Tunisie: sans sucre, fin de ramadan amère pour les amateurs de pâtisserie

Une employée sert une pâtisserie à une cliente dans une boulangerie de Tunis pendant le mois de Ramadan, le 29 mars 2024, dans un contexte de pénurie de sucre dans le pays. (Photo, AFP)
Une employée sert une pâtisserie à une cliente dans une boulangerie de Tunis pendant le mois de Ramadan, le 29 mars 2024, dans un contexte de pénurie de sucre dans le pays. (Photo, AFP)
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Publié le Lundi 01 avril 2024

Tunisie: sans sucre, fin de ramadan amère pour les amateurs de pâtisserie

  • Selon les économistes, l'Etat lourdement endetté (à environ 80% du PIB) privilégie le remboursement de ses dettes au détriment des approvisionnements de première nécessité
  • En ce moment, la vente de sucre subventionné est limitée à un ou deux kilos par personne transvasés au fur et à mesure dans un sachet, et n'a lieu qu'une fois par semaine

TUNIS: "Je n'ai jamais pensé qu'un jour on ferait la queue pour du sucre en Tunisie", dit Lamia, 58 ans, lassée du manque désormais chronique de nombreux aliments de base qui l'oblige à renoncer à préparer les gâteaux de l'Aïd, la fête marquant la fin du ramadan.

Pendant la dernière semaine du mois sacré de l'islam, beaucoup de familles tunisiennes préparent des pâtisseries traditionnelles comme le makroudh (gâteau de semoule farci de datte), la ghrayba (petit sablé en farine de pois chiche ou encore le bachkoutou (biscuit), pour lesquelles le sucre est un ingrédient essentiel.

"Nous sommes privés cette année de ce plaisir puisque nous ne pouvons pas avoir du sucre en quantité suffisante", regrette Lamia Bouraoui, une femme au foyer interrogée par l'AFP pendant qu'elle patiente devant un supermarché du centre-ville de Tunis.

"Au moins, on n'aura pas un café amer comme notre quotidien!", lance-t-elle après avoir récupéré sa maigre ration de sucre.

En Tunisie, les autorités centralisent les achats de denrées de base subventionnées mais un manque de liquidités dans les caisses publiques provoque régulièrement des pénuries de sucre, semoule, farine, huile de cuisson ou lait.

Selon les économistes, l'Etat lourdement endetté (à environ 80% du PIB) privilégie le remboursement de ses dettes au détriment des approvisionnements de première nécessité qu'il se procure au compte-gouttes. Les autorités ont annoncé une reprise cette semaine du raffinage du sucre brut et la distribution de stocks.

En ce moment, la vente de sucre subventionné est limitée à un ou deux kilos par personne transvasés au fur et à mesure dans un sachet, et n'a lieu qu'une fois par semaine dans le supermarché où s'est rendu l'AFP.

Ce vendredi, la queue de plusieurs dizaines d'acheteurs ne cesse de s'allonger à l'intérieur du centre commercial.

"Tout ce monde pour le sucre? C'est incroyable!", s'étonne une sexagénaire.

Des pâtissiers à la peine

"Un jour on fait la queue pour la farine, un autre pour la semoule et un autre pour le sucre! L'Etat nous a fait un bon planning pour nous distraire", ironise Sami, la quarantaine.

"Allez, dépêche-toi !", lui crie sa femme en se précipitant vers la longue file. Elle a fait venir son mari pour obtenir le double des quantités autorisées.

"Je suis restée 35 minutes pour attendre mon tour! Comment en sommes-nous arrivés à un tel point?", s'emporte Hassna, une quadragénaire. "Remercions Dieu: nous sommes dans une meilleure situation que nos frères à Gaza, qui meurent de faim", lui répond un trentenaire.

La pénurie de sucre perturbe aussi les pâtissiers, surtout à l'approche de l'Aïd el-Fitr qui marque la fin joyeuse de ramadan et est prévu vers le 10 avril.

"Tout notre travail est basé sur le sucre! Si nous avons du sucre, nous pouvons travailler, sinon nous ne pouvons rien faire", explique à l'AFP Chokri Bouajila, employé d'une pâtisserie du centre-ville, spécialiste des gâteaux traditionnels.

Outre le manque de sucre, la cherté de la vie qui affecte le pouvoir d'achat des Tunisiens, a poussé ce commerce à réduire les quantités produites. "La plupart des clients achètent 200 grammes ou 500 grammes de gâteaux. Ce n'était pas le cas les années précédentes", regrette M. Bouajila.

La Tunisie, qui compte 12 millions d'habitants dont un tiers sous le seuil de pauvreté, subit depuis deux ans une inflation élevée (8 à 10% en moyenne par an) avec des prix alimentaires qui ont souvent triplé.

Certains font contre mauvaise fortune bon coeur: "le sucre ce n'est pas bon pour la santé!", plaisante Nayla, assurant avoir appris à s'en passer.

 


Le Premier ministre du Qatar juge le cessez-le-feu à Gaza incomplet sans "un retrait total" d'Israël

Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
Le Premier ministre et ministre des Affaires étrangères du Qatar, Cheikh Mohammed bin Abdulrahman bin Jassim Al-Thani, s'exprime lors de la première journée de la 23e édition du Forum annuel de Doha, à Doha, au Qatar, le 6 décembre 2025. (Reuters)
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  • Le Qatar affirme qu’un cessez-le-feu réel à Gaza ne peut être atteint sans un retrait total des forces israéliennes et le rétablissement de la stabilité dans l’enclave
  • Les médiateurs — Qatar, Turquie, Égypte et États-Unis — travaillent à une seconde phase incluant retrait complet, désarmement du Hamas et déploiement d’une Force internationale de stabilisation (FIS)

DOHA: Le cessez-le-feu dans la bande de Gaza reste incomplet sans un "retrait total" des forces israéliennes du territoire palestinien, a affirmé samedi le premier ministre du Qatar, pays médiateur dans le conflit.

"Nous sommes à un moment critique (...) Nous ne pouvons pas encore considérer qu'il y a un cessez-le-feu, un cessez-le-feu ne peut être complet qu'avec le retrait total des forces israéliennes, (et) un retour de la stabilité à Gaza", a affirmé Cheikh Mohammed ben Abdelrahmane al-Thani, lors d'une conférence à Doha.

Après deux ans de guerre dévastatrice entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas, les pays médiateurs - Qatar, Etats-Unis et Egypte - ont arraché un accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 10 octobre.

La première phase prévoyait la restitution de tous les otages du 7-Octobre - les vivants comme les morts dont un dernier doit encore être remis à Israël - , en échange de la libération de centaines de prisonniers palestiniens, ainsi qu'un retrait partiel des forces israéliennes de Gaza.

La deuxième étape du plan, qui n'a pas encore été approuvée, prévoit le retrait total de l'armée israélienne, le désarmement du Hamas, la mise en place d'une autorité de transition et le déploiement d'une force internationale de stabilisation (FIS).

"En ce moment, nous (...) le Qatar, la Turquie, l'Égypte, avec les États-Unis, nous nous réunissons pour faire avancer la prochaine phase", a relevé le premier qatari. "Et cette prochaine phase est également temporaire de notre point de vue" dans l'attente d'une "solution durable", a-t-il ajouté.

Des discussions sur la structure de la FIS et les pays qui pourraient y participer sont en cours, a affirmé de son côté le ministre turc des Affaires étrangères, Hakan Fidan.

Mais le premier objectif de cette force doit être "de séparer les Palestiniens des Israéliens", a-t-il souligné. "Cela doit être notre objectif principal. Ensuite, nous pourrons aborder les autres questions en suspens".

Ankara a indiqué qu'elle souhaitait participer à la FIS, mais Israël l'accuse d'être trop proche du Hamas, dont l'attaque sans précédent sur Israël le 7 octobre 2023 a déclenché la guerre à Gaza.

"La seule manière viable de terminer cette guerre est de s'engager sincèrement et fermement dans des pourparlers de paix", a également affirmé M.Fidan.

Egalement présent à Doha, le ministre des Affaires étrangères égyptien, Badr Abdelatty, a rencontré son homologue qatari, en marge de la conférence.

Les deux hommes ont appelé à "la formation rapide de la FIS pour lui permettre de remplir son mandat", a indiqué le ministère égyptien.

Ils ont également "souligné l'importance de poursuivre les efforts visant à mettre en oeuvre l'accord de paix (...) dans toutes ses étapes, à consolider le cessez-le-feu".


Le Liban assure ne pas vouloir de guerre avec Israël, après de premières discussions directes

Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
Le Premier ministre Nawaf Salam a souligné la nécessité d'une force internationale pour soutenir l'armée lorsque la FINUL mettra fin à son mandat dans le sud du Liban. (Fourni)
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  • Le Liban, par la voix du président Joseph Aoun, réaffirme qu’il ne veut pas d’une nouvelle guerre avec Israël et mise sur la diplomatie pour faire cesser les frappes israéliennes dans le sud du pays
  • Le Hezbollah soutient l’approche diplomatique de Beyrouth mais critique l’inclusion d’un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu

BEYROUTH: Le Liban ne veut pas d'une nouvelle guerre avec Israël, a assuré vendredi son président, Joseph Aoun, deux jours après de premières discussions directes, depuis plusieurs décennies, entre des représentants des deux pays.

Le Hezbollah pro-iranien a de son côté assuré soutenir l'approche diplomatique de Beyrouth "pour faire cesser l'agression" israélienne. Mais il a  qualifié d'"erreur" l'inclusion, pour la première fois, d'un civil libanais dans le comité de surveillance du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à sa dernière guerre avec Israël.

Alors qu'Israël a multiplié ces dernières semaines ses frappes aériennes au Liban, disant viser le Hezbollah, des responsables civils libanais et israélien ont participé mercredi à une réunion de cet organisme, une rencontre inédite depuis plusieurs décennies entre les deux pays, toujours en état de guerre.

Israël justifie ses frappes en accusant le Hezbollah de se réarmer en violation du cessez-le-feu, ce que le mouvement chiite dément.

Beyrouth pour sa part accuse régulièrement Israël de violer la trêve en poursuivant ses raids et en maintenant une présence militaire dans cinq positions dans le sud du Liban.

Les Libanais "ne veulent pas d'une nouvelle guerre, ils ont assez souffert et il n'y aura pas de retour en arrière", a déclaré M. Aoun à une délégation du Conseil de sécurité de l'ONU en visite dans son pays, selon un communiqué de la présidence.

- "Sous les bombes" -

Auprès de ses interlocuteurs, il "a insisté sur la nécessité de faire pression sur la partie israélienne pour mettre en oeuvre le cessez-le-feu et son retrait" du sud du Liban.

Mettant en avant "l'engagement de la partie libanaise à appliquer les résolutions internationales", il a aussi appelé la communauté internationale à "soutenir l'armée libanaise dans sa mission" de désarmement du Hezbollah.

Beyrouth a choisi "la diplomatie pour faire cesser l'agression israélienne" et "nous soutenons cette approche", a de son côté déclaré le chef du Hezbollah, Naïm Qassem dans une allocution télévisée.

Le groupe invoque notamment le maintien par Israël de cinq postes dans le sud du Liban pour s'opposer à son désarmement, pour la mise en oeuvre duquel les Etats-Unis et Israël exercent une forte pression sur Beyrouth.

Arrivée de Damas, la délégation des 15 diplomates onusiens doit rencontrer plusieurs responsables libanais vendredi. Elle se rendra samedi dans la région frontalière du sud, accompagnée de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le Liban a qualifié de "positives" les discussions directes avec Israël, mais le pays voisin a de nouveau bombardé le lendemain, jeudi, le sud du Liban, disant viser des infrastructures militaires du Hezbollah.

"Il est inacceptable de négocier sous les bombes", a souligné le président du Parlement Nabih Berri, proche allié du Hezbollah, après avoir rencontré la délégation onusienne.

L'issue de ces pourparlers "dépend principalement de la position d'Israël, qui déterminera si les négociations aboutiront à des résultats concrets ou échoueront", a prévenu M. Aoun.

La commission chargée de superviser le cessez-le-feu tiendra de nouvelles sessions avec la participation de délégués civils libanais et israélien à partir du 19 décembre.


L’Arabie saoudite et ses partenaires régionaux rejettent tout déplacement forcé des Palestiniens de Gaza

Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
Les ministres des Affaires étrangères d'Arabie saoudite, d'Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d'Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi leur profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l'ouverture du passage de Rafah dans un seul sens. (AFP)
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  • Les ministres ont exprimé une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes sur l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens

RIYAD : Les ministres des Affaires étrangères d’Arabie saoudite, d’Égypte, de Jordanie, des Émirats arabes unis, d’Indonésie, du Pakistan, de Turquie et du Qatar ont exprimé vendredi une profonde inquiétude face aux déclarations israéliennes concernant l’ouverture du passage de Rafah dans un seul sens, rapporte l’Agence de presse saoudienne.

Dans une déclaration conjointe, les ministres ont estimé que cette mesure pourrait faciliter le déplacement des Palestiniens de la bande de Gaza vers l’Égypte.

Ils ont fermement rejeté toute tentative de forcer les Palestiniens à quitter leurs terres, soulignant la nécessité d’une pleine application du plan proposé par le président américain Donald Trump, qui prévoyait l’ouverture du passage de Rafah dans les deux sens et garantissait la liberté de circulation sans coercition.

Les ministres ont insisté sur la création de conditions permettant aux Palestiniens de rester sur leurs terres et de participer à la reconstruction de leur pays, dans le cadre d’un plan global visant à restaurer la stabilité et à répondre à la crise humanitaire à Gaza.

Ils ont réitéré leur appréciation pour l’engagement de Trump en faveur de la paix régionale et ont souligné l’importance de la mise en œuvre complète de son plan, sans entrave.

La déclaration a également mis en avant l’urgence d’un cessez-le-feu durable, de la fin des souffrances des civils, de l’accès humanitaire sans restriction à Gaza, ainsi que du lancement d’efforts de relèvement et de reconstruction précoces.

Les ministres ont en outre demandé la mise en place de conditions permettant à l’Autorité palestinienne de reprendre ses responsabilités dans l’enclave.

Les huit pays ont réaffirmé leur volonté de continuer à coordonner leurs actions avec les États-Unis et les partenaires internationaux pour assurer la pleine mise en œuvre de la résolution 2803 du Conseil de sécurité de l’ONU et des autres résolutions pertinentes, en vue d’une paix juste et durable fondée sur le droit international et la solution à deux États, incluant la création d’un État palestinien indépendant selon les frontières de 1967, avec Jérusalem-Est comme capitale.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com