La croissance du marché du luxe au Moyen-Orient dépasse celle de l'industrie au niveau mondial, déclare le président de Chalhoub Group

«Le marché des produits de luxe s’est rapidement rétabli après la Covid-19 et en 2021. Il a enregistré un taux de croissance de 10 à 15% par rapport à 2019". (Photo fournie)
«Le marché des produits de luxe s’est rapidement rétabli après la Covid-19 et en 2021. Il a enregistré un taux de croissance de 10 à 15% par rapport à 2019". (Photo fournie)
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Publié le Mardi 26 mars 2024

La croissance du marché du luxe au Moyen-Orient dépasse celle de l'industrie au niveau mondial, déclare le président de Chalhoub Group

  • Le Moyen-Orient affiche «l'un des taux de croissance les plus élevés du monde» pour un marché qui ne représente que 3 à 4 % du marché mondial du luxe
  • Alors que le commerce électronique continue de se développer rapidement en raison de sa commodité, les magasins physiques font leur retour

DUBAÏ: S’étant stabilisé en juillet 2023 et étant revenu à un niveau normal à l'échelle mondiale après un pic de consommation à la suite de la pandémie de Covid-19, le marché du luxe est actuellement témoin de «défis qui nécessitent davantage de collaborations entre les détaillants, les marques, les promoteurs, et entre les secteurs privé et public». C’est ce qu’a déclaré Patrick Chalhoub, président de Chalhoub Group, dans une interview accordée à Arab News en français.

«Le marché des produits de luxe s’est rapidement rétabli après la Covid-19 et en 2021. Il a enregistré un taux de croissance de 10 à 15% par rapport à 2019", a-t-il ajouté.

En 2022, le marché a progressé de 20%, tandis que, en 2023, il a enregistré un taux de croissance de 15% au début de l'année avant de revenir à un taux plus normal de 7 à 10% au cours du quatrième trimestre, pour une croissance globale de 11%.

À l'avenir, la tendance devrait être conforme aux taux observés à la fin de l'année 2023, avec 6 à 8% pour la mode et 10 à 12% pour les produits de beauté, grâce à un intérêt accru pour les soins de la peau.

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Patrick Chalhoub lors de l'inauguration du Visiteur à l'aéroport international King Abdulaziz. (Photo fournie)

Selon M. Chalhoub, le Moyen-Orient affiche «l'un des taux de croissance les plus élevés au monde» pour un marché qui ne représente que 3 à 4% du marché mondial, avec un taux de croissance de 4 à 5%.

Il existe un appétit continu pour le luxe et un intérêt renouvelé pour le segment de la bijouterie et de l'horlogerie, distinct du «revenge buying», caractéristique des modèles de consommation de 2021 et 2022.

«Nous ressentons une plus grande sensibilité aux prix et une diminution de l'écart entre ces derniers, qui existait en raison des fluctuations monétaires. Aujourd'hui, les clients restent attentifs aux prix et sont beaucoup plus informés», a-t-il encore expliqué.

La part du portefeuille dans la consommation de produits de luxe a diminué au cours des dernières années, les dépenses s'orientant vers les voyages, les loisirs et l'hôtellerie, en particulier en Arabie saoudite.

Le conflit à Gaza a également provoqué un ralentissement des dépenses de luxe en raison de l'importance accrue accordée aux affaires humanitaires depuis octobre 2023 et du ralentissement du calendrier des événements par rapport à la même période de l'année précédente. 

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Inauguration du Visiteur à l'aéroport international King Abdulaziz. (Photo fournie)

Malgré l'environnement actuel du marché, une appréciation du luxe pour sa valeur propre – et non perçu comme un outil de pouvoir d'achat – est en train d'émerger et se fait sentir davantage pendant la saison du ramadan sous l'impulsion de la consommation durable et du bien-être.

«Les consommateurs s'interrogent sur la raison d'être de la marque et sur sa durabilité à travers la tentative active d'acheter de manière responsable», a souligné M. Chalhoub.

«Cela rend notre activité plus difficile, mais plus durable à long terme. Les achats sont moins festifs, plus personnels, rassurés par la marque, mais loin de l’ostentatoire», a-t-il ajouté.

Alors que le commerce électronique continue de se développer rapidement en raison de sa commodité, les magasins physiques, qui offrent un lien personnel et un engagement avec les clients, reviennent en force grâce aux détaillants qui offrent un service de qualité et des expériences uniques.

C'est l'objectif de The Visitor, un nouveau concept de commerce de voyage lancé par Chalhoub Group à l'aéroport international du roi Abdelaziz de Djeddah en novembre 2023.

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Parfum d'Orient, une exposition qui raconte l'histoire des parfums d'Orient à travers un dialogue entre patrimoine et œuvres contemporaines. (Photo fournie)

«Le potentiel en Arabie saoudite est énorme et en pleine évolution, et pas seulement à l'aéroport de Djeddah, qui présente une énorme opportunité en raison du trafic et de la fidélité des clients», a précisé M. Chalhoub.

Le projet The Visitor, en collaboration avec l'autorité aéroportuaire de Djeddah, offre une expérience client de classe mondiale. Il tire parti de la connaissance du marché, de la proximité avec les consommateurs et de l'expérience de Chalhoub Group en matière d'exploitation de boutiques hors taxes régionales, d'approvisionnement en travel retail et de perfectionnement des ressources pour répondre aux exigences de la demande. Il tient également compte des bouleversements apportés par les nouvelles technologies, telles que l'intelligence artificielle.

«Je suis satisfait des premiers résultats en termes d'agencement, de compréhension du client, d'assortiment de produits et d'offres. […] Le produit fini sera visible au début de l’année 2025", a indiqué M. Chalhoub.

Le Moyen-Orient abrite une vaste clientèle jeune «capable de dépenser pour des produits de luxe, connectée numériquement, désireuse de s'affirmer», a-t-il ajouté.

L'expérience client commence par l'attractivité du centre commercial, mais elle présente aussi des aspects numériques. L'objectif est d'inspirer et d'engager les clients numériquement, ce qui nécessite des collaborations plus étroites, «essentielles pour offrir le type d'expérience que nos clients essaient d'obtenir, en particulier dans le Royaume», a précisé M. Chalhoub.

Il est également essentiel de maintenir la compétitivité des prix, de lutter contre les contrefaçons et d'atténuer l'impact des perturbations de la chaîne d'approvisionnement.

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Jack Lang à l'exposition "Parfums d'Orient" à Paris. (Photo fournie)

Avec l'ouverture de nouveaux centres commerciaux dans la région – Marasi à Bahreïn (février 2024) et Solitaire à Riyad (attendu en 2024) et Abu Dhabi (2025) –, «un certain nombre de projets arrivent sur le marché, offrant un meilleur parcours client et une meilleure collaboration entre les différentes parties prenantes», a affirmé M. Chalhoub.

Le groupe a pris des initiatives pour créer des incubateurs et des accélérateurs de start-up, encourageant la recherche et l'innovation ainsi que l'esprit d'entreprise au sein de ses équipes.

«Nous devons être tournés vers l'avenir tout en nous rappelant nos valeurs en tant que groupe, qui sont centrées sur le travail d'équipe, l'inclusion et l'innovation», a-t-il ajouté. 

Chalhoub Group fête cette année son 70e anniversaire. Témoin des changements survenus dans la région, il saisit les opportunités et relève les défis, tout en continuant à façonner le paysage du luxe. Il fait ainsi venir des noms internationaux dans la région et exporte son expertise locale.

Parfum d'Orient, une exposition de l'Institut du monde arabe (IMA) en partenariat avec le Chalhoub Group, mais aussi Christofle et Ghawali, dépeint l'origine arabe des parfums, inspirée par les souks de Djeddah.

«Une exposition transformatrice, qui retrace l'origine de certains parfums d'Arabie, comme l'oud, le safran et les roses de Damas. Au-delà de l'aspect olfactif, il y a un sentiment de fierté à s'identifier aux sources de ces produits», a déclaré M. Chalhoub.

L'exposition de six mois, qui s'est achevée à Paris le 17 mars, se déplacera à Riyad en octobre 2024, en collaboration avec le ministère saoudien de la Culture.

 


France : le gouvernement échappe à la sanction de Fitch et Moody's

Un gros plan montre un site web de média avec la note triple "A" ( AAA ) suivie d’un point d’interrogation. (Photo Thomas Coex AFP)
Un gros plan montre un site web de média avec la note triple "A" ( AAA ) suivie d’un point d’interrogation. (Photo Thomas Coex AFP)
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  • Fitch, qui avait dégradé la note française l'an dernier, à «AA-» avec perspective stable, a réaffirmé cette note, qui signifie que le risque de défaut reste très faible
  • Le déficit public de la France a lourdement dérapé à 5,5% du PIB en 2023 au lieu de 4,9% espérés, en raison surtout de moindres recettes que prévu, et les 110,6% de PIB de dette représentent le troisième plus fort ratio de dette de l'UE

PARIS : Leur avis sur la solidité de la dette française était particulièrement guetté vendredi après une série de mauvaises nouvelles concernant les finances publiques depuis février. Mais Fitch et Moody's, deux des plus grandes agences de notation, ont laissé leurs notes inchangées.

Fitch, qui avait dégradé la note française l'an dernier, à «AA-» avec perspective stable, a réaffirmé cette note, qui signifie que le risque de défaut reste très faible. Elle avait prévenu dès le début du mois qu'elle ne comptait pas la changer.

Moody's pour sa part n'a pas à proprement parler «réaffirmé» sa note de Aa2, avec perspective stable, un cran au-dessus de celle de Fitch, mais ne l'a pas modifiée non plus.

Le déficit public de la France a lourdement dérapé à 5,5% du PIB en 2023 au lieu de 4,9% espérés, en raison surtout de moindres recettes que prévu, et les 110,6% de PIB de dette représentent le troisième plus fort ratio de dette de l'UE après la Grèce et l'Italie. Le gouvernement a dû annoncer en urgence depuis février deux trains d'efforts budgétaires de 10 milliards d'euros chacun.

Le ministre des Finances Bruno Le Maire a aussitôt «pris note» de ces nouvelles dans un bref communiqué, ajoutant que «cette décision doit nous inviter à redoubler de détermination pour rétablir nos finances publiques et tenir l’objectif fixé par le président de la République: être sous les 3% (de PIB, NDLR) de déficit en 2027».

«Nous tiendrons notre stratégie fondée sur la croissance et le plein emploi, les réformes de structure et la réduction des dépenses publiques», assure le ministre.

Dans leurs communiqués respectifs, il est clair que ni Fitch ni Moody's ne croient au retour du déficit sous les 3% en 2027, qui est une exigence de Bruxelles.

Pour Moody's cependant, la perspective pourrait s'améliorer si le gouvernement «réussit à faire adopter et à appliquer des mesures» permettant de réduire significativement la dette. Mais la perspective et la note elle-même pourraient à l'inverse se dégrader à l'avenir si la situation de la dette se détériorait en France davantage que chez ses «pairs».

Fitch observe que la note de la France se justifie à la fois par une économie «vaste et diversifiée», des institutions «fortes et efficaces» et «une stabilité reconnue». Mais qu'en revanche, cette notation est affaiblie par les finances publiques et en particulier le niveau élevé de dette.

- «Signal positif» -

Les notes attribuées par les deux agences classent encore la dette française parmi celles de «haute qualité». La France a perdu en 2012 son triple A, marquant les dettes souveraines les plus sûres, comme celle de l'Allemagne actuellement.

«La France est dans une situation plutôt solide, les marchés lui prêtent à un taux qui n’a pas bougé malgré les mauvaises nouvelles économiques», remarquait vendredi après-midi sur franceinfo Xavier Timbeau, directeur de l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE).

Pour lui, une dégradation aurait eu plutôt un «impact assez fort dans le débat politique» avant les élections européennes du 9 juin: ce qu'il prédisait comme un argument pour que ces agences n'abaissent pas la note de la France, afin «de ne pas jouer avec le feu dans une période électorale».

Le gouvernement aura encore à affronter le 31 mai la notation de la plus regardée des agences, S&P, qui place la France sur la même ligne que Moody's, à AA, mais avec une perspective négative, signifiant que la note pourrait baisser à moyen terme.

M. Le Maire va devoir aller défendre le Programme de Stabilité («PSTAB») et les prévisions de retour du déficit public sous 3% en 2027 qu'il contient, devant les députés lundi, puis devant les sénateurs mardi.

Le président (LFI) de la Commission des Finances de l'Assemblée Eric Coquerel a considéré sur X que la décision des agences n'avait «aucune importance», mais «n'empêchait pas la politique budgétaire et économique du gouvernement de nous emmener dans le mur».

Le rapporteur général du budget à l'Assemblée nationale, Jean-René Cazeneuve (Renaissance), a estimé au contraire que le maintien des notes était «un signal positif qui valide notre politique de réduction du déficit et les décisions prises en début d'année dès que le ralentissement de la croissance s'est confirmé».


Monnaie numérique, IA et santé mentale au programme de l’Open Forum Riyadh

Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes. (Photo, AFP)
Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes. (Photo, AFP)
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  • Cet événement se déroulera parallèlement à la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale
  • «Dans le cadre de Vision 2030 de l’Arabie saoudite, Riyad est devenue une capitale mondiale pour le leadership éclairé, l’action et les solutions»

LONDRES: L'Open Forum Riyadh, une série de tables rondes publiques qui se tiendront dans la capitale saoudienne dimanche et lundi, «mettra l’accent sur les défis et les opportunités au niveau mondial», selon les organisateurs.

Cet événement, fruit d’une collaboration entre le Forum économique mondial (WEF) et le ministère saoudien de l’Économie et de la Planification, se déroulera parallèlement à la réunion spéciale du WEF sur la collaboration mondiale, la croissance et l’énergie pour le développement, qui aura lieu à Riyad les 28 et 29 avril.

«Dans le cadre de Vision 2030 de l’Arabie saoudite, Riyad est devenue une capitale mondiale pour le leadership éclairé, l’action et les solutions, favorisant l’échange de connaissances et d’idées innovantes», affirme dans un communiqué de presse Faisal F. Alibrahim, ministre saoudien de l’Économie et de la Planification. Ce dernier précise que l’organisation de l’Open Forum de cette année à Riyad «témoigne de l’influence et du rôle croissants de la ville sur la scène internationale».

Le forum est ouvert au public et «vise à faciliter le dialogue entre les leaders éclairés et le grand public sur une série de sujets, notamment les défis environnementaux, la santé mentale, les monnaies numériques, l’intelligence artificielle [IA], le rôle des arts dans la société, l’entrepreneuriat moderne et les villes intelligentes», indique un communiqué.

Au programme, des tables rondes qui portent sur l’impact des monnaies numériques au Moyen-Orient, sur le rôle de la culture dans la diplomatie publique, sur le développement urbain pour les villes intelligentes ainsi que sur les actions qui ont pour objectif d’améliorer le bien-être mental dans le monde.

L’Open Forum, qui a lieu chaque année, a été créé en 2003 dans le but de permettre à un public plus large de participer aux activités du WEF. Il a été organisé dans plusieurs pays, dont le Cambodge, l’Inde, la Jordanie et le Vietnam.

Des représentants gouvernementaux, des artistes, des leaders de la société civile, des entrepreneurs et des PDG de multinationales interviendront au cours des différentes tables rondes.

Parmi les intervenants de cette année figurent Yazid A. al-Humied, gouverneur adjoint et responsable des investissements dans la région Mena au Fonds public d’investissement saoudien (PIF), la princesse Rima bent Bandar al-Saoud, ambassadrice d’Arabie saoudite aux États-Unis, et la princesse Beatrice, fondatrice du Big Change Charitable Trust et membre de la famille royale britannique.

Michèle Mischler, responsable des affaires publiques suisses et de la durabilité au WEF, a fait savoir dans un communiqué de presse que la participation du public aux tables rondes de l’Open Forum «favorise la diversité des points de vue, enrichit le dialogue mondial et renforce les solutions collectives pour un avenir plus inclusif et durable».

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le FMI ouvre son premier bureau dans la région Mena à Riyad

Le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales. (Shutterstock)
Le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales. (Shutterstock)
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  • Ce nouveau bureau a pour but de renforcer le développement des capacités, la surveillance régionale et la communication
  • Il permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales, les gouvernements et les autres parties prenantes

RIYAD: Le Fonds monétaire international (FMI) a ouvert son premier bureau dans la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena) à Riyad.

Le bureau a été inauguré lors de la Conférence régionale conjointe sur les politiques industrielles de diversification, organisée conjointement par le FMI et le ministère des Finances le 24 avril.

Selon l’agence de presse saoudienne (SPA), ce nouveau bureau a pour but de renforcer le développement des capacités, la surveillance régionale et la communication afin de favoriser la stabilité, la croissance et l’intégration régionale, promouvant ainsi les partenariats au Moyen-Orient et au-delà.

En outre, le bureau permettra une collaboration plus étroite entre le FMI et les institutions régionales, les gouvernements et les autres parties prenantes, indique la SPA. Cette dernière indique que le FMI a remercié l’Arabie saoudite de sa contribution financière visant à renforcer le développement des capacités dans ses États membres, y compris les pays fragiles.

Abdoul Aziz Wane, chef de mission chevronné du FMI qui a une connaissance approfondie de l’institution et dispose d’un vaste réseau de décideurs et d’universitaires dans le monde entier, sera le premier directeur du bureau de Riyad.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com