La liberté académique en Turquie scrutée dans les médias à la suite d’une nomination

Le campus sud de l'Université Bogazici à Istanbul, en Turquie (Photo, AFP/Archives).
Le campus sud de l'Université Bogazici à Istanbul, en Turquie (Photo, AFP/Archives).
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Publié le Dimanche 03 janvier 2021

La liberté académique en Turquie scrutée dans les médias à la suite d’une nomination

  • Par décret présidentiel, l'actuel recteur de l'université a été remplacé le premier soir de l'année 2021 par une personnalité politique qui était candidate du parti au pouvoir
  • Erdogan désigne un homme du parti à la tête de l'université d'Istanbul et renforce le contrôle sur l'éducation

ANKARA: La liberté académique en Turquie a été durement touchée par une nomination à motivation politique dans l’une des rares universités indépendantes du pays, l’Université de Bogazici, qui existe depuis plus de 150 ans.

Par décret présidentiel, l'actuel recteur de l'université a été remplacé le premier soir de l'année 2021 par une personnalité politique qui était candidate au Parti de la justice et du développement (AKP) au pouvoir lors des précédentes élections générales et locales.

Le nouveau recteur, Melih Bulu, était un membre fondateur d'une branche d’arrondissement de l'AKP. Au cours de l'année 2020, 27 recteurs ont été nommés par le président.

L'Université Bogazici, qui donne sur le Bosphore, a été fondée en 1863, le premier établissement d'enseignement supérieur américain à être fondé en dehors des États-Unis. Bogazici compte plus de 15 000 étudiants et six campus du côté européen d'Istanbul.

Cette dernière nomination symbolise en effet la politisation accrue des universités turques, ainsi qu'une tendance inquiétante à garder sous contrôle les voix critiques des médias et de la société civile ainsi que l’ensemble du monde universitaire.

« Le président Recep Tayyip Erdogan a resserré son contrôle sur le système d'enseignement supérieur en Turquie », a déclaré Berk Esen, politologue à l'Université Sabanci d'Istanbul, à Arab News.

Comme Erdogan a indiqué à plusieurs reprises que son parti n'a pas encore acquis l'hégémonie sur l'éducation et la culture, Esen pense que de telles mesures peuvent être considérées comme des tentatives délibérées de changer cette situation.

Esen a souligné que la décision d'Erdogan de nommer Melih Bulu au poste de recteur est particulièrement inquiétante pour plusieurs raisons.

« Bogazici est l'une des meilleures universités du pays et emploie les universitaires les plus respectés de la Turquie dans divers domaines. Dans le passé, le président Erdogan s'est abstenu de nommer des étrangers comme recteurs dans des universités renommées du pays », a-t-il signalé.

« Notre pays a besoin d'universitaires libres, de scientifiques libres et d'étudiants productifs. Cette liberté et cette productivité ne peuvent être obtenues en désignant des administrateurs. Nous voulons simplement une université libre », a tweeté Ali Babacan, le chef du parti séparatiste DEVA.

Des étudiants de l'université, connus pour leur grande conscience politique, ont protesté sous un hashtag sur Twitter #KayyumRektorIstemiyoruz (nous ne voulons pas d'un recteur fiduciaire).

En 2018, plusieurs étudiants du mouvement anti-guerre ont été arrêtés après une descente de la police dans leurs logements et dortoirs après avoir organisé une manifestation pacifique sur le campus universitaire contre les campagnes militaires turques en Syrie. Ils ont été durement critiqués par le président Recep Tayyip Erdogan dans un discours public, comme étant « des jeunes communistes et terroristes ».

« Il est impossible d'avoir des universités compétitives au niveau mondial et des étudiants qui s'expriment librement si vous faites venir des recteurs dans les universités de manière bureaucratique. Vous ne pouvez pas aller loin avec une telle mentalité », a affirmé Burak Dalgin, membre fondateur de DEVA qui est également diplômé de l'Université de Bogazici.

Dalgin a étudié à l'Université de Bogazici dans le département de génie mécanique entre 1995 et 1999 avant de commencer à travailler dans le secteur de l'investissement.

« Malgré les lacunes de la démocratie turque dans le passé, les instituts supérieurs étaient toujours un refuge sûr pour la liberté individuelle », a-t-il avoué.

Traditionnellement, le candidat avec la plus grande part de voix aux élections universitaires devient forcement le recteur de l'Université de Bogazici.

Comme le recteur sortant de Bogazici est professeur à l'université et a brièvement travaillé en tant que vice-recteur avant d'accepter un poste supérieur, Esen a dévoilé que cette récente décision rompait avec une telle tradition.

« Melih Bulu vient de l'extérieur des rangs de l'Université de Bogazici et beaucoup se sont demandé s'il avait même des diplômes universitaires pour travailler à Bogazici, et encore moins devenir son recteur. De plus, ses liens étroits avec la branche de l'AKP d’Istanbul remettront en question son impartialité envers les critiques du gouvernement parmi le personnel académique et le corps étudiant », a-t-il soutenu.

Selon Esen, cette dernière décision de nommer un ami politique contribuera davantage à la culture de la peur qui a imprégné le système d'enseignement supérieur en Turquie et porterait certainement atteinte aux libertés académiques.

« Il y a maintenant une crainte généralisée que les universités se transforment en lieux permettant à Erdogan de récompenser les piliers de son parti », a-t-il indiqué.

Un autre décret présidentiel de l'année dernière a conduit à la fermeture de l'Université Sehir, une université privée d'Istanbul liée à l'ancien Premier ministre et rival politique Ahmet Davutoglu tout en laissant l’ensemble de son personnel académique sans emploi, dont beaucoup avaient adopté une position critique du pouvoir ces dernières années.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Gaza: la Défense civile annonce 20 personnes tuées par des tirs israéliens en allant chercher de l'aide

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël. (AFP)
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  • "Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile
  • Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile

GAZA: La Défense civile de Gaza a indiqué que 20 personnes avaient été tuées lundi par des tirs de l'armée israélienne en allant chercher de l'aide humanitaire dans le territoire palestinien ravagé par les bombardements après plus de vingt mois de guerre.

Contactée par l'AFP, l'armée israélienne a dit qu'elle se renseignait.

"Vingt martyrs et plus de 200 blessés du fait de tirs de l'occupation (armée israélienne, NDLR), dont certains dans un état grave, ont été transférés" vers des hôpitaux de la bande de Gaza, a déclaré à l'AFP le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal, ajoutant que ces personnes étaient rassemblées près d'un site de distribution d'aide.

"Elles attendaient de pouvoir accéder au centre d'aide américain à Rafah pour obtenir de la nourriture, lorsque l'occupation a ouvert le feu sur ces personnes affamées près du rond-point d'al-Alam", dans le sud de la bande de Gaza, a détaillé M. Bassal en indiquant que les tirs avaient eu lieu de 05H00 et 07H30 (02H00 et 04H30 GMT).

Il a ajouté que les victimes avaient été transférées vers des hôpitaux du sud du territoire palestinien, lesquels ne fonctionnent plus que partiellement depuis des jours en raison des combats et des pénuries de fournitures médicales.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias dans la bande de Gaza et des difficultés d'accès sur le terrain, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les bilans annoncés par la Défense civile.

Une série d'événements meurtriers se sont produits depuis l'ouverture le 27 mai à Gaza de centres d'aide gérés par la Fondation humanitaire de Gaza (GHF), une organisation au financement opaque soutenue par les Etats-Unis et Israël.

L'ONU refuse de travailler avec cette organisation en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité.

Des photographes de l'AFP ont constaté ces derniers jours que des Gazaouis se réunissaient à l'aube près de sites de distribution d'aide, malgré la crainte de tirs lors des rassemblements.

La bande de Gaza est menacée de famine, selon l'ONU.

 


Ehud Barak : seule une guerre totale ou un nouvel accord peut arrêter le programme nucléaire iranien

Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
Israël et l'Iran ont échangé des coups de feu après le déclenchement par Israël d'une campagne de bombardements aériens sans précédent qui, selon l'Iran, a touché ses installations nucléaires, "martyrisé" des hauts gradés et tué des dizaines de civils. (AFP)
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  • S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée
  • M. Barak a déclaré que les frappes militaires étaient "problématiques", mais qu'Israël les considérait comme justifiées

LONDRES : L'ancien Premier ministre israélien Ehud Barak a prévenu que l'action militaire d'Israël ne suffirait pas à retarder de manière significative les ambitions nucléaires de l'Iran, décrivant la république islamique comme une "puissance nucléaire de seuil".

S'adressant à Christiane Amanpour sur CNN, M. Barak a déclaré que la capacité d'Israël à freiner le programme de Téhéran était limitée.
"À mon avis, ce n'est pas un secret qu'Israël ne peut à lui seul retarder le programme nucléaire de l'Iran de manière significative. Probablement plusieurs semaines, probablement un mois, mais même les États-Unis ne peuvent pas les retarder de plus de quelques mois", a-t-il déclaré.

"Cela ne signifie pas qu'ils auront immédiatement (une arme nucléaire), ils doivent probablement encore achever certains travaux d'armement, ou probablement créer un dispositif nucléaire rudimentaire pour le faire exploser quelque part dans le désert afin de montrer au monde entier où ils se trouvent.

M. Barak a déclaré que si les frappes militaires étaient "problématiques", Israël les considérait comme justifiées.

"Au lieu de rester les bras croisés, Israël estime qu'il doit faire quelque chose. Probablement qu'avec les Américains, nous pouvons faire plus".

L'ancien premier ministre a déclaré que pour stopper les progrès de l'Iran, il faudrait soit une avancée diplomatique majeure, soit un changement de régime.

"Je pense que l'Iran étant déjà ce que l'on appelle une puissance nucléaire de seuil, le seul moyen de l'en empêcher est soit de lui imposer un nouvel accord convaincant, soit de déclencher une guerre à grande échelle pour renverser le régime", a-t-il déclaré.

"C'est quelque chose que nous pouvons faire avec les États-Unis.

Mais il a ajouté qu'il ne pensait pas que Washington avait l'appétit pour une telle action.

"Je ne crois pas qu'un président américain, ni Trump ni aucun de ses prédécesseurs, aurait décidé de faire cela".

Israël a déclenché des frappes aériennes à travers l'Iran pour la troisième journée dimanche et a menacé de recourir à une force encore plus grande alors que certains missiles iraniens tirés en représailles ont échappé aux défenses aériennes israéliennes pour frapper des bâtiments au cœur du pays.

Les services d'urgence israéliens ont déclaré qu'au moins 10 personnes avaient été tuées dans les attaques iraniennes, tandis que les autorités iraniennes ont déclaré qu'au moins 128 personnes avaient été tuées par les salves israéliennes.


La fondation Morooj présente ses projets au salon néerlandais « GreenTech »

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques. (SPA)
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  • Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.
  • À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

RIYAD : La Fondation pour le développement de la couverture végétale, connue sous le nom de Morooj, a présenté ses projets phares lors du salon Greentech Amsterdam, un salon international dédié à l'horticulture qui s'est tenu du 10 au 12 juin dans la capitale néerlandaise, dans le cadre de la délégation saoudienne.

Morooj a mis en avant ses capacités techniques et opérationnelles, ainsi que ses solutions environnementales innovantes basées sur les meilleures pratiques et les normes internationales.

La fondation a également présenté des exemples de ses partenariats stratégiques avec divers secteurs publics et privés, ainsi qu'avec des organisations internationales. 

Les projets présentés comprenaient la plantation de millions de mangroves, le verdissement des zones autour des mosquées, la promotion de la participation communautaire aux campagnes d'assainissement environnemental et les efforts de réhabilitation des réserves naturelles dans diverses régions du Royaume, tous relevant de l'Initiative verte saoudienne.

Le PDG de la fondation, Wael Bushah, a déclaré que sa participation à GreenTech démontrait une fois de plus la détermination du Royaume à renforcer son leadership dans le secteur environnemental à l'échelle internationale.

L'exposition est l'un des principaux événements mondiaux consacrés aux innovations environnementales et aux technologies agricoles durables. Elle est également l'occasion de nouer de nouveaux partenariats et d'échanger des connaissances sur les dernières innovations en matière d'agriculture durable, de reboisement et de restauration des écosystèmes. 

À terme, Murooj vise à devenir une plateforme interactive pour le transfert et l'application des connaissances, afin d'avoir un impact environnemental et social significatif dans le Royaume.

Le rôle de la fondation, qui consiste à renforcer sa présence internationale et à échanger des expériences fructueuses avec diverses entités et organisations environnementales mondiales, a été essentiel pour atteindre les objectifs de l'Initiative verte saoudienne, fondée dans le cadre de la Vision 2030 de l'Arabie saoudite.

La SGI, qui a célébré son deuxième anniversaire au début de cette année, a renforcé l'ambition du Royaume de devenir un contributeur clé aux efforts mondiaux de lutte contre le changement climatique et d'amélioration de la durabilité environnementale, notamment en promouvant les énergies renouvelables, en protégeant les zones terrestres et marines, et en atteignant la neutralité carbone au niveau national d'ici 2060, entre autres initiatives. 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com