 millions de dollars, soit 8,15 millions d’euros), n'eut pas été réclamé, des milliers d'utilisateurs de médias sociaux, dont les messages ont été relayés par des politiciens de l'opposition et des maires dissidents, ont lancé une campagne. Son objectif était de demander au gouvernement de réaffecter l'argent aux patients atteints de SMA plutôt qu'au Turkish Wealth Fund, le fonds souverain de la Turquie. 

Cependant, cette mobilisation sociale spontanée s’est heurtée à une réaction de rejet du gouvernement: le ministre de la Santé, Fahrettin Koca, dénonce dans ces actions une «sale campagne». 

Il ajoute dans un communiqué: «Notre gouvernement est assez fort pour soigner tous les patients sans se soucier des ressources. Le véritable problème, en l’occurrence, consiste à soutenir les sociétés pharmaceutiques au détriment des critères moraux et à faire croire que notre État est faible.» 

Pour Mahir Unal, vice-président du Parti de la justice et du développement (parti au pouvoir), cette campagne était une «sinistre propagande fondée sur des mensonges» de l'opposition. 

Avec la législation adoptée récemment, les campagnes de dons ne peuvent pas être menées en ligne: elles doivent obtenir l'accord des autorités provinciales. 

«Ces familles sont lancées dans une course contre la montre pour sauver leurs enfants avant l'âge de deux ans et voir le traitement fonctionner. La déclaration du ministre de la Santé visait à se dégager de ses responsabilités», déplore à Arab News Burhanettin Bulut, un député du principal parti d’opposition, le Parti républicain du peuple (CHP). 

«L'État devrait mettre en place un budget spécifique dédié aux maladies rares afin d’assumer ses obligations vis-à-vis de ces bébés. Les appels à l'aide de ces parents font honte au pays», ajoute-t-il. 

La SMA se déclare environ une fois sur dix mille naissances dans le monde, mais le taux est d’une fois sur six mille bébés en Turquie. 

Selon Kardelen Yarli, les familles souhaitent appliquer la thérapie génique ponctuelle avant l'âge de deux ans car son efficacité a été prouvée à l'échelle mondiale. 

«Malgré la décision du tribunal, le gouvernement insiste pour ne pas approuver ce deuxième médicament dans sa liste de remboursement», indique-t-elle. Elle ajoute: «Cette décision est contraire à la constitution, contre la Convention européenne des droits de l'homme relative au droit à la santé des enfants. La Turquie est tenue de garantir le droit au respect effectif de l'intégrité physique des citoyens.» 

L’avocate pense que l'interdiction de ces campagnes de dons visait à saper les efforts des droits de l'homme plutôt que de valider les critères d'un État-providence social. 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com 


Le pape priera au port de Beyrouth au cours de son premier voyage

Le pape Léon XIV dirige une messe dans le cadre du Jubilé du monde de l'éducation à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 27 octobre 2025. (AFP)
Le pape Léon XIV dirige une messe dans le cadre du Jubilé du monde de l'éducation à la basilique Saint-Pierre au Vatican, le 27 octobre 2025. (AFP)
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  • Le pape Léon XIV effectuera son premier voyage à l’étranger depuis son élection en mai, visitant la Turquie pour le 1.700e anniversaire du Concile de Nicée et le Liban, où il priera sur le site de l’explosion du port de Beyrouth de 2020
  • Lors de ce voyage, il rencontrera des dirigeants politiques et religieux, célébrera des messes publiques et œcuméniques, et rendra hommage aux victimes et aux figures saintes du Liban

Cité du Vatican, Saint-Siège: Le pape Léon XIV priera sur le site de l'explosion il y a cinq ans au port de Beyrouth, après une rencontre avec le président turc, Recep Tayyip Erdogan, lors d'un voyage en Turquie et au Liban en novembre, a annoncé le Vatican lundi.

Ce sera le premier voyage à l'étranger du pape américain depuis qu'il est devenu chef des 1,4 milliard de catholiques en mai, après le décès du pape argentin François.

Le voyage de Léon débutera en Turquie, à l'occasion du 1.700e anniversaire du Concile de Nicée.

Le pape arrivera le 27 novembre à Ankara, où il rencontrera Recep Tayyip Erdogan ainsi qu'un groupe de responsables, d'organisations de la société civile et de diplomates, avant de se rendre à Istanbul.

Le 28 novembre, il effectuera une excursion d'une journée à Iznik, la ville actuelle où se trouvait Nicée, pour diriger une prière œcuménique.

En l'an 325, le premier concile œcuménique de l'histoire du christianisme avait rassemblé 300 évêques de l'Empire romain et établi des bases doctrinales toujours reconnues par de nombreuses confessions chrétiennes.

Le lendemain, le pape visitera la célèbre Mosquée Bleue d'Istanbul et rencontrera le patriarche orthodoxe Bartholomée Ier, avant de célébrer une messe publique.

Le pape Léon se rendra à Beyrouth le 30 novembre, où il rencontrera le président libanais, Joseph Aoun, et le Premier ministre, Nawaf Salam.

Il se rendra le 1er décembre sur la tombe du saint patron du Liban, Saint Charbel Makhlouf, au monastère Saint Maron d’Annaya, au nord de Beyrouth.

Dans ce qui sera probablement un moment chargé d'émotion, il tiendra le 2 décembre une prière silencieuse sur le site de l'explosion au port de Beyrouth en 2020, qui a fait plus de 220 morts et dévasté une grande partie de la capitale libanaise. Il célébrera également une messe publique.

Le dernier pape à avoir visité le Liban était Benoît XVI en 2012, tandis que la dernière visite papale en Turquie remonte à 2014, lorsque François s'était rendu à Ankara et Istanbul.

Ce déplacement devait initialement être effectué fin mai par le pape François, mort le 21 avril à 88 ans.


Le prince héritier saoudien rencontre des dirigeants mondiaux avant le FII9 à Riyad

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  • Plus de 20 chefs d’État et 50 ministres issus de 90 pays participent à la FII
  • La moitié des intervenants viennent du secteur technologique, l’édition 2025 mettant en avant la domination du numérique

RIYAD: Le prince héritier d’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, a rencontré lundi soir plusieurs dirigeants mondiaux en marge de la neuvième édition de l’Initiative pour l’Investissement Futur (FII), qui se tient à Riyad jusqu’au 30 octobre.

Selon l’Agence de presse saoudienne (SPA), le prince héritier a accueilli les présidents du Kosovo, du Guyana, de la Bulgarie, de la Mauritanie et du Rwanda, ainsi que les Premiers ministres du Pakistan, du Monténégro et de l’Albanie, tous présents pour cette conférence de trois jours.

Lancée en 2017, l’Initiative pour l’Investissement Futur — souvent surnommée le « Davos du désert » — s’impose comme une plateforme clé pour l’Arabie saoudite, qui y met en avant sa stratégie de diversification économique dans le cadre de Vision 2030.

L’édition de cette année, organisée du 27 au 30 octobre, réunit décideurs, investisseurs et dirigeants d’entreprises du monde entier afin de débattre des grandes tendances de l’économie mondiale et d’explorer des partenariats dans les secteurs émergents.

La moitié des intervenants proviennent du secteur technologique, soulignant la place dominante de la technologie et l’essor de l’intelligence artificielle au cœur des discussions.

Plus de 20 dirigeants mondiaux et 50 ministres représentant 90 pays participent à l’événement, devenu un carrefour majeur de la collaboration internationale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Israël accuse la Finul d'avoir abattu un de ses drones au Liban

Ci-dessus, un véhicule blindé de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) passe devant des bâtiments détruits le long d'une route dans le village de Kfar Kila, dans le sud du Liban, le 27 août 2025. (AFP)
Ci-dessus, un véhicule blindé de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) passe devant des bâtiments détruits le long d'une route dans le village de Kfar Kila, dans le sud du Liban, le 27 août 2025. (AFP)
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  • L’armée israélienne accuse la Finul d’avoir abattu un de ses drones de renseignement dans le sud du Liban, alors que l’accord de cessez-le-feu limite les forces dans la zone aux Casques bleus et à l’armée libanaise
  • La Finul affirme que le drone israélien a survolé ses patrouilles de manière agressive et que ses contre-mesures défensives étaient nécessaires ; aucune victime n’a été signalée

Jérusalem: L'armée israélienne a accusé lundi la Force intérimaire de l'ONU au Liban (Finul) d'avoir abattu l'un de ses drones de renseignement dans le sud du Liban.

La Finul oeuvre avec l'armée libanaise à l'application de l'accord de cessez-le-feu ayant mis fin le 27 novembre 2024 à plus d'un an de conflit entre le mouvement pro-iranien Hezbollah et Israël, dont deux mois de guerre ouverte.

L'armée israélienne occupe toujours cinq positions dans le sud du Liban, frontalier du nord d'Israël, et mène régulièrement des frappes sur le territoire libanais en affirmant viser le Hezbollah, malgré l'accord.

"Une première enquête suggère que les forces de la Finul ont délibérément tiré sur le drone et l'ont abattu", a écrit sur X le lieutenant-colonel Nadav Shoshani, porte-parole de l'armée, en annonçant l'ouverture d'une enquête.

Selon lui, "l'activité du drone ne représentait aucune menace pour la Finul. Après la destruction du drone, les troupes israéliennes ont largué une grenade vers la zone où le drone est tombé".

Dimanche, la Finul a affirmé dans un communiqué qu'"un drone israélien a survolé l'une de (ses) patrouilles de manière agressive. Les Casques bleus ont appliqué les contre-mesures défensives nécessaires pour neutraliser le drone".

Elle a plus tard indiqué qu'"un drone israélien s'est approché d'une patrouille de la Finul opérant près de Kfar Kila et a largué une grenade". "Quelques instants plus tard, un char israélien a tiré en direction des Casques bleus", a-t-elle ajouté sans faire état de victime.

"Il convient de souligner qu'aucun tir n'a été dirigé contre les forces de la Finul", a dit Nadav Shoshani.

En septembre, la Finul avait affirmé que des drones israéliens avaient largué quatre grenades près de ses positions dan le sud du Liban, Israël affirmant alors qu'il n'y avait eu "aucun tir intentionnel" contre la mission de l'ONU.

Aux termes de l'accord de cessez-le-feu, seules l'armée libanaise et la Finul doivent être déployées dans le sud du Liban.