Un diplomate saoudien met en garde contre les conséquences de la guerre israélienne à Gaza

Ali Awadh Asseri, ancien ambassadeur saoudien au Liban et au Pakistan, s'adresse à l'animatrice Katie Jensen dans le cadre de l'émission d'actualité d'Arab News « Frankly Speaking ». (Photo, AN)
Ali Awadh Asseri, ancien ambassadeur saoudien au Liban et au Pakistan, s'adresse à l'animatrice Katie Jensen dans le cadre de l'émission d'actualité d'Arab News « Frankly Speaking ». (Photo, AN)
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Publié le Lundi 11 mars 2024

Un diplomate saoudien met en garde contre les conséquences de la guerre israélienne à Gaza

  • Ali Awadh Asseri déclare qu'Israël devrait mettre un terme à « la brutalité » à Gaza et adopter une approche humaine pour libérer les otages
  • Il a déclaré que le Royaume avait adopté une approche multidimensionnelle pour s'attaquer aux facteurs qui ont contribué à la radicalisation des jeunes

DUBAΪ : Alors que l'assaut israélien sur Gaza n’a pas l’air de prendre fin, un diplomate saoudien chevronné a averti que le conflit pourrait contribuer au terrorisme régional et s'étendre aux pays voisins.

L'armée israélienne a lancé une campagne aérienne et terrestre dans la bande de Gaza après l'attaque menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre de l'année dernière, au cours de laquelle environ 1 200 personnes ont été tuées et 253 autres ont été prises en otage. Plus de 30 900 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis lors et au moins 576 000 personnes sont confrontées à des niveaux catastrophiques d'insécurité alimentaire, selon les responsables locaux de la santé et les Nations unies.

Le Dr Ali Awadh Asseri, ancien ambassadeur saoudien au Liban et au Pakistan, a tiré la sonnette d'alarme dans « Frankly Speaking », l'émission hebdomadaire d’Arab News.

« Israël doit cesser immédiatement les atrocités à Gaza et agir avec humanité pour que les otages pris par le Hamas ne soient pas torturés ». « C'est la réponse », a-t-il déclaré à Katie Jensen, animatrice de l'émission « Frankly Speaking ».

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Ali Awadh Asseri, ancien ambassadeur saoudien au Liban et au Pakistan. (Photo AN)

Il a ajouté : « Nous espérons qu'un cessez-le-feu aura lieu à Gaza. Le ramadan approche. Et la brutalité dont nous avons été témoins ne rendra personne heureux, aucun être humain heureux, en particulier dans le monde musulman ».

Interrogé sur les risques de débordement régional, il a déclaré que la guerre contribuait déjà aux tensions dans le nord d'Israël et dans le sud du Liban. « Le Hezbollah et Israël se rendent coup pour coup ».

Il a ajouté : « Nous espérons que la guerre ne dégénérera pas car, si nous nous souvenons bien, la guerre de 2006 (Israël-Hezbollah) a dévasté le Liban. Et tous les Libanais ne veulent vraiment pas la guerre. Ils veulent la paix. Ils ont une mauvaise économie ainsi qu’une mauvaise gouvernance ».

Si les citoyens libanais « ne souhaitent rien d'autre que la paix et la prospérité », Asseri estime que la situation est compliquée par la puissance du Hezbollah dans le pays et, par extension, par le contrôle exercé par l'Iran sur la région.

« Pour le Hezbollah, le commandement vient de l'Iran et tout dépend des desseins de l'Iran. Le Hezbollah obéit aux ordres de l'Iran », a-t-il déclaré.

Abordant la stratégie de l'Arabie saoudite pour vaincre le terrorisme, Asseri a déclaré qu'elle s'était avérée être la plus efficace de son genre dans le monde.

Il a indiqué que le Royaume avait adopté une approche globale – « comprenant des instruments militaires et non militaires » - pour s'attaquer à tous les facteurs qui contribuent au terrorisme et à la radicalisation.

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Ali Awadh Asseri, ancien ambassadeur saoudien au Liban et au Pakistan, s'adresse à l'animatrice Katie Jensen dans le cadre de l'émission d'actualité d'Arab News « Frankly Speaking ». (Photo AN)

Asseri a déclaré que de nombreux pays, en particulier dans le monde arabe et en Asie du Sud, ont tiré des leçons de l'Arabie saoudite sur la manière de mener un programme antiterroriste efficace.

« La première chose à faire est la prévention. En effet, nos jeunes sont trompés et endoctrinés, de sorte qu'ils ne connaissent pas le véritable esprit et le message de l'islam », a-t-il déclaré.

« Nous avons vu dans d'autres pays des terroristes arrêtés, torturés et interrogés. Ils restent en prison pendant longtemps ou reviennent et parlent de la même affaire. Je suis très honoré de voir que notre gouvernement a adopté une approche civilisée face à ce phénomène, qui n'a rien à voir avec l'islam ».

Il a ajouté : « Grâce à la stratégie mise en œuvre et aux mesures prises par le gouvernement actuel, les jeunes sont heureux. Je ne pense pas qu'ils aient l'intention de redevenir des terroristes. Jamais ». 

Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com

 


Liban: quatre morts dans un raid israélien, riposte du Hezbollah et des factions alliées

Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
Cette photo prise depuis le kibboutz de Malkia, au nord d'Israël, le long de la frontière avec le sud du Liban, montre de la fumée s'échappant du village libanais de Mays al-Jabal lors des bombardements israéliens le 5 mai 2024 (Photo, AFP).
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  • Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région
  • En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban

BEYROUTH: «Quatre personnes d'une même famille» ont été tuées dans un «raid de l'armée israélienne» sur le village de Mays al-Jabal, a déclaré l'agence officielle d'information libanaise (ANI), actualisant un précédent bilan faisant état de trois victimes.

Il s'agit d'un homme, d'une femme et de leurs enfants âgés de 12 et 21 ans, d'après l'ANI, qui a précisé que deux autres personnes ont été blessées.

Depuis le début de la guerre à Gaza, le Hezbollah libanais, un allié du Hamas palestinien, échange quasi-quotidiennement avec l'armée israélienne des tirs à la frontière libano-israélienne. Des factions palestiniennes et autres groupes alliés ont aussi revendiqué des attaques depuis le Liban contre Israël.

Blessés transportés 

Selon ANI, des habitants du village inspectaient leurs maisons et magasins endommagés dans de précédents bombardements au moment du raid.

Les blessés ont été transportés vers des hôpitaux de la région.

Samedi soir, le Hezbollah a revendiqué des tirs sur des positions militaires dans le nord d'Israël.

Le Hezbollah a déclaré dans un communiqué avoir tiré « des dizaines de roquettes de types Katioucha et Falaq » sur Kiryat Shmona, dans le nord d'Israël, «en réponse au crime horrible que l'ennemi israélien a commis à Mays al-Jabal », qui, selon lui, a tué et blessé des civils.

En près de sept mois de violences transfrontalières, au moins 389 personnes parmi lesquelles 255 combattants du Hezbollah et plus de 70 civils ont été tuées au Liban, selon un décompte de l'AFP. Au moins 11 combattants du Hamas ont été tués selon ce même décompte.

Côté israélien, 11 soldats et neuf civils ont été tués, selon un bilan officiel.


Le forum de Riyad examine le rôle de la traduction dans la promotion de l'identité saoudienne

L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
L'Université Princesse Noura bent Abdelrahman accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ». (SPA)
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  • La conférence vise à contribuer à un objectif clé de la Vision 2030 du Royaume, à savoir la promotion des valeurs islamiques et de l'identité nationale, en encourageant les Saoudiens à traduire ces concepts dans d'autres langues et cultures
  • Le rôle de la traduction dans la promotion d'une image positive du Royaume sera également discuté, ainsi que la promotion de la reconnaissance internationale et la mise en évidence de l'impact culturel du Royaume

RIYAD : Le Collège des langues de l'Université Princesse Noura bent Abdelrahman de Riyad accueillera le 15 mai une conférence intitulée « Traduire l'identité saoudienne à travers d'autres langues et cultures ».

L'événement, dont le slogan est « Nous traduisons notre identité », aura lieu au département des conférences et des séminaires et est parrainé par le ministre saoudien de l'Éducation, Yousef Al-Benyan.

Il se concentrera sur le partage du patrimoine culturel, historique, littéraire et intellectuel du Royaume avec un public mondial, a rapporté l'agence de presse saoudienne.


L'interminable attente des proches de jeunes migrants tunisiens perdus en mer

El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
El Hencha fait actuellement face à un exode de jeunes en quête de mieux comme en Europe. (X : @ClimateActionG1)
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  • Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants
  • Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans

EL HENCHA: La plupart avaient gardé le secret: une quarantaine de migrants tunisiens, très jeunes, ont embarqué clandestinement en janvier en quête du "paradis européen" et depuis plus de quatre mois, leurs proches désespèrent de recevoir des nouvelles des disparus.

Ils sont partis vraisemblablement de Sfax (centre), épicentre en Tunisie de l'émigration irrégulière vers l'Italie, la nuit du 10 au 11 janvier sur une mer démontée, selon les familles.

Les occupants du bateau étaient surtout des jeunes de 17 à 30 ans, originaires d'El Hencha, bourgade agricole de 6.000 habitants à 40 kilomètres au nord de Sfax. Une mère et son bébé de quatre mois étaient aussi du voyage.

Inès Lafi n'avait aucune idée des intentions de son frère Mohamed, presque 30 ans, qui gagnait sa vie en conduisant la camionnette familiale de "louage" (taxi collectif).

"Il est sorti vers 22H00 avec son téléphone, sans rien dire à mes parents, sans vêtements de rechange ni sac, comme s'il allait retrouver ses amis", raconte à l'AFP cette ouvrière de 42 ans, qui souffre d'insomnies depuis.

Yousri, 22 ans, est aussi parti en cachette. "La majorité des jeunes n'ont pas informé leur famille, ils se sont débrouillés pour avoir un peu d'argent", confirme M. Henchi, son oncle instituteur.

Meftah Jalloul, poissonnier de 62 ans, savait lui "depuis un certain temps" que son fils Mohamed, 17 ans, "voulait migrer en Europe" et le lui avait déconseillé "mais c'est devenu une idée fixe".

La nuit fatidique, il a tenté d'empêcher son unique garçon de sortir, l'implorant d'attendre une meilleure météo, mais "il m'a embrassé sur la tête et il est parti", relate M. Jalloul.

«Désespérance»

Le commerçant culpabilise: "chaque jour, il créait des problèmes à la maison, il voulait de l'argent pour migrer. C'est moi qui lui ai donné l'argent, donc je suis responsable".

Les Tunisiens ont représenté la deuxième nationalité des migrants illégaux arrivés en Italie (17.304) en 2023, après les Guinéens, selon des statistiques officielles.

"Cette immigration irrégulière ne s'explique pas seulement par des motifs économiques et sociaux", analyse Romdhane Ben Amor, porte-parole de l'ONG FTDES. Il y a aussi "le facteur politique (le coup de force du président Kais Saied à l'été 2021, NDLR) et le sentiment de désespérance des Tunisiens qui ne croient pas dans l'avenir du pays".

Les disparus d'El Hencha, issus de la classe moyenne, pas particulièrement pauvres, partageaient cette "sensation d'horizon bouché".

Le frère d'Inès avait un travail mais "avec 20 dinars par jour (trois euros environ), une fois payé ses cigarettes, il disait qu'il ne pouvait pas faire de projets, ni construire une maison, ni se marier".

Mohamed l'instituteur pointe du doigt "les jeunes déjà en Italie qui publient sur les réseaux sociaux (...) leur quotidien". Les autres "voient ça et veulent changer leur avenir. Ils imaginent l'Europe comme un paradis", souligne-t-il. C'était, pense-t-il, le cas de Yousri qui travaillait dans un café internet pour 10/15 dinars par jour après avoir quitté le lycée avant le bac.

Meftah Jalloul était lui d'accord pour que son fils, également décrocheur scolaire, émigre, mais légalement et seulement après avoir fait une formation. "Il pouvait apprendre un métier: plombier, menuisier, mécanicien", souligne le père de famille.

Aujourd'hui, M. Jalloul lutte pour garder espoir.

«Temps très mauvais»

"Quatre mois se sont écoulés et je pleure mon fils. Ma famille et moi, nous sommes épuisés", dit-il en fondant en larmes.

Lui et d'autres familles se raccrochent à l'idée que l'embarcation aurait pu dériver vers la Libye voisine. Des contacts ont été pris, des recherches menées, en vain.

Inès Lafi et Mohamed Henchi redoutent le pire. Plus de 1.300 migrants sont morts ou ont disparu dans des naufrages l'an passé près des côtes tunisiennes, selon le FTDES.

"Le temps était très mauvais. Même les pêcheurs qui connaissent la mer sont rentrés, lui est sorti", explique Inès, furieuse contre le passeur, connu de tous pour son activité clandestine, qui n'est pas non plus revenu de cette dernière traversée.

Aux autorités, les familles demandent la poursuite des recherches et davantage d'opportunités à El Hencha.

"Il faut enrichir la zone industrielle avec d'autres unités de production, fournir des emplois aux jeunes", estime M. Henchi.

Il faudrait aussi, dit l'instituteur, "construire un état d'esprit différent" avec des programmes éducatifs pour donner envie de bâtir son avenir en Tunisie. Sinon les jeunes "se contentent d'un tour au café, d'un peu de ping-pong ou volley-ball".