Israël-Gaza: le «retour d'enfer» des ex-otages du Hamas

Aviva Siegel, ancienne otage du Hamas, pose avec un t-shirt montrant une photo de son mari Keith Siegel lors d'un entretien avec l'AFP lors de sa visite à la 55e session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève le 28 février 2024 (Photo, AFP).
Aviva Siegel, ancienne otage du Hamas, pose avec un t-shirt montrant une photo de son mari Keith Siegel lors d'un entretien avec l'AFP lors de sa visite à la 55e session du Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève le 28 février 2024 (Photo, AFP).
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Publié le Jeudi 04 avril 2024

Israël-Gaza: le «retour d'enfer» des ex-otages du Hamas

  • Pendant 51 jours, le couple a été traîné de tunnel en tunnel dans des conditions plus que spartiates
  • «On dort, on pleure, il ne se passe rien, chaque jour est une éternité, c'est tellement effrayant», a raconté Danielle Aloni, libérée avec sa fille de cinq ans

JERUSALEM: "J'ai vécu l'enfer, j'étais affamée, assoiffée", confie Aviva Siegel, ex-otage du Hamas dans la bande de Gaza. Comme elle, d'autres rescapés israéliens témoignent du calvaire vécu durant leur détention pour commencer à mettre des mots sur l'indicible, six mois après le début de la guerre.

Le matin du 7 octobre, Mme Siegel, début soixantaine, lunettes rondes et chevelure anthracite, était avec son mari Keith lorsque des combattants du Hamas palestinien ont fait irruption dans leur maison du kibboutz de Kfar Aza pour les enlever et les emmener dans la bande de Gaza.

Pendant 51 jours, le couple a été traîné de tunnel en tunnel dans des conditions plus que spartiates. "Ils ne nous laissaient pas parler, on n'avait pas le droit d'être debout", dit à l'AFP cette femme libérée fin novembre dans le cadre d'un accord de trêve.

Environ 250 personnes ont été enlevées le 7 octobre lors de l'attaque du Hamas qui a entraîné la mort de 1.170 personnes, côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP à partir de données officielles.

Plus de 100 captifs ont été libérés fin novembre en échange de la libération de Palestiniens détenus par Israël lors de l'unique trêve dans la guerre à ce jour, cinq autres avant cet accord et deux libérés dans une opération militaire israélienne mi-février.

Selon les autorités israéliennes, il reste 130 otages du 7 octobre à Gaza, dont au moins 34 sont morts.

Plus d'un tiers des otages libérés se sont exprimés publiquement dans des entretiens avec des médias, lors d'événements publics ou encore dans des vidéos filmées par le Forum des familles d'otages, une association représentant une partie de ces familles.

«Peur permanente»

Plusieurs d'entre eux, sans détailler les conditions de leur captivité, évoquent "un enfer", comme Mme Siegel, dont le mari est toujours retenu à Gaza.

"Même si je vous raconte ce que vivent les otages, vous ne pourrez pas imaginer ce qu'ils vivent (...) je suis revenue de l'enfer", a ainsi témoigné Mia Regev, une Israélienne libérée fin novembre après 51 jours de captivité à Gaza.¨

Cette femme de 21 ans avait été blessée par balle le 7 octobre au festival de musique électronique Nova où ont été enlevées près de 40 personnes. "Après 8 jours, ils m'ont sorti la balle du pied et m'ont opérée, les soins étaient mauvais et méprisants, pas un traitement humain et quand je suis arrivée ici, en Israël, j'avais des infections compliquées", avait-elle confié peu après sa libération.

Aussi blessée par balles, Doron Katz-Asher, enlevée avec ses deux filles Raz (4 ans) et Aviv (2 ans) raconte avoir été soignée "sans anesthésie avec une aiguille et un fil".

Dans un entretien à la chaîne israélienne N12, Mme Katz-Asher a témoigné d'une "peur permanente", expression qui revient dans quasiment tous les témoignages. "Nous étions dix dans une pièce de 12 mètres carrés sans lit, avec juste un lavabo et des bouteilles d'eau (...), mes filles avaient de la fièvre."

"On dort, on pleure, il ne se passe rien, chaque jour est une éternité, c'est tellement effrayant", a raconté Danielle Aloni, libérée avec sa fille de cinq ans.

Guerre à Gaza: le ministère de la Santé du Hamas annonce un nouveau bilan de 33.037 morts

Le ministère de la Santé du Hamas a annoncé jeudi un nouveau bilan de 33.037 personnes tuées dans la bande de Gaza depuis le début de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien le 7 octobre.

En 24 heures, 62 morts supplémentaires ont été recensés, selon un communiqué du ministère, qui fait état de 75.668 blessés en près de six mois de guerre.

Pour les femmes otages, une des angoisses est la crainte d'être violées.

Aucune autre des otages libérées n'a jusqu'à présent témoigné de violences sexuelles subies mais Mme Siegel a notamment évoqué le sort des femmes en captivité: "Ils ont transformé ces filles en poupées qu'ils pouvaient utiliser comme ils le voulaient".

«Interdit de pleurer»

"Je suis témoin, j'ai vu une fille torturée (...) je voudrais repartir les protéger, j'ai vu ce que les filles ont vécu", a-t-elle ajouté. "En tant que femme, la peur d'être violée ou de subir des agressions sexuelles est permanente, être sans aucun moyen de se défendre, s'opposer c'est risquer sa vie, cette peur ne te quitte pas", a confié Yarden Roman-Gat à la chaîne Kan 11.

Sa belle-soeur Carmel Gat, 39 ans, est toujours à Gaza comme 13 autres femmes.

Pour les mères enlevées avec des enfants, la peur est encore plus grande, selon les témoignages.

"C'était interdit de pleurer ou de rire ou de parler fort (...), on peut pas apprendre à un enfant de 4 ans à pleurer en silence (...), tout ce que tu as créé pour protéger tes enfants disparaît... Les enfants étaient affamés, ils avaient une pita par jour, je ne souhaite à aucune maman de devoir supplier pour qu'on donne à manger à ses enfants", avait raconté Hagar Brodetz, prise avec trois enfants de 4 à 10 ans.

Liat Atzili, 49 ans, enseignante en histoire au lycée qui organise des visites guidées au mémorial de la Shoah de Yad Vashem, a appris après sa libération que son mari Aviv avait été tué le 7 octobre.

"Je suis revenue de parmi les morts", a-t-elle dit à la chaine N12 mais "le manque de nourriture, de médicaments, les conditions d'hygiène horribles (...), chaque jour est interminable, c'était le désespoir total".


Ces Marocains qui ont combattu pour la France et sont restés au Vietnam après Diên Biên Phu

Cette photo prise le 11 avril 2024 montre la porte du Maroc dans le quartier Ba Vi à Hanoï. (AFP)
Cette photo prise le 11 avril 2024 montre la porte du Maroc dans le quartier Ba Vi à Hanoï. (AFP)
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  • Entre 1947 et 1954, plus de 120 000 Maghrébins, dont la moitié originaires du Maroc, pas encore indépendant, ont garni les rangs de l'armée française en Indochine
  • Dans les années 1990, période économique difficile au Vietnam, des vendeurs de ferraille frappaient à la porte pour récupérer le métal

PHU THO: Des dizaines de milliers de Nord-Africains ont combattu pour la France en Indochine : la majorité est repartie après la guerre, mais certains ont refait leur vie au Vietnam, où leurs descendants défendent aujourd'hui leur mémoire oubliée des livres d'histoire.

"C'est beaucoup d'émotions pour moi", concède Le Tuan Binh, 64 ans, en portant la pierre tombale de son père Mohammed, ou Mzid Ben Ali selon l'inscription, décédé en 1968.

Faute de funérailles à l'époque, le corps a été perdu, mais Binh a conservé chez lui la dalle, qui précise la nationalité du défunt: "Marocain".

Entre 1947 et 1954, plus de 120.000 Maghrébins, dont la moitié originaires du Maroc, pas encore indépendant, ont garni les rangs de l'armée française en Indochine.

Parmi eux, une infime fraction, environ 150 Marocains, déserteurs ou prisonniers, est restée au Vietnam communiste pendant plus d'une décennie après l'armistice, dont le père de Binh.

Son histoire offre une perspective méconnue sur la guerre qui continue de travailler l'imaginaire vietnamien comme français, 70 ans après la bataille de Diên Biên Phu et la fin de la guerre.

En métropole, "l'histoire de l'héroïsme à Diên Biên Phu a longtemps été l'apanage des Blancs, largement majoritaires dans l'encadrement des troupes", explique Pierre Journoud, professeur d'histoire contemporaine à l'université Paul Valéry-Montpellier.

"Mais après 1947, c'est vers les tirailleurs coloniaux qu'on se tourne pour alimenter l'effort de guerre. Les soldats colonisés seront ensuite majoritaires", développe-t-il.

"On a perdu une partie de cette mémoire" des soldats colonisés, concède le spécialiste.

La ferme des ralliés

Le Tuan Binh reçoit chez lui, dans la province de Phu Tho, à deux heures de route de la capitale Hanoï (nord), avec du thé noir, agrémenté de feuilles de menthe du jardin. "A la marocaine mais sans le sucre", plaisante-t-il.

Au village, il est surnommé "l'étranger" en raison de sa peau foncée, mais ses proches l'appellent Ali, le prénom donné par son père.

La guerre contre les Américains et le développement économique ont dispersé les quelques familles maroco-vietnamiennes qui habitaient la région il y a plusieurs décennies.

Certaines sont rentrées au Maroc dans les années 1970, mais pas lui, parce qu'il voulait rester auprès de sa mère vietnamienne et de ses deux frères.

"Mon père évitait de parler de la guerre. C'était un homme de peu de mots", se souvient Binh.

Le mystère continue d'envelopper une partie de la vie de son père, qui aurait changé de camp en 1953 ou 1954.

La propagande vietnamienne présente les déserteurs étrangers comme des camarades de la lutte des peuples opprimés, mais selon des chercheurs français, leurs motivations étaient éloignées de l'idéologie, comme une meilleure solde ou la peur d'une sanction à la suite d'une faute.

Après la guerre, environ 300 soldats africains et européens "qui se sont rendus", selon Hanoï, ont été installés dans une ferme collective du district de Ba Vi, à une heure de la capitale.

C'est là que le père de Binh a rencontré sa femme vietnamienne, et que Binh est né, en 1959.

Reconnaissance 

Le site a été démantelé dans les années 1970, mais aujourd'hui subsiste sur place une porte de plusieurs mètres de haut d'inspiration mauresque, construite par des ouvriers marocains en mémoire de leur pays d'origine.

Le curieux monument se trouve dans le jardin d'une famille vietnamienne. Quelques visiteurs, dont des étrangers, vont la visiter chaque mois.

Dans les années 1990, période économique difficile au Vietnam, des vendeurs de ferraille frappaient à la porte pour récupérer le métal, se souvient une membre de la famille.

Endommagée par un demi-siècle de quasi-oubli, la porte a retrouvé de l'allure après des travaux de rénovation en 2009 et 2018, à une période où des travaux de recherche ont aussi commencé à éclairer le recours aux combattants colonisés en Indochine.

C'est à ce moment-là que Le Tuan Binh se démenait pour une reconnaissance de son passé.

Après des années d'imbroglio administratif, il a obtenu un passeport marocain en 2016, ainsi que pour ses deux enfants, nés d'une mère vietnamienne, sous un nom de famille choisi par l'ambassade : El Mekki.

Sa fille Leïla, 36 ans, vit aujourd'hui à Casablanca. "Mon père m'a encouragée à partir. Il parlait du Maroc depuis que je suis toute petite", explique-t-elle.

Binh, lui, n'a jamais mis les pieds au Maroc : "Maintenant je suis trop vieux. J'ai laissé l'opportunité à ma fille", explique-t-il. "Je suis content maintenant. Certains de mes rêves sont devenus réalité."


Blinken: les Etats-Unis déterminés à obtenir «maintenant» un accord Israël-Hamas

Le secrétaire d'État américain Antony Blinken (à gauche) rencontre le président israélien Isaac Herzog à Tel Aviv, le 1er mai 2024. (Photo d'Evelyn Hockstein / POOL / AFP)
Le secrétaire d'État américain Antony Blinken (à gauche) rencontre le président israélien Isaac Herzog à Tel Aviv, le 1er mai 2024. (Photo d'Evelyn Hockstein / POOL / AFP)
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  • Les médiateurs attendent toujours mercredi la réponse du Hamas à la dernière mouture en date d'une offre de trêve
  • Le Hamas réclame un cessez-le-feu «permanent» avant tout accord sur la libération des otages, ce qu'Israël a toujours refusé jusqu'à présent, continuant de marteler sa détermination à mener une offensive terrestre à Rafah

TEL-AVIV: Les Etats-Unis sont "déterminés" à ce qu'Israël et le Hamas concluent dès "maintenant" un accord de trêve, associée à une libération d'otages, après près de sept mois de combats dans la bande de Gaza, a annoncé mercredi le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken.

"Même en ces temps difficiles, nous sommes déterminés à obtenir un cessez-le-feu ramenant les otages chez eux et de l'obtenir maintenant. Et la seule raison pour laquelle cela ne se ferait pas, c'est le Hamas", a déclaré M. Blinken à Tel-Aviv, en rencontrant le président israélien Isaac Herzog.

Les médiateurs - Egypte, Qatar, Etats-Unis - attendent toujours mercredi la réponse du Hamas à la dernière mouture en date d'une offre de trêve, comprenant un arrêt de l'offensive israélienne sur la bande de Gaza et la libération de détenus palestiniens contre la libération d'otages enlevés par le mouvement palestinien le 7 octobre lors de son attaque sans précédent dans le sud d'Israël.

Mardi, M. Blinken avait déjà pressé le Hamas d'accepter "sans plus tarder" cette proposition "extraordinairement généreuse de la part d'Israël".

Le Hamas réclame un cessez-le-feu "permanent" avant tout accord sur la libération des otages, ce qu'Israël a toujours refusé jusqu'à présent, continuant de marteler sa détermination à mener une offensive terrestre à Rafah, ville du sud de la bande de Gaza, considérée comme le dernier bastion local du Hamas et où s'entassent actuellement 1,5 million de Palestiniens, en majorité déplacés par la guerre.

Durant sa visite en Israël, M. Blinken doit aussi faire pression sur le gouvernement israélien pour permettre d'accroître l'entrée d'aide dans la bande de Gaza, où les Nations unies mettent en garde contre une famine imminente en raison des pénurie de nourriture.

Le secrétaire d'Etat américain doit rencontrer mercredi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et se rendre à Ashdod, un port israélien proche de Gaza, récemment rouvert pour permettre l'acheminement de l'aide.

"Nous devons aussi nous préoccuper des gens qui souffrent, pris entre deux feux", a déclaré M. Blinken à M. Herzog.

L'attaque menée depuis Gaza en Israël le 7 octobre a entraîné la mort de 1.170 personnes, selon un bilan de l'AFP établi à partir de données officielles israéliennes. L'opération militaire menée en représailles par Israël dans la bande de Gaza a fait 34.535 morts, majoritairement des civils, d'après le Hamas.


KSrelief présente ses efforts humanitaires lors de l’exposition de l’IsDB et entame une coopération avec la fondation Bill Gates

Le pavillon de l’organisation a également mis en avant les programmes spécialisés de KSrelief. (SPA)
Le pavillon de l’organisation a également mis en avant les programmes spécialisés de KSrelief. (SPA)
Le superviseur général de KSrelief, le Dr Abdallah Al-Rabeeah, s’entretenant avec Bill Gates. (SPA)
Le superviseur général de KSrelief, le Dr Abdallah Al-Rabeeah, s’entretenant avec Bill Gates. (SPA)
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  • Lors de cet événement, KSrelief a expliqué comment son travail d’aide et d'assistance humanitaire s’étendait à quatre-vingt-dix-huit pays, en collaboration avec cent soixante-quinze partenaires internationaux, régionaux et locaux
  • Le pavillon de l’organisation a également mis en avant les programmes spécialisés de KSrelief

RIYAD: Le Centre d’aide humanitaire et de secours du roi Salmane (KSrelief) a présenté son travail lors des assemblées annuelles 2024 du groupe de la Banque islamique de développement (IsDB) à Riyad, qui se terminent aujourd’hui.

Lors de cet événement, KSrelief a expliqué comment son travail d’aide et d'assistance humanitaire s’étendait à quatre-vingt-dix-huit pays, en collaboration avec cent soixante-quinze partenaires internationaux, régionaux et locaux.

Les initiatives de KSrelief couvrent divers secteurs, notamment la sécurité alimentaire, la santé, l’éducation, les abris, la coordination des opérations humanitaires, l’eau, l’assainissement, l’environnement et la protection.

Le pavillon de l’organisation a également mis en avant les programmes spécialisés de KSrelief, tels que le projet de déminage au Yémen (Masam), le projet de réinsertion des enfants soldats et le programme de prothèses.

Plus tard dans la journée, le superviseur général de KSrelief, le Dr Abdallah Al-Rabeeah, s’est entretenu avec Bill Gates, coprésident de la fondation Bill et Melinda Gates.

Les discussions ont porté sur la promotion de la coopération et de la coordination afin d'alléger les souffrances des individus dans le monde entier.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com